Bien que le sujet de ce livre soit le repos, son auteur a été un travailleur infatigable : le nombre des ses livres et traités divers s’élève à 168. Trois d’entre eux eurent un succès particulier, et furent traduits en français au dix-neuvième siècle : The Reformed Pastor, A Call to The Unconverted to Turn and Live, et The Saints’ Everlasting Rest, titre original de celui-ci. Son but, exhorter à vivre en ayant toujours devant les yeux le terme ultime de notre voyage ici-bas, n’est pas exclusif à Baxter ; trente ans plus tard John Bunyan le traitera avec grâce et originalité dans son Voyage du Pèlerin ; puis Jacques Abbadie, un peu plus tard encore, fait de la nature immortelle de l’âme une étude serrée dans son Art de se connaître soi-même. Trop volumineux pour le lecteur moyen, l’ouvrage de Baxter fut abrégé habilement par Benjamin Fawcet (1715-1780), et devint sous cette forme un livre de chevet pour beaucoup de chrétiens anglais.
Richard Baxter n’a pas réussi seulement en tant qu’écrivain, mais Dieu a également béni avec abondance et puissance son ministère : sous son pastorat, la ville de Kidderminster, où il exerçait, a été entièrement transformée sur le plan religieux ; ce qui n’était d’ailleurs pas du goût du clergé de l’Église établie. Classé parmi les non-conformistes (c-à-d ceux qui n’acceptaient pas l’ingérence de l’État dans les affaires de l’Église) il fut harcelé, amendé et emprisonné maintes fois. Baxter n’était pas non plus orthodoxe, au sens calviniste du terme. Notamment il rejetait le limited atonement, croyant au contraire que Christ est mort pour tous les hommes, de façon à proposer à tous l’offre sincère du salut. On conviendra, en lisant les lignes qui suivent, de la cohérence entre cette dernière conviction et la ferveur avec laquelle l’auteur supplie les inconvertis de se repentir et d’accepter l’offre de l’Évangile.
Phoenix, le 26 mars 2018.