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Bible de Jérusalem

Romains 7.14-24

L’homme livré au péché.n

14 En effet, nous savons que la Loi est spirituelle ; mais moi je suis un être de chair, vendu au pouvoir du péché.

n Il s’agit ici de l’homme sous l’empire du péché, avant la justification, tandis qu’au chap. 8:il s’agira du chrétien justifié, en possession de l’Esprit. Mais celui-ci, ici-bas, connaît aussi une division intérieure, Ga 5.17s.

15 Vraiment ce que je fais je ne le comprends pas : car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je hais.o

o Paul reprend ici un lieu commun de la littérature d’alors et qui trouva sa première formulation dans le Médée d’Euripide (1074-1080).

16 Or si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais, d’accord avec la Loi, qu’elle est bonne ; 17 en réalité ce n’est plus moi qui accomplis l’action, mais le péché qui habite en moi. 18 Car je sais que nul bien n’habite en moi, je veux dire dans ma chair ; en effet, vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir : 19 puisque je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas. 20 Or si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui accomplis l’action, mais le péché qui habite en moi.p

p Paul ne songe pas plus à nier la responsabilité personnelle de l’homme pour le mal que pour le bien, en Ga 2.20.

21 Je trouve donc une loiq s’imposant à moi, quand je veux faire le bien : le mal seul se présente à moi.

q Une « loi » attestée par l’expérience de l’homme charnel.

22 Car je me complais dans la loi de Dieur du point de vue de l’homme intérieur ;s

r Var. : « loi de la raison » comme au v. 23.

s Cet « homme intérieur » désigne la partie rationnelle de l’homme, par opposition à l’« homme extérieur », 2 Co 4.16, qui est son corps passible et mortel. Ce thème d’origine grecque est distinct du thème de l’homme « vieux » et « nouveau », Col 3.9-10, qui ressortit à l’eschatologie juive. Il arrive cependant que Paul parle de l’homme « intérieur » au sens chrétien de l’homme « nouveau », 2 Co 4.16 ; Ep 3.16.

23 mais j’aperçois une autre loi dans mes membres qui lutte contre la loi de ma raison et m’enchaîne à la loi du péché qui est dans mes membres.

24 Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui me voue à la mort ?t

t Littéralement « du corps de cette mort ». — Le corps, avec les membres qui le composent, 12.4 ; 1 Co 12.12, 14s, c’est-à-dire l’homme dans sa réalité sensible, 1 Co 5.3 ; 2 Co 10.10, et sexuelle, 4.19 ; 1 Co 6.16 ; 7.4 ; Ep 5.28, intéresse Paul comme terrain de la vie morale et religieuse. Pour l’AT, voir Gn 2.21 ; Sg 9.15. Soumis par la tyrannie de la « chair », 7.5, au péché, 1.24 ; 6.12s ; 7.23 ; 8.13 ; 1 Co 6.18, et à la mort, 6.12 ; 8.10, et devenu ainsi « corps de chair », Col 2.11 ; cf. 1.22, « corps de péché », 6.6 ; cf. Sg 1.4 ; 9.15, et « corps de mort », 7.24, il n’est cependant pas voué à l’anéantissement comme le voudrait la pensée grecque, mais au contraire, selon la tradition biblique, Ez 37.10 ; 2 M 7.9, appelé à la vie, 8.13 ; 2 Co 4.10, par la résurrection, 8.11. Le principe de ce renouveau sera l’Esprit, 5.5, se substituant à la psychè, 1 Co 15.44, et transformant le corps du chrétien à l’image du corps ressuscité du Christ, Ph 3.21. En attendant cette délivrance eschatologique, 8.23, le corps du chrétien délivré en principe de la « chair » par son union à la mort du Christ, 6.6 ; 8.3s, est dès maintenant habité par l’Esprit Saint, 1 Co 6.19, qui le forme à une vie nouvelle de justice et de sainteté, 6.13, 19 ; 12.1 ; 1 Co 7.34, méritoire, 2 Co 5.10, et glorifiant Dieu, 1 Co 6.20 ; Ph 1.20.