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Bible de Jérusalem

Sagesse 7.22-8.1

22 car c’est l’ouvrière de toutes choses qui m’a instruit, la Sagesse !

Éloge de la Sagesse.b

En elle est, en effet, un esprit intelligent, saint,
unique, multiple, subtil,
mobile, pénétrant, sans souillure,
clair, impassible, ami du bien, prompt,

b L’auteur prolonge ici d’une façon originale les personnifications antérieures de la Sagesse, cf. Pr 8.22. Comme il l’a annoncé, 6.22, il précise à la fois la nature et l’origine, d’abord en énumérant les caractéristiques de l’Esprit divin que la Sagesse possède en propre et qui renseignent déjà sur sa nature, vv. 22-24 (on compte 21 attributs et ce chiffre, 3 × 7, paraît intentionnel pour signifier une perfection éminente) ; ensuite en déterminant la relation de la Sagesse à Dieu, vv. 25-26, à l’aide d’images qui indiquent à la fois provenance et participation intime. Faisant de nombreux emprunts de vocabulaire à la philosophie grecque, l’auteur souligne ensuite les activités caractéristiques de la Sagesse, 7.27-8.1 et en vient à l’identifier à la providence divine, 8.1. Cet éloge de la Sagesse qui partage l’intimité de Dieu, 8.3, qui possède sa toute-puissance, 7.23, 25, 27, et collabore à son œuvre créatrice, 7.12, 22 ; 8.4, 6, annonce déjà toute une théologie de l’Esprit, qui l’habite, 7.22, et à qui elle est assimilée, 1.5 ; 9.17, et dont elle reçoit les fonctions traditionnelles, cf. Isa 11.2, mais surtout la christologie, notamment celle de saint Jean, et aussi celle de saint Paul (cf. Ep et Col) et de l’Épître aux Hébreux.

23 irrésistible, bienfaisant, ami des hommes,
ferme, sûr, sans souci,
qui peut tout, surveille tout,
pénètre à travers tous les esprits,
les intelligents, les purs, les plus subtils.
24 Car plus que tout mouvement la Sagesse est mobile ;
elle traverse et pénètre tout à cause de sa pureté.
25 Elle est en effet un effluve de la puissance de Dieu,
une émanation toute pure de la gloire du Tout-Puissant ;
aussi rien de souillé ne s’introduit en elle.
26 Car elle est un reflet de la lumière éternelle,c
un miroir sans tache de l’activité de Dieu,
une image de sa bonté.

c La « lumière éternelle » s’identifie avec Dieu, désigné sous cet aspect. Certains textes antérieurs suggéraient déjà l’idée d’une lumière transcendante qui émane de Dieu, Ha 3.4, éclaire ses fidèles ou son peuple, Ps 27.1 ; Isa 2.5, constitue le rayonnement de sa gloire, Isa 60.1, 19-20 ; Ba 5.9, ou réside près de lui, Dn 2.22. Mais seul 1 Jn 1.5 dira explicitement que « Dieu est lumière ».

27 D’autre part étant seule, elle peut tout,
demeurant en elle-même, elle renouvelle l’univers
et, d’âge en âge passant en des âmes saintes,
elle en fait des amis de Dieud et des prophètes ;e

d Comme Abraham, Isa 41.8 ; 2 Ch 20.7 ; Jc 2.23, et Moïse, Ex 33.11.

e Non seulement les grands prophètes ou les scribes inspirés (Si 24.33), mais encore tous ceux qui, par leur vie sainte et leur intimité avec Dieu, pénètrent davantage dans la connaissance de ses exigences ou de ses mystères et deviennent ses « interprètes » autorisés, capables d’éclairer les autres hommes.

28 car Dieu n’aime que celui qui habite avec la Sagesse.
29 Elle est, en effet, plus belle que le soleil,
elle surpasse toutes les constellations,
comparée à la lumière, elle l’emporte ;
30 car celle-ci fait place à la nuit,
mais contre la Sagesse le mal ne prévaut pas.

8 Elle s’étend avec force d’un bout du monde à l’autre
et elle gouverne l’univers avec bonté.