Lorsque j’envisageais d’écrire ce livre, mon intention première était de traiter du rôle de la foi dans la vie du chrétien. Je m’’attelai donc à la tâche et avais déjà rédigé deux ou trois chapitres lorsque je me ravisai : « La prière, me dis-je, est tellement négligée parmi les chrétiens qu’il serait certainement plus urgent de développer ce sujet ! » J’allais reprendre la plume lorsque je fus arrêté une deuxième fois. Sans doute la prière est-elle de grande importance, mais il y a tant de bons livres sur ce thème ! Alors, pourquoi en ajouter un autre de moindre valeur ? Et puis, je savais par expérience qu’un prédicateur est rarement écouté lorsqu’il invite ses auditeurs à consacrer du temps, beaucoup de temps à la prière. Ce message a peu d’écho et entre rarement dans les faits. Quelques-uns, peut-être les plus sensibles à la voix du Saint-Esprit, un instant culpabilisés, prennent la ferme décision de s’adonner plus diligemment à cet exercice. Ils s’obligent à invoquer Dieu matin et soir, parfois des heures durant. Ils luttent pour tenir leur engagement mais pas longtemps, car ils retombent vite dans la « petite prière obligation » du passé qui les laisse naturellement insatisfaits. Il faut avouer que prier parce qu’il faut prier est un devoir qui incite peu à la persévérance. Or je dois savoir que la Loi – ici les nombreux impératifs relatifs à la Prière – n’a pas été donnée pour que je mobilise toute mon énergie à essayer de répondre aux exigences divines… Au contraire. Elle m’en dissuade en me rendant conscient de ma totale incapacité à satisfaire le Père céleste. De telle sorte qu’elle m’amène à détourner les regards de moi-même pour les diriger sur Celui qui a le « pouvoir » de me rendre capable de lui obéir avec enthousiasme et joie. Tel est le rôle de la Loi, ce « pédagogue qui me conduit à Christ » (Galates 3.24). Pas de vraie prière hors d’une vraie communion avec Dieu. Que je vive dans Sa présence et la prière jaillira ; elle deviendra un besoin, un privilège, non un devoir ennuyeux.
Prier est capital. Pas de progrès, de victoire effective, d’épanouissement durable sans elle. Toutefois, il y a une chronologie à observer : « Fais de l’Éternel tes délices et il te donnera ce que ton cœur désire. » (Psaumes 37.4). D’abord, Dieu. On ne peut faire ses délices du Seigneur sans le contempler et cultiver sa présence. Ensuite moi. Par la prière, qu’elle soit demande ou intercession, je lui exprime mes désirs.
Ma vie de prière est-elle un échec ? Plutôt que de me culpabiliser sans fin en répétant sans cesse à Dieu : « Pardonne-moi de ce que je ne prie pas comme je devrais prier », je m’approche d’une personne dont je recherche la compagnie « parce que je l’aime ». Désormais, ce n’est pas la prière ou l’obligation de prier qui occupe mes pensées mais la personne du Seigneur.
Cultiver Son amitié, se complaire en Sa présence, en un mot l’aimer, tel est le thème de notre livre. Une autre façon d’amener les chrétiens à plier les genoux. Ma plus grande joie sera d’apprendre que certains de nos lecteurs, par le moyen de ces modestes pages et sous l’action du Saint-Esprit, ont appris le chemin du sanctuaire au point de dire avec le psalmiste : « Pour moi, m’approcher de Dieu, c’est mon bien. »
A. A.