"Publiquement et dans les maisons". C’est par ces mots que Paul divise en parts égales la sphère de son ministère de trois ans à Ephèse et la même division égale de travail devrait marquer l’œuvre de tout vrai pasteur du troupeau de Christ.
Il semble y avoir une grande négligence concernant les visites pastorales parmi tous les ministres de l’Evangile de nos jours, dans toutes les dénominations. Bien trop souvent on nous dit dans les visites: "Je n’ai eu aucune visite de pasteur depuis deux ou trois ans". C’est encore plus surprenant lorsque ces plaintes sont formulées par des membres inscrits de l’Eglise. Le réel succès dans les visites est sans doute pour une large part une question de don spécial, et pour cette raison, certains y trouveront plus de joie que d’autres. Mais c’est une partie essentielle de l’œuvre de tout Berger chrétien et nous doutons qu’un homme ait un vrai don de pasteur mis en lui par Christ s’il ne trouve pas au moins quelque heureuse aptitude dans ce domaine important.
Cependant, un don réel peut-être négligé {1Ti 4.14} et un homme désirant remplir l’office de pasteur doit rejeter toute aversion pour une part si importante de ses devoirs. Il est inutile de dire qu’il suffit de s’appliquer avec diligence, même comme à un simple devoir pour voir s’augmenter merveilleusement la puissance d’un homme et pour qu’il obtienne des résultats dans les visites personnelles de son troupeau. "Que celui qui est appelé au ministère s’attache au ministère" {Ro 12.7} Ce principe peut s’appliquer dans tous les domaines.
Une assemblée qui n’est pas visitée deviendra tôt ou tard une assemblée malsaine. L’auteur connaît une grande église ayant pour pasteur l’un des prédicateurs les plus brillants de la ville, les auditoires sont importants et pourtant un froid spirituel semble tout envahir; lorsque le pasteur prit cette assemblée, ce fut à la condition qu’il ne ferait aucune visite; aussi, ne connaît-il presque aucun de ses membres personnellement. Rien d’étonnant à ce que ces gens semblent abandonnés et manquer d’amour et de sympathie; on entend des plaintes fréquentes et on sent qu’un élément vital est négligé. Combien plus cela sera-t-il désastreux si le ministère de la prédication n’est pas rempli aussi brillamment que dans le cas précédent.
Certaines lacunes dans les dons extérieurs d’un prédicateur peuvent être contrebalancées et au delà, par la fidélité et le succès dans les visites, car de cette manière un réel amour s’édifiera entre le pasteur et ses brebis ce qui est, après tout, le secret profond de tout ministère fécond.
En faisant ses visites, le pasteur exercé et observateur s’apercevra rapidement des besoins spirituels spéciaux du troupeau auquel il prêche et sera guidé afin d’exhorter en conséquence.
Un pasteur sage éprouvera sa prédication par le résultat de ses visites et se rendra compte par ses conversations personnelles de ce qui est retenu des prédications et touche le cœur des gens et quelle proportion manque le but.
Il faut considérer la valeur du tête à tête avec les âmes.. C’est impossible de la plate-forme dans une réunion publique et ce n’est pas toujours facile dans une entrevue après la réunion. Le maximum d’aide spirituelle peut souvent être donné lorsque les confidences sont librement faites dans la tranquillité et l’environnement du foyer.
L’imité de l’assemblée peut souvent être sauvegardée par des visites sages et promptes. Nous mettons un accent sur le mot sage, car des visites sans sagesse peuvent aussi facilement détruire cette unité. En se mélangeant librement parmi TOUS ses membres le pasteur peut mettre le doigt sur le pouls spirituel des choses et deviendra en général vite conscient de la cause exacte des troubles et des difficultés.
Une réaction se produit sur l’âme d’un prédicateur lorsqu’il est fréquemment en contact avec d’autres âmes dans leur vie journalière et leurs luttes, il reste ainsi "humain." Ceci est nécessaire spécialement à l’homme qui a été appelé par Dieu à laisser ses occupations temporelles et consacrer tout son temps au travail du ministère. LE danger de devenir "professionnel" est immense si le pasteur ou le prédicateur vit dans une sphère tout à fait étrangère à ceux qu’il doit conduire; il peut devenir "Clergyman" ou perdre le sens pratique et en conséquence perdre tous points de contact avec eux. La prédication ne peut ainsi saisir des hommes et des femmes normaux à l’âme saine. Les visites régulières parmi toutes les classes remédient largement à cela par là Grâce de Dieu.
A ses débuts dans l’œuvre pastorale, l’auteur demanda conseil à un autre frère plus expérimenté. "Surveillez les visites" fut la réponse, c’est un Waterloo pour les pasteurs. Nous nous sommes aperçus que ces paroles étaient justes, car les visites peuvent causer au pasteur ses plus grandes victoires, mais aussi le conduire à ses pires défaites.
La chose qui doit particulièrement être évitée dans les visites pastorales est l’impression si petite soit-elle de favoritisme. Tous doivent être également visités excepté en cas de maladie ou de besoin spécial. Dieu ne fait acception de personne et le pasteur ne le doit pas non plus. Rien n’est si néfaste que la fréquentation des riches et des populaires. Les visites pastorales ne doivent jamais dégénérer en thés et bavardages avec quelques favoris. Pour cette raison, il vaut mieux une rigidité systématique et l’auteur a trouvé très pratique d’avoir un registre dans lequel sont inscrits toutes les visites avec une régularité d’horloge.
Nous ne conseillons pas de multiplier les visites dans un même après-midi (les après-midi sont ordinairement le moment le meilleur pour ce travail ou alors le commencement de la soirée pour les hommes).
Un peu, bien fait, est mieux qu’une grande quantité dans la précipitation. Il faut avoir le temps nécessaire pour arriver aux confidences possibles.
Des questions telles que la prière ensemble et la lecture de la Parole doivent être décidées avec tact suivant les circonstances. Elles doivent certainement accompagner chaque visite pastorale, lorsque cela est possible, et sont généralement très appréciées même chez ceux qui ne sont pas ouvertement chrétiens. Cependant, plus de mal que de bien serait fait en voulant forcer les choses maladroitement. C’est ici que le don sera utile: la courte lecture doit être bien choisie, la prière doit être d’un ton approprié à la maison. Crier de façon à ce que tous les voisins entendent ne fait qu’embarrasser les gens que vous visitez et n’apporte aucune bénédiction de plus. la conversation doit être conduite sur les besoins particuliers de chaque famille, mais avec délicatesse.
Le Saint Esprit guidera merveilleusement le cœur qui s’élève à lui avant de franchir le seuil et le pasteur peut compter sur le Seigneur tout le temps de la conversation.
Il faut craindre comme la peste tout bavardage, spécialement sur les autres membres de l’assemblée.
Les visites aux malades sont un domaine particulier, la joie est de première importance. Non pas la gaieté forcé du monde affectée pour enlever la crainte, mais la vraie joie parce que Christ, notre Sauveur tout puissant a eu la victoire et nous y avons part par la foi. La guérison est un sujet séparé que nous ne toucherons pas ici.
Nous nous permettons ici une réflexion: aucun pasteur de Pentecôte ne devrait s’abaisser à devenir un "docteur" à bon marché pour l’assemblée. Nous avons rencontré certaines assemblées importantes où le pasteur est demandé pour la plus petite douleur; il est continuellement occupé à courir ci et là et à prier pour les malades et il n’a pas le temps de s’occuper des besoins spirituels les plus profonds des âmes dont il est chargé, ni d’entretenir un roulement systématique de visites de tous ses membres.
Chaque véritable pasteur considérera les visites à ceux qui sont malades et affligés comme une des parties les plus bénies de son travail: "toutes les fois que vous aurez fait ces choses à l’un de ces plus petits" Alléluia.
Un travail de grande valeur peut être accompli dans chaque assemblée par les visites des membres eux-mêmes, non seulement entre eux "pour s’encourager à l’amour fraternel et aux bonnes œuvres" mais aussi dans les maisons de la contrée entière. Dans cette étude cependant, nous pensons au travail de visites du Pasteur qui doit d’abord s’intéresser au troupeau dont il est chargé. N’oublions pas que dans certains cas il est préférable pour le pasteur d’avoir des anciens avec lui, par exemple lorsque la discipline de l’Eglise doit être exercée. Il faut aussi éviter avec soin toute apparence de. mal et certains aspects de ce travail de visites doit être évidemment laissé aux sœurs de préférence, à moins que le pasteur ne puisse emmener sa femme.
Le feu du réveil et l’évangélisation de Pentecôte produisent toujours en leur temps des assemblées qui ont besoin, d’être établies et affermies. Les apôtres de l’Eglise primitive se préoccupaient beaucoup de cette œuvre importante {Ac 14.22; 15.41; 16.5 etc.} et si nous voulons édifier pour la Gloire de Dieu, nous devons faire de même. C’est ici que Pasteurs et docteurs jouent un rôle de première importance.
Nous nous apercevrons que des visites pastorales systématiques et adroites auront une place non des moindres parmi ces ministères qui maintiennent la plénitude du Saint-Esprit parmi les assemblées et évite cet émiettement qui suit souvent les campagnes de réveil pleines de promesses.