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Bible de Jérusalem

Luc 23,34

23 Puis toute l’assemblée se leva, et ils l’amenèrent devant Pilate.

Jésus devant Pilate.r

2 Ils se mirent alors à l’accuser, en disant : « Nous avons trouvé cet homme mettant le trouble dans notre nation, empêchant de payer les impôts à César et se disant Christ Roi. »

r Le récit de Lc, plus circonstancié, plus dramatique que Mc et Mt, prélude à la longue scène de Jn.

3 Pilate l’interrogea en disant : « Tu es le roi des Juifs ? » ­ « Tu le dis », lui répondit-il. 4 Pilate dit alors aux grands prêtres et aux foules : « Je ne trouve en cet homme aucun motif de condamnation. » 5 Mais eux d’insister en disant : « Il soulève le peuple, enseignant par toute la Judée, depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu’ici. » 6 À ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen. 7 Et s’étant assuré qu’il était de la juridiction d’Hérode, il le renvoya à Hérode qui se trouvait, lui aussi, à Jérusalem en ces jours-là.

Jésus devant Hérode.s

8 Hérode, en voyant Jésus, fut tout joyeux ; car depuis assez longtemps il désirait le voir, pour ce qu’il entendait dire de lui ; et il espérait lui voir faire quelque miracle.

s Il s’agit bien entendu d’Antipas fils d’Hérode le Grand et tétrarque de Galilée ; cf. 3.1. Une telle consultation d’une tierce personne par un magistrat romain n’a rien d’invraisemblable. La scène n’a pu être inventée à partir de Ps 2.1-2, comme le prétendent certains critiques ; ce texte est trop vague ; c’est bien plutôt son application accommodatrice, en Ac 4.27, qui exige un fait réel.

9 Il l’interrogea donc avec force paroles, mais il ne lui répondit rien. 10 Cependant les grands prêtres et les scribes se tenaient là, l’accusant avec véhémence. 11 Après l’avoir, ainsi que ses gardes, traité avec mépris et bafoué, Hérode le revêtit d’un habit splendidet et le renvoya à Pilate.

t Costume de parade, comme en portaient les princes. Hérode entend se moquer des prétentions de Jésus à la royauté, v. 3.

12 Et, ce même jour, Hérode et Pilate devinrent deux amis, d’ennemis qu’ils étaient auparavant.

Jésus à nouveau devant Pilate;

13 Ayant convoqué les grands prêtres, les chefs et le peuple, Pilate 14 leur dit : « Vous m’avez présenté cet homme comme détournant le peuple, et voici que moi je l’ai interrogé devant vous, et je n’ai trouvé en cet homme aucun motif de condamnation pour ce dont vous l’accusez. 15 Hérode non plus d’ailleurs, puisqu’il l’a renvoyé devant nous. Vous le voyez ; cet homme n’a rien fait qui mérite la mort. 16 Je le relâcherai donc, après l’avoir châtié. » 17 ...u

u Add. v. 17 « Mais il devait, pour la fête, leur relâcher quelqu’un », qui semble être une glose explicative, cf. Mt 27.15.

18 Mais eux se mirent à pousser des cris tous ensemble : « À mort cet homme ! Et relâche-nous Barabbas. » 19 Ce dernier avait été jeté en prison pour une sédition survenue dans la ville et pour meurtre.

20 De nouveau Pilate, qui voulait relâcher Jésus, leur adressa la parole. 21 Mais eux répondaient en criant : « Crucifie-le ! crucifie-le ! » 22 Pour la troisième fois,v il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort ; je le relâcherai donc, après l’avoir châtié. »w

v Luc, comme Jn, insiste sur le « désir (de Pilate) de relâcher Jésus », et il mentionne par trois fois la déclaration d’innocence de Jésus faite par le procurateur, cf. Jn 18.38 ; 19.4, 6.

w Cf. v. 16 ne décrit pas ce châtiment, qui répond à la flagellation de Mt 27.27-31. À la différence de Mt et de Mc, il y voit, comme Jn, un châtiment préventif, antérieur à la sentence et ayant pour but de l’éviter.

23 Mais eux insistaient à grands cris, demandant qu’il fût crucifié ; et leurs clameurs gagnaient en violence.

24 Et Pilate prononça qu’il fût fait droit à leur demande. 25 Il relâcha celui qui avait été jeté en prison pour sédition et meurtre, celui qu’ils réclamaient. Quant à Jésus, il le livra à leur bon plaisir.

Sur le chemin du Calvaire.

26 Quand ils l’emmenèrent, ils mirent la main sur un certain Simon de Cyrène qui revenait des champs, et le chargèrent de la croix pour la porter derrière Jésus. 27 Une grande masse du peuple le suivait, ainsi que des femmesx qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui.

x Selon un usage mentionné par le Talmud, des femmes distinguées de Jérusalem préparaient des breuvages apaisants et les apportaient aux condamnés.

28 Mais, se retournant vers elles, Jésus dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! 29 Car voici venir des jours où l’on dira : Heureuses les femmes stériles, les entrailles qui n’ont pas enfanté, et les seins qui n’ont pas nourri ! 30 Alors on se mettra à dire aux montagnes : Tombez sur nous ! et aux collines : Couvrez-nous ! 31 Car si l’on traite ainsi le bois vert, qu’adviendra-t-il du sec ? »y

y Si on brûle le bois vert , qui ne devrait pas être brûlé (allusion au supplice de Jésus), que ne fera-t-on pas du bois sec (les vrais coupables) ?

32 On emmenait encore deux malfaiteurs pour être exécutés avec lui.

Le crucifiement.z

33 Lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, ils l’y crucifièrent ainsi que les malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.

z La comparaison avec Mc et Mt montre comment Luc a su faire passer sur le Calvaire une brise de douceur sa foule, vv. 27, 35, 48, est plus curieuse qu’hostile et finalement repentante, v. 48 ; Jésus ne prononce pas les paroles d’apparent désespoir « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »; il continue jusqu’au bout à exercer son ministère de pardon, vv. 34, 39-43 ; il expire en « remettant son esprit entre les mains » du « Père ».

34 a Et Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font. »b Puis, se partageant ses vêtements, ils tirèrent au sort.

a Ce v. est à maintenir, malgré son omission par de bons témoins.

b Ces mots de Jésus rappellent Isa 53.12. La même appréciation des causes de sa mort reviendra Ac 3.17 ; 13.27 ; 1 Co 2.8. Étienne priera dans le même esprit, Ac 7.60, suivant l’exemple laissé par le Maître à tous ses disciples, 1 P 2.23 ; cf. Mt 18.21-22.

Jésus en croix raillé et outragé.

35 Le peuple se tenait là, à regarder. Les chefs, eux, se moquaient : « Il en a sauvé d’autres, disaient-ils ; qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ de Dieu, l’Élu ! » 36 Les soldats aussi se gaussèrent de lui : s’approchant pour lui présenter du vinaigre, 37 ils disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » 38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui :
« Celui-ci est le roi des Juifs. »

Le « bon larron »

39 L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ?c Sauve-toi toi-même, et nous aussi. »

c Le mauvais larron interpelle Jésus comme « Christ », v. 39 ; le bon larron le reconnaît comme « Roi », v. 42 ce sont les deux titres, religieux et politique, autour desquels a tourné tout le procès de Jésus, devant les Juifs d’abord, puis devant Pilate.

40 Mais l’autre, le reprenant, déclara : « Tu n’as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine ! 41 Pour nous, c’est justice, nous payons nos actes ; mais lui n’a rien fait de mal. » 42 Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume. »d

d « Avec (c’est-à-dire en possession de) ton royaume ». ­ Var. « quand tu viendras dans ton règne », c’est-à-dire pour l’inaugurer.

43 Et il lui dit : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. »

La mort de Jésus.

44 C’était déjà environ la sixième heure quand, le soleil s’éclipsant, l’obscurité se fit sur la terre entière, jusqu’à la neuvième heure.e

e Prodiges cosmiques caractéristiques du « Jour de Yahvé », cf. Mt 27.51.

45 Le voile du Sanctuaire se déchira par le milieu, 46 et, jetant un grand cri, Jésus dit : « Père, en tes mains je remets mon esprit. » Ayant dit cela, il expira.

Après la mort de Jésus.

47 Voyant ce qui était arrivé, le centenier glorifiait Dieu, en disant : « Sûrement, cet homme était un juste ! » 48 Et toutes les foules qui s’étaient rassemblées pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine.

49 Tous ses amis se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui l’accompagnaient depuis la Galilée, et qui regardaient cela.

L’ensevelissement.

50 Et voici un homme nommé Joseph, membre du Conseil, homme droit et juste. 51 Celui-là n’avait pas donné son assentiment au dessein ni à l’acte des autres. Il était d’Arimathie, ville juive, et il attendait le Royaume de Dieu. 52 Il alla trouver Pilate et réclama le corps de Jésus. 53 Il le descendit, le roula dans un linceul et le mit dans une tombe taillée dans le roc, où personne encore n’avait été placé. 54 C’était le jour de la Préparation, et le sabbat commençait à poindre.f

f Ou, peut-être, « brillait ». Dans ce cas, il y aurait une allusion à la coutume juive d’allumer des lampes au commencement du sabbat (à la nuit tombante).

55 Cependant les femmes qui étaient venues avec lui de Galilée avaient suivi Joseph ; elles regardèrent le tombeau et comment son corps avait été mis.

56 Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et le sabbat, elles se tinrent en repos, selon le précepte.