Mon père ne fut pas seulement connu dans toute la ville de Jérusalem par la noblesse de son extraction, il le fut encore davantage par sa vertu et par son amour pour la justice qui rendit son nom célèbre. Je fus élevé dès mon enfance dans l'étude des lettres avec un de mes frères, tant de père que de mère, (qui portait comme lui le nom de Matthias, et Dieu m'ayant donné beaucoup de mémoire et assez de jugement, j'y fis un si grand progrès, que n'ayant encore que quatorze ans, les sacrificateurs et les principaux de Jérusalem daignaient me faire l'honneur de me demander mes sentiments sur ce qui regardait l'intelligence de nos lois. Lorsque j'eus treize ans je désirai apprendre les diverses opinions des Pharisiens, des Sadducéens et des Esséniens, qui forment trois sectes parmi nous, afin que les connaissant toute je pusse m'attacher à celle qui me paraîtrait la meilleure. Ainsi je m'instruisis de toutes, et en fis l'épreuve avec beaucoup de travail et d'austérité. Mais cette expérience ne me satisfit pas encore, et sur ce que j'appris un nommé Bane vivait si austèrement dans le désert, qu'il n'avait pour vêtement les écorces des arbres, pour nourriture que ce que la terre produit d'elle-même, et que pour se conserver chaste il se baignait plusieurs fois le jour et la nuit dans de l'eau froide, je résolus de l'imiter. Après avoir passé trois années avec lui, je retournai à l'âge de dix-neuf ans à Jérusalem. Je commençai alors à m'engager dans les exercices de la vie civile, et embrassai la secte des Pharisiens, qui approche plus qu'aucune autre de celle des Stoïques entre les Grecs.