Pentecôtisme ou Christianisme ?

Chapitre II

Les causes et les raisons de la menace actuelle du Pentecôtisme dans la Chrétienté

Et maintenant, cherchons les causes et les raisons pour lesquelles ce sont les enfants de Dieu qui sont menacés. Voyons pourquoi l’erreur souffle comme le vent, selon Éphésiens 4.14, un vent parfois doux, parfois impétueux, qui triomphe aisément de tout ce qui devrait lui opposer résistance. Nous citons ici quatre raisons qui permettent le succès et la propagation de l’enseignement spécial « Pentecôtiste » et des effets spirituels qui en résultent.


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Premièrement, mentionnons la raison connue et déplorée par un si grand nombre de croyants : le manque de discernement spirituel des chrétiens.

Comme nous le disions plus haut, la cause en est l’état d’enfance spirituelle des chrétiens dont l’Esprit de Dieu nous avertit dans Éphésiens 4.14 et Hébreux 5.12-14. Car le zèle, l’activité, l’intellectualisme les plus bibliques, ne sont pas nécessairement synonymes de maturité spirituelle ; ils en sont parfois même la contradiction !

Il s’agit de cette absence de la faculté spirituelle de pouvoir « discerner les esprits » qui va de pair avec la présence d’une foule de fausses conceptions humaines et de fausses interprétations bibliques. Ce qui frappe les yeux, ce qui satisfait les sens, ce qui est « extraordinaire » est à l’ordre du jour chez beaucoup d’entre ceux qui ont perdu, ou bien qui n’ont jamais connu le repos en Christ, en Qui le croyant possède « toute choses pleinement ». Ce qui est « brillant », « éloquent », « oratoire » suffit pour que l’on ne soit plus sur ses gardes et que l’on accepte comme étant « de Dieu » ou comme la preuve de la « puissance spirituelle », ces choses qui frappent les sens. Des multitudes sont ainsi gagnées, bercées et souvent attachées à des esprits étrangers. Tel est l’un des côtés de la situation ; et de l’autre, que voyons-nous ? des manifestations, des phénomènes d’ordre spirituel qui nourrissent un certain goût malsain d’émotions fortes. Ces émotions et ces phénomènes spirituels ouvrent la porte aux choses les plus tristes et quelquefois les plus dangereuses. Nous touchons ici à un fait excessivement grave : l’on attribue souvent à Dieu et à Son Esprit ce qui est tout simplement ou bien l’effet de l’imagination toute pure, ou bien des manifestations dont la source est de nature satanique. L’on court après « les » où « la bénédiction » ; l’on n’est jamais satisfait, et sans le réaliser, on passe d’une étape à l’autre en se leurrant d’expériences malsaines et étrangères à l’Esprit de Dieu, bien qu’on des Lui attribue. C’est ainsi que l’on se place sous la domination d’hommes qui sont eux-méme victimes d’un esprit d’égarement.


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Deuxièmement. Une autre considération à laquelle peu s’arrêtent est que depuis que les remous de l’occultisme déferlent sur le monde, avant, pendant et spécialement depuis la guerre, les esprits étrangers sont beaucoup plus actifs et puissants partout, assiégeant l’Église là où ils n’ont encore pu pénétrer et cela sous des formes subtiles et séduisantes. Nul ne peut nier ce fait que l’occultisme devient rapidement un fléau général, qu’il est employé par des multitudes qui n’ont aucune connaissance des dangers qu’elles courent, ni du fait que la Bible l’interdit. Par conséquent, nul ne peut nier que ce fait est non seulement un garde-à-vous pour les chrétiens, mais une preuve évidente que Satan ne restreint pas seulement son activité au monde, mais qu’il cherche d’autant plus à séduire-les élus eux-mêmes, et surtout l’élément spirituel de l’Église.

C’est en effet ce dont l’apôtre avertit les membres du Corps de Christ dans l’Épître aux Éphésiens, où il leur rappelle qu’ils n’ont pas à lutter contre « la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes ». C’est pourquoi, continue l’apôtre « prenez toutes les armes de Dieu afin de pouvoir résister dans le mauvais jour ». C’est donc en vue de cette lutte que le Seigneur les a pourvus de l’armure nécessaire (Éphésiens 6.12, etc).

Mais ces choses passent inaperçues ; et dans certains cercles chrétiens on nie même qu’il soit possible qu’un enfant de Dieu soit séduit — illusion qui prouve précisément la séduction, ne serait-ce que par son propre orgueil.

Dire que l’on ne peut pas être séduit parce qu’on est enfant de Dieu, est non seulement enfantin, mais prouve que l’on ignore ce que dit la Parole à ce sujet et qu’on ne se connaît pas soi-même. Il suffit de lire à ce sujet ce que 1 Jean 1.10 dit à l’égard du péché. Mais, hélas ! nous avons entendu bien des affirmations de ce genre émanant de chrétiens qui étaient déjà séduits par leur orgueil et qui ont prouvé ensuite leur séduction par des actes et des paroles montrant l’absence de l’Esprit de Christ dont ils se réclamaient… et cette absence laisse champ libre à quel esprit, sinon à cet « autre esprit », cet esprit séducteur dont le Seigneur avertit Ses propres enfants à maintes reprises dans le Nouveau Testament, esprit qui sait si bien se déguiser de la façon la mieux adaptée à chaque cas (2 Corinthiens 11.4).

Par conséquent ce manque de discernement parmi les chrétiens laisse la porte ouverte aux esprits étrangers, Sous couvert de formes, de pratiques et de manifestations spirituelles. Ainsi leurs progrès et leurs succès sont rendus faciles, voire certains.


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Troisièmement. — Le troisième fait qui prépare le terrain et facilite l’emprise de ces manifestations du « Pentecôtisme » est l’ignorance biblique de la majorité des chrétiens.

En général l’Église est coupable soit de critiquer la Bible, soit de s’y attacher seulement intellectuellement. On n’approfondit pas les Écritures. Souvent on les tord (2 Pierre 3.16), ou ne les « dispense pas comme il faut » (2 Timothée 2.15).

Comme illustration, voyez ce qui se passe là où règne l’ignorance de la Parole : il suffit que l’on vienne avec des manifestations prétendant s’appuyer sur les Écritures et appartenir aux temps apostoliques pour que, naturellement, on croie qu’il en est ainsi, que de telles choses sont selon le plan divin, et qu’on s’y livre, Du reste, il existe une loi, un principe qui est propre à toute erreur où hérésie : ce n’est pas le savoir, la science et les connaissances des « erreuristes » et des théologiens hérétiques qui sont la cause de leurs succès superficiels, mais l’ignorance dans laquelle ont été tenues leurs victimes, et le fait qu’elles sont désarmées d’avance et par cela même disposées à être entraînées dans les chemins d’erreur et les « persuasions qui ne viennent pas de Dieu ».

Il y a là un fait pathétique et tragique propre à nous faire réfléchir et à amener tout serviteur de Dieu à s’humilier ; « là où il n’y a pas de révélation, le peuple périt », nous dit l’Écriture. Toutes les erreurs et les séductions présentes sont là comme autant de châtiments sur l’Église, à cause de son non emploi ou de son mauvais emploi de la vérité divine. Il en est de même du faux emploi de versets bibliques cités hors de leur contexte (ce dont nous parlerons plus loin). L’ignorance biblique contemporaine laisse passer inaperçue la falsification de la Parole divine, et l’erreur peut ainsi s’établir dans l’esprit humain, et cela au nom de la vérité. Quand on en arrive à ce point, ce dont ’apôtre Paul parle dans Galates 5.7 se réalise : « Cette persuasion ne vient pas de Celui qui vous appelle ». Cette puissance de « persuasion » s’empare à tel point des personnes qui en sont dominées que facilement, à leur tour, elles persuadent ceux qui vivent dans la condition ci-dessus décrite.


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En quatrième lieu, pour expliquer la facilité de l’emprise de l’esprit d’erreur sur les âmes, nous citons ce qui en est la cause là plus pathétique peut-être, mais qui rend si facile la propagation de ces erreurs et l’action des esprits séducteurs : nous parlons de la soif et du mécontentement spirituels qui règnent dans une foule de vies de chrétiens, soif étouffée, mécontentement caché peut-être, mais néanmoins réels et souvent justifiés.

D’un côté, les âmes ne peuvent être nourries par « les pierres » de la philosophie théologique contemporaine, ni vivifiées et satisfaites par la froide orthodoxie intellectuelle du formalisme même le plus biblique. Ni la théologie moderne, qui a usurpé la place de la révélation divine, ni la mort et la langueur des formes les plus scripturaires de la piété, mais qui en renient pratiquement la puissance, ne peuvent vivifier, inspirer et transformer le cœur du croyant ; au contraire elles tiennent les âmes des croyants dans un état d’enfance spirituelle, sous une domination mentale de phrases bibliques tordues ou mal employées.

Il en résulte que la situation actuelle est telle qu’un grand nombre d’âmes chrétiennes, prises, ankylosées, captives dans l’un de ces deux extrêmes, mécontentes et soupirant après autre chose, après la vie et la puissance divines, sont toutes prêtes à recevoir les contrefaçons de bénédictions divines dont elles ont été privées. Elles sont donc vulnérables et en danger de recevoir tout ce qui vient en usurpant « le Nom du Seigneur » avec toutes sortes de démonstrations et de signes à l’appui.

Tandis que la Parole dit : « Allons en avant avec hardiesse au Trône de la Grâce » et ce que cela représente, le « Mouvement de Pentecôte » vient en disant : « Revenons à Pentecôte, en voici les dons et les preuves ». Ce que l’on appelle « le parler en langues », « les dons de prophétie », de « guérison » etc., etc., est un palliatif trop attirant pour beaucoup de chrétiens qui ignorant les Écritures, sont privés de tout discernement, mais ont véritablement soif de quelque chose de plus digne de la vie chrétienne que ce que leur offrent leur église, leur milieu et leur expérience. Qui peut nier ces faits ? et la faute n’en est-elle pas à nous, conducteurs spirituels ? « Pourquoi », en effet « ce bêlement de brebis » ? Faute de nourriture divine, faute de vie et d’action spirituelles véritables, elles se laissent prendre quand « la voix de l’étranger » se fait entendre. Sont-elles à blâmer ? Pour notre part, nous refusons de les blâmer ; tout au contraire, c’est pour elles que nous écrivons.

Non seulement cette soif existe dans de nombreux cœurs, mais hélas, dans combien de cas les conducteurs spirituels eux-mêmes, ou bien l’ignorent, ou bien tâchent de l’étouffer en tranquillisant les fidèles soit avec telle fausse philosophie, soit avec les formes de piété qui endorment les âmes et les consciences sur le point de se réveiller. A nous, conducteurs spirituels qui nous réclamons d’une foi biblique, à nous les premiers de nous humilier devant Dieu de ce que nous abandonnons les brebis à elles-mêmes, ou de ce que nous les mettons sous telle persuasion intellectuelle, toute biblique peut-être, qui non seulement ne remplace pas la vie spirituelle, mais qui la flétrit et la tue, accomplissant elle-même en « ces derniers temps » la prophétie biblique que les hommes auraient une forme de piété, sans savoir même qu’ils sont aveugles, misérables, nus et malheureux (lire 2 Timothée 3.5 avec Apocalypse 3.13-19).

Reconnaissons cette soif, et répondons-y par une nourriture spirituelle qui entraîne les âmes dans l'action et dans la véritable communion divine. Alors la recherche de « bénédictions » extraordinaires qui se manifeste en pleine Église, avec « les signes et les miracles » dont nous parlerons plus loin, aura moins de triomphes faciles et fera moins de tristes conquêtes parmi les enfants de Dieu.

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