La Kénose de Jésus-Christ

Introduction

Messieurs,

La question que je vais essayer de traiter aujourd’hui devant vous est aussi grave que difficile : elle touche à l’un des plus grands problèmes de la théologie et aux intérêts les plus sacrés de la religion. C’est de la personne même du fondateur du Christianisme, de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, qu’il s’agit ici ; en réalité, dans cette étude théologique, nous aurons à répondre à la question que dans un jour de crise religieuse le Christ posa à ses disciples : « Qui dites-vous que je suis ? »

Aussi je dois vous avouer en commençant que, plus d’une fois dans le cours de mon travail, j’ai été arrêté par le sentiment de mon insuffisance et que j’ai eu quelque regret d’avoir accepté cette tâche que la Conférence pastorale de Paris m’avait imposée1 la première et dont j’ai dû m’acquitter au milieu des occupations de mon ministère pastoral et dans une année comme celle de l’Exposition universelle où à Paris, l’esprit était si vivement sollicité par d’autres spectacles et d’autres pensées. Toutefois je me hâte d’ajouter qu’il y a eu de sérieuses compensations aux difficultés de cette étude : j’ai trouvé un vrai réconfort moral dans cette méditation obligée des écrits du Nouveau Testament et dans cette contemplation prolongée de la personne vivante de notre bien-aimé Sauveur auquel ils rendent témoignage. Ai-je besoin d’ajouter que c’est pour moi aussi une grande douceur de revoir en ce moment, grâce à ce modeste travail, cette Faculté de Montauban que j’ai tant aimée, dont j’ai toujours suivi, avec le plus vif intérêt, de loin comme de près, les progrès croissants et où je retrouve à chaque pas mille souvenirs de ma jeunesse, depuis si longtemps évanouie…

1 Cette étude a été présentée à l’Assemblée des Conférences pastorales générales de Paris le jeudi 20 juin 1889, et a elle été aussi lue le mardi 6 et le mercredi 7 mai 1890, à Montauban, à MM. les Étudiants de la Faculté de théologie. C’est sous cette dernière forme qu’elle a été insérée dans la Revue théologique.

Je diviserai mon travail en trois parties très inégales.

Dans la première, j’essaierai de préciser l’état de la question christologique au moment où nous sommes ; dans la seconde, je passerai en revue les notions que nous fournit sur ce sujet le Nouveau Testament ; la troisième enfin sera consacrée à vous donner, sous forme d’aphorismes, mes conclusions théologiques.

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