Le Chemin du Service

Première partie

Pêcheur d’hommes

Chapitre 1

Vocation et vision

« Comme il passait le long de la mer de Galilée, Il vit Simon et André, frère de Simon, qui jetaient un filet dans la mer ; car ils étaient pêcheurs. Jésus leur dit : Suivez-Moi et Je vous ferai pêcheurs d’hommes. Aussitôt, ils laissèrent leurs filets et Le suivirent » (Marc 1.16-18).

« Ceux qui étaient descendus sur la mer dans des navires, et qui travaillaient sur les grandes eaux, ceux-là virent les œuvres de l’Eternel et Ses merveilles au milieu de l’abîme » (Psaume 107.23, 24).

Dans ces textes, le monde est comparé à un océan, les hommes à des poissons, les serviteurs de Dieu à des pêcheurs. Que notre Dieu l’imprime dans nos esprits, que Jésus-Christ ce merveilleux Maître Pêcheur nous enseigne les lois de la pêche ! Qu’Il corrige nos défauts et nos lacunes, et que notre pêche — à la ligne ou au filet, travail d’un à un ou prédication de la Parole en public — soit miraculeuse !

Sachez tout d’abord que notre Chef, le Maître Pêcheur, cherche des apprentis pêcheurs. Il s’agit d’une vocation, mais d’une vocation de grâce. Il ne faut jamais envisager le travail pour Dieu comme un passe-temps, un métier comme un autre, ainsi que tant de gens le font. Etre pêcheur d’hommes n’est pas un service d’amateur ; ce n’est pas non plus une obligation légale. Ne vous imaginez pas que servir Dieu signifie Lui offrir quelque chose : vos efforts, votre bon vouloir ; c’est Lui, la divine Trinité qui fait à l’homme cette offre de grâce, et cela depuis des siècles : « Qui enverrai-Je et qui marchera pour Nous ? » (Esaïe 6.8)

Ecoutez la voix du Maître Pêcheur : « Je cherche parmi eux un homme qui élève un mur, qui se tienne à la brèche devant Moi en faveur du pays, afin que Je ne le détruise pas ; mais Je n’en trouve point » (Ezéchiel 22.30), « Je cherche un homme … » Il cherche quelqu’un maintenant, et dit : « Suivez-Moi et Je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Et quand nous aurons atteint l’autre plage, que nous serons entrés dans le port, le filet rempli, nous comprendrons mieux ces paroles : « Ce n’est pas vous qui M’avez choisi ; mais Moi, Je vous ai choisis, et Je vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » (Jean 15.16).

Remarquez ensuite cet admirable détail : « Jésus vit Simon. » Quel monde de pensées dans ces mots inspirés ! « Il vit Simon », pas Pierre, mais Simon ! Simon ! ce nom qui parle de tant d’infirmités ; Jésus le connaissait bien, Il savait de quoi il était fait ! Il Se souvenait qu’il n’était que poussière (Psaume 103.14). Il savait quel matériel Il avait en mains ! Mais Son œil de Maître Pêcheur voyait en lui la possibilité d’en faire un pêcheur de la Pentecôte, et c’est pour ce but que Sa main le saisit.

Quel encouragement ! Il y a donc espoir pour nous qui n’oserions même pas nous comparer à Simon. Il nous appelle, Il nous regarde, pas à cause de ce que nous sommes, mais à cause de ce que Sa grâce infinie peut tirer de nous. Laissons-nous donc gagner par ce regard du Pêcheur, car dans Son regard, il y a vocation ! Que ce regard nous délivre de nous-mêmes, nous arrache à nos filets et nous rende libres pour Dieu !

Dès que ce regard aura fait son œuvre de vocation et d’affranchissement en nous, il faut qu’il se communique à nous. Ceci est essentiel : Ses pensées ne sont pas nos pensées, Ses voies ne sont pas nos voies. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant Ses pensées sont élevées au-dessus de nos pensées (Esaïe 55.8). L’œuvre de Dieu ne se fait qu’avec Ses moyens, Ses dons et selon Ses pensées. Nos pensées propres, nos dons naturels sont automatiquement exclus de ce domaine, comme toute lumière naturelle le fut du tabernacle, où seule la lumière du chandelier d’or brillait. Il nous faut désormais considérer le monde à cette lumière ; il faut que notre cœur et nos yeux reçoivent du cœur et des yeux du Maître Pêcheur une vision toute nouvelle du monde perdu, une vision d’océan, où le regard se perd dans l’infini des besoins humains.

Les gens religieux nous blâment d’aller trop loin ; mais peut-on aller trop loin dans ce domaine ? Je ne crains qu’une chose, c’est que nous n’allions pas assez loin ! L’Eglise est comme une troupe d’enfants qui jouent autour d’étangs d’agrément pleins de poissons rouges. Ces poissons, que de fois on les pêche et on les repêche ! La plupart du temps on se consacre à voler les poissons de l’étang voisin, avec ce maudit esprit de prosélytisme qui se sert si souvent de Dieu et de Sa Parole comme d’un prétexte pour arriver à ses fins. Honte à nous ! Laissons cela, assez de ce triste métier ! Quittons nos paisibles étangs d’agrément, ces étangs verdis par la stagnation spirituelle, et tournons-nous vers le monde angoissé. Avançons en pleine eau ! Pêcheurs d’hommes, demandons à Dieu la vision d’océan.

Sans cette vision, le pêcheur n’est bon à rien. « Vous serez Mes témoins … jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1.8). Et prions pour le peuple de Dieu. Que l’huile précieuse de nos prières descende jusque sur le bord des vêtements de notre Souverain Sacrificateur, Chef du corps de l’Eglise (Psaume 133.1, 2), sans que nous nous laissions arrêter par aucune barrière ou limite ecclésiastique. La vie, la vérité divines, et elles seules, sont la base et la condition de communion pour « toute la famille qui est dans les cieux et sur la terre » (Ephésiens 3.15).

Un mot d’avertissement : La puissance de cette vision d’océan vous entraînera très loin peut-être, jusqu’aux extrémités de la terre. Que Dieu le veuille ! « Va promptement dans les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux … Va dans les chemins et le long des haies … » chercher ces « requins » de haute mer, les « Grecs » (Jean 12.20), les ignorants, les désabusés, les dégoûtés, les péagers et les gens de mauvaise vie. Laissez les églises dans leurs étangs d’agrément et occupez-vous des gens entièrement irréligieux, ces poissons des grands fonds ! Ceux qui se consacrent à ce travail sont délivrés de l’esprit de prosélytisme. L’apôtre Paul disait : « Je me suis fait un honneur d’annoncer l’Evangile là où Christ n’avait point été nommé, afin de ne pas bâtir sur le fondement d’autrui » (Romains 15.20).

Combien de congrégations, d’églises, d’assemblées se composent presque exclusivement de trois classes de membres : Ceux qui sont membres « depuis toujours », les enfants de ces membres fondateurs, et ceux qui ont été volés, ou si vous aimez mieux, attirés d’un autre milieu. Qui peut nier ce fait ? Une véritable œuvre de Dieu commence en petit et se développe ensuite selon le passage suivant : « La terre produit d’elle-même d’abord l’herbe, puis l’épi, puis le grain tout formé dans l’épi ; et dès que le fruit est mûr … la moisson est là » (Marc 4.28). Toute œuvre de l’Esprit de Dieu parmi les hommes doit suivre cette loi de croissance. Aucune œuvre vraiment bénie de Dieu ne peut rester stationnaire. Oh ! qu’Il nous donne des yeux pour Le suivre dans cette croissance continue. Qu’Il nous fasse la grâce de ne jamais rester en arrière, d’être souples dans Sa main ! Lecteurs, réclamez à tout prix la vision d’océan ; l’océan est plein, bondé de poissons. Venez-y pour noyer cette coupable phrase : « Il n’y a plus de conversions. »

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