C’est en 1870 que je fus appelé par le Synode de l’Eglise réformée neuchâteloise à occuper la chaire de Théologie systématique devenue vacante par la retraite de M. le pasteur et professeur Diacon. La Faculté dont je devenais membre après en avoir été l’élève, existait à Neuchâtel déjà depuis 1830, époque où elle avait reçu sa première organisation de l’autorité ecclésiastique du temps, la Vénérable Classe des pasteurs. Dès ses origines et malgré son caractère officiel, elle avait toujours conservé avec un soin jaloux son indépendance à l’égard des pouvoirs politiques, qu’ils s’appelassent gouvernement de la principauté ou gouvernement de la république. C’était depuis 1849 le Synode, comme autrefois la Classe, qui pourvoyait à la nomination et à l’entretien des professeurs de théologie et à la direction de l’enseignement, et cela sans aucun contrôle exercé de la part de l’Etat, lequel se contentait de porter à l’annuaire officiel les nominations faites à côté de lui et sans lui.
Quoi que d’autres en puissent penser, je persiste à dire que c’était là une situation privilégiée pour la Faculté de théologie de Neuchâtel, et que l’indépendance de l’enseignement théologique à l’égard des autorités politiques est dans tout pays, à la fois un postulat du bon sens et une des conditions indispensables d’une préparation saine et sûre des futurs serviteurs de l’Eglise.
Aussi, lorsqu’en 1873 la nouvelle loi ecclésiastique votée par le Grand Conseil du canton de Neuchâtel, conféra au gouvernement le droit de nomination des professeurs de théologie, nous sommes-nous rattachés, mes collègues et moi, sans aucune hésitation, à la Faculté nouvelle créée par l’Eglise indépendante neuchâteloise à l’époque de sa propre fondation.
Le cycle de mon enseignement est trisannuel, et comprend : l’Introduction à la Théologie systématique ou Propédeutique et la Dogmatique, qui forment ensemble le programme d’une année ; l’Ethique chrétienne et la Théologie biblique, dont chacune occupe à son tour une année complète.
J’offre en ce moment au lecteur la première section de la Propédeutique ou Méthodologie, en annonçant l’intention de faire suivre d’ici à quelques mois ce premier volume d’un nouveau, contenant l’Apologétique et la Canonique, et ultérieurement d’un troisième, qui contiendra la Dogmatique proprement dite.
L’exposé de Théologie systématique que je désire, avec l’aide de Dieu, publier à intervalles aussi rapprochés que possible, sera essentiellement la rédaction condensée de mon enseignement oral. C’est dire que les élèves, nombreux déjà, qui ont passé devant moi, et dont plusieurs m’ont présenté au cours de mes leçons leurs objections ou leurs propres pensées, y ont eu une part que je n’ai garde de négliger. Comme c’est là en effet un droit reconnu aux élèves de notre Faculté, je ne saurais être démenti par personne si je dis que c’est à travers le tamisage de la libre discussion que les cours de mes collègues et les miens se font et s’achèvent.