retour

Bible de Jérusalem

Jonas 3-4

Conversion de Ninive et pardon divin.

3 La parole de Yahvé fut adressée pour la seconde fois à Jonas :

2 « Lève-toi, lui dit-il, va à Ninive, la grande ville, et annonce-leur ce que je te dirai. » 3 Jonas se leva et alla à Ninive selon la parole de Yahvé. Or Ninive était une ville divinement grande :j il fallait trois jours pour la traverser.

j Littéralement « grande devant Dieu », l’expression la plus forte du superlatif en hébreu. Les « trois journées de marche » sont une autre hyperbole, pour évoquer les dimensions fabuleuses de la cité.

4 Jonas pénétra dans la ville ; il y fit une journée de marche. Il prêcha en ces termes : « Encore quarante jours,k et Ninive sera détruite. »

k Les « quarante jours » rappellent les quarante jours du Déluge ou les quarante ans de l’Exode ; cf. aussi 1 R 19.8. Le grec lit « Encore trois jours », cf. 2.1.

5 Les gens de Ninive crurent en Dieu ; ils publièrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis le plus grand jusqu’au plus petit.l

l La conversion exemplaire des Ninivites sera rappelée par Jésus, Mt 12.41 ; Lc 11.32.

6 La nouvelle parvint au roi de Ninive ; il se leva de son trône, quitta son manteau, se couvrit d’un sac et s’assit sur la cendre.m

m Toute cette scène de pénitence et de conversion est l’antithèse de Jr 36 (cf. l’Introduction) ; elle est en outre remplie d’expressions chères à Jérémie.

7 Puis l’on cria dans Ninive, et l’on fit, par décret du roi et des grands, cette proclamation : « Hommes et bêtes, gros et petit bétail ne goûteront rien, ne mangeront pas et ne boiront pas d’eau. 8 On se couvrira de sacs,n on criera vers Dieu avec force, et chacun se détournera de sa mauvaise conduite et de l’iniquité que commettent ses mains.

n On omet ici « hommes et bêtes », répété par erreur du v. précédent.

9 Qui sait si Dieu ne se ravisera pas et ne se repentira pas, s’il ne reviendra pas de l’ardeur de sa colère, en sorte que nous ne périssions point ? » 10 Dieu vit ce qu’ils faisaient pour se détourner de leur conduite mauvaise. Aussi Dieu se repentit du mal dont il les avait menacés, il ne le réalisa pas.

Dépit du prophète et réponse divine.

4 Jonas en eut un grand dépit, et il se fâcha. 2 Il fit une prière à Yahvé : « Ah ! Yahvé, dit-il, n’est-ce point là ce que je disais lorsque j’étais encore dans mon pays ? C’est pourquoi je m’étais d’abord enfui à Tarsis ; je savais en effet que tu es un Dieu de pitié et de tendresse, lent à la colère, riche en grâce et te repentant du mal. 3 Maintenant, Yahvé, prends donc ma vie, car mieux vaut pour moi mourir que vivre. » 4 Yahvé répondit : « As-tu raison de te fâcher ? » 5 Jonas sortit de la ville et s’assit à l’orient de la ville ; il se fit là une hutte et s’assit dessous, à l’ombre, pour voir ce qui arriverait dans la ville.

6 Alors Yahvé Dieu fit qu’il y eut un ricin qui grandit au-dessus de Jonas, afin de donner de l’ombre à sa tête et de le délivrer ainsi de son mal. Jonas éprouva une grande joie à cause du ricin. 7 Mais, à la pointe de l’aube, le lendemain, Dieu fit qu’il y eut un ver qui piqua le ricin, celui-ci sécha. 8 Puis, quand le soleil se leva, Dieu fit qu’il y eut un vent d’est cinglant ;o le soleil darda ses rayons sur la tête de Jonas qui fut accablé. Il demanda la mort et dit : « Mieux vaut pour moi mourir que vivre. »

o « cinglant », sens incertain litt. « qui laboure ». Le grec a « brûlant ».

9 Dieu dit à Jonas : « As-tu raison de te fâcher pour ce ricin ? » Il répondit : « Oui, j’ai bien raison d’être fâché à mort. » 10 Yahvé repartit : « Toi, tu as de la peine pour ce ricin, qui ne t’a coûté aucun travail et que tu n’as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit et en une nuit a péri. 11 Et moi, je ne serais pas en peine pour Ninive, la grande ville, où il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas leur droite de leur gauche, ainsi qu’une foule d’animaux ! »p

p Ce dernier chap. achève de mettre en relief l’universelle miséricorde divine. Dieu a eu pitié de son prophète englouti, 2.7, de Ninive repentante ; il a encore pitié de Jonas affligé dans son égoïsme. Et sa réponse, 4.10-11, est pleine d’une douce et bienveillante ironie ; la sollicitude divine s’étend jusqu’aux animaux ; à plus forte raison s’inquiète-t-elle des hommes, y compris les enfants en bas âge, « qui ne distinguent pas leur droite de leur gauche ». Tout le livre est en consonance avec la révélation évangélique et tout particulièrement avec l’évangile de Luc.