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Bible de Jérusalem

Sagesse 16.14-29

14 L’homme, dans sa malice, peut bien tuer,
mais il ne ramène pas le souffle une fois parti,
et ne libère pas l’âme que l’Hadès a reçue.c

c « Hadès » n’est pas exprimé (litt. « l’âme qui a été reçue ») mais le sens ne fait pas de doute.

Quatrième antithèse : la grêle et la manne.

15 Il est impossible d’échapper à ta main.
16 Les impies qui refusaient de te connaître
furent fustigés par la force de ton bras ;
pluies insolites, grêle, averses inexorables les assaillirent,
et le feu les consuma.d

d Tous les traits de cette énumération renvoient à la plaie de la grêle, Ex 9.13-35, mais l’auteur exploite à la manière du midrash toutes les indications bibliques :pour les « pluies » cf. Ex 9.29 (LXX), 33, 34 ; pour « le feu » cf. Ex 9.23-24 ; Ps 78.47-49 ; 105.32 (où l’on trouve aussi la « pluie »).

17 Car voici le plus étrange : dans l’eau, qui éteint tout,
le feu n’avait que plus d’ardeur ;
l’univers en effet combat pour les justes.
18 Tantôt en effet la flamme s’apaisait,
de peur de brûler complètement les animaux envoyés contre les impies,e
et pour leur faire comprendre, à cette vue, qu’ils étaient poursuivis par un jugement de Dieu ;

e L’auteur semble penser que les premières plaies durent encore quand la septième, celle de la grêle (Ex 9.13-35) s’abat sur l’Égypte.

19 tantôt, au sein même de l’eau, elle brûlait avec plus de force que le feu,
pour détruire les produits d’une terre inique.
20 Au contraire, c’est une nourriture d’anges que tu as donnée à ton peuple,
et c’est un pain tout préparé que du ciel tu leur as fournif sans fatigue,
un pain capable de procurer toutes les délices et de satisfaire tous les goûts ;g

f Var. attestée par de bons mss « tu leur as envoyé ».

g La manne, « pain des anges », Ps 78.25, ou « pain du ciel », Ps 105.40, qui avait le « goût d’un gâteau de miel », Ex 16.31, devient une nourriture susceptible de se plier à tous les goûts et de prendre toutes les saveurs désirables — symbole même de la douceur de Dieu (v. 21). Ce trait trouve des parallèles très concrets dans les textes rabbiniques et atteste déjà l’existence d’une légende juive sur la manne. La liturgie chrétienne a appliqué ce passage à l’Eucharistie.

21 Et la substance que tu donnais manifestait ta douceur envers tes enfants,
et, s’accommodant au goût de celui qui la prenait,
elle se changeait en ce que chacun voulait.
22 Neige et glaceh supportaient le feu sans fondre :
on saurait ainsi que c’était pour détruire les récoltes des ennemis
que le feu brûlait au milieu de la grêle et flamboyait sous la pluie,

h C’est encore la manne, qu’Ex 16.14 compare à la rosée, et Nb 11.7 (LXX) à la glace, cf. 19.21.

23 tandis qu’au contraire, pour respecter la nourriture des justes,
il oubliait jusqu’à sa propre vertu.

24 Car la création qui est à ton service, à toi, son Créateur,
se tend à fond pour le châtiment des injustes
et se détend pour faire du bien à ceux qui se confient en toi.i

i « se tend... se détend », image empruntée aux instruments à cordes cf. 19.18.

25 C’est pourquoi, alors aussi, en se changeant en tout,j
elle se mettait au service de ta libéralité, nourricière universelle,
selon le désir de ceux qui étaient dans le besoin ;k

j L’auteur tente d’expliquer cette particularité de la manne, cf. vv. 20c, 21c, à l’aide de la physique de l’époque, par une mutation des éléments ou un échange de leurs propriétés. Mais il insiste moins sur ce fait extraordinaire que sur l’enseignement qui s’en dégage.

k Ou « de ceux qui demandaient », ou « priaient ».

26 ainsi tes fils que tu as aimés, Seigneur, l’apprendraient :
ce ne sont pas les diverses espèces de fruits qui nourrissent l’homme,
mais c’est ta parole qui conserve ceux qui croient en toi.
27 Car ce qui n’était pas détruit par le feu
fondait à la simple chaleur d’un bref rayon de soleil,
28 afin que l’on sache qu’il faut devancer le soleil pour te rendre grâce,
et te rencontrer dès le lever du jour ;l

l Cette leçon, appuyée sur une interprétation très libre d’Ex 16.21, enregistre l’usage de faire coïncider la prière du matin avec l’aurore ou les premiers rayons du soleil.

29 l’espoir de l’ingrat fond, en effet, comme le givre hivernal,
comme une eau inutile, il s’écoule.