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Bible de Jérusalem

Siracide 16.24-18.14

L’homme dans la création.

24 Écoute-moi, mon fils, et acquiers la connaissance,
applique ton cœur à mes paroles.u

u C’est ici le scribe qui parle et non la sagesse personnifiée.

25 Avec mesure je te révélerai la discipline,
avec soin je proclamerai la connaissance..

26 Lorsqu’au commencement le Seigneur créa ses œuvres,v
sitôt faites, il leur attribua une place.

v « créa » en ktisei conj. d’après l’hébr. ; « par décision » en krisei grec.

27 Il ordonna ses œuvres pour l’éternité,
depuis leurs origines jusqu’à leurs générations lointaines.
Elles ne souffrent la faim ni la fatigue
et n’abandonnent jamais leur tâche.
28 Aucune n’a jamais heurté l’autre
et jamais elles ne désobéissent à sa parole.w

w Il s’agit des astres dont la marche régulière a frappé Ben Sira. Cf. 42.23 ; Ba 3.33-35.

29 Ensuite le Seigneur jeta les yeux sur la terre
et la remplit de ses biens.
30 De toute espèce d’animaux il en couvrit la face
et ils retourneront à la terre.
17 Le Seigneur a tiré l’homme de la terrex
pour l’y renvoyer ensuite.

x Ben Sira suit l’ordre du récit de Gn 1 création des astres, des plantes et des animaux, de l’homme.

2 Il a assigné aux hommes un nombre précis de jours et un temps déterminé,
il a remis en leur pouvoir ce qui est sur terre.
3 Il les a revêtus de force, comme lui-même,
à son image il les a créés.
4 À toute chair il a inspiré la crainte de l’homme,
pour qu’il domine bêtes sauvages et oiseaux.
5 Ils reçurent l’usage des cinq pouvoirs du Seigneur,
comme sixième, l’intelligence leur fut donnée en partage
et comme septième la raison, interprète de ses pouvoirs.
y

y On décèle dans ce texte une influence stoïcienne, peut-être par l’intermédiaire d’Aristobule, juif alexandrin du IIe s. av. J.-C. qui liait Gn 1 à des spéculations de type pythagoricien sur le chiffre sept.

6 Il leur donna le jugement, une langue, des yeux,
des oreilles et un cœur pour penser.z

z Dans l’anthropologie hébraïque, le cœur est le siège de l’intelligence et du discernement, cf. Gn 8.21.

7 Il les remplit de science et d’intelligence
et leur fit connaître le bien et le mal.
8 Il mit sa craintea dans leur cœur
pour leur montrer la grandeur de ses œuvres.
Et il leur donna de célébrer éternellement ses merveilles.b

a « sa crainte » mss grecs ; « son œil » texte reçu.

b Gr II et lat.

9 Ils loueront son saint nom,
10 racontant la grandeur de ses œuvres.
11 Il leur accorda encore la connaissance,
il les gratifia de la loi de la vie,
pour qu’ils comprennent qu’ils sont mortels, eux qui existent à présent.
12 il a conclu avec eux une alliance éternelle
et leur a fait connaître ses jugements ;c

c C’est la loi de Moïse les vv. suivants décrivent la révélation du Sinaï.

13 leurs yeux contemplèrent la grandeur de sa majesté,
leurs oreilles entendirent la magnificence de sa voix.
14 Il leur dit : « Gardez-vous de tout mal »,
il leur donna des commandements, chacun à l’égard de son prochain.

Le juge divin.

15 Leur conduite est toujours devant lui,
jamais cachée à ses regards.
16 Dès la jeunesse leurs voies les mènent au mal
et ils ne purent changer leurs cœurs
de pierre en un cœur de chair
,
17 car dans la répartition des peuples et de toute la terre,d
à chaque peuple il a préposé un prince ;
mais Israël est la portion du Seigneur,

d Peut-être inspirée d’Ez 11.19 ; 36.26, cette addition affirme l’impossibilité pour l’homme de faire le bien. Ben Sira, dans son texte, est moins pessimiste.

18 son premier-né qu’il nourrit de discipline,
auquel il dispense la lumière de son amour, sans l’abandonner.
e

e À l’époque de Ben Sira, aucune dynastie ne règne sur Israël. Du reste, l’opposition à la royauté, très ancienne, 1 S 8, dut à plus forte raison exister lors de la restauration maccabéenne.

19 Toutes leurs actions sont devant lui comme le soleil,
ses regards sont assidus à observer leur conduite.
20 Leurs injustices ne lui sont point cachées,
tous leurs péchés sont devant le Seigneur.
21 Mais le Seigneur est bon et connaît sa créature,
il ne les détruit ni ne les abandonne, mais les épargne.
f

f Cf. Dt 31.6-8.

22 L’aumône d’un homme est pour lui comme un sceau,
il conserve un bienfait comme la pupille de l’œil,
dispensant à ses fils et à ses filles le repentir.g

g Cf. Sg 12.19.

23 Un jour il se lèvera et les récompensera,
sur leur tête il fera venir leur récompense.h

h On ne voit pas exactement ici quand et sous quelle forme aura lieu la rétribution.

24 Mais à ceux qui se repentent il accorde un retour,
il réconforte ceux qui ont perdu l’endurance.

Invitation à la pénitence.

25 Convertis-toi au Seigneur et renonce à tes péchés,
implore-le bien en face, cesse de l’offenser.
26 Reviens vers le Très-Haut, détourne-toi de l’injustice,
car c’est lui qui te guidera des ténèbres à l’illumination du saluti
et hais vigoureusement l’iniquité.

i Une perspective eschatologique est ici sous-jacente. Cf. 1 P 2.9.

27 Car qui louera le Très-Haut dans le shéol,
si les vivants ne lui rendent gloire ?
28 La louange est inconnue des morts comme de ceux qui ne sont pas,
celui qui a vie et santé glorifie le Seigneur.
29 Qu’elle est grande la miséricorde du Seigneur,
son indulgence pour ceux qui se tournent vers lui !
30 Car l’homme ne peut tout avoir,
puisque le fils d’homme n’est pas immortel.
31 Quoi de plus lumineux que le soleil ? Pourtant il disparaît.
La chair et le sang ne peuvent nourrir que malice.
32 C’est lui qui surveille les puissances en haut des cieux,j
et tous les hommes ne sont que terre et cendre.

j Sans doute les astres, cf. 16.28 ; Isa 24.21-23.

Grandeur de Dieu.

18 Celui qui vit éternellement a créé tout ensemble.
2 Le Seigneur seul sera proclamé juste
et il n’y en a pas d’autres que lui.
3 Il gouverne le monde de la paume de sa main,
et tout obéit à sa volonté,
car lui, le roi de l’univers, par son pouvoir,
il y sépare les choses sacrées des profanes.
4 À personne il n’a donné le pouvoir d’annoncer ses œuvres,
et qui découvrira ses merveilles ?
5 Qui pourra mesurer la puissance de sa majesté
et qui pourra détailler ses miséricordes ?
6 On n’y peut rien retrancher et rien ajouter,
et l’on ne peut découvrir les merveilles du Seigneur.
7 Quand un homme a fini, c’est alors qu’il commence,
et quand il s’arrête il est tout déconcerté.k

k Quand l’homme a épuisé ses possibilités pour connaître Dieu et ses merveilles, il n’en est encore qu’au commencement. Ces constatations rappellent celles de Qohélet, mais la conclusion est toute différente pour Ben Sira, cette faiblesse de l’homme ne fait que souligner la grandeur de Dieu.

Néant de l’homme.

8 Qu’est-ce que l’homme ? À quoi sert-il ?
Quel est son bien et quel est son mal ?
9 La durée de sa vie : cent ans tout au plus.
Nul ne peut prévoir l’heure pour chacun du dernier sommeil.
10 Une goutte d’eau tirée de la mer, un grain de sable,
telles sont ces quelques années auprès de l’éternité.
11 C’est pourquoi le Seigneur use avec eux de patience
et répand sur eux sa miséricorde.
12 Il voit, il sait combien leur fin est misérable,
c’est pourquoi il a multiplié son pardon.
13 La pitié de l’homme est pour son prochain,
mais la pitié du Seigneur est pour toute chair :
il reprend, il corrige, il enseigne,
il ramène, tel le berger, son troupeau.l

l Cf. 2 M 6.13-16 ; Sg 12.19-22. Le judaïsme tardif était préoccupé de justifier les interventions divines pour la punition des hommes. La miséricorde universelle de Dieu et son caractère pédagogique, ici soulignés, sont une nouveauté dans l’AT.

14 Il a pitié de ceux qui reçoivent la discipline
et qui cherchent avec zèle ses jugements.