(Pourquoi cet ouvrage)
La biographie d’un grand homme est une partie de son œuvre. En ce sens, la rédaction des évangiles est, après l’action personnelle de Jésus, le fait capital de l’histoire de l’humanité.E. RENAN.
Ceci n’est ni un livre d’histoire, au sens intégral et scientifique du mot, ni un livre d’histoires, au sens anecdotique et banal.
Mon cours d’instruction religieuse comporte une partie théorique (le Christ) et une partie pratique (le Christianisme). Pendant une année scolaire, j’expose la Doctrine chrétienne, telle que je l’ai condensée dans « Vers Dieu », et développée dans « Viens et Vois ! ». Pendant une autre année, je tâché d’initier les catéchumènes à la Vie chrétienne, en me servant de biographies.
J’ai emprunté celles-ci à l’histoire de l’Eglise, plus spécialement en Occident ; je les ai situées de manière à dessiner la courbe générale d’une évolution passionnante, capitale, mais qui semble encore à ses débuts, puisqu’elle atteint à peine une durée de vingt siècles.
Il va de soi que, dans ma conviction, l’épopée ainsi retracée corrobore les axiomes de mon enseignement religieux, soit sur le terrain doctrinal, soit dans le domaine spirituel. Je sais qu’on peut chercher un autre fil conducteur, pour s’orienter dans le labyrinthe des deux mille années de l’histoire ecclésiastique ; mais je propose aux jeunes celui dont ma propre âme a bénéficié, pour émerger du fourré en pleine clairière.
Je sais, d’autre part, qu’en m’efforçant de concentrer des biographies infiniment riches dans le cadre de quelques pages, il m’a fallu éliminer, chaque fois, des centaines de faits, ne conservant que l’essentiel. Mais ce triage va de soi. L’artiste ne décalque point la réalité, il choisit. Le portrait se distingue de la simple photographie, en ce qu’il est le résultat d’une méditation intense. L’érudition fournit des documents : dates, statistiques, fac-similés. Reste à mettre en œuvre ces matériaux. Alors s’affirme l’énergie créatrice de l’âme qui pense et prie ; elle ordonne le chaos.
Si elle est loyale, formée par les méthodes critiques, c’est-à-dire affranchie de préjugés, libre de fantaisie ou de passion, elle refusera de grouper les faits de manière à illustrer une thèse favorite, ou à défendre un système imposé. Elle aura l’ambition de souligner les traits distinctifs de l’individualité qu’elle contemple ; car toute personnalité est unique, et son originalité profonde est un don de l’Esprit à l’humanité.
* * *
Un prince dans un livre apprend mal son devoir.
Les exemples vivants sont d’un autre pouvoir.
Ce distique de Pierre Corneille s’applique au chrétien, qui est de « race royale. », affirme l’apôtre. Alors que le catéchisme fournit des leçons pour l’oreille, l’histoire de l’Eglise multiplie des tableaux pour l’œil.
A les scruter attentivement, nous découvrons le point germinatif de toute existence chrétienne : la régénération.
De là une conclusion inévitable, c’est que la vraie histoire de l’Eglise ne sera jamais rédigée. Elle ne s’enferme, nullement, dans le récit des querelles doctrinales, et des conflits ecclésiastiques, dont vingt siècles ont gémi. Elle réside, bien plutôt, dans le silencieux et, interminable cortège des âmes pardonnées, consolées, purifiées, inspirées, qui forment une infrangible chaîne entre le Calvaire et chaque Table de communion(1).
(1) Voir, à l’Appendice, les « Rayons inspirateurs ».
Telle est la véritable « succession apostolique » ; celle qui n’est pas une thèse cléricale, mais un fait religieux ; celle qui s’identifie avec la triomphale continuité de l’expérience chrétienne à travers les âges. L’Eglise n’est pas, avant tout, un gouvernement sacerdotal, une institution rituelle, une forteresse dogmatique ; elle subsiste par les succès inconnus de ses athlètes méconnus : multitude immense de personnalités obscures, et de vaincus victorieux. L’Eglise véritable est comme la Cité de l’Apocalypse ; elle a des portes d’une seule perle et des fondations de saphir ; elle repose d’aplomb sur la pureté, l’humilité, la charité, la foi qui entonne : Alléluia ! et la prière qui murmure : Amen ! – dans la communion de Jésus-Christ.
Le présent ouvrage est donc dominé par une vision œcuménique, – par l’amour de l’Eglise universelle, sous ses différents noms et en ses traditions diverses, – par le tendre respect de toutes les consciences qui reflètent l’esprit du Chef commun. Néanmoins, en exaltant le catholicisme, j’ai dû condamner le romanisme ; non point parce qu’il proclame des principes spéciaux et emploie un vocabulaire particulier (toutes les sections de la chrétienté en sont là), mais bien parce qu’il prétend détenir seul, et absolument, la vérité totale. C’est la thèse qu’il soutient immuablement par ses déclarations officielles et dans ses documents constitutifs. Les récits impartiaux qui suivent, montreront ce que pèse, contre les faits, une prétention pareille.
Tout enseignement évangélique est déjà contemplation, regard attaché sur l’Unique, celui dont l’apôtre Jean écrivait : « La vie s’est manifestée, nous l’avons vue. » Et l’auteur de l’Epître aux Hébreux déclarait : « Nous courons de l’avant, les yeux fixés sur Jésus. »
Telle était l’attitude adaptée par saint Paul. A force de contempler le Sauveur, écrivait-il, « nous sommes transformés à son image ». Dès lors, le disciple, à son tour, devient modèle, après le Maître : « Ce que vous m’avez vu faire moi-même, pratiquez-le. » Et ceux qui observeront cette règle deviendront, pour leur part, des entraîneurs : « Soyez mes imitateurs, et attachez vos yeux sur ceux qui se conduisent d’après l’exemple que vous aves en nous. » ... Ainsi la chaîne sans fin se forge, maillon après maillon, au feu de l’Esprit.
Rencontrer, aujourd’hui, un chrétien authentique, c’est rencontrer deux fois Jésus-Christ. D’abord, directement, car le Seigneur vit dans les siens : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. » Ensuite, indirectement, sur le terrain de la tradition historique, puisque tout disciple inspiré du Maître a reçu le flambeau sacré d’un prédécesseur ; qui l’avait reçu lui-même d’un autre témoin ; si bien que, de proche en proche, et sans interruption, la ligne des chrétiens s’affirme dans sa continuité. L’Eglise est donc étroitement soudée à l’Evangile. L’Eglise et l’Evangile appartiennent à un même tout.
* * *
Alors, faut-il renoncer à l’antithèse facile entre l’Evangile et l’Eglise ? Oui, quand elle n’est que « facile », un argument de polémique anticléricale ou irréligieuse. Non, quand elle s’impose comme une réalité tragique. Car, admettre que l’Eglise est inséparable, en fait, de l’Evangile, ce n’est point concéder qu’elle en reste indiscernable en droit. Combien souvent, au contraire, et de quelles manières variées, l’Eglise a travesti, ou même trahi l’Evangile !
L’Eglise tout entière ? Jamais. Car il faut distinguer entre l’Eglise officielle et l’Eglise effective.
La vraie et substantielle Eglise est dans les cœurs. L’autre Eglise, visible, ecclésiastique, ne doit exister et subsister qu’au service de cette Eglise invisible. Ici éclate, souvent, le conflit entre l’idéal moral et religieux du christianisme, et un idéal ritualiste et sacerdotal ; conflit qui n’est point fatal, puisque le prophète et le prêtre peuvent collaborer utilement ; mais conflit qui devient nécessaire, dès que l’Eglise, cléricalisée dans des institutions, veut se substituer à l’Eglise personnifiée dans des consciences.
L’Eglise cléricalisée se confond avec son clergé. Que deviennent, alors, les simples fidèles ? Ils ne sont que dans l’Eglise, ils ne la constituent pas ; ils n’en font point réellement partie. Leur situation est analogue à celle des soldats dans l’armée, purs civils encadrés par des militaires de carrière. Le troupeau chrétien est conduit par une caste sacerdotale de bergers, auxquels, miraculeusement, le sacrement de l’Ordre a conféré une surnature qui les différencie des laïques. Ceux-ci ne sont que des catéchumènes à perpétuité, incapables de prendre une responsabilité effective dans la direction de l’Eglise proprement dite, l’Eglise formée des seuls clercs.
Dans le Nouveau Testament, cette Eglise-là reste introuvable. Les épîtres apostoliques ignorent l’Eglise-clergé, au sens clérical du terme ; elles ne connaissent que l’Eglise-société des fidèles, ou mieux l’Eglise famille, l’Eglise épouse du Christ, l’Eglise corps mystique dont Jésus-Christ est la tête ou le Chef. Ces diverses comparaisons, empruntées aux apôtres, empêchent toute méprise possible sur le sens du terme : « société des fidèles ». Il ne s’agit nullement d’une simple association temporaire, constituée, au gré des fondateurs, pour assurer des bénéfices aux actionnaires, et dont les statuts sont révisés périodiquement en assemblée générale. Il s’agit d’une réalité organique : « Je suis le Cep, vous êtes les sarments. »
Pareille Eglise, dont la communion avec Jésus-Christ est le cœur palpitant, et dont le symbole sacramentaire est la Sainte Cène, forme ici-bas une réalité spirituelle ; elle est la vraie Eglise universelle, et la seule Eglise catholique.
Il existe un catholicisme grec, un catholicisme romain, un catholicisme anglican, un catholicisme protestant. En d’autres termes, les diverses formes du christianisme ne subsistent, et ne sont en bénédiction aux âmes, que dans 1a mesure, précisément, où elles incarnent le christianisme, c’est-à-dire le spiritualisme essentiel, et la spiritualité surnaturelle, qui sont la marque, ici-bas, de l’Evangile éternel.
L’épopée de la race humaine sur notre planète est liée aux efforts pathétiques de l’Esprit pour se manifester dans l’âme, et révéler l’homme à lui-même en sa dignité de créature spirituelle. La Bible est le document le plus dramatique et le plus sublime de ce combat millénaire. On y voit se dresser, contre les religions purement rituelles, la Religion de la conscience, la Religion de l’Esprit, qui s’affirme dès l’antiquité, avec la vigueur du Spiritualisme éternel, inséparable, ici-bas, de la Présence divine.
On trouve, dans nos livres saints, une première explosion de l’idéal protestant, avec les prophètes, avec Jésus-Christ, avec les apôtres. Le protestantisme, ainsi compris, est le souffle inspirateur du christianisme authentique, c’est-à-dire du christianisme catholique ou universaliste. Le triomphe, sur la terre, d’une vraie catholicité est donc lié à la victoire du principe spiritualiste et protestant(2).
(2) Pour le développement de ces thèses, voir notre volume Du Protestantisme.
Telle est la pensée directrice qui relie les chapitres du présent recueil, série de projections sur l’écran.
Sainte-Beuve, dans une page remarquable de son Port-Royal, mentionne en ces termes deux des personnages, bien protestants, dont la vie est ici racontée. « Quiconque croit à la grâce et à cette place forte du salut, ici-bas, ne doit pas trop s’étonner de voir que plusieurs y entrent à toute force, les uns en rampant contre terre, et comme à plat ventre, les autres par le soupirail dont la grille déchire en passant, ou par l’égout qui ne souille que l’habit, ou par la lucarne escaladée du toit qui peut, au: dehors, prêter à la risée, et par où descendit le paralytique. Jean Newton, Oberlin, Félix Neff, sont entrés à leur manière et selon leur voie… » (I, 4).
Dans le livre fameux d’un autre psychologue : William James : Les variétés de l’expérience religieuse, je trouve cités plusieurs des hommes de Dieu dont j’expose la biographie : Esaïe, saint Paul, François d’Assise, Hus, Luther, Pascal, Fox, Wesley, Gratry, Booth. Et l’auteur s’écrie : « Le saint est un créateur. Par son exemple, il révèle magnifiquement à l’humanité que, pour atteindre le but, il faut franchir les bornes de la sagesse commune. Non seulement sa vision d’un monde plus parfait nous console de notre monde stérile et prosaïque auquel il est peut-être mal adapté ; mais en y faisant des convertis, il le rend meilleur : c’est un ferment de bonté.
On sait l’importance qu’un théologien, Gaston Frommel, accordait aux biographies chrétiennes.
Il y revenait sans cesse pour sa propre édification ; il en conseillait la lecture assidue aux futurs pasteurs. Elles lui avaient suggéré l’idée d’un cours sur la nouvelle naissance. « Je voudrais, écrivait-il, faire une étude d’ensemble des grandes conversions chrétiennes historiques. Il y a là un domaine inexploré, et riche d’informations fécondes. La théologie est restée, malgré ses prétentions, trop peu scientifique. Elle n’a pas tenu suffisamment compte du stock énorme d’expériences faites, dans l’ordre de la psychologie religieuse, depuis dix-huit siècles. »
Telle serait donc la valeur de la méthode qui est adoptée, ici, pour esquisser, au moyen de biographies, l’orientation générale d’une histoire de l’Eglise. L’essentiel est que nos catéchumènes reçoivent une impulsion décisive, et se laissent attirer par Celui qui invite : « Venez à moi ! »
A consulter la Table des matières, on pourrait se figurer que Jésus prend simplement sa place dans le rang, avec les autres porteurs de l’Esprit. Ce serait une erreur d’optique, pareille à celle d’un ignorant qui ne sait pas interpréter en relief une carte plane de géographie. Le Christ est, en réalité, la cime vers laquelle montent les sentiers et de laquelle descendent les sources. L’Ancien Testament s’élevait graduellement vers lui ; le Nouveau Testament distribua sa plénitude. L’histoire de l’Eglise continue, depuis deux mille ans, sa biographie à lui ; celle-ci est racontée, plus de vingt fois, dans le présent volume.
* * *
Connaître l’Histoire, ce n’est point garder en sa mémoire quelques centaines de dates ; c’est posséder un exact sentiment des mentalités successives qui marquèrent les grandes étapes de la civilisation. Des biographies bien choisies, c’est-à-dire significatives, évocatrices d’une époque disparue, révélatrices d’un idéal, sont autant de fenêtres ouvertes sur des paysages différents. En histoire la connaissance est liée à des notions justes, bien plus qu’à des notions complètes ; l’important est d’insister sur les faits qui constituent l’ossature des événements (3).
(3) L’auteur n’est pas historien de profession. Il n’a point dépouillé les archives des Bibliothèques. Il n’a consulté pour les biographies de ses personnages, que des livres accessibles au public. S’il a ainsi reproduit quelque détail inexact, il s’en excuse ; il utilisera, dans une édition amendée, les observations que les érudits pourront lui présenter. On voudra bien se rappeler qu’il ne cherche pas à être complet ; parlant à des jeunes, il a choisi les traits saillants de chaque biographie, de façon à créer autour du personnage une atmosphère spéciale, un climat particulier. Il lui faut renoncer à dresser, pour des catéchumènes, une bibliographie sur… l’histoire de l’Eglise !
Mon choix sera-t-il considéré comme judicieux ? Les personnages dont je parle suffisent à indiquer, par leur succession même, comme par une ligne pointillée, le graphique général d’une émouvante évolution. Tout maître est libre d’indiquer d’autres noms. Si je me suis arrêté à Chrysostome, par exemple, plutôt qu’à Augustin, pour l’époque des Pères, c’est que mon but n’est pas théologique. J’ai trouvé dans la Cour de Constantinople, avec l’Impératrice Eudoxie, le tableau coloré, inoubliable, qui met en lumière la déformation de l’Eglise au IVe siècle. D’autre part, pourquoi parler de Wiclef, puisque les principes du théologien anglais inspirèrent, en Bohême, Jean Hus, – ou de l’Italien Savonarole, puisque les inextinguibles buchers de Florence et de Constance mélangent leurs étincelles ? De même, j’ai renoncé à parler de Zwingle et de son spiritualisme splendide, puisque George Fox poussa plus loin encore l’héroïsme de la spiritualité. J’aurais consacré, avec prédilection, un chapitre à saint Vincent de Paul ; mais l’idéal de la charité brille déjà en saint François. Racontant la vie du missionnaire Coillard, j’ai renoncé à retracer la vie du missionnaire Livingstone. Et ainsi de suite. Le plan d’ensemble est simple, presque simpliste. L’essentiel est qu’il communique aux jeunes protestants le sentiment d’appartenir à l’Eglise une et indivisible de Jésus-Christ, bien antérieure à la Réformation, et qui survivrait, dans l’avenir, à la disparition du vocable « Protestantisme ».
Cette Eglise est indissolublement liée à la Bible. Je résume l’Ancien Testament en deux noms : Moïse, Esaïe, « la Loi et les Prophètes ». Le Nouveau Testament, c’est Jésus ou l’Evangile du Sauveur : et Paul, ou l’Eglise du Seigneur.
Ensuite, après avoir étudié la « Formation » de l’Eglise, nous en constatons la « Déformation », attestée par quatre personnages non suspects de haine contre Jésus-Christ, puisqu’ils appartiennent au clergé catholique : un, archevêque, Jean Chrysostome ; un pape, Grégoire VII ; un moine, François d’Assise, un prêtre, Jean Hus.
Une « Réformation » s’imposait. Alors défilent des géants : Luther, puis Calvin, Coligny, Rabaut ; ces trois derniers noms servent à incarner le drame huguenot. Celui-ci doit être placé en pleine lumière, pour des catéchumènes français. D’ailleurs, comme je l’explique plus loin, notre pays était alors le centre du monde : sur un pareil théâtre, on discerne les ressorts cachés de la formidable machine à broyer l’hérésie ; enseignement utile à tous et partout. Certes, il ne faut pas exciter, dans les jeunes âmes, avec le fanatisme confessionnel, une sourde rancune antipapiste…
« Priez pour ceux qui vous persécutent. » Ma constante préoccupation est, bien plutôt, d’ouvrir les yeux de nos élèves sur les richesses mystiques du catholicisme spirituel. C’est avec une véritable ferveur que j’ai rédigé la biographie d’un Blaise Pascal, le héros dont le masque mortuaire, reproduit à l’entrée du Vers Dieu, préside en quelque sorte à l’ensemble de mon instruction religieuse. Est-ce ma faute si la pulvérisation du jansénisme renforce l’impression produite par le crucifiement du calvinisme ? Encore un coup, les faits parlent d’eux-mêmes, et le romantisme se trahit.
Voilà donc le contenu du premier volume : Formation, Déformation, Réformation, de l’Eglise. Le second volume est consacré à sa Transformation. En d’autres termes, la promesse du Maitre s’accomplit : « L’Esprit saint vous enseignera toutes choses ... Quand l’Esprit de vérité sera venu, il vous guidera « tans toute la vérité. »
Ne laissons pas croire aux catéchumènes que le protestantisme marque l’arrivée de l’arche à la cime du mont Ararat ; la réforme de la Réforme demeure un idéal permanent ; aidons-les à découvrir, et à respecter, les divers aspects de la piété protestante, orientée toujours davantage vers le spiritualisme essentiel et la profonde spiritualité de l’Evangile, mieux compris et mieux pratiqué. Montrons-leur, en George Fox, une expérience d’âme assez vigoureuse et assez pure pour s’affirmer en dehors des formules dogmatiques et des moyens sacramentels ; montrons-leur, en John Wesley, que la doctrine de la justification par la foi doit s’épanouir dans la promesse de la sanctification ; montrons-leur, en Frédéric Oberlin, la victoire du christianisme pratique et de la charité sur la religion figée dans l’intellectualisme : celui d’une orthodoxie sans âme, et celui d’un rationalisme sans vie.
Le puissant mouvement spirituel qui secoua l’Eglise occidentale, après les guerres de la Révolution et de l’Empire, doit être proposé à la méditation des jeunes. Ils apprendront à connaître l’Eglise du Réveil « religieux » avec Félix Neffl, ’apôtre montagnard, et Adolphe Monod, l’apôtre citadin ; l’Eglise du Réveil « théologique », avec le réformé Alexandre Vinet et l’anglican Frédéric Robertson, qui subordonnèrent la doctrine ecclésiastique à la vie chrétienne ; l’Eglise du Réveil « social » avec la quakeresse Elisabeth Fry, réformatrice du régime pénitentiaire, et le prêtre Alphonse Gratry, démocrate et pacifiste ; l’Eglise du Réveil « missionnaire », avec William Booth, fondateur de l’Armée du Salut, et François Coillard, pionnier de l’évangélisation au Zambèze.
Enfin, les principes ecclésiastiques d’un Tommy Fallot, évoquent l’idéal d’une fédération des Eglises, réunies dans une même chrétienté.
D’après ce tableau d’ensemble, on voit que, dans le présent volume, si on laisse de côté les quatre personnages bibliques, tous les autres ont reçu le baptême « catholique », sauf un : le pasteur Paul Rabaut. Par contre, dans le second volume, tous les personnages, sauf un : le Père Gatry, sont protestants. Dès lors, la première série de biographies semblera peut-être, à certains lecteurs, converger vers une critique du catholicisme ; tandis que la seconde série sera, sans doute, envisagée par d’autres comme une critique du protestantisme… Mais l’Histoire, interprétée avec sagesse et sincérité, dans un esprit d’humilité, ou même d’humiliation, doit conduire les disciples de Jésus-Christ au-delà des oppositions séculaires, et des thèses contradictoires, et des batailles ecclésiastiques. Le commun titre de « chrétien » devrait suffire aux adversaires pour se réconcilier.
La conclusion, panoramique, montre le Pilote à la barre et donne la certitude que Jésus-Christ « a encore plus d’avenir qu’il n’a de passé ». Ainsi naîtra, dans les jeunes cœurs, le pressentiment que la chrétienté contemporaine se dirige vers l’unité de l’Eglise, vers un universalisme évangélique, vers une catholicité, – en communion avec les Conférences œcuméniques de Stockholm, de Lausanne et de Jérusalem.
L’histoire ecclésiastique, ainsi comprise, n’est pas une étude rétrospective d’archéologie, mais une initiation qui prépare un enrôlement ; il s’agit d’avancer, avec la caravane des chevaliers de l’Esprit, vers les horizons infinis du Royaume de Dieu.
* * *
Remarque : Ce cours ne reproduit pas exactement celui que j’ai professé, bien des fois, pour mes catéchumènes, sur l’Histoire de l’Eglise. D’abord, pour parfaire le tableau d’ensemble, j’ai ajouté trois biographies : Elisabeth Fry, Adolphe Monod, Frédéric Robertson. De plus, j’ai composé des Introductions, pour les diverses périodes. Enfin, j’ai dû, en rédigeant ces leçons, renoncer au « style parlé » que j’emploie pour l’exposé oral, et dont la sténographie m’a conservé l’écho. L’actuelle présentation est à la fois, plus concentrée et plus complète ; j’espère qu’elle ne paraîtra pas, malgré tout, moins vivante.
(Valeur éducative de l’Histoire)
Un vieux dicton israélite affirme qu’un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort. Vous êtes jeunes, vous estimer qu’aujourd’hui est plus intéressant qu’hier, Un château en ruines vous captive moins que la grenouille qui « sautille dans le fossé du donjon moyenâgeux ». Et, de fait, « sous les lumières d’un salon moderne, ces deux êtres humains, qui s’entretiennent d’une voix calme, recèlent parfois, en leur for intérieur, autant d’héroïsme véritable que Roland à Roncevaux ».
1. Mais c’est, justement, pour l’amour du présent que nous devons étudier le passé. La connaissance du passé est indispensable à l’intelligence du présent ; or, celui-ci contient l’avenir ; si bien qu’en nous tournant vers les Siècles révolus, nous regardons, en réalité, vers le futur. C’est ainsi que, dans un sous-marin immergé, le guetteur obscur, qui observe au périscope, obtient une large vision d’océan et de ciel.
Les générations se tiennent ; en méditant sur certaines expériences de nos pères, nous sommes prémunis contre des tentatives superflues. Notons, dans l’Histoire, les « rues barrées » et les impasses. Non seulement nous serons ainsi préservés de pénibles désillusions, mais nous échapperons au ridicule des ignorants qui découvrent l’Amérique.
2. En étudiant le passé, plein des échecs, et des succès, et des combats, de nos prédécesseurs, nous sommes saisis de respect et de gratitude pour les obstinés défricheurs de la planète, ces innombrables créatures humaines qui, de temps immémorial, bien avant la période même de l’Histoire proprement dite, accumulèrent avec persévérance, d’âge en âge, dans la brume du mystère, les éléments de notre science et de notre libération.
Les naturalistes constatent que, si l’amour maternel existe partout, dans le monde animal, par contre l’amour filial, l’amour des petits pour les parents, semble manquer. C’est dans l’humanité qu’il s’affirme, précisément, parce que l’homme est plus qu’une bête. Le sentiment de la « Patrie », pays de nos « pères », est l’une des formes de la gratitude envers les générations anonymes qui nous ont légué le fruit de leurs épreuves. Quelle frivolité est la nôtre, si nous étudions l’Histoire pour nous distraire, comme on s’assied devant l’écran du « cinéma ». Le déroulement des siècles passés doit exciter en notre cœur le sentiment que nous sommes d’insolvables débiteurs ; nous avons contracté envers les générations précédentes une dette que nous n’acquitterons jamais. Songez-vous, du moins, à tirer parti d’un capital aussi précieux, aussi vénérable, trouvé par vous dans votre berceau ?
3. Si l’Histoire parle à notre conscience, elle aiguillonne aussi notre imagination, et par là elle s’apparente à la poésie. Quelle distraction magnifique ! Pour échapper à la banalité du train-train quotidien, l’homme se réfugie dans la lecture, les beaux-arts, la musique, l’observation de la nature. Eh bien ! l’Histoire donne des ailes à notre imagination. Par la connaissance des siècles écoulés, notre courte vie est allongée, merveilleusement, en arrière.
Certes, l’avenir est une exaltante réalité. Une personne me disait : « Je cherche telle vérité ; je la découvrirai ; peu importe que ce soit dans dix jours, dix ans, ou dix mille ans ! » Admirable confiance ! Mais il est impossible de se représenter l’avenir ; nous pouvons y croire, et même le préparer, le façonner dans une certaine mesure ; mais nous sommes incapables de nous en former une représentation. Au contraire, le passé, disparu en apparence comme une fumée, est visible pour nos yeux. J’ai vu la photographie du squelette d’un grand saurien ; il respirait, voilà quelques millions d’années, sous le même soleil qui nous éclaire. Flèches de silex taillé, inscriptions, médailles, monuments, portraits, manuscrits, nous montrent le passé. Sur un papier jauni, quelle émotion nous étreint devant une simple signature, symbole d’une personnalité qui, jadis, affirma son nom !
Oui, l’imagination travaille, quand on remonte les sentiers presque effacés des âges évanouis. Nous mangeons des fruits inconnus de Louis XIV, nous cueillons des fleurs ignorées de Charlemagne ; l’apparition, en nos contrées, de la fourchette ou des draps de lit a une date, comme l’invention de la boussole ou de l’avion. On sait à quel moment telle maladie épidémique, ou tel idéal moral, nous vinrent d’Orient.
Sans la connaissance de l’Histoire, chaque génération vivrait sur l’étroite planche de son éphémère destinée, entre deux insondables gouffres d’ignorance : l’Avenir et le Passé. De même que nous resterions isolés dans l’Espace, étrangers à la moindre notion de l’univers astronomique, si des nuages voilaient toujours les étoiles, de même nous resterions solitaires dans le Temps, si l’Histoire ne nous mettait pas en contact avec ceux qui nous précédèrent.
4. L’Histoire est donc un profond mystère. Le philosophe Littré, dans son dictionnaire, a donné de l’homme une définition émouvante : « Animal raisonnable qui occupe le premier rang parmi les êtres organisés, et qui se distingue des plus élevés d’entre eux par l’étendue de son intelligence, et par la faculté d’avoir une histoire, c’est-à-dire la faculté de développer, d’agrandir sa nature, grâce à la communication avec les ancêtres, et d’augmenter ses richesses intellectuelles et morales. » Ainsi, d’après ce penseur, qui n’était pas croyant, l’homme renie son humanité quand il déclare avec pessimisme : « On ne change pas la nature humaine ! » Au contraire, l’Histoire n’est que la passionnante narration de ce perpétuel changement.
L’homme est appelé à se développer sans trêve. C’est là ce que notre Pascal exprima en ces termes : « Toute la suite des hommes, pendant le cours de tant de siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement. »
On peut définir l’homme de bien des manières. Dans la Genèse, on trouve : « Dieu dit : Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance. » Mais un personnage de Molière déclare : « L’homme est, je vous l’avoue, un méchant animal. » Ces deux aspects de l’humanité, divine mais bestiale, bestiale mais divine, apparaissent dans l’Histoire universelle, qui revêt par là un caractère dramatique ; nous enseignant à connaître l’homme, elle nous apprend à nous connaître nous-mêmes.
5. Mais cette Histoire générale a-t-elle un but, et par conséquent un sens ? Quelle est la tâche de l’humanité ici-bas ? Affirmer la maîtrise de l’Esprit.
L’homme est une créature énigmatique. Il évoque cet être fabuleux de la mythologie antique, le Centaure, dont la croupe chevaline est dominée par un torse humain. En nous, le cœur doit commander aux instincts ; et la poitrine elle-même doit rester subordonnée au front. L’Histoire universelle reflète cet effort, tantôt impuissant, tantôt victorieux, vers la véritable hiérarchie des grandeurs et des valeurs dans l’être humain. A cet égard, l’Histoire de l’humanité est celle d’une révélation. L’homme fut, progressivement, révélé à lui-même. Il découvrit qui il était, ce qu’il pouvait, ce qu’il devait ; quels instincts de brutalité sommeillaient en lui ; mais, en même temps, et surtout, quelles aspirations, quelles saintes ambitions lui interdisaient un lâche repos, le contraignaient à pousser de l’avant, à monter plus haut. L’homme sous l’aiguillon de l’Esprit, voilà l’Histoire. L’homme se soumettant librement à l’obligation morale, l’homme répondant par la prière à l’appel de Dieu, l’homme niant la mort et entrant par la foi, tout vivant, dans l’au-delà, – voilà l’Histoire. C’est l’histoire d’une Révélation.
6. Celle-ci a trouvé sa forme intensive dans les grandes Religions. Le temps me manquera pour en parler. Au VIe siècle avant notre ère, ou vers cette époque, apparurent Confucius et Lao-Tsé en Chine, le Bouddha aux Indes, Pythagore et Socrate en Grèce, Zoroastre en Perse. Au VIIIe siècle, en Palestine, surgirent les premiers Prophètes. Epoques solennelles où d’immenses clartés passèrent dans les ténèbres de l’humanité, comme les fuseaux lumineux d’un phare. L’Esprit sauveur a toujours cherché l’homme ; et celui-ci pourrait lui dire : « Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais pas trouvé. » C’est pourquoi nous devons respecter l’idéal caché qui inspire, malgré tout, sous des manifestations souvent grossières, les grandes Religions historiques.
Mais, pour les Israélites, et plus particulièrement pour les disciples du Messie Jésus, le document par excellence de la Révélation, ici-bas, c’est la Bible.
Dieu se révèle par des personnalités. Il ne se révèle point par des choses, par des « objets sacrés », mais par des hommes, par des « âmes consacrées ». La Bible n’est donc pas un simple livre, elle est, en quelque sorte, le haut-parleur à travers lequel s’adressent à nous des personnages inspirés. En des époques différentes, sous des formes variées, et à des degrés divers (car leur message est de valeur inégale), ils furent, ici-bas, les porteurs d’un message divin, les initiés à une expérience divine ; et la vie surnaturelle dont ils vécurent se transmet à nous par leurs écrits ou par leur exemple.
La Bible est une histoire. La lire, c’est entreprendre un magnifique voyage autour de la Méditerranée, ce clair miroir, encadré d’oliviers, où se reflètent les paysages bibliques. Parcourir l’Ecriture sainte, c’est visiter l’Egypte avec ses pyramides, l’Assyrie avec ses taureaux de pierre aux ailes déployées, la Chaldée avec les terrasses où les astrologues interrogeaient les étoiles, la Perse avec ses jardins et ses palais, la Phénicie avec ses idoles hideuses, la Grèce avec ses blanches statues, Rome avec ses aqueducs géants et ses colossales arènes. Or, ce pittoresque panorama est le décor féerique d’une histoire vraiment extraordinaire, celle du peuple d’Israël, faible, méprisé, violent et idolâtre, dépourvu de génie en Art, en Philosophie, en Science, en Politique, en Droit, et qui, malgré tout, marqua l’humanité d’une empreinte indélébile en lui léguant, précisément, le livre de la Bible, la personne de Jésus-Christ, et la vision du Royaume de Dieu.
Un enfant, qui lit avec intelligence l’Ecriture sainte, acquiert de précieuses notions dans le domaine de l’Histoire ; sans quitter son village ou sa banlieue ouvrière, il est initié aux bienfaits de la culture supérieure, celle que les étudiants vont chercher dans les Universités ; car il apprend, en parcourant les chemins de la Bible, que les idéals moraux ont varié avec les époques différentes.
Quelle distance, par exemple, entre la religion grossière ou brutale du livre des Juges, et la religion des prophètes ! Et ceux-ci, à leur tour, furent dépassés par les apôtres. La lecture de la Bible révèle ainsi, au petit catéchumène protestant, le mouvement de l’Histoire sur le terrain des idées, le développement des notions morales et des sentiments religieux dans l’âme humaine, et en particulier dans l’âme israélite, à mesure que l’Esprit de Dieu parvenait davantage à façonner le chaos social.
Nous apprenons aussi, en lisant la Bible, non seulement à distinguer entre hier et aujourd’hui, mais à opérer la distinction entre la forme et le fond. Que de passages, dans nos Livres saints, peuvent nous surprendre ou nous choquer ! Mais nous n’en sommes point scandalisés, quand nous savons découvrir, sous une forme imparfaite, le fond substantiel qui vaut la peine d’être conservé.
Supposez qu’en passant, la nuit, auprès d’un cimetière de campagne, j’aperçoive des lueurs courant à la surface d’une mare. Je raconterai chez moi : « J’ai vu un feu-follet. » Cinq minutes plus tard une paysanne, devant le même phénomène, sera épouvantée. Elle dira aux siens : « C’est l’âme de mon frère, enterré d’hier. Il m’a poursuivie ! » Comme on l’a remarqué avec raison, ce sont là deux narrations d’un seul fait, identique dans les deux cas, mais interprété différemment. L’un et l’autre récits fournissent au physicien le même renseignement sur certaines manifestations de phosphorescence dans la nature. Donc, il enregistrera l’observation constatée par la pauvre femme, tout .en déplorant qu’elle soit superstitieuse. On a même ajouté que, si notre savant complète sa science par un peu de psychologie, le récit de la paysanne lui apparaîtra spécialement intéressant ; car il renseigne, non seulement sur un phénomène physique, mais sut un état d’âme. De-même, dans la Bible, des croyances populaires, des superstitions, des légendes, peuvent servir de poétique enveloppe à des réalités de fait ; et, en même temps, elles nous initient au rêve millénaire de l’âme humaine, « cherchant Dieu à tâtons », déclare l’apôtre, bien que son Esprit soit tout près du nôtre, sans que nous le sachions.
7. A cet égard, d’ailleurs, l’histoire de la Révélation est mélancolique, soit dans la Bible, soit dans l’Eglise. Quelles difficultés tragiques rencontre la pitié qui essaye de sauver l’homme ! Celui-ci ressemble à l’oiseau affolé par l’incendie, qui se blottit au fond de sa cage, quand la main d’un sauveteur avance pour le saisir. D’où viennent aux êtres humains cet aveuglement moral, cette épouvante ? Ici, les Religions profèrent en sourdine le mot tragique de « Péché ».
Les biographies que je vous raconterai, toutes si différentes entre elles, sont pourtant superposables en un point central : la conversion du cœur à Dieu par la repentance et par la foi, – et la régénération par le Saint-Esprit, l’éclosion de la vie éternelle par la seconde naissance, la naissance d’En-haut. « Si quelqu’un est en Christ, il est une autre créature ; le passé a disparu toutes choses sont devenues nouvelles ».
Les rouages d’un chronomètre sont souvent montés sur rubis ; l’histoire de l’Eglise est montée sur le miracle sans cesse répété de la régénération. Pour qui méconnait ce fait capital, toute l’épopée Chrétienne demeure un rébus. Mais ce fait primordial vous incitera, sans cesse, à rentrer en vous-mêmes, et à vous poser la question des questions : « Et moi, où en suis-je ? Ai-je rencontré, personnellement, le Sauveur ; celui qui peut me transformer, par son Esprit, à l’image de notre Frère aîné, le Chef de l’Eglise, le Roi prédestiné de l’humanité ? »
Nous allons parcourir une galerie de portraits. Combien de héros vont fixer sur nous un regard pensif ! Vainqueurs de la tentation, victorieux dans l’épreuve, ils nous appellent. Ils forment l’éblouissante « nuée de témoins », semblable à ces nuages, éclatants de blancheur, qui renvoient vers la terre les clartés du ciel.
Note : Il est très important d’aborder successivement les biographies, dans l’ordre même où elles sont rangées à travers l’ouvrage ; car elles se commandent mutuellement ; toutes celles qui précèdent expliquent les suivantes, selon une secrète et inéluctable logique, mise en lumière, au fur et à mesure, par les diverses « Introductions ». Le second volume restera probablement incompréhensible, ou inutilisable, pour qui n’aura point médité le premier.