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Bible de Jérusalem

Proverbes 1-9

LES PROVERBES

Introduction au livre des Proverbes

Titre général.

1 Proverbes de Salomon, fils de David, roi d’Israël :

2 pour connaître sagesse et discipline,
pour pénétrer les discours profonds,
3 pour acquérir une discipline avisée
— justice, équité, droiture —
4 pour procurer aux simples le savoir-faire,
au jeune homme le savoir et la réflexion
5 — que le sage écoute, il augmentera son acquis,
et l’homme entendu acquerra l’art de diriger —,
6 pour pénétrer proverbes et sentences obscures,
les dits des sages et leurs énigmes.

7 La crainte de Yahvé, principe de savoir :a
les fous dédaignent sagesse et discipline.

a La « crainte de Yahvé », dans la Bible, cf. Ex 20.20 ; Dt 6.2, est à peu près ce que nous appelons religion ou piété envers Dieu. Elle est à la fois le principe, 9.10 ; 15.33 ; Jb 28.28 ; Ps 111.10s ; Si 1.14, 20, et le couronnement, Si 1.18 ; 19.20 ; 25.10-11 ; 40.25-27, d’une sagesse foncièrement religieuse, où se développe une relation personnelle avec le Dieu de l’alliance, de sorte que crainte et amour, soumission et confiance coïncident, cf. Ps 25.12-14 ; 112.1 ; 128.1 ; Qo 12.13 ; Si 1.27-28 ; 2.7-9, 15-18, etc.

I. Prologue

RECOMMANDATIONS DE LA SAGESSE

Le sage : fuir la compagnie des mauvais garçons.

8 Écoute, mon fils, l’instruction de ton père,
ne méprise pas l’enseignement de ta mère :
9 c’est une couronne de grâce pour ta tête,
des colliers pour ton cou.
10 Mon fils, si des pécheurs veulent te séduire,
n’y va pas !
11 S’ils disent : « Viens avec nous,
embusquons-nous pour répandre le sang,
sans raison, prenons l’affût contre l’innocent ;
12 comme le shéol, avalons-les tout vifs,
tout entiers, tels ceux qui descendent dans la fosse !
13 Nous trouverons mainte chose précieuse,
nous emplirons de butin nos maisons ;
14 avec nous tu tireras ta part au sort,
nous ferons tous bourse commune ! »
15 Mon fils, ne les suis pas dans leur voie,
éloigne tes pas de leur sentier,
16 car leurs pieds courent au mal
ils ont hâte de répandre le sang ;
b

b Ce v., absent des meilleurs mss grecs, est généralement considéré comme une glose empruntée à Isa 59.7.

17 car c’est en vain qu’on étend le filet
sous les yeux de tout volatile.c

c L’idée semble être que les oiseaux évitent le filet s’ils ont vu le chasseur le poser ; de même le jeune homme, averti des dangers qu’il court, saura les éviter.

18 C’est pour répandre leur propre sang qu’ils s’embusquent,
contre eux-mêmes, ils sont à l’affût !
19 Tel est le sortd de tout homme avide de rapine :
elle ôte la vie à ceux qu’elle habite.

d « le sort » aharît grec, Job 8.13 ; « les sentiers » hébr.

La Sagesse : harange aux insouciants.

20 La Sagesse crie au-dehors,e
sur les places elle élève la voix ;f

e « au dehors » bah.ûç hébr. ; « par les rues » beh-ûçôt grec.

f À la manière des prophètes, cf. Jr 5.1 ; 7.2, la sagesse personnifiée, cf. 8.22, parcourt les rues et poursuit les habitants pour leur imposer son enseignement, dénonçant l’insouciance et la fausse sécurité, cf. Am 6.1 ; 9.10 ; Jr 5.12-13 ; So 1.12.

21 en haut des lieux bruyants,g elle appelle,
aux baies des portes, dans la ville, elle prononce son discours :

g Texte incertain. Le grec a traduit « au sommet des remparts ».

22 « Jusques à quand, ô niais, aimerez-vous la niaiserie ?
Et les railleurs se plairont-ils à la raillerie ?
Et les sots haïront-ils le savoir ?
23 Convertissez-vous à mon exhortation,h
pour vous je vais épancher mon cœur
et vous faire connaître mes paroles.

h On traduit aussi « Vous détournerez-vous quand j’exhorte ? »

24 Puisque j’ai appelé et que vous avez refusé,
puisque j’ai étendu la main sans que nul y prenne garde,
25 puisque vous avez négligé tous mes conseils
et que vous n’avez pas voulu de mon exhortation,
26 à mon tour, je me rirai de votre détresse,
je me moquerai quand viendra sur vous l’épouvante,
27 quand l’épouvante viendra sur vous comme un cataclysme,
quand votre détresse arrivera comme un cyclone,
quand l’épreuve et l’angoisse fondront sur vous.
28 Alors ils m’appelleront, mais je ne répondrai pas ;
ils me chercheront et ne me trouveront pas.
29 Ils ont détesté le savoir,
ils n’ont pas choisi la crainte de Yahvé,
30 ils n’ont pas voulu de mon conseil,
ils ont méprisé toutes mes exhortations :
31 ils mangeront donc du fruit de leurs errements,
ils se rassasieront de leurs propres conseils !
32 Car l’égarement des niais les tue,
l’insouciance des sots les mène à leur perte ;
33 mais qui m’écoute demeure en sécurité,
il sera tranquille, sans l’épouvante du malheur. »

La sagesse contre les mauvaises compagnies.

2 Mon fils, si tu accueilles mes paroles,i
si tu conserves à part toi mes préceptes,

i Toute sagesse vient de Dieu, v. 6, mais on s’y dispose par une curiosité toujours en éveil, vv. 3-4, et par la docilité à l’enseignement des aînés, vv. 1-2, etc.

2 rendant tes oreilles attentives à la sagesse,
inclinant ton cœur vers l’intelligence,
3 oui, si tu fais appel à l’entendement,
si tu réclames l’intelligence,
4 si tu la recherches comme l’argent,
si tu la creuses comme un chercheur de trésor,
5 alors tu comprendras la crainte de Yahvé,
tu trouveras la connaissance de Dieu.
6 Car c’est Yahvé qui donne la sagesse,
de sa bouche sortent le savoir et l’intelligence.
7 Il réserve aux hommes droits son conseil,
il est le bouclier de ceux qui pratiquent l’honnêteté ;
8 il monte la garde aux chemins de l’équité,
il veille sur la voie de ses fidèles.
9 Alors tu comprendras justice, équité et droiture,
toutes les pistes du bonheur.

10 Quand la sagesse entrera dans ton cœur,
que le savoir fera les délices de ton âme,
11 la prudence veillera sur toi,
l’intelligence te gardera
12 pour t’éloigner de la voie mauvaise,
de l’homme aux propos pervers,
13 de ceux qui délaissent les droits sentiers
et vont courir par des voies ténébreuses ;
14 ils trouvent leur joie à faire le mal,
ils se complaisent dans la perversité ;
15 leurs sentiers sont tortueux,
leurs pistes sont obliques.
16 Pour te garder aussi de la femme étrangère,j
de l’inconnue aux paroles enjôleuses ;

j C’est-à-dire la femme d’autrui. Cette première partie des Proverbes, la plus récente dans sa rédaction, met souvent en garde contre l’adultère, 2.16-19 ; 5.2-23 ; 6.24-7.27. L’adultère y est assimilé, 2.17, à une rupture de l’alliance avec Dieu, cf. encore 5.15 ; il conduit au shéol, 2.18 ; 5.5, 6 ; 7.26-27. Il n’est fait dans ces textes qu’une allusion à la prostitution, 6.26, que les anciens proverbes assimilent à l’adultère, cf. 23.27 ; 29.3 ; 31.3, sous le commun grief de corrompre les rois et d’affaiblir les guerriers.

17 elle a abandonné l’ami de sa jeunesse,
elle a oublié l’alliance de son Dieu ;
18 sa maison penche vers la mort,
ses pistes conduisent vers les ombres.
19 De ceux qui vont à elle, pas un ne revient,
ils ne rejoignent plus les sentiers de la vie.

20 Ainsi chemineras-tu dans la voie des gens de bien,
garderas-tu le sentier des justes.
21 Car les hommes droits habiteront le pays,
les gens honnêtes y demeureront,
22 mais les méchants seront retranchés du pays,
les traîtres en seront arrachés.

Comment acquérir la sagesse.

3 Mon fils, n’oublie pas mon enseignement,
et que ton cœur garde mes préceptes,
2 car ils augmenteront la durée de tes jours,
tes années de vie et ton bien-être.

3 Que piété et fidélité ne te quittent !
Fixe-les à ton cou,
inscris-les sur la tablette de ton cœur.k

k Cf. 3.3 ; 6.21 ; 7.3 ; Jr 17.1 ; 31.33 ; 1 Co 3.3. Il pourrait s’agir, comme en Égypte, d’une tablette aide-mémoire, suspendue au cou.

4 Tu trouveras ainsi faveur et réussite
aux regards de Dieu et des hommes.
5 Repose-toi sur Yahvé de tout ton cœur,
ne t’appuie pas sur ton propre entendement ;
6 en toutes tes démarches, reconnais-le
et il aplanira tes sentiers.
7 Ne te figure pas être sage,
crains Yahvé et te détourne du mal :
8 cela sera salutaire à ton corpsl
et rafraîchissant pour tes os.

l « à ton corps » versions, cf. 4.22 ; « à ton ventre » hébr.

9 Honore Yahvé de tes biens
et des prémices de tout ton revenu ;
10 alors tes greniers regorgeront de blé
et tes cuves déborderont de vin nouveau.m

m « de blé » grec ; « abondamment » hébr. — L’offrande des prémices, Dt 16.1, est le seul acte de culte explicitement commandé par les Proverbes, mais il sera souvent question de la prière.

11 Ne méprise pas, mon fils, la correction de Yahvé,
et ne prends pas mal sa réprimande,
12 car Yahvé reprend celui qu’il aime,
comme un père le fils qu’il chérit.

Les joies du sage.

13 Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse,
l’homme qui acquiert l’intelligence !
14 Car mieux vaut la gagner que gagner de l’argent,
son revenu vaut mieux que de l’or.
15 Elle est précieuse plus que les perles,
rien de ce que tu désires ne l’égale.
16 Dans sa droite : longueur des jours !
Dans sa gauche : richesse et honneur !
17 Ses chemins sont chemins de délices,
tous ses sentiers, de bonheur.
18 C’est un arbre de vie pour qui la saisit,
et qui la tient devient heureux.
19 Yahvé, par la sagesse, a fondé la terre,
il a établi les cieux par l’intelligence.
20 Par sa science furent creusés les abîmes,
et les nues distillent la rosée.

21 Mon fils, sans les quitter des yeux,
observe le conseil et la prudence ;
22 ils seront vie pour ton âme
et grâce pour ton cou.
23 Tu iras ton chemin en sécurité,
ton pied n’achoppera pas.
24 Si tu te couches, tu seras sans frayeur,
une fois couché, ton sommeil sera doux.
25 Ne redoute ni terreur soudaine
ni attaque qui vienne des méchants,
26 car Yahvé sera ton assurance,
il préservera tes pas du piège.

27 Ne refuse pas un bienfait à qui y a droit
quand il est en ton pouvoir de le faire.
28 Ne dis pas à ton prochain :n « Va-t’en ! repasse !
demain je te donnerai ! » quand la chose est en ton pouvoir.

n Le « prochain » signifiait primitivement le compagnon, l’ami, le commensal, bref l’homme avec lequel on a des relations précises. Mais dans ce mot prend un sens plus large « autrui », cf. 6.1, 3, 29 ; 25.9 ; 27.17. C’est le premier pas vers l’élargissement du précepte de l’amour, Lv 19.18, qui aboutira au précepte évangélique de l’amour des ennemis, Mt 5.43s.

29 Ne machine pas le mal contre ton prochain,
alors qu’il demeure en confiance avec toi.
30 Ne te querelle pas sans motif avec un homme,
s’il ne t’a fait aucun mal.
31 N’envie pas l’homme violent,o
ne choisis jamais ses chemins,

o La réussite apparente des impies (« violents », « pervers », « méchants », « moqueurs », « sots », tous ces termes désignant la même catégorie des ennemis de Yahvé) a toujours été pour les Israélites une tentation, cf. 24.1, 19 ; Ps 73, en attendant de devenir un scandale, Jr 12.1 ; Jb 21.7, etc.

32 car le pervers est l’abomination de Yahvé,
lui qui fait des hommes droits ses familiers.
33 Malédiction de Yahvé sur la maison du méchant !
mais il bénit la demeure des justes.
34 Il raille les railleurs,
mais aux pauvres il donne sa faveur.
35 La gloire est la part des sages,
un comblep d’ignominie, celle des insensés.

p « comble » merôm conj. ; « élevant » merim hébr.

Élection de la sagesse.

4 Écoutez, fils, l’instruction d’un père,
soyez attentifs à connaître l’intelligence.
2 Car c’est une bonne doctrine que je vous livre :
n’abandonnez pas mon enseignement.
3 Je fus un fils pour mon père,
tendre et unique aux yeux de ma mère.
4 Or il m’enseignait en ces termes :
« Que ton cœur retienne mes paroles,
observe mes préceptes et tu vivras ;
5 acquiers la sagesse, acquiers l’intelligence,
ne l’oublie pas et ne t’écarte pas des paroles de ma bouche.
6 Ne l’abandonne pas, elle te gardera,
aime-la, elle veillera sur toi.
7 Commencement de la sagesse : acquiers la sagesse ;q
au prix de tout ce que tu possèdes, acquiers l’intelligence !

q C’est-à-dire le premier pas dans la pratique de la sagesse, c’est d’être persuadé que son acquisition s’impose et exige des sacrifices.

8 Étreins-lar et elle t’élèvera,
elle fera ta gloire si tu l’embrasses ;

r Sens incertain ; on peut aussi comprendre « exalte-la ». Grec « entoure-la d’une palissade » (pour la protéger).

9 sur ta tête elle posera un diadème de grâce,
elle t’offrira une couronne d’honneur. »

10 Écoute, mon fils, accueille mes paroles,
et les années de ta vie se multiplieront.
11 Dans la voie de la sagesse je t’ai enseigné,
je t’ai fait cheminer sur la piste de la droiture.
12 Dans ta marche tes pas seront sans contrainte,
si tu cours, tu ne trébucheras pas.
13 Saisis la discipline, ne la lâche pas,
garde-la, c’est ta vie.
14 Ne suis pas le sentier des méchants,
ne t’avance pas sur le chemin des mauvais.
15 Évite-le, n’y passe pas,
détourne-toi, passe outre.
16 Car ils ne s’endorment pas, qu’ils n’aient fait le mal,
le sommeil leur manque s’ils n’ont fait trébucher quelqu’un ;
17 car ils mangent un pain de méchanceté
et boivent le vin des violents.

18 La route des justes est comme la lumière de l’aube,
dont l’éclat grandit jusqu’au plein jour ;
19 le chemin des méchants est comme l’obscurité :
ils ne savent sur quoi ils trébuchent.

20 Mon fils, sois attentif à mes paroles,
à mes discours prête l’oreille !
21 Qu’ils n’échappent pas à tes regards,
au fond du cœur garde-les !
22 Car pour qui les trouve ils sont vie
et santé pour toute chair.
23 Plus que sur toute chose, veille sur ton cœur,
c’est de lui que jaillit la vie.
24 Écarte loin de toi la bouche perverse,
et les lèvres trompeuses, éloigne-les.
25 Que tes yeux regardent en face,
que tes regards se dirigent droit devant toi.
26 Aplanis la piste sous tes pas
et que tous tes chemins soient bien affermis.
27 Ne dévie ni à droite ni à gauche,
écarte ton pied du mal.

La méfiance devant l’étrangère et les vraies amours du sage.

5 Mon fils, sois attentif à ma sagesse,
prête l’oreille à mon intelligence,
2 pour suivre la prudence
et que tes lèvres gardent le savoir.
3 Car les lèvres de l’étrangère distillent le miel
et plus onctueux que l’huile est son palais ;
4 mais à la fin elle est amère comme l’absinthe,
aiguisée comme une épée à deux tranchants.
5 Ses pieds descendent à la mort,
ses démarches gagnent le shéol ;
6 loin de prendre les sentiers de la vie,
sa marche est incertaine et elle ne le sait pas.

7 Et maintenant, fils, écoutez-moi,
ne vous écartez pas des paroles de ma bouche :
8 loin d’elle, passe ton chemin,
n’approche pas de l’entrée de sa maison,
9 de peur qu’elle ne livre ton honneur à autrui,
tes années à un homme impitoyable,
10 que ton bien n’engraisse des étrangers,
que le fruit de ton labeur n’aille à des inconnus,
11 et que sur ta fin,
ton corps et ta chair consumés,
tu ne rugisses 12 et ne t’écries :
« Hélas, j’ai haï la discipline,
mon cœur a dédaigné la remontrance ;
13 je n’ai pas écouté la voix de mes maîtres,
je n’ai pas prêté l’oreille à ceux qui m’instruisaient !
14 Peu s’en faut que je sois au comble du malheur,
au milieu de l’assemblée et de la communauté ! »

15 Bois l’eau de ta propre citerne,
l’eau jaillissante de ton puits !s

s Ces images désignent l’épouse légitime. À la condamnation de l’adultère, 2.16, est ici opposé l’éloge de la fidélité conjugale et de la femme légitime, vv. 15-18 et vv. 18-19. On peut le compléter par divers proverbes à la louange de la femme parfaite, don de Dieu, consolation de son mari, 18.22 ; 19.14 (cf. en contraste 11.22 ; 19.13 ; 21.9 ; 25.24 ; 27.15 ; 31.3), et surtout par l’éloge de la « femme forte » qui termine le livre, 31.10-31. — Peut-être faut-il voir aussi, ici comme en 31.10s, sous les traits de l’épouse légitime, une description symbolique de la sagesse personnifiée. Dans le contexte des chap. 1-9, adultère et fidélité conjugale désigneraient ainsi, selon la tradition prophétique, cf. Os 1.2, respectivement l’apostasie religieuse et la fidélité à Dieu et à sa Loi, source de la sagesse.

16 Tes fontaines s’écouleraient au-dehors,
tes ruisseaux sur les places publiques :
17 qu’ils restent pour toi seul,
et non pour des étrangers avec toi !
18 Bénie soit ta source !

Trouve la joie dans la femme de ta jeunesse :
19 biche aimable, gracieuse gazelle !
En tout temps que ses seins t’enivrent,
sois toujours épris de son amour !
20 Pourquoi, mon fils, te laisser égarer par une étrangère
et embrasser le sein d’une inconnue ?
21 Car les yeux de Yahvé observent les chemins de l’homme
et surveillent tous ses sentiers.
22 Le méchant est pris à ses propres méfaits,
dans les liens de son péché il est capturé.
23 Il mourra faute de discipline,
par l’excès de sa folie il s’égarera.t

t Les quatre recommandations qui suivent, 6.1-5, 6-11, 12-15, 16-19, forment une addition ; le discours du sage reprend en 6.20.

La caution imprudente.u

6 Mon fils, si tu t’es porté garant envers ton prochain,
si tu as topé dans la main en faveur d’un étranger,

u Le cautionnement était une vieille coutume en Israël (Gn 43.9 ; 44.32 ; Isa 38.14 ; Ps 119.122). Les plus anciens proverbes préviennent contre ses abus. Plus tard, Ben Sira recommandera au contraire le cautionnement comme une œuvre de charité. — « toper dans la main », 2 R 10.15 ; Jb 17.3.

2 si tu t’es lié par les paroles de ta bouche,
si tu es pris aux paroles de ta bouche,
3 fais donc ceci, mon fils, pour te tirer d’affaire,
puisque tu es tombé aux mains de ton prochain :
Va, prosterne-toi, importune ton prochain,
4 n’accorde ni sommeil à tes yeux
ni repos à tes paupières,
5 dégage-toi, comme la gazelle du chasseur,v
ou comme l’oiseau de la main de l’oiseleur.

v « du chasseur » micayyad versions ; « de la main » miyyad hébr.

Le paresseux et la fourmi.

6 Va voir la fourmi, paresseux !
Observe ses mœurs et deviens sage :w

w La connaissance de la nature fait partie de la science du sage, cf. 1 R 5.13 ; 30.24-31, etc.

7 elle qui n’a ni magistrat,
ni surveillant ni chef,
8 durant l’été elle assure sa provende
et amasse, au temps de la moisson, sa nourriture.x

x Le grec ajoute « Ou bien, va vers l’abeille et vois comme elle est laborieuse, et combien auguste l’œuvre qu’elle accomplit. Rois et particuliers, pour leur santé, usent de ses produits ; elle est recherchée et fameuse auprès de tous ; quoique chétive sous le rapport de la vigueur, elle se distingue pour avoir honoré la sagesse. »

9 Jusques à quand, paresseux, resteras-tu couché ?
Quand te lèveras-tu de ton sommeil ?
10 Un peu dormir, un peu s’assoupir,
un peu s’allonger les bras croisés,
11 et, tel un rôdeur, viendra l’indigence,
et la disette comme un pillard.y

y « pillard » litt. « homme armé » comme pillards et rôdeurs qui dévalisent les voyageurs, la paresse réduit à la misère celui qui en est victime.

L’insensé.

12 Un vaurien, un homme inique,
il va, la bouche torse,
13 clignant de l’œil, traînant les pieds,
faisant signe des doigts.
14 La fourberie au cœur, méditant le mal en toute saison,
il suscite des querelles.
15 Aussi, soudain viendra sa ruine,
à l’instant il sera brisé, sans remède.

Les sept abominations.z

16 Il y a six choses que hait Yahvé,
sept qui lui sont en abomination :

z Proverbe numérique, cf. 30.15.

17 des yeux hautains, une langue menteuse,
des mains qui répandent le sang innocent,
18 un cœur qui médite des projets coupables,
des pieds empressés à courir au mal,
19 un faux témoin qui profère des mensonges,
le semeur de querelles entre frères.

Reprise du discours paternel.

20 Garde, mon fils, le précepte de ton père,
ne rejette pas l’enseignement de ta mère.
21 Fixe-les constamment dans ton cœur,
noue-les à ton cou.
22 Dans tes démarches ils te guideront,
dans ton repos ils te garderont,
à ton réveil ils s’entretiendront avec toi.

23 Car le précepte est une lampe,
l’enseignement une lumière ;
les exhortations de la discipline sont le chemin de la vie,
24 pour te préserver de la femme mauvaise,
de la langue doucereuse d’une étrangère.
25 Ne convoite pas dans ton cœur sa beauté,
ne te laisse pas prendre à ses œillades,
26 car à la prostituée suffit un quignon de pain,
mais la femme mariée en veut à une vie précieuse.a

a La femme adultère est plus dangereuse que la prostituée celle-ci se contente d’une rémunération, à celle-là il faut sacrifier toute la vie.

27 Peut-on porter du feu dans son sein
sans enflammer ses vêtements ?
28 Peut-on marcher sur des charbons ardents
sans se brûler les pieds ?
29 Ainsi celui qui court après la femme de son prochain :
qui s’y essaie ne s’en tirera pas indemne.
30 On ne méprise pas le voleur
qui vole pour s’emplir l’estomac quand il a faim ;
31 pourtant, s’il est pris, il rendra au septuple,
il donnera toutes les ressources de sa maison.b

b Même excusé par la faim, le voleur devra restituer avec usure. Ex 22.1-8 prévoit une restitution au double. Ici, le septuple est un chiffre arbitraire exprimant l’importance de la restitution.

32 Mais l’adultère est privé de sens,
qui veut sa propre perte agit ainsi !
33 Il récolte coups et mépris,
jamais ne s’effacera son opprobre.
34 Car la jalousie excite la rage du mari,
au jour de la vengeance il sera sans pitié,
35 il n’aura égard à aucune compensation,
il ne consentira à rien, même si tu multiplies les présents.

7 Mon fils, garde mes paroles,
conserve chez toi mes préceptes.
2 Garde mes préceptes et tu vivras,
que mon enseignement soit comme la pupille de tes yeux.
3 Fixe-les à tes doigts,
inscris-les sur la tablette de ton cœur.
4 Dis à la sagesse : « Tu es ma sœur ! »
Donne le nom de parente à l’intelligence,
5 pour te garder de la femme étrangère,
de l’inconnue aux paroles doucereuses.

6 Comme j’étais à la fenêtre de ma demeure,
j’ai regardé par le treillis
7 et j’ai vu, parmi de jeunes niais,
j’ai remarqué parmi des enfants
un garçon privé de sens.
8 Passant par la venelle, près du coin où elle est,
il gagne le chemin de sa maison,
9 à la brune, au tomber du jour,
au cœur de la nuit et de l’ombre.
10 Et voici qu’une femme vient à sa rencontre,
vêtue comme une prostituée, la fausseté au cœur.
11 Elle est hardie et insolente ;
ses pieds ne peuvent tenir à la maison.
12 Tantôt dans la rue, tantôt sur les places,
à tous les coins elle se tient aux aguets.
13 Elle le saisit et l’embrasse
et d’un air effronté lui dit :
14 « J’avais à offrir un sacrifice de communion,
j’ai accompli mes vœux aujourd’hui,
15 voilà pourquoi je suis sortie à ta rencontre
pour te chercher, et je t’ai trouvé.
16 J’ai recouvert mon divan de couvertures,
de tissus brodés, d’étoffe d’Égypte,
17 j’ai aspergé ma couche de myrrhe,
d’aloès et de cinnamome.
18 Viens ! Enivrons-nous d’amour jusqu’au matin !
Jouissons dans la volupté !
19 Car il n’y a point de mari à la maison :
il est parti pour un lointain voyage,
20 il a emporté le sac aux écus,
à la pleine lune il reviendra chez lui.
21 À force de persuasion elle le séduit,
par le charme doucereux de ses lèvres elle l’entraîne.
22 Aussitôt il la suit,
comme un bœuf qui va à l’abattoir,
comme on entrave un cerf pris au filet,c

c « comme on entrave un cerf » he`ekos ’ayyal conj. « comme (avec) une entrave le fou (va) au châtiment » ke`ekes ’el mûsar ’ewîl hébr., incertain. Le grec lit (22c) « tel un chien pris aux entraves, (23a) tel un cerf frappé d’une flèche au foie ».

23 jusqu’à ce qu’un trait lui perce le foie,
tel l’oiseau qui se précipite dans le filet
sans savoir qu’il y va de sa vie.
24 À présent, fils, écoutez-moi,
prêtez attention aux paroles de ma bouche :
25 Que ton cœur ne dévie pas vers ses chemins,
ne t’égare pas dans ses sentiers,
26 car nombreux sont ceux qu’elle a frappés à mort
et les plus robustes furent tous ses victimes.
27 Sa demeure est le chemin du shéol,
la pente vers le parvis des morts.

Deuxième prosopopée de la Sagesse.d

8 La Sagesse n’appelle-t-elle pas ?
L’Intelligence n’élève-t-elle pas la voix ?

d Les chap. 8-9 contiennent le sommet de la doctrine des Proverbes sur la sagesse, cf. 8.22. Le même thème est développé dans des livres plus tardifs Si 1.1-20 ; 24 ; Sg 6-9 ; cf. aussi Jb 28.

2 Au sommet des hauteurs qui dominent la route,
au croisement des chemins, elle se poste ;
3 près des portes, à l’entrée de la cité,
sur les voies d’accès, elle s’écrie :e

e Peut-être tout simplement comme le commerçant ambulant, qui attire les chalands en vantant sa marchandise.

4 « Humains ! C’est vous que j’appelle,
ma voix s’adresse aux enfants des hommes.
5 Simples ! apprenez le savoir-faire,
sots, apprenez le bon sens.f

f Littéralement « comprenez le cœur », c’est-à-dire « l’intelligence »; cf. de même 6.32 « privé de sens »; litt. « privé de cœur ».

6 Écoutez, j’ai à vous dire des choses importantes,
j’ouvre mes lèvres pour dire des paroles droites.
7 C’est la vérité que mon palais proclame,
car le mal est abominable à mes lèvres.
8 Toutes les paroles de ma bouche sont justes,
en elles rien de faux ni de tortueux.
9 Toutes sont franches pour qui les comprend,
droites pour qui a trouvé le savoir.
10 Prenez ma discipline et non de l’argent,
le savoir plutôt que l’or pur.
11 Car la sagesse vaut mieux que les perles,
et rien de ce que l’on désire ne l’égale. »

Éloge de la Sagesse par elle-même. La Sagesse royale.

12 « Moi, la Sagesse, j’habite avec le savoir-faire,
je possède la science de la réflexion.
13 (La crainte de Yahvé est la haine du mal).
Je hais l’orgueil et l’arrogance,
la mauvaise conduite et la bouche torse.
14 À moi appartiennent le conseil et la prudence,
je suis l’entendement, à moi la puissance !
15 Par moi règnent les rois
et les nobles décrètent le droit ;
16 par moi gouvernent les princes
et les grands, les juges légitimes.
17 J’aime ceux qui m’aiment,
qui me cherche avec empressement me trouve.
18 Chez moi sont la richesse et la gloire,
les biens stables et la justice.
19 Mon fruit est meilleur que l’or, que l’or fin,
mes produits meilleurs que le pur argent.
20 Je marche dans le chemin de la justice,
dans le sentier du droit,
21 pour procurer des biens à ceux qui m’aiment,
et remplir leurs trésors.

La Sagesse créatrice.g

22 « Yahvé m’a créée, prémices de son œuvre,h
avant ses œuvres les plus anciennes.

g L’idée d’une sagesse personnifiée, simple artifice littéraire en 14.1, s’est développée en Israël à partir de l’Exil, lorsque le polythéisme ne fut plus une menace pour la vraie religion. Si en Jb 28 et Ba 3.9—4.4 la sagesse apparaît comme une chose, un bien désirable extérieur à Dieu et à l’homme, elle est présentée en 1.20-33 ; 3.16-19 et 8-9 comme une personne. Ici elle révèle elle-même son origine (créée avant toute créature, vv. 22-26), ainsi que la part active qu’elle prend à la création, vv. 27-30, et le rôle qu’elle joue auprès des hommes, pour les mener à Dieu, vv. 31, 35-36. Ben Sira développera cette doctrine Si 1.1-10 rappelle Jb 28, mais Si 4.11-19 ; Si 14.20—15.10 et surtout 24.1-29 (cf. Si 24.1) prolongent 8. Toutefois, en tous ces textes où la sagesse est personnifiée, comme ailleurs la Parole ou l’Esprit, il est difficile de démêler ce qui est artifice poétique, expression d’anciennes conceptions religieuses ou intuition de révélations nouvelles. Enfin Sg 7.22-8.1 donne l’impression que la sagesse, « effusion de la gloire de Dieu », participe à la nature divine, mais les termes abstraits qui la décrivent conviennent à un attribut divin aussi bien qu’à une hypostase distincte. — La doctrine de la Sagesse, ainsi ébauchée dans l’AT, sera reprise dans le NT qui lui fera accomplir un progrès nouveau et décisif en l’appliquant à la personne du Christ. Jésus est désigné comme Sagesse et sagesse de Dieu, Mt 11.19 ; Lc 11.49, cf. Mt 23.34-36 ; 1 Co 1.24-30 ; comme la Sagesse, le Christ participe à la création et à la conservation du monde, Col 1.16-17, à la garde d’Israël, 1 Co 10.4, cf. Sg 10.17s. Enfin le prologue de Jn attribue au Verbe des traits de la Sagesse créatrice, et tout l’évangile johannique présente le Christ comme la Sagesse de Dieu, cf. Jn 6.35. Ceci explique que la tradition chrétienne, depuis saint Justin, ait reconnu le Christ dans la Sagesse de l’AT. Par accommodation, la liturgie a appliqué 8.22s à la Vierge Marie, collaboratrice du Rédempteur comme la Sagesse l’est du Créateur.

h Le verbe hébreu (qanani) est traduit « m’a créée » par grec, syr., Targ. cf. Si 1.4, 9 ; 24.8, 9. La traduction « m’a acquise » (cf. 4.5, 7 ; Gn 4.1 ; Dt 32.6) ou « m’a possédée, m’a en propre » (Aquila, Symmaque, Théodotion) a été reprise par saint Jérôme (Vulg.), sans doute pour combattre l’erreur d’Arius qui faisait du Verbe (identifié avec la Sagesse) une créature. La formule « prémices de son œuvre » (litt. « prémices de sa voie » ou « de ses voies » si l’on suit les versions) doit être rapprochée du titre de « Premier-né de toute créature » donné au Christ par saint Paul, Col. 1.15, et de celui de « principes des œuvres de Dieu », Ap 3.14.

23 Dès l’éternité je fus établie,i
dès le principe, avant l’origine de la terre.

i « établie » ou « investie » ou encore « sacrée » (cf. Ps 2.6). Le verbe nasak signifie « verser une libation » ou « couler un objet de métal ».

24 Quand les abîmesj n’étaient pas, je fus enfantée,
quand n’étaient pas les sources aux eaux abondantes.

j L’abîme liquide sur lequel reposent à la fois le cercle de la terre et la calotte du ciel, cf. Gn 1 ; Ps 104 ; Jb 38.

25 Avant que fussent implantées les montagnes,
avant les collines, je fus enfantée ;
26 avant qu’il eût fait la terre et la campagne
et les premiers éléments du monde.
27 Quand il affermit les cieux, j’étais là,
quand il traça un cercle à la surface de l’abîme,
28 quand il condensa les nuées d’en haut,
quand se gonflèrent les sources de l’abîme,
29 quand il assigna son terme à la mer,
— et les eaux n’en franchiront pas le bord —
quand il traça les fondements de la terre,
30 j’étais à ses côtés comme le maître d’œuvre,k
je faisais ses délices, jour après jour,
m’ébattant tout le temps en sa présence,

k Le sens d’artisan ou maître d’œuvre (cf. grec) est attesté par Jr 52.15 ; Ct 7.2 (cf. Sg 7.21). Une autre interprétation (cf. Aquila, Symmaque, Théodotion) en fait la « petite fille », l’« infante » (cf. Lm 4.5) qui s’ébat (vv. 30-31) devant le Créateur.

31 m’ébattant sur la surface de sa terre
et trouvant mes délices parmi les enfants des hommes.

L’invite suprême.

32 « Et maintenant, mes fils, écoutez-moi :
Heureux ceux qui gardent mes voies !
33 Écoutez l’instruction et devenez sages,
ne la méprisez pas.
34 Heureux l’homme qui m’écoute,
qui veille jour après jour à mes portes
pour en garder les montants !
35 Car qui me trouve trouve la vie,
il obtient la faveur de Yahvé ;
36 mais qui pèche contre moi blesse son âme,
quiconque me hait chérit la mort. »

La Sagesse hospitalière.

9 La Sagesse a bâti sa maison,
elle a taillé ses sept colonnes,l

l Caractéristiques d’une maison riche, avec une cour intérieure. Le nombre sept est ici le symbole de la perfection.

2 elle a abattu ses bêtes, préparé son vin,
elle a aussi dressé sa table.
3 Elle a dépêché ses servantes
et proclamé sur les buttes, en haut de la cité :
4 « Qui est simple ? Qu’il passe par ici ! »
À l’homme insensé elle dit :
5 « Venez, mangez de mon pain,
buvez du vin que j’ai préparé !
6 Quittez la niaiserie et vous vivrez,
marchez droit dans la voie de l’intelligence. »

Contre les railleurs.m

7 Qui corrige un railleur s’attire le mépris,
qui reprend un méchant, le déshonneur.

m Maximes introduites plus tard, comme un commentaire du v. 6.

8 Ne reprends pas le railleur, il te haïrait,
reprends le sage, il t’aimera.
9 Donne au sage : il deviendra plus sage encore ;
instruis le juste, il accroîtra son acquis.
10 Principe de la sagesse : la crainte de Yahvé !
la science des saints, voilà l’intelligence.
11 Car par moi tes jours se multiplient
et pour toi s’accroissent les années de vie.
12 Si tu es sage, tu l’es pour toi-même,
si tu es railleur, toi seul en porteras la peine.

Dame Folie singe la Sagesse.n

13 Dame Folie est impulsive,
niaise et ne connaissant rien !

n La folie est à son tour personnifiée, et son activité opposée à celle de la sagesse, 9.1-6. Le sens de la parole est transparent de même qu’il y a deux voies, celle du bien et celle du mal (4.18-19 ; Dt 30.15-20 ; Ps 1 ; ce thème se retrouve dans la Didachè et le Pseudo-Barnabé comme dans les mss de Qumrân), de même il y a deux appels pour l’homme, deux banquets auxquels il est invité. L’homme doit choisir, cf. Rm 12.21 ; 2 Co 6.14s ; Tt 1.15.

14 Elle s’assied à la porte de sa maison,
sur un trône, en haut de la cité,
15 pour appeler les passants,
ceux qui vont droit leur chemin.
16 « Qui est simple ? Qu’il fasse un détour par ici ! »
À l’homme insensé elle dit :
17 « Les eaux dérobées sont douces,
et savoureux le pain du mystère ! »
18 Or il ignore qu’il y a là des Ombres
et que ses invités sont aux vallées du shéol.