Lire Matthieu 16.13-15 « Qui dites-vous que je suis ? »
La réponse que chacun d’entre nous donnera à cette question révélera la mesure de notre propre vie spirituelle. Néanmoins, je voudrais dire avant tout que bien que le Seigneur ait recherché la réponse que lui a donnée Pierre — un témoignage et une affirmation de sa divinité en tant que Fils de Dieu — nous ne voulons pas nous engager dans une discussion concernant la divinité de Christ ; bien que l’issue de ce qui suit ne fera que renforcer cette vérité. Notre but est de contribuer à une plus grande réalisation de la place et de la signification de Christ dans le propos éternel de Dieu.
Nous commençons par une déclaration élémentaire : tout ce qui touche à la destinée de l’homme est lié à la connaissance de Christ. Pour le chrétien en particulier, la connaissance de Christ gouverne tout. Les Écritures nous éclairent explicitement quant à deux aspects de cette vérité.
Premièrement, la connaissance de Christ est le fondement et le commencement de la vie chrétienne. «C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » Jean 17.3. Bien que ceci soit reconnu et accepté comme une vérité simple et élémentaire, il est évident que le Nouveau Testament déclare que la vie chrétienne peut avoir soit un bon ou un mauvais commencement. La suite dépendra, à plus ou moins long terme, de ce commencement ; nous savons que ceci est vrai dans la vie naturelle. Si un bébé a un mauvais commencement, ceci provoquera beaucoup d’anxiété et demandera beaucoup d’attention durant une période plus ou moins longue. Si néanmoins il a un bon début, la suite se déroulera sans trop de problèmes pour lui-même et ses proches.
Il en est de même avec la vie chrétienne : le commencement peut être bon, ou il peut-être mauvais, l’effet de ce commencement se fera sentir peut être pour très longtemps. La force ou la faiblesse, la croissance accélérée ou retardée, une vie fructueuse ou au contraire stérile, dépendront très largement de notre appréhension initiale de Christ ; c’est quelque chose qui doit nous interpeller. Les apôtres savaient parfaitement ces choses, et en étaient très conscients. C’est pour cette raison qu’ils s’appliquaient à poser les fondements d’un bon commencement en présentant une connaissance adéquate du Seigneur Jésus.
Une seconde chose, toute aussi importante, est qu’après le commencement de la vie chrétienne, les croyants devraient croître sans cesse dans leur connaissance et appréhension de Christ ; ceci est présenté très clairement dans les Écritures.
Premièrement, l’existence même de tous les enseignements présents dans le Nouveau Testament et destinés aux croyants, démontre qu’il devrait en être ainsi.
Secondement, il est évident que nous pouvons observer une progression quant à ces enseignements dans les Écritures. Pour le commencement de la vie chrétienne, des mots comme « connaître » et « connaissance » sont usités, comme dans le passage cité ci-après : « C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent… » Mais cette croissance et ce progrès envers la maturité spirituelle sont exprimés par un mot plus précis encore. Ceci n’est pas évident dans nos traductions, néanmoins il est présent. Ce mot est dans le grec epignosis, qui veut littéralement dire « pleine connaissance ». Ce mot est utilisé vingt fois dans le Nouveau Testament, et à peu près treize fois en référence directe avec la croissance du croyant dans la vie chrétienne. Il serait utile de noter et d’étudier tous les passages où nous trouvons ce mot, avec l’aide d’un bon lexique. Il est tout à fait remarquable de voir comment, après avoir présenté la connaissance de Jésus au début du salut, les apôtres insistent sur la poursuite vers une pleine connaissance du Seigneur.
De plus, cette connaissance plus profonde est indiquée par les enseignements spécifiques de la Parole. Nous ne citerons qu’un seul exemple à cet égard. Dans Éphésiens 1.17 nous lisons : « que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation dans sa [pleine] connaissance. » Remarquons que ces paroles étaient adressées à des croyants qui avaient déjà reçu ce que l’apôtre appelle « tout le conseil de Dieu » Actes 20.27. C’était aux anciens de l’assemblée qui était à Éphèse que Paul dit ces paroles, pendant la longue période pendant laquelle il était demeuré avec eux ; il n’avait pas hésité à leur déclarer tout le conseil de Dieu. Néanmoins, nous le voyons plus tard prier pour eux et pour toute l’assemblée afin qu’ils aient « l’esprit de sagesse et de révélation dans la pleine connaissance de Christ » ; ceci est à la fois très significatif et éloquent.
Ainsi, nous avons très clairement exposé cette idée que les chrétiens sont supposés avancés et sans cesse appelés à la progression spirituelle dans leur connaissance et appréhension de Christ. La Parole de Dieu rend ces choses très évidentes, et bien que ceci n’ai peut-être pas besoin d’être un objet d’insistance, il est essentiel que cette croissance soit reconnue. Toute fondation quant à la vie chrétienne doit prendre en considération qu’une connaissance progressive de Christ est fondamentale si les chrétiens désirent atteindre la plénitude de leur vocation.
Considérons la Bible et voyons ce qu’elle peut nous enseigner quant à la connaissance de Christ. Le croyant Bible en main a le panorama de toute l’histoire humaine. Sur la scène de ce monde, un merveilleux décor s’étale devant lui réparti dans toutes les branches de la science : la terre — la géologie, le ciel — l’astronomie, la biologie — la vie, le corps humain — la physiologie et l’âme — la psychologie. Toutes ces choses, le monde, l’homme et l’histoire, sont sur le devant de la scène. Mais avec les Écritures entre ses mains, le chrétien est conduit au-delà de tout ceci, pour ainsi dire derrière la scène, dans les coulisses de toutes ces choses. Il est conduit en la présence-même de Dieu qui se tient derrière tout ce qui est apparent. De surcroît, avec toujours la Bible en main, le croyant est amené à voir que Dieu est un Dieu de propos, un Dieu de dessein, qu’Il planifie toutes choses selon le bon vouloir de sa volonté. C’est un Dieu qui a conçu et qui œuvre envers l’accomplissement de ce dessein. En outre, le chrétien est éclairé, toujours par les Écritures, quant à la nature même de ce dessein. Dieu œuvre en mettant en marche toutes ses divines ressources afin de parvenir à son but, lequel est centré et dirigé vers une Personne qui n’est autre que le Fils de Dieu. Le propos tout entier de Dieu, la scène de l’univers dans sa totalité, ainsi que toutes les ressources divines, sont focalisés sur cette Personne merveilleuse : le Fils de Dieu. Tout s’opère pour Lui et Lui seul.
Il est apparent, par rapport à ce dessein éternel de Dieu, en ce qui concerne ce plan divin pour le Fils, que la Bible est arrangée en sept sections. La première — la création — tient proportionnellement une petite place dans le livre divin. Néanmoins, la Bible a beaucoup à dire à propos de la création en relation avec le Fils de Dieu. En Lui, par Lui et pour Lui furent toutes choses créées (Colossiens 1.16), ceci embrasse tout !
La seconde section, qui est appelée la période des patriarches, s’étend du quatrième chapitre de la Genèse jusqu’à la fin de ce livre. Nous méditerons sur cette section ci-dessous.
Une troisième section, commençant au livre de l’Exode, est ce qui est appelée la période d’Israël ; elle court jusqu’à la fin de l’Ancien Testament. Mais elle inclut des sous-sections, la section de la sacrificature, du douzième chapitre de l’Exode jusqu’au premier livre de Samuel. Suit la période de la monarchie, elle va jusqu’à la fin des livres des Rois et des Chroniques. C’est à ce moment que la monarchie est amenée à sa fin, et qu’Israël est emmenée en captivité. Il y a enfin la dernière sous-section, celle des prophètes qui occupe le dernier quart de l’Ancien Testament.
La quatrième section de la Bible inclut l’Incarnation, la vie la mort et la résurrection du Fils de Dieu.
La cinquième section, très courte mais très importante, comprend les quarante jours qui ont suivi la résurrection.
La sixième section représente le ministère actuel du Seigneur Jésus dans les cieux. Ceci comprend deux aspects, tout d’abord l’avènement de l’Esprit Saint, ensuite nous avons la naissance, la vocation et l’achèvement de l’Église.
La septième et dernière section, celle qui touche l’avènement du Fils dans sa gloire, a plusieurs aspects, implications et effets dans trois domaines particuliers : premièrement en relation avec l’Église, deuxièmement en relation avec les Nations et enfin en relation avec Satan et son royaume.
Ces sept sections comprennent la Bible tout entière. Pour le moment, je vais me limiter aux seconde et troisième parties, celles qui concernent la période des patriarches et Israël. Tout en gardant en point de mire l’objet de notre méditation : découvrir la place et la signification du Seigneur Jésus dans le dessein éternel de Dieu. Ceci afin que nous parvenions à une connaissance adéquate du Seigneur, ce qui est essentiel pour la plénitude spirituelle du chrétien individuellement et de l’Église collectivement.
Dans cette section, nous avons sept personnes remarquables qui dominent les événements. Comme nous le savons, le chiffre sept représente la plénitude spirituelle, ou ce qui est complet spirituellement. Lorsque nous considérons ces sept hommes, qui furent divinement et souverainement choisis afin de nous enseigner, nous voyons que Dieu a incorporé sept caractéristiques qui nous parlent du Fils ; prises toutes ensemble, celles-ci nous donnent une description complète du Seigneur Jésus. Je n’ai pas l’intention d’étudier tous ces traits maintenant, mais nous allons les considérer de façon générale ; afin de servir au but de notre présente méditation. Ce sont ici les sept personnes marquantes de cette section : Abel, Hénoch, Noé, Abraham, Isaac, Jacob et Joseph. Chacun d’entre eux représente un trait caractéristique de la Personne de Christ.
Abel — les portes des cieux se sont fermées à Adam mais se sont ré-ouvertes pour un homme qui était prêt à tout abandonner dans sa vie afin de servir à la volonté de Dieu. Caïn, par ses propres moyens, essaya d’entrer par la porte du jardin, mais la trouva fermée et interdite à l’homme ; il n’y avait aucun accès possible. Mais envers Abel cette porte des cieux fut ré-ouverte. Abel parvint à entrer car il était disposé à tout sacrifier dans sa vie, la vie même, afin d’être conforme à la pensée de Dieu. Aussi, nous voyons en lui un aspect remarquable du Seigneur.
Hénoch — c’est l’homme qui marcha seul avec Dieu sur la terre alors que tous les autres marchaient dans une direction opposée à Dieu et contraire à Lui. C’est ce que fit le Seigneur Jésus, et Il fut très certainement le seul homme à avoir marché ainsi de son temps. Il marcha avec le Père comme nul autre. Aussi, lorsque tous s’éloignaient de Dieu, Hénoch marcha avec Dieu.
Noé — c’est celui qui vécut à la lumière d’un jugement à venir et d’un jour de renouveau qui allait suivre ; Noé se dévoua à marcher en vue d’un tel jour. Ceci est résumé très succinctement, car la vie de Noé fut remplie de péripéties. Il fut éprouvé par le temps et les apparences qui semblaient contredire et discréditer la position qu’il avait adoptée. Il fut éprouvé très sévèrement dans sa solitude, néanmoins il vécut et œuvra toute sa longue vie à la lumière d’un jour futur. Un jour de jugement, et un jour de renouveau ; au-delà du jugement. N’est-ce pas ici une figure marquante du Seigneur Jésus ?
Abraham — l’homme dont la part était l’Éternel seul. « Abraham, ne crains point ; moi je suis… ta très-grande récompense.» Il était un homme privé de son pays, un étranger dans le pays dans lequel il séjournait, il vint et alla dans ce pays comme « Je suis étranger, habitant parmi vous » ; mais son attribution était l’Éternel. Il nous est dit qu’il cherchait la patrie céleste, «car il attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur », (Hébreux 11.16, 10). La seule part d’Abraham était l’Éternel. Cette vérité contient beaucoup plus d’éléments, mais c’est ce qui résume cette personne-clé de l’Ancien Testament. Ainsi était le Seigneur Jésus. Combien solitaire était sa vie ici-bas, une vie de labeur et de privations ! Mais le Père était sa part, et ceci était pleinement suffisant.
Isaac — il est la figure de la victoire de la vie sur la mort. Il représente cette vie plus que conquérante, qui annule la mort et la rend inefficace. C’est une image forte du Seigneur Jésus — une vie qui déclare sans cesse que la mort a été vaincue. Une vie qui ne cesse jamais, triomphante sur la mort !
Jacob — comme il était difficile Jacob ! Néanmoins, lorsque nous analysons sa vie, nous voyons qu’il parvint à faire l’expérience de ce que le Seigneur Jésus a vécu : seule la vie dans l’Esprit est la vie ascendante. Jacob fit l’expérience douloureuse d’obtenir la victoire sur la chair. Un jour sa chair fut vaincue, il en ressortit affaibli et brisé. Il découvrit alors que l’ascendance spirituelle n’est pas obtenue par la perfidie, la ruse ni la force de la chair, mais uniquement par l’Esprit. C’est sur ce principe que vivait le Seigneur Jésus. L’Éternel amena Jacob sur la base de son propre Fils — la base de l’ascendance par l’Esprit.
Joseph — il résume tous ceux qui l’ont précédé et contient toutes les grandes caractéristiques du Seigneur : la souffrance et la gloire.
Nous avons donc, en ces hommes, un aperçu de la description du Fils par le Père. Souvenons-nous qu’il est écrit que ce fut par le Fils que toutes choses furent faites, (Jean 1.3 ; Colossiens 1.16). Aussi, l’achèvement de la première phase de la création est arrivé par le Fils. Que fait t-il après cela ? Il est vrai que le Père est entré dans son repos. Mais qu’en est-il du Fils ? Le Fils s’est-il assis en se disant « Ceci est la fin de tout » ? À quoi a donc été occupé le Fils pendant tout ce temps ? Le fils est à l’œuvre dans la vie de ces sept hommes. Il est occupé à se manifester dans leur vie spirituelle. Il inculque ses traits de caractère de cette septuple manière. La seule façon véritable et profitable d’étudier les Patriarches, est de le faire à la lumière de Jésus Christ. La vie de ces hommes est fascinante au niveau humain, mais ceci ne nous conduira pas loin. Nous devons voir ce à quoi Dieu travaille dans ces hommes, ce dans quoi Il s’investit et le but de l’œuvre du Fils : Il est occupé à se reproduire dans la vie spirituelle de ces hommes. Alors, l’étude de la vie de ces hommes contribuera à l’acquisition d’une plus grande connaissance de Christ. Ce sera une connaissance utile, édifiante ; une connaissance qui produira de la puissance et de la vie.
La section suivante, celle qui concerne Israël, de l’Exode à Malachie, est elle-même divisée en plusieurs parties. Nous avons la sacrificature, d’Exode douze au livre de Ruth. Ensuite, nous avons la monarchie, du premier livre de Samuel jusqu’au second livre des Chroniques. Enfin, nous avons les prophètes, d’Ésaïe à Malachie.
Afin d’apprécier la signification de singularité de la sacrificature de l’ère d’Israël, il est nécessaire de reconnaître la raison du choix divin d’Israël. C’est-à-dire que nous devons apprécier, à sa juste valeur, la place, la nature et la vocation d’Israël. Beaucoup de choses ont été dites et écrites à propos de la nation juive, il est vraiment un peuple hors du commun. Ils ont été appelés le plus merveilleux peuple de l’histoire. Bon nombre d’études ont été conduites quant à ce qui a été appelé « le génie de la religion juive ». Mais nous ne lisons aucune de ces choses dans la Bible ! S’il y a eu quelque aspect merveilleux de ce peuple, il ne pouvait pas s’en vanter ; car ce n’était dû qu’à la grâce de Dieu.
Ce que la Bible révèle concernant les enfants d’Israël n’est pas leur « génie pour la religion », mais plutôt le fait qu’ils n’étaient pas meilleurs, sinon pire, que les autres nations. En fait, lorsque les intérêts d’Israël étaient menacés, ou lorsque leurs ambitions étaient frustrées, il était alors dominé par la cupidité, l’égoïsme, la dureté de cœur, l’entêtement et le meurtre. Étienne avait, de son temps, adéquatement résumé leur histoire lorsqu’il déclara à leurs conducteurs : « Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté ? Et ils ont tué ceux qui ont prédit la venue du Juste », (Actes 7.52). « Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté ? » C’était un défi qui leur était lancé. Dans ce merveilleux discours d’Étienne, toute l’histoire est annoncée et présentée de manière très sombre. Aucun génie pour la religion — bien au contraire ! La déclaration solennelle de Dieu à l’égard d’Israël avait été : « Ce n’est pas parce que vous étiez plus nombreux que tous les peuples , que l’Éternel s’est attaché à vous et qu’il vous a choisis. », (Deutéronome 7.7).
Pourquoi donc Dieu a-t-Il choisi un tel peuple ? Comment un tel peuple pouvait-il être pleinement accepté par Dieu, être en communion avec Lui, gardé dans Son amour, obtenir de Lui toutes les faveurs, le provoquer à la jalousie pour leur cause — comment était-ce possible avec un tel peuple ? Reconnaissons avant toute chose que leur existence était fondée sur un système « médiatorial » : une sainte sacrificature, un autel saint, des sacrifices et des offrandes saints, des sacrifices d’animaux sans tache ni défaut, des offrandes de gâteaux faits avec de la farine fine, des victimes expiatoires inspectées scrupuleusement par les sacrificateurs. Toutes ces choses proclamaient haut et fort qu’elles étaient ainsi — non pas pour un grand peuple, pas pour un peuple ayant un certain génie pour la religion et la bonté — mais pour les pires des pécheurs, ceux qui n’ont aucune espérance, les plus désobéissants, les plus provocateurs, les plus méprisables, le peuple le plus infidèle de toute la terre — pour de tels gens, Dieu a pourvu la plus intime relation entre eux et Lui-même ! Que tous ceux qui se désespèrent lisent le Psaume 105, puis, une fois lu, qu’ils lisent le Psaume qui le précède et celui qui le suit. Dans le Psaume 105 nous avons la longue et monotone histoire de l’infidélité et de l’inconstance de cette nation. Malgré tout, Dieu pardonna, pardonna et pardonna encore. Pourquoi ?
L’histoire d’Israël ne peut être lue et comprise qu’à la lumière de Jésus Christ. Il est la seule explication. Pourquoi Dieu choisit-Il Israël ? Quelle est leur place, la nature de ce peuple, leur vocation ? Israël est l’objet de la grande leçon de la grâce. C’est la grâce qui procure tout ce qui manque à l’homme, mais qui est essentiel pour la communion avec Dieu. Dieu la pourvoit Lui-même. De la matrice d’Israël Jésus Christ est venu, mais Il était déjà implicitement présent dans toutes ces choses qui faisaient partie de la sacrificature. Ces figures déclaraient : « Ce n’est pas votre mérite, ni votre bonté — c’est ma perfection. » Ainsi, Israël démontre, non pas sa propre grandeur, sa propre bonté, son propre génie, mais uniquement la grandeur de Christ. Celui qui, pour des gens comme nous, a été fait « sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption.», (1 Corinthiens 1.30). Dans quel but ? « En sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu », (verset 29). Toute la gloire est à Christ. Dieu, dans sa sagesse, a jugé utile de se servir de ce peuple Israël, de le garder pendant tous ces siècles, afin de démontrer au monde dans ce peuple et à travers lui, sa merveilleuse grâce — cette grâce « de notre Seigneur a surabondé avec la foi et l’amour qui est dans le Christ Jésus. », (cf. 1 Timothée 1.14).
La monarchie va du premier livre de Samuel au second livre des Chroniques. L’aspect dominant de cette monarchie était la gloire : la gloire de Dieu manifestée, savourée et manifestée par le peuple de sa grâce — car, comme nous l’avons vu, c’est ce qu’il est. Parce qu’il est le peuple de sa grâce, il est le peuple de sa gloire. Le trône est un symbole d’ascendance, de puissance, d’autorité et de primauté. Il devait être l’expression d’un « trône de gloire » établi dans les cieux, (Jérémie 17.12).
Alors que nous avons considéré le peuple d’Israël quant à la monarchie, nous devons maintenant nous attarder sur le père et le fils dans lesquels la monarchie parvint à son apogée de gloire et de puissance — David et Salomon.
Commençons par David. Qui est David ? Que pense-t-il et dit-il de lui-même, à propos de son passé et de son règne ? Il est écrit que David alla se présenter dans la présence du Seigneur et lui dit : « Qui suis-je, Éternel Dieu ! et quelle est ma maison… ? » (1 Chroniques 17.16). L’Éternel lui répondit : « Je t’ai pris des parcs, d’auprès du menu bétail ». David était un homme de souche humble, sans aucune réputation et sans aucune valeur aux yeux de ses frères. Ses fautes et ses faiblesses sont écrites en larges lettres et ne furent pas cachées par l’Éternel. Des choses que nous aurions préféré ne pas savoir, que nous aurions souhaité qu’elles ne fussent pas dans la Bible — des meurtres, des trahisons, des passions — l’Esprit de Dieu a relaté et préservé toutes ces choses. Ce n’est pas ici l’histoire d’un homme qui est exceptionnel pour sa perfection et ses excellences morales. Bien entendu, il y a de très bonnes choses à propos de David, il y en a de merveilleuses, mais Dieu nous a révélé cet autre coté. Il est avant tout un homme, un homme épris de toutes les faiblesses et passions de l’humanité. Il est tombé au plus profond du péché — il a des péchés ignobles. Du fond du bourbier il a crié pour être délivré, et loua Dieu pour l’avoir tiré de la fosse ; l’horrible fosse — mais il en fit l’expérience.
Considérons à présent Salomon. Observons ses débuts, le désavantage de sa naissance — le péché dans lequel il fut conçu, l’iniquité qui marquait sa venue au monde. N’avez-vous jamais éprouvé un grand trouble en lisant le onzième chapitre du premier livre des rois ? Nous y avons un homme pour lequel Dieu fit tout pour lui : Un homme que Dieu avait gratifié de sagesse au-dessus de tous les hommes, qui avait été doté d’une richesse et d’une considération et d’une puissance sans précédent. Un homme démarqué de tous les hommes quant aux bénédictions divines, lorsqu’il était au summum de sa gloire. Mais malgré tout ce que Dieu fit pour lui, sa vraie nature fut révélée au grand jour, comme par exemple dans ce chapitre du premier livre des Rois : « Mais le roi Salomon aima beaucoup de femmes étrangères ». Ceci marqua le commencement du déclin et de la chute, la terrible tragédie d’un homme descendant dans le bourbier et dans la fosse de l’iniquité humaine. Le résultat en fut la division du royaume, une lignée de successeurs royaux épouvantable et la déportation de tout le peuple en exil. C’est l’histoire de Salomon. Il parait invraisemblable qu’un tel homme puisse tomber si bas.
Malgré cela, Dieu connaissait tout de Salomon avant même qu’Il ne le gratifia de la première bénédiction. Dieu connaissait son homme, Il savait tout ce qui pouvait et allait arriver. Que pensons-nous donc de David et de Salomon ? Il s’agissait d’hommes ordinaires, de la race d’Adam, parvenant au sommet de la puissance et de la gloire — Pourquoi ? À cause de la grâce de Dieu. Dans quelle intention Dieu agit-Il ainsi ? Pourquoi a t-Il donné à Salomon, comme le déclarent les Écritures, une sagesse, une puissance et une gloire supérieures à ce qu’aucun n’avait jamais eu avant lui, et qui n’a jamais été dépassée par aucun homme après lui (1 Rois 3.12) ? Pourquoi a t-Il fait de la sagesse de Salomon quelque chose d’exceptionnel ? Il est devenu lui-même un proverbe. Si nous voulons évoquer la sagesse, les richesses et la gloire, nous parlons de Salomon. Même le Seigneur Jésus le fit : « Salomon dans toute sa gloire », (Matthieu 6.29). Dans quel but Dieu s’engagea t-Il avec ces hommes David et Salomon ?
Nous avons la réponse claire et définitive dans le Nouveau Testament. Lisez les passages du Nouveau Testament où David et Salomon sont liés au Seigneur Jésus. Dieu a toujours eu son Fils en vue. En David et Salomon, Dieu présentait symboliquement le royaume de son Fils, avec toute la gloire et les bénédictions qui en découleraient par la grâce en Christ Jésus. C’est ici l’explication de cette période de la monarchie. Sans ceci elle n’a aucune raison d’être. À travers ces hommes, Dieu a démontré à travers toute l’histoire, les grandes vérités concernant son Fils. Tout d’abord, Il présente, à travers la sacrificature, la grande vérité de la grâce rédemptrice : tout est divinement pourvu afin d’amener le peuple en Sa présence, qu’il puisse jouir d’une communion impérissable. Ensuite, au moyen de la monarchie, Il met en évidence ce à quoi conduira la grâce : elle conduit à la gloire par le Christ Jésus.
La troisième partie, celle des prophètes, couvre deux périodes : celle qui précède la captivité et celle qui lui succéda. Le ministère prophétique avait pour but de re-présenter la pleine pensée de Dieu concernant Son Fils et Son peuple et, à travers eux, de le faire envers les Nations aussi. Les prophètes étaient un rempart contre le déclin spirituel chronique du peuple de Dieu. Cette tendance à la déchéance spirituelle est toujours présente, même parmi le peuple de Dieu, les prophètes étaient un bouclier contre cette inclination. Soit ils encourageaient les sacrificateurs et les rois, soit ils s’opposaient à eux quant à cette question de déclin. Ce faisant, ils maintenaient la pensée divine relativement à la sacrificature et la royauté : la sainteté, l’incorruptibilité, la justice et la vérité. Mais ils étaient oppressés par les situations désespérées de leurs propres temps, et ainsi ils parlèrent beaucoup de ce Jour à venir et de Celui qui devait venir. La perspective de l’avènement de cette Personne était leur force, leur espérance et leur inspiration. Pour eux, le salut et la gloire étaient dans Celui qui devait arriver.
Lorsque Jésus posa cette question à Ses disciples : « Qui dites-vous que je suis ? », ils proposèrent des réponses issues de l’opinion publique qui exprimaient l’espérance prophétique. Mais pour Lui ces réponses étaient inadéquates. Il était la réponse à cette espérance, et ainsi Il insista auprès d’eux pour voir s’ils parviendraient à cette conclusion.
Ils avaient été avec Lui pendant plus de trois ans, pendant cette période ils virent Ses œuvres, entendirent Ses paroles ; l’avaient connu comme une personne dans la chair. Son temps sur la terre arrive à la fin, et dans cet endroit reculé du nord, alors que Sa face est déjà tournée vers Jérusalem, Il sonde Ses disciples, Il les sonde avec cette question : « Qui disent les hommes que je suis, moi, le fils de l’homme ? » (Matthieu 16.13). Entendant une diversité de réponses quant à ce que les hommes pensent de Lui, Il s’enquiert de Ses disciples : « Qui dites-vous que je suis ? ». Ce qu’Il demande en fait est : « Quelle est donc la conclusion à laquelle vous parvenez à mon sujet ? Vous avez tout vu, vous avez tout entendu, vous avez touché : Quelle conclusion en tirez-vous ? Comment me percevez-vous ? Quel résultat obtenez-vous ? Après tout, quelle est donc votre perception de Moi ?
Alors que Pierre donna une réponse qui satisfit le Seigneur, ce n’était qu’une illumination momentanée et passagère, car peu après, ce même homme renia Jésus. Les évangiles nous conduisent à une triste conclusion : bien que les disciples fussent proches de Lui, qu’ils entendirent tout ce qu’Il dit et virent tout ce qu’Il fit ; bien qu’ils l’écoutèrent et l’observèrent, ils ne l’avaient pas vraiment vu. Un tel constat peut nous paraître injuste, mais les évangiles nous démontrent maintes fois qu’il en était ainsi. Ce n’était pas la première fois qu’Il mettait en évidence leur manque de discernement. Nous voyons ce qui arriva juste après. Lorsqu’Il se manifeste à eux après la résurrection en se montrant et en leur parlant, nous voyons leur profonde incrédulité et ignorance. Ils n’avaient rien saisi, rien appréhendé : la vision spirituelle leur faisait défaut. Ils connaissaient leur Bible — ils connaissaient Moïse, les Psaumes, les Prophètes — mais ils n’avaient pas saisi qui Il était. C’est ce qu’Il met en avant sans cesse dans les évangiles et parce qu’ils n’avaient pas compris qui Il était, les disciples rencontrèrent d’énormes difficultés. C’est pour cela qu’ils le désertèrent et s’enfuirent au moment le plus noir, que le premier d’entre eux le renia trois fois avec véhémence. C’est pour cette même raison que nous les voyons, après la crucifixion, éparpillés, désillusionnés et désemparés. Ils n’avaient pas compris qui Il était.
Revenons à notre question principale : l’importance fondamentale d’une appréhension et d’une connaissance appropriée et pertinente de Christ révélé en nous par l’Esprit Saint. Nous pourrions résumer ceci en disant que la Bible tout entière, de la Genèse à l’Apocalypse n’a qu’un seul objet en vue : c’est de nous révéler la pensée de Dieu quant à l’homme ; afin que l’homme puisse savoir comment rendre toute la gloire à Dieu. Mais l’unique moyen de parvenir à cette fin est le Fils de Dieu. Non seulement Il nous révèle la pensée de Dieu, mais Il est la pensée de Dieu pour nous. Il n’est pas seulement la Parole en tant que message, Il est la Parole en tant que Personne. Il en découle que toute la Bible est saturée et gouvernée par Christ. Il en est la raison de son existence, qu’elle nous révèle le passé, le présent, l’avenir ou l’éternité. Christ est central, Christ est absolu, Christ est universel ; Christ domine toutes choses. La vie chrétienne sera plus ou moins significative dépendamment de notre appréhension et connaissance spirituelles de Christ. Ceci est réalisé par ce que l’apôtre Paul appelle : « les yeux de votre cœur étant éclairés », (Éphésiens 1.18). Christ est la somme de toutes choses, le genre de chrétien que nous serons et la mesure de la plénitude spirituelle atteinte par chacun dépendra exclusivement de notre connaissance de Christ, (cf. Éphésiens 4.12-16).