De nationalité irlandaise, Richard Chenevix Trench (1807-1886) avait pourtant des racines presque entièrement françaises : du côté paternel, il descendait d’un ancêtre émigré en Angleterre au 16e s., du côté maternel, d’une famille huguenote lorraine assez connue, les Chenevix, ayant fui la France après la révocation de l’édit de Nantes.
C’est de sa mère Melesina, poétesse publiée, que Richard aura hérité ses talents littéraires. Très tôt il aime les livres, et surtout les mots, qu’il étudiera plus tard en philologue, et comme auteur de l’ouvrage qui le rendit célèbre : Synonyms of the New Testament.
La vocation ecclésiastique attendit par contre qu’il soit parvenu à l’âge d’adulte avant de s’imposer à lui. Brillant élève de Cambridge, puisqu’il y fut membre de la société des Apostles, il pensait alors faire avocat. Ayant appris l’espagnol, il s’embarqua vers 1829 dans une aventure politique de soutien aux ennemis du Roi Ferdinand VII, à l’issue de laquelle il n’eut la vie sauve qu’en se réfugiant à Gibraltar.
De retour en Angleterre, il est en 1835 ordonné prêtre de l’église anglicane. La même année il publie une Vie de Justin Martyr toute en vers. Quelques années plus tard paraissent les titres : Notes sur les Paraboles de Notre Seigneur, sur les Proverbes de Salomon, sur les Miracles de Christ, sur les Béatitudes, sur les Sept Églises de l’Apocalypse. Son aménité, sa piété, son esprit large et profond, l’élèveront finalement jusqu’au poste d’archevêque de Dublin. Ses œuvres, encore citées aujourd’hui par les commentateurs de langue anglaise, se caractérisent par une grande érudition, une connaissance très sûre de la littérature chrétienne des premiers siècles, et une sage sobriété dans l’exégèse. Il fut par exemple l’un des premiers à s’opposer à l’interprétation prophético-historique des sept églises de l’Apocalypse, en montrant que cette idée prenait en réalité son origine dans le mysticisme de Joachim de Flore.
Un mot sur la traduction française des Notes sur les Paraboles : elle a été réalisée librement par le pasteur suisse Paul Duplan-Olivier (né à Montreux en 1840). Librement signifie que son volume fait environ la moitié de l’original anglais, qui comprend beaucoup de grandes notes, de citations d’auteurs anciens, de développements philologiques sur les mots ; on compatit sympathiquement à la pénibilité qu’aurait représenté une traduction complète et littérale.
Nous avons toutefois rajouté nous-mêmes une section qui avait été supprimée par Duplan dans l’Introduction (sur les paraboles extra-bibliques), et corrigé quelques erreurs dans le reste de son texte. Les nombreuses citations latines représentant un désagrément certain pour le lecteur ordinaire, conformément au vœu de Trench, parut en 1906 une édition où elles étaient traduites. Nous les avons reprises dans cette édition numérique, et nous avons rétabli les quelques mots en caractères grecs que Duplan avait transcrits en caractères latins : il est au 21me siècle permis à un pasteur d’ignorer le latin, ou comme Sganarelle de demander à ce qu’on fasse comme s’il ne le savait pas, mais non point le grec, qui reste la langue du Nouveau Testament.
Phoenix, le 4 septembre 2013