John Wesley, sa vie et son œuvre

Préface

L’ouvrage dont nous publions une nouvelle édition n’était plus en librairie depuis longtemps. La première édition, parue en 1868, quoique tirée à 2 500 exemplaires, fut rapidement épuisée. Couronné dans un concours, reçu avec faveur par la presse française et étrangère, présenté dans un grand article aux lecteurs de la Revue des Deux Mondes par M. Charles de Rémusat, traduit en quatre langues, notre livre a prouvé auprès du public un accueil auquel nous étions loin de nous attendre et qui nous a été un précieux encouragement.

Cette bienveillance nous créait l’obligation de rendre notre travail un peu moins indigne de son succès. Nul plus que nous ne connaissait les parties faibles et les lacunes d’une œuvre trop hâtivement composée pour être définitive. Aussi avons nous ajourné la publication, depuis longtemps promise, d’une nouvelle édition jusqu’au moment où il nous serait possible de remettre sur le métier notre livre et de le refondre complètement.

C’est le résultat de ce travail que nous offrons aujourd’hui au public. Tout ce qui était dans la première édition se retrouve dans celle-ci, avec les retouches et les modifications reconnues nécessaires ; mais, de plus, la matière de l’ouvrage s’est étendue, de telle sorte que l’édition de 1883 compte plus de 500 pages, tandis que celle de 1868 n’en avait que 300. Cette extension provient à la fois de l’adjonction de faits laissés d’abord de côté, et d’un élargissement du plan primitif. Notre premier travail était essentiellement une vie populaire de Wesley. Sans lui enlever ce caractère, nous avons voulu cette fois-ci donner satisfaction également aux besoins des hommes d’étude et leur offrir une œuvre plus travaillée. C’est ainsi, par exemple, que la controverse calviniste, à laquelle nous n’avions consacré que quelques lignes, occupe tout un chapitre dans cette nouvelle édition.

Les sources de ce livre sont nombreuses. Aucun ouvrage important concernant le réveil du xviiie siècle n’a été négligé. Nous avons mentionné, dans la première édition, les biographies de Wesley par Moore, Southey, Watson, etc. ; les histoires du méthodisme de Smith et de Stevens ; les ouvrages d’Isaac Taylor, de Thomas Jackson, de John Kirk, les œuvres de Wesley et principalement son journal. Nous devons, cette fois-ci, une mention spéciale au grand ouvrage de M. Luke Tyerman (the Life and Times of John Wesley, 3 vol. 1871), qui, avec une érudition consommée, a recueilli sur Wesley une masse de faits et de documents. Nous avons eu constamment ce savant ouvrage sous les yeux, et nous croyons n’avoir rien omis de ce qu’il renferme d’essentiel.

Nous avons essayé d’être impartial et de faire une œuvre qui ne ressemblât en rien à un panégyrique. Mais nous ne nous défendons pas d’avoir senti grandir en nous, à mesure que nos études se poursuivaient, une vive admiration pour l’éminent serviteur de Dieu dont ce livre raconte la vie. Il fut de ceux qui, en quittant ce monde, le laissent meilleur qu’ils ne l’ont trouvé. Nous avons besoin de tels hommes aujourd’hui, et nous osons espérer que nos lecteurs, après avoir appris à mieux connaître Wesley, s’associeront aux réflexions suivantes, inspirées à un esprit distingué par l’étude de l’histoire morale et religieuse de l’Angleterre du xviiie siècle.

« Quand on voit les tristes malentendus qui aujourd’hui éloignent de l’Évangile tant d’hommes civilisés et de si grandes multitudes, n’est-il pas fortifiant de se dire que d’autres sociétés se sont égarées et qu’elles ont ensuite retrouvé le chemin ? Les grands serviteurs de Dieu ne sont pas la propriété ou le secret de l’Angleterre ; Dieu peut les faire surgir où il veut ; il peut donner à la société française un Wesley français. Oh ! qu’il vienne, et quel que soit le nom de son Église, qu’il soit béni ! »a

a – Edouard Sayous. Les déistes anglais et le christianisme, principalement depuis Toland jusqu’à Chubb : p. 210.

Paris, 22 juin 1883.

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