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Bible de Jérusalem

Siracide 39.27-44.17

27 Tout cela est un bien pour les bons,
mais pour les pécheurs cela devient un mal.

28 Il y a des vents créés pour le châtiment
et dans leur fureur ils renforcent leurs fléaux,b
à l’heure de la consommation ils déchaînent leur violence
et assouvissent la fureur de leur Créateur.

b Gr II et syr. « et dans sa fureur il renforça ses fléaux »; il s’agit alors de Dieu.

29 Le feu, la grêle, la famine et la mort,
tout cela a été créé pour le châtiment.c

c Testament des XII Patriarches « Il (le ciel inférieur) contient le feu, la neige, la glace, prêts pour le jour du jugement, dans le juste jugement de Dieu. Car c’est là que sont les esprits de vengeance pour le châtiment des hommes » (Lv 3.2). Ben Sira considère aussi les fléaux comme tenus en réserve, mais sa perspective ne paraît pas être proprement eschatologique.

30 Les dents des fauves, les scorpions et les vipères,
l’épée vengeresse pour la perte des impies,
31 tous se font une joie d’exécuter ses ordres,
ils sont sur la terre prêts pour le cas de besoin,
le moment venu ils n’enfreindront pas sa parole.
32 C’est pourquoi dès le début j’étais décidé,
j’ai réfléchi et j’ai écrit :d

d C’est l’annonce solennelle de la conclusion optimiste tout est voulu par Dieu pour une fin. Tout est dans l’ordre et l’homme n’a pas de raison de se plaindre ; il ne souffre que s’il l’a mérité.

33 « Les œuvres du Seigneur sont toutes bonnes,
il donne sa faveur à qui en a besoin, à l’heure propice.
34 Il ne faut pas dire : « Ceci est pire que cela ! »
car tout en son temps sera reconnu bon.
35 Et maintenant de tout cœur, à pleine bouche, chantez,
et bénissez le nom du Seigneur ! »

Misère de l’homme.e

40 Un sort pénible a été fait à tous les hommes,
un joug pesant accable les fils d’Adam,
depuis le jour qu’ils sortent du sein maternel
jusqu’au jour de leur retourf à la mère universelle.

e Ce développement sur la misère universelle fait contraste avec le chap. précédent. Ce n’est pas incohérence dans la pensée de Ben Sira. Cette misère s’explique puisqu’elle est la conséquence du péché, v. 10.

f « retour » Gr II, hébr. ; « sépulture » texte reçu.

2 L’objet de leurs réflexions, la crainte de leur cœur,
c’est l’attente anxieuse du jour de leur mort.
3 Depuis celui qui siège sur un trône, dans la gloire,
jusqu’au miséreux assis sur la terre et la cendre,
4 depuis celui qui porte la pourpre et la couronne
jusqu’à celui qui est vêtu d’étoffe grossière,
ce n’est que fureur, envie, trouble, inquiétude,
crainte de la mort, rivalités et querelles.
5 Et à l’heure où, couché, l’on repose,
le sommeil de la nuit ne fait que varier les soucis :g

g D’après l’hébr. (incertain) et le contexte, on peut comprendre le sommeil lui apporte d’autres idées non moins pénibles. Cf. Qo 2.22, 23.

6 à peine a-t-on trouvé le repos
qu’aussitôt, dormant, comme en plein jour,h
on est agité de cauchemars,
comme un fuyard échappé du combat.

h « comme en plein jour » conj. ; « comme au jour de l’observation » grec.

7 Au moment de la délivrance on s’éveille,
tout surpris que sa peur soit vaine.
8 Pour toute chair, de l’homme à la bête,
mais pour les pécheurs, au septuple,
9 la mort, le sang, la querelle et l’épée,
malheurs, famine, tribulation, calamité !
10 Tout cela a été créé pour les pécheurs,
et c’est à cause d’eux que vint le déluge.
11 Tout ce qui vient de la terre retourne à la terre,
et ce qui vient de l’eau fait retour à la mer.i

i Hébr. « et ce qui vient d’en haut retourne en haut », cf. Qo 12.7.

Maximes diverses.

12 Les pots-de-vin et les injustices disparaîtront,
mais la bonne foi tiendra éternellement.
13 Les richesses mal acquises s’évanouiront comme un torrent,
comme le coup de tonnerre qui éclate pendant l’averse.
14 Quand il ouvre les mains, il se réjouit,j
ainsi les pécheurs iront à la ruine.

j Texte difficile. Il s’agit peut-être du juste dont la générosité est source de joie.

15 Les rejetons des impies sont pauvres de rameaux,
les racines impures ne trouvent qu’âpre rocher.
16 Le roseau qui abonde sur toutes les eaux et sur les bords du fleuve
sera arraché le premier.k

k Littéralement « avant toute herbe »; hébr. « avant toute pluie ».

17 La charité est comme un paradis de bénédiction
et l’aumône demeure à jamais.l

l Hébr. « La piété ne sera jamais ébranlée et la justice demeure à jamais. »

18 L’homme indépendant et le travailleur ont la vie douce ;
mieux loti encore celui qui trouve un trésor.
19 Des enfants et une ville fondée perpétuent un nom ;
mieux encore apprécie-t-on une femme irréprochable.m

m Hébr. et syr. ajoutent entre les deux stiques « mieux encore la trouvaille de la sagesse. Bétail, plantation font une notoriété. »

20 Le vin et les arts mettent la joie au cœur ;
mieux encore l’amour de la sagesse.n

n Hébr. « Le vin et les boissons mettent la joie au cœur, mais plus que ces deux choses, l’affection entre amis (syr. ; ou entre époux). »

21 La flûte et la cithare agrémentent le chant ;
mieux encore une voix mélodieuse.
22 Grâce et beauté, l’œil les désire,
mieux encore la verdure des champs.
23 Ami et camarade se rencontrent au bon moment ;
mieux encore la femme et l’homme.
24 Frères et protecteurs sont utiles aux mauvais jours ;
mieux encore l’aumône tire d’affaire.
25 L’or et l’argent rendent la démarche ferme ;
mieux encore estime-t-on le conseil.
26 La richesse et la force donnent un cœur assuré ;
mieux encore la crainte du Seigneur.
Avec la crainte du Seigneur rien ne manque ;
avec elle on n’a pas à chercher d’appui.
27 La crainte du Seigneur est un paradis de bénédiction ;
mieux que toute gloire elle protège.

Mendicité.

28 Mon fils, ne vis pas de mendicité,
mieux vaut mourir que mendier.
29 L’homme qui louche vers la table d’autrui,
sa vie ne saurait passer pour une vie.
Il se souille la gorge de nourritures étrangères,
un homme instruit et bien élevé s’en gardera.o

o Hébr. « c’est une torture intérieure pour l’homme de sens. »

30 À la bouche de l’impudent la mendicité est douce,
mais à ses entrailles, c’est un feu brûlant.

La mort.

41 Ô mort, quelle amertume que ta pensée
pour l’homme qui vit heureux et au milieu de ses biens,
pour l’homme serein à qui tout réussit
et qui peut encore goûter la nourriture.p

p « la nourriture »; hébr. « le plaisir ».

2 Ô mort, ta sentence est la bienvenue
pour l’homme misérable et privé de ses forces,
pour le vieillard usé, agité de soucis,
révolté et à bout de patience.

3 Ne redoute pas l’arrêt de la mort,
souviens-toi de ceux d’avant toi et de ceux d’après toi.
4 C’est la loi que le Seigneur a portée sur toute chair ;
pourquoi se révolter contre le bon plaisir du Très-Haut ?
Que tu vives dix ans, cent ans, mille ans,
au shéol on ne te reprochera pas ta vie.q

q Puisque l’aboutissement est le même pour tous, on ne fait pas de reproche à ceux qui ont vécu plus longtemps.

Destin des impies.

5 De méchants garnements, tels sont les fils des pécheurs,
ceux qui hantent les maisons des impies.
6 L’héritage des fils des pécheurs va à la ruine,
leur postérité est l’objet d’un continuel reproche.
7 Un père impie est insulté par ses enfants,
car c’est de lui qu’ils tiennent le déshonneur.
8 Malheur à vous, impies,
qui avez délaissé la loi du Dieu Très-Haut.
9 Si vous multipliez, c’est pour la perdition :r
Si vous êtes engendrés, vous le serez pour la malédiction ;
et si vous mourez, la malédiction sera votre part.

r Hébr. donne pour 41.9-10 « vous multipliez, c’est pour la perdition ; si vous engendrez, c’est pour l’affliction ; si vous trébuchez, c’est pour la joie éternelle (syr. « pour la joie du peuple ») ; si vous mourez, c’est pour la malédiction. Tout ce qui vient du néant retourne au néant ; ainsi l’impie qui vient de rien retourne à rien. »

10 Tout ce qui vient de la terre retourne à la terre,
ainsi vont les impies de la malédiction à la ruine.
11 Le deuil des hommes s’adresse à leurs dépouilles,
mais le nom maudit des pécheurs s’efface.s

s Hébr. « en son corps l’homme est vanité, mais le renom de la bonté ne s’efface pas. »

12 Aie souci de ton nom, car il te restera
bien mieux que mille fortunes en or.
13 Une vie heureuse dure un certain nombre de jours,
mais un nom honoré demeure à jamais.

La honte.

14 Mes enfants, gardez en paix mes instructions.

Sagesse cachée et trésor invisible,
à quoi servent-ils l’un et l’autre ?
15 Mieux vaut un homme qui cache sa folie
qu’un homme qui cache sa sagesse.

16 Ainsi donc éprouvez la honte selon ce que je vais dire,
car il n’est pas bon de se plier à toute espèce de honte
et tout n’est pas exactement apprécié de tous.
17 Ayez honte de la débauche devant un père et une mère
et du mensonge devant un chef et un puissant ;
18 du délit devant un juge et un magistrat
et de l’impiété devant l’assemblée du peuple ;
de la perfidie devant un compagnon ou un ami
19 et du vol devant ton village ;
de la vérité de Dieu et d’alliance,
de plier les coudes à table,t
de l’affront en recevant ou en donnant,

t « à table », litt. « sur les pains »; s’agit-il d’une règle de savoir-vivre ? Cela semble peu en accord avec le contexte. L’hébr. est aussi peu intelligible « de violer serment et alliance, de tendre les coudes vers le pain, de refuser de donner ce qu’on demande »; l’hébr. donne ensuite un ordre différent, plus satisfaisant 41.21ab, 20a, 21c, 20b, 22.

20 de rester sans réponse devant ceux qui te saluent,
d’arrêter ton regard sur une prostituée,
21 de repousser ton compatriote,
de t’approprier la part d’un autre ou le cadeau qui lui est fait,
de regarder une femme en puissance de mari,
22 d’avoir des privautés avec une servante,
— ne t’approche pas de son lit ! —
d’avoir des paroles blessantes devant tes amis,
— après avoir donné ne fais pas de reproches ! —

42 de répéter ce que tu entends dire
et de révéler les secrets.
Alors tu connaîtras la véritable honte
et tu trouveras grâce devant tous les hommes.
Mais de ce qui suit n’aie pas honteu
et ne pèche pas en tenant compte des personnes :

u Ben Sira proclame la licéité, voire la convenance de certains actes auxquels s’opposaient le respect humain ou les préjugés.

2 n’aie pas honte de la loi du Très-Haut ni de l’alliance,
du jugement qui rend justice aux impies,v

v Les impies sont peut-être les étrangers l’auteur recommanderait de leur rendre justice comme aux Israélites.

3 de compter avec un compagnon de voyage,w
de distribuer ton héritage à tes amis,

w « compter » en lisant logismou d’après l’hébr. au lieu de logou . — « compagnon de voyage » conj. ; « un compagnon et des voyageurs » grec.

4 d’examiner les balances et les poids,
d’obtenir de petits et de grands profits,
5 de faire du bénéfice en matière commerciale,x
de corriger sévèrement tes enfants,
de meurtrir les flancs de l’esclave vicieux.

x Cf. en sens contraire 26.29 ; 27.2. Le commerce est légitime, mais il est plein de tentations.

6 Avec une femme curieuse il est bon d’utiliser le sceau,
là où il y a beaucoup de mains, mets les choses sous clef !
7 Pour les dépôts, comptes et poids sont de rigueur,
et que tout, doit et avoir, soit mis par écrit.
8 N’aie pas honte de corriger l’insensé et le sot,
et le vieillard décrépit qui discute avec des jeunes.y
Ainsi tu te montreras vraiment instruit
et tu seras approuvé de tout le monde.

y Hébr. « qui pèche par fornication ».

Soucis d’un père pour sa fille.

9 Sans le savoir une fille cause à son père bien du souci ;z
le tracas qu’elle lui donne l’empêche de dormir :
jeune, c’est la crainte qu’elle ne tarde à se marier,
et, mariée, qu’elle ne soit prise en grippe.

z Hébr. « une fille est pour son père un trésor trompeur ».

10 Vierge, si elle se laissait séduire
et devenait enceinte dans la maison paternelle !
En puissance de mari, si elle faisait une faute,
établie, si elle demeurait stérile !
11 Ta fille est indocile ? Surveille-la bien,
qu’elle n’aille pas faire de toi la risée de tes ennemis,
la fable de la ville, l’objet des commérages,
et te déshonorer à l’assemblée publique.

Les femmes.

12 Devant qui que ce soit ne t’arrête pas à la beauté
et ne t’assieds pas avec les femmes.a

a Avant 42.12, hébr. et syr. ajoutent « Dans le lieu où elle habite qu’il n’y ait ni fenêtre ni pièce ayant vue sur les accès tout autour »; cf. 2 M 3.19. En hébr., He 42.12 continue le passage précédent « Qu’elle ne montre à aucun homme sa beauté, qu’elle ne bavarde pas avec les femmes. »

13 Car du vêtement sort la teigne
et de la femme une malice de femme.
14 Mieux vaut la malice d’un homme que la bonté d’une femme :
une femme cause la honte et les reproches.b

b Ben Sira est plus sévère que les Proverbes, qui pourtant ne sont guère indulgents pour les femmes. Il faut faire la part du paradoxe, mais noter aussi que le rabbinisme postérieur manifeste la même tendance. Ce n’est pas un jugement absolu sur les femmes, mais un rappel des dangers du libertinage. L’hébr., discuté, pourrait signifier « et une fille qui craint plutôt que toute ignominie. »

II. La gloire de Dieu

1. DANS LA NATURE

15 Maintenant je vais rappeler les œuvres du Seigneur,
ce que j’ai vu, je vais le raconter.
Par ses parolesc le Seigneur a fait ses œuvres
et son décret s’accomplit selon son bon plaisir.d

c Hébr. « Par sa parole ». — C’est une des premières manifestations de la doctrine de la Parole créatrice. Cf. 43.26 ; Gn 1 ; Ps 33.6 ; Sg 9.1, 2 ; Jn 1.1. Dans l’ensemble de la littérature sapientielle, c’est plutôt la Sagesse qui est dite créatrice, cf. Pr 8.22.

d Cet ajout de Gr II remonte probablement à Ben Sira hébr. discuté, et syr. « et la création obéit à sa volonté ».

16 Le soleil qui brille regarde toutes choses
et l’œuvre du Seigneur est pleine de sa gloire.
17 Le Seigneur n’a pas donné pouvoir aux Saintse
de raconter toutes ses merveilles,
ce que le Seigneur, maître de tout, a fermement établi
pour que l’univers subsiste dans sa gloire.f

e C’est-à-dire aux anges, Jb 5.1.

f Hébr. (pour 17c-d) « Le Seigneur a donné à ses armées la force de subsister devant sa gloire ».

18 Il a sondé les profondeurs de l’abîme et du cœur humain
et il a découvert leurs calculs.
Car le Très-Haut possède toute science,
il a regardé les signes des temps.g

g Les astres sont « signes des temps », non seulement parce qu’ils divisent régulièrement le temps, 43.6 ; Gn 1.14-18, mais aussi parce que, selon la conception la plus répandue, l’avenir était déjà inscrit dans le ciel, Jr 10.2. Mais l’hébr. dit simplement « ...ce qui doit arriver jusqu’à l’éternité », et le syr. « ...ce qui doit arriver au monde. »

19 Il annonce le passé et l’avenir
et dévoile les choses cachées.
20 Aucune pensée ne lui échappe,
aucune parole ne lui est cachée.
21 Il a disposé dans l’ordre les merveilles de sa sagesse,
car il est depuis l’éternité jusqu’à l’éternité
sans que rien lui soit ajouté ni ôté,
et il n’a besoin du conseil de personne.
22 Que toutes ses œuvres sont aimables,
comme une étincelle qu’on pourrait contempler.
23 Tout cela vit et demeure éternellement
et en toutes circonstances tout obéit.
24 Toutes les choses vont par deux, en vis-à-vis,
et il n’a rien fait de déficient.h

h Hébr. « toutes choses sont différentes l’une de l’autre et il n’en a fait aucune en vain. »

25 Une chose souligne l’excellence de l’autre,
qui pourrait se lasser de contempler sa gloire ?

Le soleil.i

43 Orgueil des hauteurs, firmament de clarté,
tel apparaît le ciel dans son spectacle de gloire.

i Comparer ces développements lyriques à ceux de Dn 3.52-90 et de Ps 19.5s ; 104 ; 147 ; 148 ; Jb 36.22 — 37.24 ; 38.1-38. — Le texte est difficile et l’hébr., très différent, n’est pas d’un grand secours.

2 Le soleil, en se montrant, proclame dès son lever :
« Quelle merveille que l’œuvre du Très-Haut ! »
3 À son midi il dessèche la terre,
qui peut résister à son ardeur ?
4 On attise la fournaise pour travailler à chaud,
le soleil brûle trois fois plus les montagnes ;
exhalant des vapeurs brûlantes,
dardant ses rayons, il éblouit les yeux.
5 Il est grand, le Seigneur qui l’a créé
et dont la parole dirige sa course rapide.

La lune.

6 La lune aussi, toujours exacte
à marquer les temps, signe éternel.
7 C’est la lune qui marque les fêtes,
cet astre qui décroît, après son plein.j

j Les deux grandes fêtes juives de Pâque et des Tentes, cf. Ex 23.14, commençaient le jour de la pleine lune (le 14 du mois) et duraient huit jours.

8 C’est d’elle que le mois tire son nom ;k
elle croît étonnamment en sa révolution,
enseigne des armées célestes,
brillant au firmament du ciel.

k Soit parce que le même mot hébreu (yerah) désignait la lune et le mois, soit parce que l’autre mot désignant le mois (hôdesh) signifie « nouveauté » (nouvelle lune).

Les étoiles.

9 La gloire des astres fait la beauté du ciel ;
ils ornent brillamment les hauteurs du Seigneur.
10 Sur la parole du Saint ils se tiennent selon son ordre
et ne relâchent pas leur faction.

L’arc-en-ciel.

11 Vois l’arc-en-ciel et bénis son auteur,
il est magnifique dans sa splendeur.
12 Il forme dans le ciel un cercle de gloire,
les mains du Très-Haut l’ont tendu.

Merveilles de la nature.

13 Par son ordre il fait tomber la neige,
il lance les éclairs selon ses décrets.
14 C’est ainsi que s’ouvrent ses réserves
et que s’envolent les nuages comme des oiseaux.
15 Sa puissance épaissit les nuages,
qui se pulvérisent en grêlons ;
17a à la voix de son tonnerre la terre entre en travail ;
16 à sa vue les montagnes sont ébranlées ;
à sa volonté souffle le vent du sud,
17b comme l’ouragan du nord et les cyclones.l
Comme des oiseaux qui se posent il fait descendre la neige,
elle s’abat comme des sauterelles.

l On suit l’ordre de l’hébr.

18 L’œil s’émerveille devant l’éclat de sa blancheur
et l’esprit s’étonne de la voir tomber.
19 Il déverse encore sur la terre, comme du sel,
le givre que le gel change en pointes d’épines.
20 Le vent froid du nord souffle,
la glace se forme sur l’eau ;
elle se pose sur toute eau dormante,
la revêt comme une cuirasse.
21 Il dévore les montagnes et brûle le désert,
il consume la verdure comme un feu.
22 La brume en est un prompt remède,
la rosée, après la canicule, rend la joie.

23 Selon un plan il a dompté l’abîme
et il y a planté les îles.
24 Ceux qui parcourent la mer en content les dangers ;
leurs récits nous remplissent d’étonnement :
25 ce ne sont qu’aventures étranges et merveilleuses,
animaux de toutes sortes et monstres marins.
26 Grâce à Dieu son messager arrive à bon port,
et tout s’arrange selon sa parole.

27 Nous pourrions nous étendre sans épuiser le sujet ;
en un mot : « Il est le Tout. »m

m La formule se trouve aussi en hébr. Non pas certes dans un sens panthéiste. Pour Ben Sira, tout vient de Dieu dont il a toujours affirmé la transcendance, cf. ici v. 28, et tout lui appartient.

28 Où trouver la force de le glorifier ?
Car il est le Grand, au-dessus de toutes ses œuvres,
29 Seigneur redoutable et souverainement grand,
dont la puissance est admirable.
30 Que vos louanges exaltent le Seigneur,
autant que vous pourrez : car il surpasse encore.
Pour l’exalter déployez vos forces,
ne vous lassez pas, car vous n’en finirez pas.
31 Qui l’a vu et pourrait en rendre compte ?
Qui peut le glorifier comme il le mérite ?
32 Il reste beaucoup de mystères plus grands que ceux-là,
car nous n’avons vu qu’un petit nombre de ses œuvres.
33 Car c’est le Seigneur qui a tout créé,
et aux hommes pieux il a donné la sagesse.

2. DANS L’HISTOIRE

Éloge des Pères.n

44 Faisons l’éloge des hommes illustres,o
de nos ancêtres dans leur ordre de succession.

n Cet « Éloge des Pères », titre hébr. et grec, montre comment un juif pieux du IIe s. av. J.-C. comprenait l’histoire d’Israël, cf. 1 M 2.51-64.

o Cf. 44.10 où l’on a, dans l’hébr., la même expression homme de piété (hesed), qui a donné naissance au terme « Assidéens » (Hasidîm), cf. 1 M 2.42 ; 7.13), ces juifs qui à l’époque du soulèvement maccabéen se faisaient remarquer pour leur fidélité à Dieu et à la Loi. le traducteur n’a pas rendu exactement l’expression, c’est peut-être qu’il la trouvait, à son époque, chargée d’un sens trop précis.

2 Le Seigneur a créé à profusion la gloire,p
et montré sa grandeur depuis les temps anciens.

p Les vv. 2-9 peuvent être soit une description des gloires profanes connues en dehors d’Israël, auxquelles l’auteur opposerait (vv. 1 et 10s) les ancêtres des Juifs, soit une vue d’ensemble des gloires d’Israël que l’auteur va détailler ensuite.

3 Des hommes exercèrent l’autorité royale
et furent renommés pour leurs exploits ;
d’autres furent avisés dans les conseils,
s’exprimèrent en oracles prophétiques ;
4 d’autres régirent le peuple par leurs conseils,
leur intelligence de la sagesse populaire
et les sages discours de leur enseignement ;q

q Hébr. « princes de la nation par leurs projets, guides par leurs décrets, habiles à parler grâce à leur compétence scripturaire (?), intendants du service cultuel (?).

5 d’autres cultivèrent la musique
et écrivirent des récits poétiques ;
6 d’autres furent riches et doués de puissance,
vivant en paix dans leur demeure.
7 Tous ils furent honorés de leurs contemporains
et glorifiés, leurs jours durant.
8 Certains d’entre eux laissèrent un nom
qu’on cite encore avec éloges.
9 D’autres n’ont laissé aucun souvenir
et ont disparu comme s’ils n’avaient pas existé.
Ils sont comme n’ayant jamais été,
et de même leurs enfants après eux.

10 Mais voici des hommes de bien
dont les bienfaits n’ont pas été oubliés.r

r L’hébr. de Masada (contre celui du Caire « leur espoir ») confirme le grec.

11 Dans leur descendance ils trouvent
un riche héritage, leur postérité.
12 Leur descendance reste fidèle aux commandements
et aussi, grâce à eux, leurs enfants.
13 Leur descendance demeurera à jamais,
leur gloire ne ternira point.
14 Leurs corps ont été ensevelis dans la paix
et leur nom est vivant pour des générations.
15 Les peuples proclameront leur sagesse,
l’assemblée célébrera leurs louanges.

Hénok.

16 Hénok plut au Seigneur et fut enlevé,
exemple pour la conversions des générations.

s C’est-à-dire motif de se convertir. La leçon de l’hébr. « exemple de science » fait peut-être allusion aux mystères dont Hénok fut le témoin et qu’il révéla aux hommes (« Livre des secrets d’Hénok »). Lat « pour porter la conversion aux nations ».

Noé.

17 Noé fut trouvé parfaitement juste,
au temps de la colère il fut le surgeon :
grâce à lui un reste demeura à la terret
lorsque se produisit le déluge.u

t « surgeon » d’après hébr. (terme incertain) ; « échange » grec ; « réconciliation » lat. — C’est, appliquée à l’histoire de Noé, la doctrine prophétique du « reste » d’où sortira le salut, cf. Isa 4.3.

u Hébr. « a cause de son alliance, le déluge cessa. »