En publiant ce recueil de biographies, nous avons essayé de reproduire quelques-uns des traits les plus saillants de l’histoire du Protestantisme au XVIme siècle.
Il ne sera pas sans intérêt de jeter un coup d’œil sur la vie de ces femmes, qui ont pris part aux souffrances de l’époque. La foi vivante, l’héroïsme, l’énergie qui se retrouvent dans des caractères si divers et au milieu de circonstances si différentes, sont un beau témoignage en faveur de cette force qui se manifeste au sein de la faiblesse. Jeanne d’Albret, sur le trône de Navarre, Catherine de Bora, dans l’intérieur modeste du réformateur allemand, Philippe de Lünz, rendent également témoignage à l’Évangile.
On a beaucoup écrit sur la vie des saints et des martyrs des premiers siècles de l’ère chrétienne. Parmi ces récits bien peu sont dignes d’intérêt ; la plupart tiennent plus de la légende que de l’histoire. Héritiers de l’admiration que professaient nos devanciers pour ces narrations et pour les traditions de l’Église dégénérée du moyen âge, nous nous abandonnons souvent encore à une confiance crédule pour l’œuvre de la superstition et de l’erreur. Citons comme seul exemple l’histoire de cette reine de Hongrie qui oublie les devoirs les plus impérieux de souveraine et de mère de famille pour aller s’accroupir dans une hutte enfumée, et pousse l’excès de son zèle aveugle jusqu’à se faire châtier à coups de bâton par son confesseur. Sa biographie, dont l’authenticité est plus que douteuse, est encore lue avec respect par beaucoup de chrétiens de nos jours !
Mais transportons-nous au XVIme siècle ; qu’y trouvons-nous ? Une reine de Navarre, fidèle à ses devoirs de fille, d’épouse et de mère, se comportant vaillamment pour la défense de la vérité et des droits de son peuple. Ah ! c’est que là soufflait le véritable esprit de l’Évangile. Et Jeanne n’est pas la seule. D’autres femmes en France, en Suisse, en Allemagne, en Angleterre, en Italie, sont dignes de figurer à côté de l’héroïne d’Albret. Ainsi que le dit M. Jules Bonneta, ne serait-ce pas réparer un oubli que de réunir leurs biographies éparses dans l’histoire ? C’est ce que nous avons tenté de faire.
a – Notice sur Idelette de Bure. Bulletin du Protestantisme, tome IV.
Le contraste que présentent les existences variées et les divers caractères esquissés sous nos yeux donne un intérêt de plus à cette étude, qui nous fournira de précieux enseignements et nous initiera davantage à certains détails tenant aux mœurs de l’époque. Mais nous y chercherions en vain la recherche affectée d’œuvres à part, et la tendance au perfectionnement par des moyens en désaccord avec la « loi parfaite qui est la loi de la liberté. »
Etre trouvées fidèles dans la position où Dieu les avait placées, c’est toute la tâche des femmes de la Réforme ; c’est tout le secret de leur grandeur !