21 « Vous avez entenduh qu’il a été dit aux ancêtres : Tu ne tueras point ; et si quelqu’un tue, il en répondra au tribunal.
h L’enseignement traditionnel était donné oralement, surtout dans les synagogues.
i Le mot Raqa, traduit de l’araméen, signifie tête vide, sans cervelle.
j Ici le Grand Sanhédrin, qui siégeait à Jérusalem, par opposition aux simples « tribunaux », vv. 21-22, répandus dans le pays.
k Au sens premier du terme grec « insensé », l’usage juif ajoutait une nuance beaucoup plus grave d’impiété religieuse.
27 « Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu ne commettras pas l’adultère.
31 « Il a été dit d’autre part : Quiconque répudiera sa femme, qu’il lui remette un acte de divorce.
33 « Vous avez encore entendu qu’il a été dit aux ancêtres : Tu ne te parjureras pas, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de tes serments.
35 ni par la Terre, car c’est l’escabeau de ses pieds ; ni par Jérusalem, car c’est la Ville du grand Roi.
l Cette formule apparemment bien connue, cf. 2 Co 1.17 ; Jc 5.12, peut s’expliquer de diverses façons : 1° Véracité si c’est oui, dites oui ; si c’est non, dites non. 2° Sincérité que le oui (ou le non) de la bouche corresponde au oui (ou au non) du cœur. 3° Solennité la répétition du oui ou du non serait une forme solennelle d’affirmation ou de négation qui doit suffire et dispenser de recourir à un serment engageant la divinité.
38 « Vous avez entendu qu’il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent.
m Jésus fait allusion à ce qu’on appelle la « loi du talion ». En proportionnant la punition au tort causé, celle-ci représentait une restriction de la vengeance (cf. Gn 4, 23-24). Avec cette injonction de Jésus, on franchit une nouvelle étape de l’évolution des mœurs, dont on retrouve d’ailleurs l’écho dans des textes rabbiniques ultérieurs. On notera que tous les exemples concernent un mal par lequel on est soi-même lésé. Jésus n’interdit, ni de s’opposer dignement aux attaques injustes, cf. Jn 18.22s, ni, encore moins, de combattre le mal dans le monde.
n À titre de gage, cf. Ex 22.25s ; Dt 24.12s. Le tour volontairement paradoxal de la pensée est manifeste ; cf. 19.24.
43 « Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.o
o La deuxième partie de ce commandement ne se trouve pas telle quelle dans la Loi, et ne saurait s’y trouver. Cette expression forcée d’une langue pauvre en nuances (l’original araméen) équivaut à « Tu n’as pas à aimer ton ennemi. » Comparer Lc 14.26 et son parallèle 10.37. On trouve toutefois en Si 12.4-7 et dans les écrits de Qumrân (1 QS 1.10, etc.) une détestation des pécheurs qui n’est pas loin de la haine, et à laquelle Jésus a pu songer.
p Add. « faites du bien à ceux qui vous haïssent ».
q Add. « et pour ceux qui vous maltraitent », cf. Lc 6.27s.
r Percepteurs d’impôts (et donc souvent coupables d’extorsions), que leur profession vouait au mépris public ; cf. 9.10 ; 18.17.
x Affirmation catégorique de l’indissolubilité du lien conjugal.
y Étant donné la forme absolue des parallèles Mc 10.11s ; Lc 16.18 et 1 Co 7.10s, il est peu vraisemblable que tous trois aient supprimé une clause restrictive de Jésus, et plus problable qu’un des derniers rédacteurs du premier évangile l’ait ajoutée pour répondre à une certaine problématique rabbinique (discussion entre Hillel et Shammaï sur les motifs légitimant le divorce), évoquée d’ailleurs par son contexte, v. 3, qui pouvait préoccuper le milieu judéo-chrétien pour lequel il écrivait. On aurait donc ici une décision ecclésiastique de portée locale et temporaire, comme fut celle du Décret de Jérusalem concernant la région d’Antioche, Ac 15.23-29. Le sens de porneia oriente la recherche dans la même direction. Certains veulent y voir la fornication dans le mariage, c’est-à-dire l’adultère, et trouvent ici la permission de divorcer en pareil cas ; ainsi les Églises orthodoxes et protestantes. Mais en ce sens on aurait attendu un autre terme, moicheia. Au contraire porneia, dans le contexte, paraît avoir le sens technique de la zenût ou « prostitution » des écrits rabbiniques, dite de toute union rendue incestueuse par un degré de parenté interdit selon la Loi, Lv 18. Dc telles unions, contractées légalement entre païens ou tolérées par les Juifs eux-mêmes chez les prosélytes, ont dû faire difficulté quand ces gens se convertissaient, dans des milieux judéo-chrétiens légalistes comme celui de d’où la consigne de rompre de telles unions irrégulières qui n’étaient en somme que de faux mariages. — Une autre solution envisage que la licence accordée par la clause restrictive ne soit pas celle du divorce, mais de la « séparation » sans remariage. Une telle institution était inconnue du judaïsme, mais les exigences de Jésus ont entraîné plus d’une solution nouvelle, et celle-ci est déjà clairement supposée par Paul en 1 Co 7.11.
16 Et voici qu’un homme s’approcha et lui dit : « Maître,a que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle ? »
a Var. « Bon Maître », cf. Mc et Lc.
b C’est-à-dire Dieu, comme le précisent Mc et Lc, et ici Vulg. — Autre leçon, empruntée à Mc et Lc « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon que Dieu seul ».
c Add. « dès ma jeunesse », cf. Mc et Lc.
d Jésus n’institue pas ici une catégorie de « parfaits », supérieurs aux chrétiens ordinaires. La « perfection » envisagée est celle de l’économie nouvelle, qui surpasse l’ancienne en l’accomplissant, cf. 5.17. Tous y sont également appelés, cf. 5.48. Mais, pour établir le Royaume, Jésus a besoin de collaborateurs spécialement disponibles ; c’est à eux qu’il demande de renoncer radicalement aux soucis de la famille, 8.21-22, et des richesses, 8.19-20.