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Bible de Jérusalem

Siracide 34.18-36.17

18 sur qui s’appuie-t-il et qui est son soutien ?
19 Les regards du Seigneur sont fixés sur ceux qui l’aiment,
puissante protection, soutien plein de force,
abri contre le vent du désert, ombrage contre l’ardeur du midi,
protection contre les obstacles, assurance contre les chutes.
20 Il élève l’âme, il illumine les yeux,
il donne santé, vie et bénédiction.

Sacrifices.

21 Sacrifier un bien mal acquis, c’est se moquer,
22 les dons des méchants ne sont pas agréables.
23 Le Très-Haut n’agrée pas les offrandes des impies,
ce n’est pas pour l’abondance des victimes qu’il pardonne les péchés.
24 C’est immoler le fils en présence de son père
que d’offrir un sacrifice avec les biens des pauvres.
25 Une maigre nourriture, c’est la vie des pauvres,
les en priver, c’est commettre un meurtre.
26 C’est tuer son prochain que de lui ôter la subsistance,
27 c’est répandre le sang que de priver le salarié de son dû.
28 L’un bâtit, l’autre démolit ;
qu’en retirent-ils sinon de la peine ?
29 L’un bénit, l’autre maudit :
de qui le Maître écoutera-t-il la voix ?
30 Qui se purifie du contact d’un mort et de nouveau le touche,
que lui sert son ablution ?
31 Ainsi l’homme qui jeûne pour ses péchés,
puis s’en va et les commet encore ;
qui exaucera sa prière ?
Que lui sert de s’humilier ?

Loi et sacrifices.y

35 Observer la loi c’est multiplier les offrandes,

y Ben Sira est à la fois un fervent ritualiste très attaché au culte et un moraliste soucieux d’observer la Loi dans tous ses préceptes de justice et de charité. Ces deux tendances se rejoignent ici selon Ben Sira, la pratique de la Loi est elle-même un culte.

2 s’attacher aux préceptes c’est offrir des sacrifices de communion.
3 Se montrer charitable c’est faire une oblation de fleur de farine,
4 faire l’aumône c’est offrir un sacrifice de louange.
5 Ce qui plaît au Seigneur c’est qu’on se détourne du mal,
c’est offrir un sacrifice expiatoire que de fuir l’injustice.
6 Ne parais pas devant le Seigneur les mains vides,
7 car tout cela est dû selon les préceptes.
8 L’offrande du juste réjouit l’autel,z
son parfum s’élève devant le Très-Haut.

z Littéralement « graisse l’autel ».

9 Le sacrifice du juste est agréable,
son mémorial ne sera pas oublié.
10 Glorifie le Seigneur avec générosité
et ne sois pas avare des prémices que tu offres.
11 Chaque fois que tu fais une offrande montre un visage joyeux
et consacre la dîme avec joie.
12 Donne au Très-Haut comme il t’a donné,
avec générosité, selon tes moyens.a

a L’hébr. ajoute dans la marge « Celui-là prête à Dieu qui donne à un pauvre ; qui le lui rendra sinon lui ? », cf. Pr 19.17.

13 Car le Seigneur paie de retour,
il te rendra au septuple.

La justice divine.

14 N’essaie pas de le corrompre par des présents, il les refuse,
15 ne t’appuie pas sur un sacrifice injuste.
Car le Seigneur est un juge
qui ne fait pas acception de personnes.
16 Il ne considère pas les personnes pour faire tort au pauvre,
il écoute l’appel de l’opprimé.
17 Il ne néglige pas la supplication de l’orphelin,
ni de la veuve qui épanche ses plaintes.
18 Les larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur ses joues
19 et son cri n’accable-t-il pas celui qui les provoque ?
20 Celui qui sert Dieub de tout son cœur est agréé
et son appel parvient jusqu’aux nuées.

b Ou « qui rend service (au prochain) ».

21 La prière de l’humble pénètre les nuées ;c
tant qu’elle n’est pas arrivée il ne se console pas.d
Il n’a de cesse que le Très-Haut n’ait jeté les yeux sur lui,

c Où Dieu habite, cf. Ps 68.35 ; 104.3, etc.

d « il ne se console pas » var. hébr. « elle ne s’arrête pas ».

22 qu’il n’ait fait droit aux justes et rétabli l’équité.
Et le Seigneur ne tardera pas,
il n’aura pas de patience à leur égard,
tant qu’il n’aura brisé les reins de gens sans pitié
23 et tiré vengeance des nations,
exterminé la multitude des orgueilleux
et brisé le sceptre des injustes,
24 tant qu’il n’aura rendu à chacun selon ses œuvres
et jugé les actions humaines selon les cœurs,
25 tant qu’il n’aura rendu justice à son peuple
et ne l’aura comblé de joie dans sa miséricorde.
26 La miséricorde est bonne au temps de la tribulation,
comme les nuages de pluie au temps de la sécheresse.

Prière pour la délivrance et la restauration d’Israël.e

36 Aie pitié de nous, maître, Dieu de l’univers, et regarde,

e Bien que préparée par 35.23-26, cette prière tranche par son ton sur le reste du livre généralement serein. L’authenticité de ce texte est parfois mise en doute ; on le rapproche de l’addition hébraïque après 51.12. Composée avec soin de quatre quatrains (le v. 11 manque en hébreu), cette prière suppose une forte émotion, 36.6-12 ; on a pensé à l’affaire d’Héliodore, 2 M 3, en 175. Le texte, animé d’une grande espérance, ne dénote cependant pas clairement d’idées messianiques ; cf. 36.20.

2 répands ta crainte sur toutes les nations.
3 Lève la main contre les nations étrangères,
et qu’elles voient ta puissance.
4 Comme, à leurs yeux, tu t’es montré saint envers nous,
de même, à nos yeux, montre-toi grand envers elles.
5 Qu’elles te connaissent, tout comme nous avons connu
qu’il n’y a pas d’autre Dieu que toi, Seigneur.

6 Renouvelle les prodiges et fais d’autres miracles,
7 glorifie ta main et ton bras droit.
8 Réveille ta fureur, déverse ta colère,
9 détruis l’adversaire, anéantis l’ennemi.
10 Hâte le temps, souviens-toi du serment,
que l’on célèbre tes hauts faits.f

f Hébr. « fais hâter la fin, souviens-toi du terme. Car qui te dira Que fais-tu ? »

11 Qu’un feu vengeur dévore les survivants,
que les oppresseurs de ton peuple soient voués à la ruine.
12 Brise la tête des chefs étrangers
qui disent : « Il n’y a que nous. »

13 Rassemble toutes les tribus de Jacob,
16 rends-leur leur héritage comme au commencement.g

g Cette espérance d’un rassemblement des tribus, particulièrement vivace au temps de l’Exil, se perpétua dans le Judaïsme bien après le retour des exilés ; les Juifs considérèrent toujours la dispersion à l’étranger comme une situation provisoire et regrettable à laquelle la venue du messie doit mettre fin.

17 Aie pitié, Seigneur, du peuple appelé de ton nom,
d’Israël dont tu as fait un premier-né.