Pour démontrer leur rapport étroit avec l’Eglise primitive fondée par les apôtres, pour établir leur droit à se nommer Eglise fidèle, et même à se regarder comme formant la vraie Eglise du Seigneur Jésus-Christ sur la terre, les Eglises évangéliques s’appuient sur la conformité de leurs dogmes, de leur culte et de leur vie intérieure avec le tableau que le Nouveau-Testament nous trace de l’Eglise primitive, et avec les prescriptions, directions et révélations qu’enseigne cette même Parole. Cet argument interne est en effet le plus important dans la question ; il a une force irrésistible ; à lui seul il suffit.
Cependant, il est un argument externe qui, sans être concluant, a une certaine valeur, et qui, au dire des ennemis des Eglises évangéliques, leur manquerait tout-à-fait, c’est l’ancienneté d’existence. — Vous n’êtes que d’hier, leur crie l’Eglise romaine d’un ton d’ironie et de triomphe. Vous avez quitté l’Eglise mère par une révolution que vous appelez pompeusement une réformation ; mais si la vérité était de votre côté, elle serait bien jeune… ! Un peu plus de trois cents ans de vie est un titre bien récent, quand il s’agit de prétentions à posséder la vérité éternelle. Pour oser lutter avec Rome, il vous faudrait ce qu’elle possède et qui vous fait défaut, une origine ancienne et vénérable. — Mais cet attribut de la vérité ne manque pas aussi complètement aux Eglises évangéliques qu’il pourrait sembler d’abord. L’Eglise vaudoise est le lien qui les unit à la primitive. Par son moyen, elles établissent l’existence antérieure de leur constitution, de leur doctrine et de leur culte à celle des idolâtries et des erreurs papistes. Tel est aussi le but de l’écrit que nous livrons au public. Il est destiné à prouver, par le fait de l’existence non interrompue de l’Eglise vaudoise, la perpétuité de l’Eglise primitive, représentée aujourd’hui non-seulement par l’Eglise des Vallées Vaudoises du Piémont, mais encore par toutes ses sœurs les Eglises évangéliques, fondées sur l’unique Parole de Dieu.
En écrivant cet ouvrage sur une partie essentielle de l’histoire ecclésiastique, son auteur a eu en vue la gloire de son Sauveur. Il estime que, quelque humbles et chétifs qu’aient été aux yeux du monde ces Vaudois, oubliés des uns, méprisés, haïs et persécutés des autres, leur histoire met en évidence et offre à l’imitation des fidèles quelques-uns des caractères essentiels des vrais disciples de Jésus-Christ : la foi, la fidélité, l’humilité, le détachement du monde, la persévérance et la résignation dans les plus douloureuses épreuves. Il croit aussi que le développement de cette histoire démontrera la fidélité du Seigneur pour les humbles de son Eglise, la sagesse de ses plans et de ses soins en leur faveur, la puissance qu’il déploie au jour dans lequel il veut les délivrer, et les consolations efficaces qu’il leur accorde dans leurs épreuves. On remarquera enfin, espère-t-il, que le chef de l’Eglise a accompli la promesse qu’il avait faite, que les portes de l’enfer ne prévaudraient point contre elle ; et que, dans cette histoire de la conservation de la vérité évangélique au milieu des ténèbres, on reconnaîtra, à sa gloire, que Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; que Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes, et que Dieu a choisi les choses viles du monde, et les plus méprisées, même celles qui ne sont point, pour anéantir celles qui sont (1 Corinthiens 1.27 et 28).
L’auteur de cet écrit ne se flatte pas d’avoir produit un ouvrage parfait, le sujet étant difficile surtout en ce qui concerne les temps anciens. La matière à consulter était immense : des réticences continuelles, ou des jugements partiaux et des récits incomplets voilaient à chaque pas la vérité dans les écrits catholiques. Cependant, il estime avoir signalé quelques nouveaux faits d’une haute importance, et surtout avoir mis sur la route d’une démonstration satisfaisante de l’antique origine de l’Eglise vaudoise.
Ce travail a été fait avec amour. Vaudois par sa naissance, par ses affections, par tous ses souvenirs, Vaudois enfin, il l’espère, par sa foi, l’auteur a consacré plus de dix années à mettre à l’œuvre le souhait de sa vie, la composition d’une histoire abrégée de l’Eglise vaudoise. Pour la rédaction, et en ce qui concerne la forme, il a réclamé le concours de celui de ses chers fils qui est son aide habituel dans ses fonctions pastorales.
Puisse ce faible écrit contribuer à la gloire de notre grand Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ ! Amen.