MM. LES PASTEURS
Auguste RIVIÈRE, président du consistoire de Die et Frédéric BRUN, pasteur de l’église Wallonne d’Amsterdam.
Honorés Frères,
Vous êtes les seuls survivants des quatorze pasteurs qui, le Ier mars de l’année 1848, sous la présidence de mon père, dans le temple de l’Eglise réformée de Nyons dont il était le pasteur, me conférèrent par l’imposition des mains, l’honneur et la charge du ministère évangélique. En vous seuls, aujourd’hui, revivent mes meilleurs souvenirs. Vous en êtes les dépositaires, il me semble qu’ils vous appartiennent. A ce titre, permettez-moi de vous exprimer ma gratitude chrétienne.
Merci à vous, honorés frères ! Vous m’avez engagé au service du meilleur et du plus royal de tous les maîtres. Tandis que les souverains de la terre, à prodiguer les faveurs et les distinctions les plus enviées, ne rencontrent jamais que des serviteurs qui se lassent à leur service, notre Maître à nous, vous le savez, n’a qu’à nous faire une part, si humble soit-elle, dans sa douleur et son opprobre ; et plus cette part pour nous se fait grande, et plus nous sommes à lui pour l’aimer et le servir.
En témoignage de ma reconnaissance, permettez-moi de vous offrir, honorés frères, cette traduction du premier volume de la Morale de Martensen. Cette œuvre nous survivra. Si imparfaitement qu’il m’ait été donné de la traduire, elle n’en est pas moins celle d’un maître qui sait tirer de son trésor des choses anciennes et des choses nouvelles pour la gloire de Dieu et l’honneur de l’homme. Mais si grande que soit cette œuvre, il me semble que j’en suis non pas le traducteur, mais l’auteur. Je l’ai composée à l’heure de l’épreuve.
Aussi longtemps que je vivrai, elle se confondra pour moi avec le souvenir le plus amer et le plus doux que puisse garder le cœur d’un père. A ce titre, elle est mienne. Je puis vous l’offrir. Vous voudrez l’agréer comme l’expression de ma reconnaissance dans la communion de celui qui nous apprend « qu’il n’est point de comparaison entre les souffrances d’aujourd’hui et la gloire qui est à venir ».
C’est en lui, honorés pasteurs, que j’aime à me dire votre frère dévoué et reconnaissant.
G. Ducros,
Ancien pasteur de l’Eglise Réformée.