Chrétien à plein temps à pleine part

PREMIÈRE PARTIE

Chapitre 1
Qu’est-ce qui m’arrive ?

Quelque chose a bougé. Dans ce cœur qui en était au sur-place, il y a eu ce déclic mystérieux et secret. Comme dans une montre qui, depuis longtemps ne marchait plus, stoppée sur la même heure, un rouage s’est « dégrippé » et la montre a repris vie.

Comment cela s’est-il passé ? Pourquoi en de telles circonstances ? Pourquoi à un tel moment ? Là n’est pas le plus important. Dieu agit comme il l’entend ; que « ça ait bougé » lors d’un culte ou d’une réunion d’évangélisation, en des circonstances ordinaires ou dans le secret d’une réflexion ou d’une lecture solitaire, vous devez savoir que c’est Dieu qui frappait à votre porte. Il nous dit : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe... » sans préciser ni l’heure ni l’occasion… ni le style de la porte. L’important demeure que ce fût lui, et que vous l’ayez personnellement accueilli.

LES PAYS-BAS

Cet accueil est essentiel, mais il ne faut pas en rester là. Tout chrétien est — sans le savoir peut-être — une sorte de « Hollandais ». Sa vie est « récupérée » sur l’invasion des eaux. Nous étions possession de l’Ennemi, enfoncés au-dessous du niveau de la vie, mais en Jésus-Christ, Dieu nous a « rachetés ». Sa grâce a fait pour nous le travail de titan que les Hollandais ont accompli pour reprendre leurs terres à l’océan… Mais, quand il écrit « que celui qui est debout prenne garde qu’il ne tombe », l’apôtre Paul reconnaît que nous demeurons exposés. En termes « hollandais », nous continuons d’exister au-dessous du niveau de la mer, ayant à veiller à nos « digues » pour nous préserver d’un retour offensif de l’océan.

Par ailleurs, nous avons à comprendre que non seulement Dieu ne s’arrêtera pas à nous (ce serait de la « suffisance » de penser qu’il lui suffit de nous avoir sauvés), mais qu’il va, de nous, avec nous, au travers de nous, étendre à d’autres son action de reconquête. Dans un pays occupé, les habitants des zones libérées viennent grossir l’armée de libération. Ainsi l’Eglise n’est-elle pas composée de gens qui jouissent du confort d’un salut retrouvé et ressassent le compte d’une journée poignante ou d’une expérience spirituelle privilégiée. Avant d’être Eglise triomphante, elle a mission d’être Eglise militante, au service de son infatigable Seigneur.

Image que cela ? Voire ! Appliqués à notre vie chrétienne quotidienne, transposés dans les termes de la fidélité au Christ, les mots de cette page de « Le secret du jour J », de Gilles Perrault *, revêtent une signification saisissante :

* Coll. « La Guerre secrète », éd. Fayard

« Si l’on vous disait que quand Ostek (localité française occupée par l’armée allemande pendant la guerre de 1939-1945) se rendra, le 28 juin prochain, ce sera un peu entre vos mains, vous ne le croiriez pas. Vous êtes un espion-balai, comme il y a des manœuvres-balais. Le nez dans l’humble sillon que l’on vous a demandé de tracer, vous vous bornez à remettre votre petite récolte de renseignements à l’homme qui vous rend visite chaque semaine. Au-delà, c’est l’inconnu. L’Angleterre est une planète lointaine, séparée de vous par des années-lumière.

» L’hiver dernier, la BBC a claironné une nouvelle fois qu’avec le printemps se déclencherait l’opération décisive. Mais l’herbe pousse dans les prairies et le Feldwebel continue de boire votre calva. Il vous arrive de penser qu’ils ne viendront jamais. En ces semaines de printemps où la guerre semble s’être installée dans l’éternité, vous êtes convaincu d’être un pion inutile sur l’échiquier des armées. Le sentiment de votre solitude vous oppresse l’âme. Voilà peut-être le plus insupportable : être seul.

» Vous vous trompez. Vous êtes 1000 — 10 000 — 50 000. Vous êtes Norvégiens, Danois, Hollandais, Belges, Français. Vous êtes 100 000 yeux à épier l’armée ennemie, du Cap Nord aux Pyrénées, 100 000 oreilles à l’écouter. Individuellement, vous ne comptez pas, c’est vrai. Personne ne racontera votre histoire, car il n’y a rien à raconter ; mais, tous ensemble, vous êtes plus efficaces que les grands espions dont les hauts faits étonneront le monde. Votre exploit est sans précédent dans les annales du Renseignement. A vous tous, vous dressez la carte humaine, la carte vivante de l’armée ennemie. Cela, les avions alliés qui fouillent la côte de leur caméra ne le pouvaient pas… Aucun homme ne le peut, parce qu’il faut avoir 100 000 yeux pour tout voir et 100 000 oreilles pour tout entendre. Salut à vous. »

Ce que nous voudrions vous aider à faire, c’est de dépasser le stade des intentions appelées aussi les « sentiments religieux ». C’est excellent d’avoir des sentiments religieux… Mais si notre foi n’a, pour se vêtir, que des sentiments religieux, elle aura aussi froid, aussi « mauvaise façon » que si nous prétendions nous couvrir d’écheveaux de laine non tricotée.

Au travail donc, cela en vaut la peine ; car Dieu le veut ainsi pour assurer notre salut et nous promouvoir du rang de sympathisants à celui de disciples, et de celui de disciples à celui d’apôtres, c’est-à-dire d’envoyés.

L’ACTE DE FOI

Il n’est pas inutile, avant d’aborder la suite, de réfléchir à ce qui est arrivé.

A l’écoute de l’Evangile, vous avez reconnu la démarche de Dieu qui, en la personne de Jésus-Christ, vient se faire connaître à tout homme. Vous avez compris que l’ordre du Christ : « Toi, suis-moi » vous était adressé personnellement et vous engageait dans une vie aux dimensions nouvelles et éternelles.

Sachez-le : ce qui vous est arrivé est l’œuvre du Saint-Esprit.

C’est le Saint-Esprit qui rend l’homme apte à entendre la Parole et lui dévoile en Christ le Sauveur, le Dieu vivant.

C’est le Saint-Esprit qui vous appelle à suivre Jésus-Christ. Votre engagement était libre et volontaire et le restera jusqu’à la fin de vos jours. Au service du Christ, Dieu fait de vous un responsable. L’acte de foi lié à votre vocation faisait appel à votre conscience, à votre volonté. Cet acte vous a engagé totalement et de plein gré. Dans votre marche avec Dieu, il en sera ainsi tous les jours de votre vie.

Que votre décision de suivre Christ se soit extériorisée d’une manière ou d’une autre, est chose secondaire. La forme importe peu, le contenu est essentiel, son fondement capital.

En d’autres termes : l’important n’est pas ce que vous avez ou n’avez pas ressenti lors de cet engagement. L’important n’est pas non plus que vous ayez compris tout ce qui vous arrivait lors de cette décision. L’important, c’est ce que Dieu vous a déclaré (dans sa Parole et par la bouche de son ou de ses serviteurs), et que vous avez entendu et cru.

Il est capital de savoir cela. Dans notre marche par la foi, nous trébuchons souvent. Nous tombons même. Seule nous délivre du découragement et de l’abandon de la foi la certitude que Christ nous est fidèle. Ses promesses restent valables, son pardon nous est acquis dès l’instant où nous reconnaissons nos défaillances.

Donc, le fondement (ou la source) de notre foi reste extérieur à nous-même. Ce fondement, c’est « l’amour de Dieu »,

Textes bibliques

Jean 3.16-17 ; 14.6-9  14.26 ; Romains 8.16 ; 1 Jean 5.11-18 ; 1 Corinthiens 12.3 ; 2 Thessaloniciens 2.13-14 ; Hébreux 11.1-2 ; Romains 10.17 ; Matthieu 7.16.

L’IMPORTANCE DE LA PERSÉVÉRANCE

Vous venez de le lire : le fondement de notre foi… est confirmé… par LE fruit que l’Esprit porte en nos vies. Qui dit « fruit » dit qu’il y eut floraison. C’est très beau, les fleurs… tellement même que bien des gens qui, un jour, s’étaient décidés pour Christ, n’ont jamais dépassé le stade des fleurs. Des années après, et même l’hiver venu, ils parlent de fleurs séchées (rien de plus mort que des immortelles !). Dieu ne veut pas des fleurs mais des fruits.

Pas besoin d’être prophète pour vous annoncer que les pétales de nos émotions religieuses finissent par tomber. A tort, vous pourriez croire que votre vie spirituelle, après avoir connu de merveilleuses floraisons, traverse une phase ingrate. C’est une étape nécessaire ; les « fruits » sont en passe de paraître. N’allez pas couper l’arbre parce qu’il a perdu ses fleurs ! C’est le moment au contraire de persévérer.

Outre la Parole biblique qui nous y exhorte, les images abondent qui nous le font comprendre.

Exemples :

a) La naissance n’est finalement qu’une mort si elle n’est pas suivie d’une existence durable.

b) Le mariage deviendrait de l’impudicité s’il n’était pas suivi d’une durable fidélité des deux conjoints l’un à l’autre. Encore faut-il qu’en paroles et en actes, cette fidélité s’exprime de manière renouvelée par la joie et la reconnaissance d’être là, l’un pour l’autre, et ensemble au service des autres.

La vie dans la foi, elle aussi, s’accompagne de cette « eucharistie » (action de grâces), dans la persévérance, sans laquelle il n’y a pas de fruits à attendre ; hors de la persévérance, nous risquons de « finir dans la chair après avoir commencé par l’Esprit ».

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