Nos enfants

AUTORITÉ, BON SENS ET AMOUR

FAIRE BLOC

Soyez un dans la pensée comme dans l’amour. Accordez vos sentiments et votre façon de voir. Aspirez au même but. Travaillez comme si vous viez un seul cœur, une seule âme, un seul esprit (1).

Philippiens 2.2

(1) Tiré de Parole Vivante, transcription de la Bible (A. Kuen). Pour les citations bibliques figurant au début de chaque chapitre, l’auteur a utilisé différentes traductions.

Deux garçons – dix et onze ans – sortent de classe en bavardant :

— Benoit (2) … tu viens ce soir à la piscine ? Je t’attendrai devant la porte, vers six heures.

(2) Nom fictif. Il en sera de même pour tous les prénoms donnés plus loin.

— Inutile ! Mon père ne le veut pas et quand il a dit : Non ! c’est non ! Alors tu comprends, je n’insiste pas.

— Eh bien ! Dis-le à ta mère. Essaie de son côté.

— Pas la peine. Les deux … ILS FONT BLOC.

Que voilà une belle expression : « FAIRE BLOC » ! Attitude élémentaire sans laquelle il n’y a pas d’autorité qui tienne. Elle sera sapée à la base dès l’instant où l’enfant découvrira que papa et maman se désapprouvent à son sujet, et deviendra malgré lui l’auditeur privilégié de disputes de ce genre :

— Mais non, chéri. Tu exiges trop de ton fils. Laisse-le donc faire ce qu’il veut ; il est assez grand pour comprendre. Va Thomas. N’écoute pas ton père. Il n’y entend rien. Tu peux aller jouer …

Ou encore :

— Allons donc, chérie, tu n’es pas raisonnable. Tu feras de ta fille une nullité si tu lui interdis constamment d’aller se dégourdir les jambes avec ses copines. Va donc, petite. Ta mère veut te couver. Moi, je tiens à faire de toi une femme d’action capable de se débrouiller dans la vie. Et puis, c’est moi qui commande ici.

Des époux réellement unis peuvent en venir à tenir ce langage et, forts de leurs expériences propres, afficher leur désaccord lorsqu’il s’agit d’éduquer « le petit ». En toute bonne foi. Qui s’est longtemps heurté dans sa jeunesse à des parents autoritaires, impitoyables et démesurément exigeants, éprouvera - par réaction - le besoin de relâcher la discipline, donc de laisser à chacun la bride sur le cou. Par contre, le conjoint ayant souffert d’une absence d’autorité, se croira tenu, toujours par réaction, de serrer la vis avec excès ( à moins que les deux n’imitent leurs parents respectifs ). D’où discussions sans fin et conflits inévitables. Dieu ne se servirait-il pas de ces difficultés pour obliger les époux à remettre en question leur propre façon de voir ?

Hélas ! Dans la plupart des cas, les parents se désavouent pour la simple raison qu’ils ne s’aiment pas vraiment. Que le père dise : Non ! et la femme ripostera par un « Oui ! » grinçant, uniquement pour contredire ou contrecarrer son mari. Naturellement, devant l’enfant qui n’en perd pas une miette. Ils se lanceront au visage des explications acerbes dans le but inavoué d’associer le petit à leur dispute, sans doute pour s’attirer l’estime du rejeton quand ce n’est pas pour le dresser contre l’autre. Ainsi est façonné un rebelle que l’on accusera plus tard en soupirant : « Nous ne savons que faire avec lui. Il réplique toujours et refuse de nous écouter ». Que de tels parents ne se leurrent pas : ils n’auront pas d’amour pour leur enfant s’ils n’aiment pas leur conjoint puisque de la même source « ne peuvent jaillir à la fois le bon et le mauvais, l’amour et la haine » ( selon Jacques 3.8-12). Autrement dit, il faut être unis pour donner le meilleur à sa famille. Pensez davantage au bonheur de votre enfant et vous serez encore plus déterminé à aimer votre conjoint. Un fils ou une fille supporteraient-ils longtemps sans être profondément meurtris, d’entendre continuellement le père mépriser son épouse ou la maman accabler son mari ?

Avez-vous l’intention d’offrir un cadeau de prix à votre enfant ? Ne vous creusez pas la tête : le plus beau, et à terme le plus apprécié, sera non un train électrique des plus sophistiqués ni une bicyclette dernier cri, mais le spectacle quotidien de parents qui s’aiment. C’est dans une atmosphère paisible et joyeuse, gorgée de tendresse, que s’épanouiront grands et petits et que le chef de famille acquerra, auprès des siens, une solide autorité. Mais elle sera battue en brèche si les parents s’affrontent constamment. Alors, d’instinct, l’enfant se rangera aux côtés de celui qui, plus faible, flatte ses penchants, et les deux conjoints perdront leur ascendant et leur « cote » régressera à chaque nouvelle dispute. La vraie autorité découle de l’amour.


♦   ♦

S’il est indispensable de « faire bloc » devant les enfants, il faut cependant quelque chose de plus car des époux tendrement unis peuvent de bonne foi se tromper. La même vision de l’éducation ne garantit nullement la BONNE vision des choses. On peut faire chorus dans l’erreur, par ignorance. La Bible détient, en dépit des attaques dont elle est l’objet, le meilleur enseignement qui soit au monde en matière d’éducation, à condition d’être honnête et de ne pas trier dans cette Parole divine uniquement les vérités qui vont dans le sens de nos idées. Les vérités bibliques ont plusieurs facettes, aussi est-il aisé d’insister sur les textes qui paraissent approuver notre conduite. Au père impitoyable, l’Ecriture déclare : « N’irritez pas vos enfants » (Ephésiens 6.4). A la mère incapable de sévir, elle rappelle l’usage du bâton. Or grand est le risque de voir le mari s’emparer de la deuxième recommandation (l’usage du martinet) pour justifier ses excès, alors que l’épouse soulignera la première (le souci de ne pas irriter) pour expliquer sa faiblesse. La Bible n’est lumière que pour des lecteurs au cœur droit.

Certes, l’Écriture n’est pas prolixe en matière d’éducation, aussi est-elle loin de fournir une réponse ou un conseil pour chaque situation : elle énonce seulement des principes – fondamentaux – qu’on aurait tort de négliger.

Faire bloc ? Oui … mais dans la lumière de Dieu. « Soyez UN dans la pensée comme dans l’amour. Accordez vos sentiments et votre façon de voir. Aspirez au même but » (Philippiens 2.2). Paroles certainement aussi valables pour les parents que pour les chrétiens entre eux.

Il n’y a pas d’autorité sans amour.

LES PARENTS S’INTERROGENT

  1. Quel spectacle offrez-vous à vos enfants ? Celui de parents unis ou au contraire en guerre perpétuelle ? Avez-vous l’habitude de leur donner des ordres contradictoires ? Faites-vous réellement bloc devant eux ?
  2. En matière d’éducation des enfants, avez-vous une même façon de voir les choses ? Sinon, acceptez-vous de vous laisser, ensemble, « réajuster » par l’Esprit Saint ? Etes-vous résolus à donner raison à l’Ecriture ? À Dieu lui-même ?
  3. Si c’est le cas, avouez vos querelles devant Dieu et devant vos enfants. Bénissez Celui qui pardonne et accorde aux parents d’avoir une même pensée et un même sentiment pour le bien de la famille toute entière.

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