Charles Drelincourt (1595-1669) a été une gloire du protestantisme français. Pasteur pendant près d’un demi-siècle de l’église réformée de Paris-Charenton, à la suite de Pierre Du Moulin, il y acquit une réputation de bon prédicateur et d’auteur prolifique en ouvrages de piété traduits dans plusieurs langues. Sa fécondité s’exerça également dans le domaine naturel, puisque s’étant marié avec la fille unique de Monsieur Bolduc, riche négociant de Paris, il en eut seize enfants. Plusieurs d’entre eux firent de brillantes carrières de médecins ou de pasteurs, dont son fils aîné, Laurent, né en 1625, auteur des Sonnets Chrétiens.
Après des études de théologie à Saumur Laurent Drelincourt devient pasteur de La Rochelle en 1651. Il a hérité des talents oratoires de son père et de sa vigueur intellectuelle ; familier avec la noblesse protestante et les cercles culturels parisiens, il participe à une révision des traductions de la Bible. En 1663 il s’installe à Niort ; sa santé fragile limite son ministère, et dans ses nuits d’insomnie il compose ses fameux poèmes de quatorze vers sur divers sujets. Edités pour la première fois en 1677, ils connaîtront un succès immédiat et renouvelé.
A cinquante ans, six ans avant sa mort, Laurent perd la vue. Il continue cependant à cadencer des alexandrins et des décasyllabes dans sa tête, qu’il dicte ensuite. Ainsi paraîtra l’ouvrage posthume : Psaumes Pénitentiaux en Vers Héroïques. Le pasteur-poète a également publié de remarquables sermons, notamment celui intitulé : Les Étoiles de l’Église et les Chandeliers Mystiques.
L’orthographe de cette édition numérique des Sonnets Chrétiens a été évidemment modernisée. Les notes, fort instructives dans leur ensemble, ont été conservées, hormises quelques unes qui ne faisaient plus de sens à la lumière de la science moderne. Elles témoignent de la vaste érudition des pasteurs d’antan, et de leur lecture assidue des pères de l’Église.
Lorient, le 24 mai 2013