Qu’est-ce que les apôtres et tous les disciples présents ont reçu le jour de la Pentecôte? Quelle puissance ont-ils manifestée immédiatement après?
Ils ont reçu un puissant baptême du Saint-Esprit, un immense accroissement d’illumination divine. Ce baptême leur a conféré une grande diversité de dons, qui furent employés pour l’accomplissement de leur tâche. Il incluait manifestement les choses suivantes:
— la puissance d’une vie sainte,
— la puissance d’une vie de renoncement à soi-même (la manifestation de ces deux qualités doit avoir eu une grande influence sur ceux à qui ils annonçaient l’Evangile),
— la puissance d’une vie crucifiée, -la puissance d’une grande douceur, que ce baptême leur permettait de démontrer partout,
— la puissance d’un vivant enthousiasme à proclamer l’Evangile,
— la puissance de l’enseignement,
— la puissance d’une foi vivante et agissante par l’amour,
— le don des langues,
— une augmentation de la puissance d’opérer des miracles,
— le don d’inspiration, ou de la révélation de nombreuses vérités jusque là cachées à leur yeux,
— la puissance du courage moral de proclamer l’Evangile et d’obéir à Christ, quel que soit le prix à payer.
Les circonstances de leur vie rendaient nécessaires tous ces revêtements de puissance, pour qu’ils réussissent leur mission. Mais, qu’ils soient considérés séparément ou ensemble, ces revêtements ne constituaient pas la puissance d’en haut dont Christ avait parlé, et qu’ils avaient manifestement reçue.
Ce qui constituait la puissance qu’ils avaient reçue, la clef suprême et absolument indispensable de leur succès, fut la puissance de faire fléchir à la fois le coeur de Dieu et celui des hommes, la puissance d’implanter des convictions de salut dans les pensées des hommes. Ce fut là, sans aucun doute, ce qu’ils avaient compris que Christ leur donnerait. Il avait donné à l’Eglise la mission de convertir le monde entier. Tous les revêtements de puissance que j’ai mentionnés plus haut n’étaient que des moyens, qui ne pouvaient leur permettre d’atteindre leur objectif que s’ils étaient animés et rendus efficaces par la puissance de Dieu. Il ne fait pas de doute que les apôtres l’avaient compris. Ils ont offert leur vie toute entière sur l’autel, et ont fait le siège du Trône de la Grâce, dans un esprit d’entière consécration à leur oeuvre.
Ils reçurent effectivement les dons que j’ai déjà mentionnés. Mais, par dessus tout, ils reçurent la puissance de convaincre les hommes de la nécessité de leur salut. Cette puissance se manifesta immédiatement. Ils commencèrent à s’adresser à la multitude. Il est merveilleux de voir que trois mille se convertirent sur le champ. Mais observez qu’ils ne manifestèrent aucune puissance nouvelle à cette occasion, à part celle de parler en langues. Ils n’accomplirent aucun miracle, et n’employèrent le don des langues que pour se faire comprendre. Qu’il soit bien compris qu’ils n’avaient pas eu le temps de manifester un seul des dons de l’Esprit que je viens de mentionner. Ils n’avaient pas eu non plus le temps de manifester la sainteté dans leur vie, ni aucun des puissants dons et grâces de l’Esprit.
Ce qu’ils dirent à cette occasion, tel que nous le relate l’Evangile, n’aurait pas pu produire l’impression constatée, si cela n’avait pas été dit par des hommes possédant une nouvelle puissance, celle de convaincre les auditeurs de la nécessité de leur salut. Cette puissance n’était pas celle de l’inspiration, car ils n’ont fait que proclamer un certain nombre de faits qu’ils connaissaient. Ce n’était pas la puissance de l’éducation et de la culture humaines, car ils n’en avaient pas beaucoup non plus. Ce n’était pas la puissance de l’éloquence humaine, car il semble qu’ils n’en aient pas eu beaucoup. C’était Dieu qui parlait en eux et par eux.
C’était la puissance d’en haut, Dieu en eux qui était en train de convaincre ceux qui les écoutaient de la nécessité de leur salut. Cette puissance de conviction demeura en eux et sur eux.
C’était, sans aucun doute, la chose principale et suprême que Christ leur avait promise, et que reçurent les apôtres et les premiers chrétiens. Cette puissance a continué à se manifester dans l’Eglise depuis cette époque, avec une intensité plus ou moins grande. C’est une réalité mystérieuse, qui se manifeste souvent de la manière la plus surprenante. Il suffit parfois d’une seule phrase, d’un seul mot, d’un geste, ou même d’un regard, pour manifester cette puissance d’une manière irrésistible.
Pour la seule gloire de Dieu, je parlerai un peu de ma propre expérience dans ce domaine. Je fus puissamment converti un 10 octobre au matin. Le soir du même jour, et le lendemain matin, je reçus d’extraordinaires baptêmes dans le Saint-Esprit, qui me semblèrent traverser mon corps et mon âme. Je me vis aussitôt revêtu d’une telle puissance d’en haut que quelques paroles adressées ici et là à quelques personnes furent le moyen de leur conversion immédiate. Mes paroles semblaient transpercer l’âme des hommes comme des flèches barbelées. Elles tranchaient comme des épées. Elles brisaient le coeur comme un marteau. Des multitudes peuvent l’attester. Souvent, un simple mot, sans que je m’en souvienne, donnait une conviction de péché, et entraînait souvent une conversion presque immédiate. Souvent j’ai senti que cette puissance, dans une grande mesure, m’avait quitté. J’allais faire une visite, et je voyais que je n’avais donné aucune conviction de salut. J’exhortais et je priais, mais sans plus de résultats. Je devais alors mettre à part un jour pour jeûner et prier en privé, craignant que cette puissance ne m’ait quitté, et cherchant avec angoisse quelle était la raison de cette apparente stérilité. Après m’être humilié, et avoir crié à Dieu pour qu’Il m’accorde Son aide, cette puissance m’était rendue dans toute sa fraîcheur. Telle a été mon expérience personnelle.
Je pourrais écrire un livre entier sur mes expériences et observations personnelles en ce qui concerne cette puissance d’en haut. Elle est une réalité de la conscience et de l’observation, mais aussi un grand mystère. J’ai déjà dit que parfois un seul regard transmet la puissance de Dieu. J’en ai souvent été témoin. Je vais l’illustrer par le fait suivant. Un jour, j’ai prêché pour la première fois dans un village où se trouvaient des manufactures. Le lendemain, je me rendis dans l’une des manufactures, pour voir son fonctionnement. En traversant un atelier de tissage, je vis un grand nombre de jeunes femmes. Je vis que certaines me regardèrent, puis se regardèrent les unes les autres d’une manière qui montrait qu’elles me connaissaient, et qui exprimait la frivolité. Pourtant, je ne connaissais aucune d’entre elles.
Leur légèreté d’esprit me fit une impression particulière. Je la ressentis au plus profond de mon coeur. Je m’arrêtai et les regardai, je ne sais plus comment, mais tout entier absorbé par la pensée de leur culpabilité et du danger spirituel qu’elles couraient. Tout en conservant cette expression devant elles, je vis que l’une d’entre elles devint très agitée. Un fil se brisa sur son métier à tisser. Elle tenta de le réparer, mais ses mains tremblaient tellement qu’elle ne put y parvenir. Je me rendis compte que cette sensation se répandait rapidement, jusqu’à gagner toutes celles qui faisaient preuve de cette complicité. Je continuai à les fixer du regard jusqu’à ce que l’une après l’autre abandonne complètement son travail. Elles tombèrent à genoux, et cet esprit se répandit dans tout l’atelier. Je n’avais pas prononcé une seule parole. Si je l’avais fait, le bruit des métiers à tisser m’aurait empêché d’être entendu. En quelques minutes, toutes arrêtèrent de travailler, et les pleurs et les lamentations se généralisèrent. A ce moment précis entra le propriétaire de la manufacture, qui lui-même n’était pas converti, accompagné de son directeur, un chrétien engagé. Lorsque le propriétaire vit ce qui se passait, il dit à son directeur: "Arrêtez l’usine!" Ce qu’il voyait semblait lui transpercer le coeur.
Il fit hâtivement remarquer: "Il est bien plus important que ces âmes soient sauvées, plutôt que cette usine tourne!" Dès que le bruit des machines eut cessé, le propriétaire demanda: "Qu’allons-nous faire? Il nous faut un endroit pour nous réunir, pour que nous soyons instruits!" Le directeur répondit: "L’écurie des mules conviendra!" Les mules furent sorties, et tout le personnel fut informé et rassemblé dans l’écurie. Nous eûmes une merveilleuse réunion. Je priai avec eux, et leur donnai toutes les instructions qu’il leur était possible de recevoir à leur niveau. La parole fut apportée avec puissance. Beaucoup mirent leur espérance en Dieu ce jour-là. En l’espace de quelque jours, comme j’en fus informé par la suite, presque tous les membres du personnel de ce grand établissement, y compris le propriétaire, s’étaient convertis.
Cette puissance est vraiment merveilleuse! J’ai souvent vu des gens incapables de supporter une parole. La phrase la plus simple et la plus ordinaire les transperçait comme une épée et les jetait au sol de leur siège, leur enlevait toute force physique, et les rendait aussi impuissants que des hommes morts. Plusieurs fois, j’ai pu vérifier dans ma propre expérience qu’il me suffisait d’élever la voix, ou de faire une brève prière ou exhortation, de la manière la plus douce, pour que les auditeurs soient complètement terrassés. Ce n’est pas parce que je leur prêchais la terreur. Mais les plus douces paroles de l’Evangile exerçaient sur eux une influence puissante. Cette puissance semble parfois remplir l’atmosphère qui entoure celui qui en est abondamment chargé. Souvent, une assemblée composée d’un grand nombre de personnes est enveloppée de cette puissance, au point que l’atmosphère tout entière semble chargée de la vie de Dieu. Des inconnus qui entrent dans ce lieu, ou qui traversent cet endroit, seront instantanément convaincus de péché, et bien souvent convertis à Christ.
Quand les chrétiens s’humilient, se reconsacrent tout à nouveau à Christ, et Lui demandent Sa puissance, ils recevront souvent un tel baptême de l’Esprit qu’ils seront utilisés pour convertir plus d’âmes en un seul jour que dans toute leur existence passée. Quand les chrétiens restent assez humbles pour conserver cette puissance, les conversions continueront à se produire, jusqu’à ce que des communautés et des régions entières se convertissent à Christ. Il en est de même pour les serviteurs de Dieu. Mais cet article est déjà assez long. Si vous le permettez, je reparlerai plus tard de ce sujet.