"Le bon berger donne sa vie pour ses brebis". Par ces paroles d’une puissance extraordinaire {Jn 10.11} qui représentent le suprême sacrifice s’il est nécessaire, notre Seigneur définit le caractère de la sorte de berger dont les brebis auront toujours besoin. Il est vrai qu’il leur parla d’abord de Lui-même, mais Il exposait un principe con cernant tout bon pasteur et que tout pasteur saint dans tous les âges a toujours observé. Cela n’est pas un appel sans importance, pas une tâche facile pour un homme et nul ne peut l’accepter sans réflexion.
Il semble au premier abord que le Nouveau Testament a très peu à dire sur les "pasteurs". Le véritable mot "pasteur" est employé seulement une fois dans Eph 4.11. Naturellement c’est une traduction du grec "poimen" (berger, nourrisseur) tandis qu’il traduit pasteur dans un passage; le même mot se trouve dans 17 autres passages où il est invariablement traduit "berger". Notre Seigneur est décrit comme le "Bon Berger" dans Jn 10.14; comme le "Grand Berger" dans Heb 13.20; le Souverain Pasteur dans 1Pi 5.4. Si nous voulions substituer l’un à l’autre, "Bon Pasteur, Grand Pasteur, et Souverain Pasteur," nous verrions combien la relation est grande entre le Maître et ses serviteurs en ce qui concerne le soin du troupeau de Pieu. Bien que la comparaison semble trop osée, nous pouvons nous souvenir que Pierre l’emploie dans son discours aux anciens qui exercent le ministère de pasteur dans 1Pi 5.1-5, la même comparaison se retrouve dans Hébreux XIII entre les guides terrestres {Heb 13.7} et le Grand Berger du verset 20. {Heb 13.20}
C’est cette question de l’appel compris dans le ministère de pasteur que nous voulons mettre en évidence dans cette étude de pasteur. Spécialement l’élément de sacrifice. Rien n’est plus étranger à l’esprit du véritable ministère que le moindre esprit Commercial."non pour un gain honteux" dit Pierre. Nous avons rencontré quelques cas regrettables où le principe du Seigneur de Jn 10:11 apparaît complètement renversé et où les brebis semblaient devoir donner leur vie pour le Berger. — Dieu garde.
Mais ce n’est pas seulement dans la question d’argent que le véritable berger doit avoir l’esprit de sacrifice, le principe va jusqu’à la racine de toute vie et de tout son ministère. Il doit "donner sa vie" chaque jour; ses heures de loisir, fréquemment les joies du foyer et de la vie de famille, ses forces, ses dons, quelquefois sa réputation; dans presque tous les domaines un "Bon Berger" s’apercevra que son appel est celui du sacrifice continuel.
Il est vrai que le troupeau devrait apprécier un tel pasteur et chercher en toute manière à le décharger de ses fardeaux lorsque c’est possible (comme nous le verrons dans notre étude); mais au milieu de tout cela il y aura les sacrifices secrets qui resteront inconnus d’une assemblée, et dans le cœur du vrai pasteur, ce sera toujours: les brebis d’abord, lui ensuite. Il suit son Maître; même là où le Grand Berger et notre Grand Pasteur à tous à Gethsémané dit à ceux qui venaient le prendre: "Si vous venez me chercher laissez ceux-là". Le mercenaire se sauve, prend soin de sa propre vie, cherche son propre confort et ne s’inquiète pas si les brebis sont dispersées ou peut-être pire encore.
Madame Howard TAYLOR, dans sa biographie du Pasteur Hsi du Nord de la Chine retrace un incident qui illustre avec puissance ce principe de l’esprit de sacrifice du vrai pasteur. Deux frères chrétiens nommés Chang s’étaient violemment querellés dans un village; au paroxysme de la rage le plus jeune avait jeté un couperet à la tête de son frère. Heureusement il manqua son but mais frappa un curieux appelé Koh, le blessant grièvement au genou. Les habitants du village, aussi bien chrétiens que païens étaient surexcités. Hsi fut appelé. A son arrivée malgré le temps d’hiver terriblement froid, il commença par garder le silence et, à leur grand étonnement il ne voulut rien prendre après son voyage, mais il chercha un endroit tranquille où il pourrait prier Lorsqu’il réapparut il n’essaya pas d’exhorter les plaignants ou les rebelles, ni d’apaiser les parents de Koh, mais se dirigea à l’endroit où le blessé était assis car il se trouvait négligé dans l’excitation générales il lui demanda la permission de faire quelque chose pour sa blessure.
L’effet fut électrique et changea le courant des sentiments de telle manière que peu à peu Hsi put faire appel aux rebelles, et apaiser la colère de la foule. En s’associant comme chrétien à la faute des frères Chang, il gagna le cœur des païens par son humilité et plongea les querelleurs entièrement dans la honte, tout en présentant les vrais principes chrétiens. Cependant lorsque Hsi, réalisant que les mots ne suffiraient pas, alla délibérément vendre son manteau doublé de fourrure au marchand le plus proche, et revint en tendant au blessé une importante somme d’argent, tous furent brisés; ils ne pouvaient lui rendre ce qu’il avait sacrifié et furent obligés de le voir partir pour ce long voyage sans être protégé contre le froid intense, A partir de ce moment, l’œuvre dans ce village, fit des progrès d’une manière tout à fait spéciale. "Un autre Berger" s’était sacrifié pour les brebis.
Oh l’amour passionné pour le troupeau de Dieu que le ministère de pasteur exige. Nous avons entendu beaucoup parler d’une "passion pour les âmes" nous pensons quelquefois que c’est un don également utile et précieux qu’une passion envers les âmes un désir selon Dieu qui supplie, plaide et agonise pour que tout homme puisse être présenté parfait en Jésus-Christ. Combien ce désir brûlait chez le grand apôtre qui était plus qu’un "évangéliste" et plus qu’un "pasteur" et semblait (comme peut-être tout véritable apôtre le devrait) combiner tous les autres ministères en un seul. Son intérêt dans les nouveaux convertis "ces petits enfants pour lesquels je souffre de nouveau les douleurs de l’enfantement." {Ga 4.19} C’est l’éloquence d’un amour passionné pour les âmes. Il touche la note sensible d’un vrai cœur de pasteur en disant: Quand vous auriez dix mille maîtres en Christ vous n’avez cependant pas plusieurs pères. {1Co 4.15} Incidemment ce passage révèle aussi le fait qu’un maître n’est pas toujours un pasteur. Nous admettons que certains docteurs peuvent illuminer comme des lumières électriques mais ils sont presque aussi froids. Mais après tout, ceci est une question de don.
Ce sont ces PÈRES dont les assemblées ont tant besoin et dont elles manquent malheureusement bien souvent. Il. faut plus que des conducteurs, plus que des prédicateurs; chaque troupeau de Dieu a besoin d’un PÈRE. Un élément vital manque lorsqu’il n’y a pas un intérêt personnel pour chaque âme et qui soit préparé à aller jusqu’au sacrifice si c’est nécessaire. Nous nous sommes réjouis en rencontrant de tels véritables "pasteurs" ici et là (bien que la plupart d’entre eux refuseraient un tel titre), et ils valent leur pesant d’or. Les assemblées elles-mêmes apprécient rarement la valeur de tels hommes spécialement s’ils manquent de dons brillants sur la plate-forme. Tout le monde court après un bon prédicateur. C’est peut-être là une partie du sacrifice de beaucoup de pasteurs. Mais si les paraboles du Seigneur entrent en ligne de compte, ils ne perdront pas leur récompense en ce jour là.
Nous avons insisté sur l’élément de sacrifice du véritable ministère pastoral dans cette première étude car il nous semble être de la première importance et peut-être un des moins compris. Cependant après tout il est en accord avec le grand principe de tout ministère où il faut donner sa vie, qu’il vienne de quelque don de Dieu que ce soit. "La mort agit en nous, et la vie agit en vous" {2Co 4.12}. Ce principe semblerait être d’une précision mathématique: dans la mesure où le pasteur meurt à lui-même, il donne la vie aux autres. C’est le principe éternel du Calvaire une fois de plus.
Qui est suffisant pour un tel appel? Qu’il est facile d’écrire et de parler; et combien il est difficile d’accomplir. Il faut se souvenir cependant que le véritable pasteur est tel parce qu’il a un don de Christ. Peut-être serait-il plus exact de dire: il est un don de Christ {Eph 4.11} remplir une telle tâche même en accord avec le grand principe énoncé dans cette étude n’implique pas nécessairement pour un vrai pasteur une lutte continuelle. Il aura un cœur de berger et tout ce que nous avons exposé à son sujet et au delà se produira instinctivement.
Sans doute beaucoup d’hommes échoueront comme pasteurs pour une raison bien simple: ils essayent de remplir un ministère pour lequel ils n’ont reçu de Dieu aucun don; cependant, pourquoi ce manque de vrais pasteurs qui est généralement reconnu, non d’homme ayant le titre, mais d’homme ayant le DON. Peut-être n’avons nous pas demandé suffisamment au Seigneur de la moisson ce type particulier "d’ouvrier"; peut-être notre vision limitée n’a-t-elle pas accordé assez de place et d’encouragement au développement de ce ministère particulier; et peut-être, oui peut-être y en a-t-il parmi nous qui ont reçu l’appel divin mais ont reculé devant le sacrifice personnel et continuel qu’il entraîne comme nous l’avons vu.
Nous trouvons uns inspiration toujours nouvelle à l’endroit suprême pour toute inspiration chrétienne, au Calvaire où le "Bon Berger" donna sa vie pour ses brebis et nous laissa: un exemple afin que nous marchions sur ses traces.