Nos enfants

UN MOT D’EXPLICATION

La famille est un don de Dieu et les enfants, de précieux trésors « prêtés » seulement pour un temps, très court en vérité. Raison de plus pour s’efforcer de leur apporter le meilleur en veillant sur eux instant après instant.

Le foyer est, par excellence, le lieu où l’homme en devenir se forme et fait l’apprentissage de la vie. Là, il apprend – ou devrait apprendre – la soumission, le respect d’autrui et l’acceptation de l’autorité. Il y découvre – ou devrait y découvrir – le don de soi, l’art de servir et surtout l’amour de Dieu. N’est-il pas reconnu que l’on adopte volontiers les idées, la religion, la politique de ceux qui ont su se faire aimer ? Aussi, quelle responsabilité pour les parents ! En sont-ils au moins conscients ?

En tout cas, tout ce qui nuit à la famille porte préjudice à la société et à l’église et c’est la raison pour laquelle Satan s’acharne sur elle et, par tous les moyens, s’emploie à la discréditer, à la démembrer et si possible à la ruiner. La jeunesse délinquante est, pour une large part, le fruit de foyers désunis où règne le désordre, où manque l’indispensable discipline de l’amour.

Certes, il n’est pas facile d’être parents. Rude mission, trop souvent remplie sans préparation aucune (pas de diplômes exigés ), accomplie au petit bonheur, selon son humeur, en se référant à sa propre éducation. En jetant un regard en arrière et en considérant les résultats de leur mission – ici, on réfléchit davantage après qu’avant – que de vieux pères ont soupiré avec tristesse : « Ah ! Si j’avais su » !

Le présent ouvrage, tout pratique, voudrait être utile aux parents et les prévenir contre certaines erreurs irréparables. Comme le précédent (1), il n’est nullement une étude mais contient, en de courts chapitres, une série de propos sur l’éducation, rédigés simplement pour faire réfléchir. D’où l’importance après chaque lecture, de s’arrêter un instant pour dialoguer entre époux, s’interroger, s’humilier si nécessaire et décider surtout d’une ligne de conduite conforme à l’Écriture.

(1) JE VEUX T’AIMER (édition Ligue pour la lecture de la Bible).

J’en conviens, le sujet n’est pas facile à traiter et il faut une certaine prétention pour oser conseiller des parents. Qui suis-je pour cela ? Je m’y hasarde toutefois parce que je crois avoir acquis « sur le terrain » (et non dans les livres ou sur les bancs d’une faculté) une expérience à laquelle peu de psychologues peuvent prétendre. D’une part, ma femme et moi avons élevé quatre enfants et d’autre part j’ai pu, durant trente quatre ans – insigne privilège – loger pour trois, quatre et parfois quinze jours dans un millier de foyers et m’asseoir pour un repas à la table de quelque trois à cinq mille familles de tous les milieux sociaux. Certes, je me suis efforcé d’être partout un hôte indulgent, les enfants n’étant jamais vus sous leur jour le meilleur lorsqu’on reçoit des visites à la maison ; c’est alors qu’ils se déchaînent comme lions en cage. Quoi qu’il en soit, j’ai pu faire au fil des années une ample moisson de remarques et d’expériences que j’expose plus loin.

Des mères de famille exténuées face à un petit monde survolté objecteront qu’elles font parfois « comme elles peuvent et ce qu’elles peuvent » pour rétablir l’ordre et la paix à la maison. Dans certaines circonstances, il leur est bien difficile de se contrôler et de mettre à exécution les « bons conseils » donnés « à froid ». C’est vrai, aussi me garderai-je de juger une maman débordée : elle a droit à des trésors d’indulgence, sa tâche étant rude par moments. C’est pourquoi, je m’adresse particulièrement aux pères (ainsi fait la Bible) lesquels, trop souvent, se désintéressent de l’éducation de leurs enfants. C’est le chef de famille qui doit exercer la discipline et donc soulager une épouse aux prises avec sa nichée vingt quatre heures sur vingt quatre.

Le climat des chapitres de ce livre aurait été tout autre si nous les avions rédigés cinquante ans plus tôt. S’adressant alors à des pères pour la plupart gens de devoir, froids, intraitables et distants, ces pages auraient mis l’accent sur le besoin de comprendre l’enfant, de respecter sa personnalité, de l’éduquer avec douceur et patience. Aujourd’hui, les notions ont changé et trop de parents négligent l’éducation des leurs, se montrant faibles jusqu’à se faire un devoir de ne rien exiger du tout. D’où notre insistance que d’aucuns trouveront excessive, à dénoncer le laisser-faire pour recommander plus de fermeté et plus de discipline. Toujours pour le bien de l’enfant.

Dans les pages suivantes, je cite des faits authentiques mais dont certains remontent à quelque vingt ou trente ans en arrière. Les ai-je fidèlement rapportés sans trop les embellir ou les déformer ? Les dialogues sont-ils cités avec exactitude ? Certainement pas. C’est pourquoi je vous conseille de retenir seulement la leçon qui se dégage de chaque anecdote.

Je ne puis terminer cette introduction sans dire honnêtement que nous n’avons pas toujours suivi à la lettre les conseils que vous allez trouver plus loin. C’eut été trop beau. Comme tous les parents qui acceptent de réfléchir, nous avons dû tirer les leçons de nos propres erreurs. Il nous est arrivé de dire : « Ah ! Si c’était à refaire … nous serions moins catégoriques dans tel domaine et plus stricts dans tel autre ». Mais Dieu soit béni. Dans son infinie bonté, il a donné à nos enfants ce que nous n’avons pu leur apporter et il a réparé ce qui devait l’être. Ceci encouragera les parents qui s’accusent en considérant, rétrospectivement, les déficits de leur difficile mission.

André Adoul.

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