Non au yoga

Préface

La première édition de ce livre paru en novembre 1969 n’a pas valu à son auteur l’approbation de tous ses lecteurs.

Nul étonnement à cela ! Toute prise de position fidèle à l’Evangile est souvent confondue aujourd’hui avec de l’étroitesse de vue, quand ce n’est pas du sectarisme obstiné.

Cependant, « Non au yoga » à indisposé ses lecteurs pour d’autres raisons encore.

La faillite d’un christianisme traditionnel et attiédi ne va pas sans laisser, chez beaucoup de gens, une inquiétude, voire une angoisse à laquelle il faut à tout prix trouver remède. Ajoutez à cela les menaces de guerre, les prévisions pessimistes des stratèges de la politique, de l’économie, de l’écologie, de la sociologie. Comment garder espoir, trouver calme et tranquillité dans un tel environnement ?

Une certaine information répond à cette question, et vient jusqu’à domicile pour nous instruire. Par le livre, la presse, la radio, la télévision, elle communique : « Yoga – santé totale. En fait, le yoga commence là où la médecine s’arrête… Si vous êtes – nerveux – surmené – fatigué – si vous dormez mal – si vous… etc., 15 minutes de yoga chez vous suffisent à vous transformer… Après 26 mois de détention en Chine, Antony Grey raconte : le yoga m’a sauvé. »

Qui ne serait alléché ?

On sait l’attrait de la nouveauté. Conditionné par une information unanimement favorable, le « bon peuple » confiant et peu questionneur ne demande qu’à croire et à « essayer » et s’irrite d’être mis en garde.

On pourrait s’en consoler avec la formule : « Bah ! C’est une mode, un engouement passager ». De fait, cela se passe souvent de cette manière. Les adeptes suivent les premiers cours, mais aux suivants, leurs rangs s’éclaircissent.

Cependant, depuis la parution de « Non au Yoga », un événement est survenu que nous ne pouvons passer sous silence !

Que les gens ignorants de la révélation biblique aient désapprouvé ce livre, cela se comprend. A lui seul, son titre nous a valu des invectives de la part de chrétiens qui, adeptes du yoga, ne s’étaient même pas donné la peine de prendre connaissance des raisons de notre refus.

Ce qui est surprenant par contre, c’est que le yoga ait trouvé, en Suisse romande, un regain d’intérêt sur le plan religieux. Ce crédit nouveau lui a été apporté lors d’une « table ronde » télévisée à laquelle participait un professeur en théologie. Dans ce débat public, ce professeur a fait une déclaration lourde de conséquences.

Selon lui, « le yoga » n’est pas une pratique condamnée par l’Evangile du Christ (je l’avais affirmé lors de cette même table ronde), « il favorise au contraire la recherche et la pratique spirituelle selon les exigences mêmes de cet Evangile ».

Qu’en conclure, sinon que l’un de nous deux se trompe dans son interprétation de la vérité chrétienne.

L’erreur est humaine. Les latins l’ont dit avant nous. Mais après eux, quelqu’un ajouta : « perseverare tantum diabolicum ».

Il serait tout de même important de discerner qui, en l’occurrence, fait le jeu de l’Ennemi. Car si le yoga est à ranger au nombre des exigences compatibles avec l’Evangile, il devient absurde, sinon scandaleux de réprimander ses adeptes.

Mais si, pour reprendre l’expression connue de Paul aux Corinthiens, mes contradicteurs usent de raisonnements « qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu », c’est d’une extrême gravité, et pour eux, et pour ceux qu’ils égarent.

C’est pourquoi une postface a été ajoutée à cette seconde édition. Elle expose les arguments dits favorables au yoga et tenus pour « conformes aux exigences de l’Evangile », et notre réfutation de ces arguments ; elle apporte aussi notre réponse aux remarques suscitées par « Non au Yoga » dans les « Cahiers du Val », sous la plume de M. l’abbé Jean Déchanet, auteur du « Yoga chrétien en dix leçons ».

Nous gardons une entière déférence à nos contradicteurs, celle-là même dont ils ont usé envers nous dans leurs propos ou leurs écrits. En aucun moment nous n’oublions les recommandations de Paul à Timothée : « Repousse les discussions folles et inutiles, sachant qu’elles font naître des querelles ».

Il ne s’agit pas ici de « questions oiseuses et de disputes de mots. d’où naîtraient de mauvais soupçons et de vaines discussions ».

Il s’agit de veiller sur le contenu de notre enseignement selon l’avertissement apostolique : « Si quelqu’un enseigne différemment, s’il répand des hérésies ou introduit des innovations, il s’écarte par là des saines paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et de la doctrine qui conduit à la vraie piété… », il risque « d’avoir cru en vain ».

M. R.

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