« Mon âme soupire après toi, ô Dieu ! mon âme...attends-toi à Dieu ! Il est la délivrance à laquelle je regarde. » Ps 42.1,11
Si notre salut est l’œuvre de Dieu aussi bien que le fut notre création, notre premier devoir sera nécessairement d’attendre de Dieu qu’il accomplisse en nous son œuvre selon qu’il l’entend. Ce n’est qu’en nous attendant à lui que nous pourrons saisir ce qu’est pour nous la rédemption. La difficulté qu’on éprouve souvent à recevoir le salut dans sa plénitude vient de ce qu’on ne sait pas s’attendre à Dieu, de ce qu’on répugne à le faire. Pour voir la puissance de Dieu se manifester ici-bas, il faut que chacun reprenne la position qui lui est assignée soit dans la création, soit dans la rédemption, la position d’une entière et continuelle dépendance de Dieu. Cherchons à bien comprendre ce qu’est cette attente à Dieu et alors nous comprendrons mieux aussi pourquoi cette grâce est si peu recherchée ; nous en apprécierons mieux la valeur et nous sentirons qu’à tout prix nous devons l’obtenir.
La nécessité de s’attendre à Dieu résulte de la nature de l’homme aussi bien que de la nature de Dieu. Dieu, comme Créateur, avait formé l’homme pour qu’il servit à manifester sa puissance et sa bonté divines. L’homme ne possédait en lui-même aucune source de vie, de force et de bonheur. C’était du Dieu vivant et éternellement vivant que devait lui venir à chaque instant tout ce dont il avait besoin. Ce n’était donc pas l’indépendance de l’homme, c’est-à-dire le fait de ne dépendre que de lui-même, qui devait faire sa gloire et son bonheur, mais bien plutôt sa dépendance d’un Dieu si infiniment riche et plein d’amour. Tout recevoir à chaque instant de la plénitude de Dieu, voilà ce qui faisait la joie de l’homme avant sa chute.
Quand plus tard l’homme fut séparé de Dieu par le péché, sa dépendance de Dieu s’accrut encore. Nul espoir pour lui de sortir de cet état de mort sinon en recourant à la puissance et à la miséricorde de Dieu. C’est Dieu seul qui opéra sa rédemption. C’est Dieu seul qui encore à présent poursuit et accomplit cette œuvre de rédemption en tout croyant. Même l’homme régénéré ne possède aucunement la grâce d’être bon par lui-même. Il n’a rien, ne peut rien avoir sans recevoir tout de Dieu d’instant en instant. L’acte de s’attendre à Dieu lui est donc tout aussi indispensable que l’acte de respirer est nécessaire au maintien de sa vie terrestre.
C’est parce que les chrétiens ne connaissent pas leur misère, leur incapacité absolue, qu’ils n’ont aucune idée non plus de la nécessité de s’attendre à Dieu, de vivre dans une dépendance continuelle de lui. Mais quand le croyant en vient à entrevoir cette vérité, quand enfin il consent à recevoir à chaque instant par le Saint-Esprit ce que Dieu peut lui communiquer à chaque instant, l’acte de s’attendre à Dieu devient toute son espérance, fait toute sa joie. Quand il saisit bien que, dans son amour infini, Dieu prend plaisir à communiquer à son enfant sa nature divine et que jamais il ne se lasse de prendre soin de lui, de lui renouveler force et vie de jour en jour, il s’étonne d’avoir pu regarder à Dieu autrement qu’en s’attendant à lui du matin au soir. D’un côté Dieu, toujours prêt à donner, à agir, de l’autre son enfant, regardant sans cesse à lui et recevant tout de lui, voilà la vie heureuse et bénie qui est offerte à tous.
« Mon âme, attends-toi à Dieu, il est la délivrance à laquelle je regarde. » C’est pour notre salut que nous commençons à nous attendre à Dieu ; ensuite nous apprenons que le but du salut est de nous ramener à Dieu, de nous enseigner à nous attendre à lui avec confiance ; après quoi nous trouvons mieux encore, nous découvrons que l’acte de nous attendre à Dieu nous initie au plus haut degré du salut, en nous faisant attribuer à Dieu la gloire d’être tout et en nous faisant éprouver aussi qu’il est tout pour nous. Que Dieu nous apprenne combien on est heureux de s’attendre à lui !
« Mon âme, attends-toi à Dieu ! »