Ce volume, le dernier de la série consacrée à François Coillard expose sa vie au Zambèze. Alfred Boegner devait en écrire la conclusion ; il y eût mis toute son âme.
Les sources auxquelles j’ai puisé sont : le journal intime de Coillard, qui devient toujours plus complet à mesure qu’il avance dans la vie, et sa correspondance qui devient d’année en année plus étendue. Sans compter ses lettres publiées dans le Journal des Missions ou dans son volume Sur le Haut-Zambèze, nous avons eu entre les mains et copié plus de 1900 lettres inédites, dont 1250 environ sont datées des années 1882 à 1904. La correspondance est devenue pour Coillard un vrai ministère.
Mon but n’est pas d’écrire l’histoire de la mission du Zambèze — Coillard lui-même l’a écrite — mais bien l’histoire de la vie intime d’un serviteur de Dieu. Le but poursuivi étant différent dans ces deux ouvrages, les documents qu’ils renferment sont aussi tout autres.
Ma reconnaissance est acquise à tous ceux qui ont bien voulu s’intéresser ou collaborer à ce travail. Je ne peux pas répéter leurs noms, déjà indiqués dans les précédents volumes ; je dois y ajouter celui de mon ami, M. Alfred Casalis, secrétaire général de la Société des Missions évangéliques, qui a bien voulu relire les épreuves de ce volume. Cependant, en arrivant au terme de ce travail, il faut que je redise ma gratitude à celle qui a vécu mon labeur.
En 1904, au moment de la mort de Coillard, j’ai assumé, selon le désir de la famille Mackintosh et le vœu formel du Comité de la Société des Missions évangéliques, la responsabilité d’écrire la vie de ce serviteur de Dieu. J’ai tremblé avant d’entreprendre la tâche, j’ai tremblé en la poursuivant et, maintenant encore, je tremble devant le fait accompli.
Coillard aimait à lire les biographies, « non pas, écrivait-il que toutes les biographies et autobiographies nous donnent une photographie fidèle de l’homme. L’histoire intérieure d’une vie ne s’écrit pas. C’est trop profond, trop sacré pour un tiers, c’est la vie cachée avec Christ en Dieu. Et puis, il y a toujours le risque de glorifier la créature au détriment de la gloire du Sauveur. Mais qu’il est beau et réconfortant, le tableau fidèle d’une vie vraiment consacrée ! »
« Ah ! la vie d’un homme, Dieu seul pourrait l’écrire, car lui seul la connaît et nous en avons de frappants exemples dans la Bible. Quant à la vie extérieure, ce n’est qu’une enveloppe à laquelle on peut donner la couleur que l’on veut, ou la couleur des lunettes que l’on porte. Il y a peu de vraies biographies. »
J’ai tenté de pénétrer, comme par effraction, dans cette âme ; je me suis gardé, pour étudier cette vie, aussi bien des verres de couleur que des verres qui grossissent, qui diminuent ou qui déforment. Ai-je écrit une vraie biographie et surtout une biographie vraie ? Je ne sais, mais je m’y suis efforcé. J’ai fait ce que j’ai pu.
Édouard Favre.
Les Ormeaux, Pregny, mai 1913.