Dieu n’a pas fait l’homme pour vivoter. Il le créa à l’origine à son image, doué d’une capacité infinie d’aimer et de créer ; il lui communiqua une soif de beauté et de connaissance qui devait l’amener à chaque instant plus loin dans la découverte de son Créateur.
Dès qu’un être humain cesse d’aspirer à un idéal qui soit au-dessus de lui-même, il commence à dégénérer et finit par sombrer dans l’indifférence ou le désespoir. L’homme a besoin de vivre « dangereusement », d’être confronté à un défi, aussi impossible soit-il, qui le pousse vers l’éternité.
L’homme ne trouve le sens de son existence qu’en se tournant vers la source d’où il tire son origine : c’est en Dieu qu’il découvre sa raison d’être, le mobile de sa vie et le secret de son repos. Dès que l’Esprit de Dieu entre en lui et le régénère, l’existence de l’homme prend une nouvelle dimension : il connaît une vie réelle ou, autrement dit, éternelle. Cet homme, au contraire de celui que la Bible appelle « naturel », est l’homme normal. Il a retrouvé son équilibre. Il sait où il va... et pourquoi.
L’Esprit recrée alors en lui l’image du Créateur qui est tout amour et lumière, image que le principe du mal a si tristement abîmée. L’homme redécouvre ainsi le sens de la vie, il est transformé par le miracle de l’amour. Il sait que l’Esprit de Dieu le réclame avec la jalousie d’un amour absolu qui le façonne, le travaille, le perfectionne, et qui ne peut être satisfait tant que cette vie n’est pas une expression tangible de l’image divine. L’Esprit exige de lui l’abandon d’une foi entière, il cherche à reproduire en lui la pureté, la sagesse et la puissance que Dieu appelle son logos : conception dont nous voyons l’apogée dans la personne de l’humble prophète de Nazareth, Jésus.
Le poème que les hommes appellent l’Évangile n’est autre chose que le portrait d’un homme authentique, du vrai homme, de celui qui incarne le logos, la pensée éternelle de Dieu. En lisant le récit de sa vie, nous rencontrons Dieu ; notre cœur reconnaît en lui l’idéal qui nous avait toujours échappé. En découvrant Christ, nous redécouvrons l’homme tel que Dieu le conçoit ; nous y percevons la pensée du Créateur révélée en termes compréhensibles, propres à notre existence. Nous reconnaissons en lui le vrai sens de l’humanité, l’apothéose de la vie. Être comme Jésus, voilà la raison de notre création, le but de notre régénération. Le Saint-Esprit désire ardemment développer cette image de Christ en toi, mon frère ; il œuvre inlassablement pour que tu ressembles à Jésus-Christ.
C’est cela, la plénitude de l’Esprit !
Je ne sais pas si j’abuse de ta confiance...
Il se peut que tu aies lu mes deux ouvrages antérieurs : je l’espère, au moins, car celui-ci n’en est que la suite logique. Dans ce cas, nous avons fait un bon bout de chemin ensemble et tu dois enfin me connaître assez bien. Je pense même que tu as fait cette expérience suprême que Jésus appelle la nouvelle naissance... Sinon, dépêche-toi de la faire !
Vois-tu, je voudrais te considérer comme un ami véritable. Pour moi, tu es un jeune frère avec qui j’ai partagé le pain du ciel et auquel j’ai dévoilé mon âme. Nous, qui avons connu la face du Christ crucifié et qui sommes appelés à passer l’éternité ensemble devant Dieu, nous avons besoin de nous épauler l’un l’autre face aux grondements d’une situation mondiale toujours plus menaçante. Qui sait ? Nous aurons peut-être un jour à souffrir ensemble à cause du nom de Jésus...
J’espère donc que tu ne seras pas fâché si je persiste à te tutoyer. C’est mon cœur qui parle. Les merveilles de l’Esprit, les mystères que Dieu a daigné me révéler, je ne veux pas les garder pour moi : je te les donne.
Dieu met devant toi un chemin rude, difficile, merveilleux, celui qui mène à la réalité. Ton ennemi te propose un autre chemin, bien plus facile, qui mène à l’illusion. Jésus est cependant catégorique : « Étroite est la porte, dit-il, resserré est le chemin qui mènent à la vie et il y en a peu qui les trouvent. » (Matthieu 7.13-14).
Parce que la foule t’invite à suivre une voie qui est à la mode ; parce que, apparemment, la plupart des chrétiens parlent d’une certaine manière ou font certaines expériences, tu n’es pas pour autant justifié en te laissant entraîner par leurs arguments.
Au contraire, la foi véritable se trouve presque toujours minoritaire, incomprise et souvent persécutée. Les prophètes de l’Ancien Testament étaient en général des hommes solitaires, rejetés par la majorité. Les apôtres même n’étaient qu’une poignée infime face à la foule et aux autorités de l’époque ; en outre, ils soutenaient un combat perpétuel contre des forces destructrices qui envahissaient les églises qu’ils avaient fondées au prix de tant de souffrances. Des faux frères, des faux docteurs, des faux prophètes s’infiltraient partout sans scrupule et sans pitié, entraînant de nombreux croyants après eux.
Le Seigneur Jésus nous avertit que dans les derniers jours il y aura beaucoup de faux prophètes et qu’ils séduiront beaucoup de gens (Matthieu 24.11). Paul dit que quelques-uns abandonneront la foi pour s’attacher à des esprits séducteurs (1 Timothée 4.1). Pierre nous avertit contre les faux docteurs qui méprisent les autorités et qui amorcent les âmes mal affermies, leur promettant la liberté quand ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption (2 Pierre 2.1, 10, 14, 19).
Ton seul espoir, ta seule ressource se trouvent en Christ lui-même. Plus tu le connais, plus tu verras clair autour de toi. Plus la lumière de sa face inonde ton sentier, moins tu risques de t’égarer. Mais la connaissance de Christ provient uniquement de la Bible. Tout ce que les hommes ont dit de vrai à son égard dérive de ce document originel. Et l’Esprit de Dieu refuse de s’en passer. Il agit en conséquence de ce qu’il a écrit, son action est toujours fondée sur la Parole révélée et en conformité avec elle.
Sois averti : les puissances des ténèbres sont extrêmement astucieuses, persistantes, malicieuses. Satan est le père du mensonge et ses ministres se déguisent comme lui en anges de lumière et en apôtres de Christ (2 Corinthiens 11.13-15). Paul nous met en garde contre un « autre » évangile et un « autre » esprit et même un « autre » Jésus que le diable essaie d’introduire dans l’église (2 Corinthiens 11.3-4, Galates 6.1-9). C’est pourquoi Dieu nous ordonne « d’éprouver les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu ; car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde » (1 Jean 4.1). Désobéir à cet ordre divin, c’est ouvrir la porte à l’ennemi.
Que tes yeux soient ouverts et que tes oreilles écoutent la Parole de vérité, car c’est elle qui nous révèle le vrai Jésus. « Heureux celui qui lit... » dit le Seigneur Dieu (Apocalypse 1.3). « Heureux l’homme... qui la médite (la loi de Dieu) jour et nuit ! » (Psaumes 1.1-2).
Le livre que je t’offre n’est qu’une introduction : mon but, c’est de t’amener à lire le livre par excellence, la Bible, jour et nuit, tous les jours de ta vie, d’un bout à l’autre. Son Esprit te révélera ainsi les dimensions de sa sagesse, il t’ouvrira les horizons infinis de sa volonté, il te remplira de la pensée et de l’amour de Dieu. La connaissance de la Parole de Dieu demeure le seul espoir de notre génération, car c’est par son moyen que le Saint-Esprit convainc et enseigne l’homme, c’est par elle qu’il lui révèle le Christ.
Cet ouvrage est écrit pour celui qui désire aller très loin avec Dieu. Il est à la fois un manuel pratique et une étude approfondie sur le thème de la plénitude du Saint-Esprit, analysée selon ses sept aspects principaux.
Ce livre est également le troisième d’une trilogie par laquelle je demande à Dieu de te révéler l’immense potentiel de la vie en Christ.
Mon rêve, c’est que tu découvres les horizons lointains, les beautés insoupçonnées de ce pays fantastique. Avec la « carte » de la Parole de Dieu et guidés par son Esprit lui-même, allons donc explorer ces trésors. Que Dieu nous révèle le véritable sens de la plénitude de son Esprit !
C’est pour cette vie-là que Dieu nous a faits. C’est une fenêtre ouverte sur le ciel. C’est le chemin où l’homme trouve son destin.
Dieu désire pénétrer tous les domaines de ta vie, il cherche à penser par ton cerveau, agir par tes mains, aimer avec ton cœur. Une vie humaine remplie de Dieu ne pourra qu’exploser d’amour et de lumière : c’est la seule vie qui puisse te satisfaire.
C’est cela, la plénitude de l’Esprit !
Je dois à mes lecteurs une explication de la méthode que j’ai employée pour citer l’Écriture dans ce livre. De façon générale, je me sers de la version Segond : elle est, je pense, la plus connue dans le monde francophone, tout en étant une très bonne traduction. Pourtant, lorsqu’il s’agit de l’analyse d’un texte, je me réfère chaque fois au grec original du Nouveau Testament et, quand il le faut, à l’hébreu de l’Ancien Testament. Lorsque j’utilise des expressions tirées d’autres versions que la Segond, parce qu’elles me semblent plus exactes, je signale normalement ce fait. Dans certains cas, je traduis directement de la langue originale afin de faire valoir le sens précis du passage en question ; mais là aussi je m’efforce de le signaler.
Quand il s’agit de passages controversés ou particulièrement complexes, je donne généralement une traduction aussi littérale et exacte que possible dans le but d’élucider les points ambigus ou obscurs. Lorsque j’intercale dans le texte des expressions, ou même des interprétations destinées à rendre le sens plus évident, le lecteur en est chaque fois averti : je ne pense pas qu’il puisse se tromper, car je ne remplace jamais le texte biblique par mes propres paroles. Nulle part je n’offre de paraphrase en guise de traduction. La seule exception, c’est lorsque je cite telle quelle, par exemple, une paraphrase d’un auteur connu. Mon but consiste à être le plus fidèle possible au texte de l’Écriture.
Afin de clarifier certains passages difficiles ou controversés, j’ai jugé bon de citer le grec textuellement. Je reconnais que pour la plupart de mes lecteurs cette pratique serait ennuyeuse si je ne simplifiais pas un peu. Pour cette raison, je cite en général les termes grecs auxquels je fais allusion, dans leur forme la plus facile à repérer : c’est-à-dire, les noms sont donnés au nominatif singulier, les verbes à la première personne du singulier de l’indicatif présent. J’espère que ceux qui connaissent le grec voudront bien patienter devant cette simplification, mais les flexions du grec pourraient décourager les autres lecteurs.
Celui qui désire approfondir sa lecture ferait bien d’avoir à portée de main un Nouveau Testament ou, mieux encore, une Bible, afin de suivre les lectures bibliques indiquées par les références entre parenthèse.
« Je fléchis les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, duquel tire son nom toute famille dans les cieux et sur la terre, afin qu’il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi ; afin qu’étant enracinés et fondés dans l’amour, vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu. (Éphésiens 3.14-19)
Le cœur de l’homme naturel est un vide que rien ne peut combler si ce n’est la présence de l’Esprit de Dieu. C’est un mal douloureux qu’il cherche à calmer par toutes sortes de panacées. Les plaisirs que lui offre le monde tarissent dès qu’il les a goûtés ; le travail, les obligations familiales, la philosophie, la religion même servent à étouffer momentanément son angoisse intérieure ; mais ce ne sont que des analgésiques qui le laissent en fin de compte seul face à l’éternité, le cœur profondément inquiet, triste... et vide.
Seule la régénération peut guérir le cœur de son mal ; mais, avant que ce miracle ne soit possible, il est nécessaire que Dieu enlève du cœur de l’homme l’obstacle moral que la Bible appelle « le péché », cette inimitié innée contre la volonté de Dieu. Le Saint-Esprit effectue cette opération prodigieuse par le moyen du sang précieux du Fils de Dieu. L’emprise de Satan est alors annulée et cet homme, libéré du tourment d’une mauvaise conscience, se tourne vers Dieu avec l’abandon total d’une foi radieuse. Il est sauvé de la seconde mort, il est intégré dans le plan indestructible de Dieu.
Dans mon ouvrage antérieur (Le Miracle de l’Esprit), j’ai voulu déchiffrer à la lumière de l’Écriture sainte le processus, infiniment complexe et simple à la fois, par lequel l’Esprit de Dieu récupère et transforme l’âme humaine, tourmentée et défigurée par la maladie de son péché, en lui redonnant l’image de son Créateur. Cette action est en fait l’œuvre initiale du Saint-Esprit, que nous devons distinguer de son œuvre progressive qui fait le thème du présent volume.
Celui qui ne comprend pas bien l’œuvre initiale de l’Esprit, aura de la peine à saisir la véritable portée de son œuvre progressive, car celle-ci jaillit de l’autre. C’est pourquoi (j’ose le dire !) tu as intérêt à lire mes deux livres précédents avant d’entreprendre l’étude de celui-ci. Pour aider, cependant, ceux qui ne les ont pas lus, je juge utile de récapituler ici de façon très succincte leur argument essentiel.
Dans la première et la deuxième parties de ce chapitre, je retrace en esquisse, en y ajoutant une matière nouvelle, l’argumentation suivie dans mes deux ouvrages antérieurs : Le Miracle de l’Esprit et Si tu veux aller loin.
À ceux qui ont lu ces ouvrages, je demande toute leur indulgence pour cette récapitulation si nécessaire pour le lecteur qui n’a pu en prendre connaissance jusqu’ici.
La troisième partie de ce chapitre sert d’introduction au sujet du livre.
La Parole de Dieu nous révèle sept aspects distincts de cette œuvre incomparable, que nous pouvons intituler : les sept opérations initiales du Saint-Esprit. Elles s’accomplissent en trois étapes :
Toutes ces questions ont fait l’objet d’une étude minutieuse de l’Écriture dans mon ouvrage précédent.
Les « cinq doigts » de la main de Dieu
J’ai comparé ces cinq opérations instantanées de l’Esprit à l’action d’une main, dont les cinq doigts fonctionnent de façon concertée. Cette main n’est autre que celle de l’Éternel, qui sauve le pécheur par un seul geste ; les cinq « doigts » représentent les cinq opérations simultanées de son Esprit.
Il va sans dire que tu n’es guère conscient, au moment où tu es « saisi » par la main de Dieu, de la complexité de son action : tu es seulement conscient d’un geste divin qui te transforme radicalement et instantanément, tu sais que Dieu te pardonne et te sauve et que tu es maintenant son enfant, animé par son Esprit... Ce n’est que par la suite, à mesure que ta foi et ta connaissance spirituelle se développent, que tu commences à comprendre l’étendue et la profondeur du miracle qui t’est arrivé.
Il n’est pas possible de connaître l’une de ces cinq opérations sans les autres, pas plus qu’on ne peut avoir un doigt sans le reste de la main. Elles sont simultanées. Tu as tout ou rien. Tu ne peux, par exemple, naître de l’Esprit sans que celui-ci te baptise dans la mort de Christ pour obtenir le pardon de tes péchés, ou sans que tu acceptes que l’Esprit vienne demeurer en toi en t’oignant et en te scellant. Sans une action totale de l’Esprit, il ne t’est pas possible de naître et encore moins de grandir spirituellement.
Deux vérités formidables
Pour résumer
Si tu es un enfant de Dieu, tu es déjà :
Quel miracle ! Tout cela t’est garanti par le sang précieux de Christ et par sa Parole inébranlable.
La nouvelle nature du croyant
Cette transformation s’opère dès qu’un homme croit en Christ, dès que Dieu répond à sa prière. L’unique condition de ce grand salut est la foi en Christ : il n’y a pas moins de cent cinquante passages dans le Nouveau Testament qui l’affirment.
L’homme n’est pour rien dans ce processus extraordinaire, pas plus qu’il ne l’est dans le processus de sa propre conception et de sa naissance physiques. Il s’agit d’un acte de Dieu : c’est lui qui « enfante » son enfant, lui seul qui donne la vie. La seule part de l’homme consiste à croire en Christ pour ce miracle : c’est-à-dire à recevoir, comme une terre avide, l’implantation de la semence de la vie éternelle, la vie de Christ dans son cœur (Jean 6.47).
Le résultat de cet acte de Dieu, comme le dit si bien Paul, est une nouvelle création (2 Corinthiens 5.17). Tu trouves dès lors ta véritable place dans le dessein sublime et éternel de Dieu, qui remplacera finalement la triste épave de ce monde.
L’ancienne nature du croyant
Pourtant, tu possèdes ce trésor dans « un vase de terre », dans « une tente périssable » (2 Corinthiens 4.7 ; 5.1-5, 2 Pierre 1.13), dans un corps qui n’est pas encore racheté mais qui attend sa résurrection et sa glorification (Romains 8.18-23). Tu traînes toujours avec toi ton ancienne nature pécheresse que Paul appelle « la chair », « le vieil homme », « le péché qui habite en moi », et qui, aux yeux de Dieu, est déjà, heureusement ! condamnée et « morte ». Celle-ci est en conflit perpétuel avec ta nouvelle nature, ce nouvel être que le Saint-Esprit vient de faire naître en toi et que Paul appelle « l’esprit », « l’homme nouveau » et « Christ qui vit en moi ».
Ce problème du conflit entre tes deux natures ou personnalités est résolu par la septième opération du Saint-Esprit : il s’agit de sa plénitude, que nous allons étudier en profondeur dans ce livre.
Dès le jour de ta nouvelle naissance l’Esprit cherche à te remplir et c’est là l’état normal du croyant — normal, mais hélas ! trop rare.
La qualité de ta vie spirituelle dépendra dès ce jour de la place que tu accorderas soit à l’Esprit, soit à la chair. Dans la mesure où tu céderas ta volonté, tes sentiments, ton corps à l’autorité de Christ, tu trouveras que le Saint-Esprit te remplit, son action en toi sera puissante, libératrice, heureuse ; tu seras ce que Paul appelle un homme « spirituel ».
Mais si tu admets que les anciens désirs impurs et l’influence du « monde » (Il faut entendre par cette expression biblique l’influence mondaine des hommes non régénérés et de leur civilisation corrompue et hostile à Jésus-Christ. Nous devons distinguer le « monde » de la « terre » c’est-à-dire, de la « nature », de la création de Dieu.) prennent de l’autorité sur ta personne, l’action de l’Esprit sera de ce fait limitée dans ta vie quotidienne et même arrêtée. Tu perdras, non pas ton salut, mais ta communion avec Dieu. Tu resteras, certes, son enfant, mais un enfant que son Père devra corriger et « châtier », peut-être même un enfant retardé : c’est ce que Paul appelle l’homme « charnel », le « bébé » qui ne grandit pas.
Il est donc possible de perdre la plénitude de l’Esprit et il faut reconnaître que c’est le cas d’un très grand nombre de chrétiens aujourd’hui.
Heureusement, tu peux retrouver cette plénitude spirituelle et même la maintenir. C’est là le thème de mon deuxième livre : Si tu veux aller loin, que j’ai écrit précisément pour aider ceux qui débutent dans la vie éternelle. Il s’agit d’un manuel du disciple, une étude sur les sept principes fondamentaux de la vie chrétienne, que j’appelle, selon le proverbe de Salomon : les sept « colonnes » de la sagesse divine (Proverbes 9.1).
Cet ouvrage contient une explication de la nature de la plénitude de l’Esprit et une analyse des trois conditions bibliques qui s’y attachent, les trois principes qui déterminent le degré de l’action progressive de l’Esprit à l’égard du croyant. J’y examine également les quatre « supports » de cette vie de plénitude, les quatre disciplines si nécessaires à celui qui désire connaître la sainteté et la puissance de Dieu.
Ces questions sont d’une importance primordiale. Il va sans dire que personne ne peut espérer vivre la vie surnaturelle de l’Esprit s’il ignore ou laisse de côté les exigences de l’Esprit lui-même. Pour posséder les richesses de la « terre promise » de Dieu, pour saisir la vision et la réalité de la vie d’abondance que l’Esprit nous offre et que nous allons approfondir dans le présent ouvrage, il faut absolument se revêtir de toutes les armes de l’Esprit. Par Si tu veux aller loin, je cherche à te rendre maître de ces armes.
La nouvelle vie en Christ est vraiment extraordinaire. C’est en fait un miracle perpétuel. Penses-y ! Dans ton existence de tous les jours, l’Esprit du Créateur vient rayonner d’une gloire éternelle : c’est Christ qui vit en toi, l’espérance de la gloire (2 Corinthiens 13.5, Galates 2.20, Colossiens 1.27) Cette connaissance transforme les besognes les plus ingrates en actes d’amour accomplis pour un Sauveur bien-aimé qui a donné sa vie pour toi. Même les difficultés et les souffrances sont pénétrées d’une joie qui n’est pas de ce monde. Tu vas de découverte en découverte, de croissance en croissance dans ta marche avec Dieu.
Pourtant, tu te rends bien vite compte que tu parcours un chemin dangereux. Tu es combattu à chaque instant par des forces adverses qui sont de loin plus grandes que les tiennes. À l’extérieur, tu es harcelé par le diable et par le monde qui ne te laissent aucun répit ; puis, au fond de toi-même, tu découvres le pire des ennemis, le péché qui habite en toi, ta propre « chair » qui se révolte sans cesse contre les désirs de Dieu.
Le plus important, c’est de reconnaître que personne ne peut, par lui-même, vaincre le péché ni accomplir la volonté de Dieu — pas même toi ! Mais Dieu veut que tu fasses confiance à son Esprit qui réside maintenant en toi. Lui, qui tient en existence le cosmos et qui crée la vie, peut réaliser ce qui serait inconcevable à l’homme par lui-même. Il désire ardemment transformer ta vie.
Il va de soi que la chose la plus intelligente que le croyant puisse faire, c’est d’accorder au Saint-Esprit l’autorité nécessaire, une pleine liberté pour agir comme il le désire. Si tu donnes à ton Père céleste les droits sur ta personne, si tu n’empêches pas son Esprit d’œuvrer, il te dirigera et t’enseignera ; il mûrira la vie de Christ qu’il a implantée en toi et il te rendra capable de servir Dieu avec puissance et efficacité.
Autrement dit, tu as besoin d’être constamment rempli du Saint-Esprit. Dieu est tout à fait capable d’accomplir ce qu’il promet, à condition que tu sois d’accord ! Les conséquences en sont incalculables.
Il est nécessaire de se rappeler que la Bible contient quatre commandements — et quatre seulement — se rapportant au Saint-Esprit. Il est évident que ta vie spirituelle dépend de ton obéissance à ces principes (Pour une étude développée de ces quatre commandements, voir : Si tu veux aller plus loin Chapitres 4, 5, 6 et 7).
Par le premier de ces commandements, « Soyez remplis de l’Esprit » (Éphésiens 5.18), Dieu nous fait comprendre que la plénitude de l’Esprit n’est pas une option, mais une obligation, une nécessité : c’est un ordre divin. Le croyant qui n’est pas rempli de l’Esprit pèche.
Par ce même commandement, Dieu nous indique la manière d’être remplis. Littéralement traduit du grec, il signifie : « Soyez constamment en train d’être remplis de l’Esprit ». En fait, Dieu ne dit pas : « Soyez remplis une fois pour toutes ! » car il sait que cela ne peut pas se faire tant que nous sommes dans ce monde corrompu et dans ce corps périssable. Il ne s’agit pas (comme on le suppose très souvent) d’un acte unique et définitif, mais au contraire d’une expérience continue, progressive, momentanée.
Nous sommes appelés à vivre cette plénitude dans une dépendance totale de Dieu, instant après instant, comme la rivière qui dépend sans cesse des neiges de la montagne pour les eaux qu’elle reçoit, comme le fil électrique qui ne peut que transmettre le courant. Nous ne recevons la plénitude de l’Esprit que par un don, un « courant » perpétuel que nous devons communiquer sans cesse à d’autres âmes autour de nous. Le but de notre existence est de leur faire connaître Christ, l’amour insondable de Dieu. Personne ne peut garder la plénitude de l’Esprit comme dans un réservoir, car toute vie, toute grâce vient de Dieu ; elle ne peut venir de nous. Nous ne sommes qu’un canal. Nous avons à reconnaître simplement que nous ne sommes rien et que Dieu est tout.
L’Esprit remplit un homme dès qu’il s’ouvre pleinement à Dieu. Parce que le cœur du nouveau-né en Christ est presque toujours grand ouvert à celui qui l’a sauvé, il est normal que l’Esprit le remplisse le jour même. C’est cette plénitude qui explique la joie, la certitude, la paix qu’éprouve le jeune converti, ainsi que sa foi radieuse, son zèle pour l’évangile, ses victoires sur le péché et son témoignage convaincant. Tout provient du fait qu’il laisse agir librement l’Esprit qui est venu demeurer en lui.
Le bébé n’est qu’un bébé ! Mais il n’est pas moins vrai que, si tout se passe comme il faut, son petit être est déjà plein de vitalité... et de bon lait ! Il n’a pas besoin d’attendre ses vingt ans pour être rempli ! Le tout jeune croyant, lui aussi, est normalement rempli de vitalité spirituelle dès le début ; mais, pour que celle-ci se maintienne, il faut que ceux de sa « famille » — c’est-à-dire les croyants qui l’entourent — pourvoient à son alimentation spirituelle. Il a besoin d’être chaque jour « rempli » tout à nouveau et même plusieurs fois par jour ! Le sermon hebdomadaire ne suffit pas ! Comment veux-tu qu’un petit bébé grandisse s’il doit se contenter d’un seul biberon par semaine ?
Pour cette raison, j’enseigne à tout nouveau converti la lecture suivie et quotidienne, d’abord du Nouveau Testament, ensuite des deux Testaments de la Bible parallèlement. En lisant trois ou quatre chapitres par jour (disons : matin, midi et soir, comme les repas que nous accordons à notre corps physique), il peut achever le Nouveau Testament en trois mois et la Bible entière en un an. Je constate, depuis une trentaine d’années, l’avantage spirituel incalculable qu’ont les croyants qui acceptent cette discipline (ou, mieux dit : ce privilège fantastique !) sur ceux qui ne le font pas.
Le jeune disciple a besoin d’une alimentation saine et équilibrée, adaptée à son âge ; d’abord le « lait » et ensuite la nourriture « solide » de la Parole de Dieu. Sa croissance et le développement de ses facultés spirituelles dépendent en grande partie de la manière dont ses aînés s’occupent de lui. Il a besoin d’apprendre « la propreté », c’est-à-dire, la purification de sa conscience par la confession de ses péchés et par l’abandon de tout ce qui l’entraînerait dans le péché. Il a besoin de respirer une atmosphère pure, l’ambiance d’une communion fraternelle limpide, libre de la pollution néfaste de la médisance ou des discours mondains entre frères : il en entend déjà trop dans le monde qui l’entoure. Il a besoin de lumière, besoin de connaître le rayonnement ensoleillé de la face de Dieu par la prière ; besoin d’apprendre à se tenir debout, à marcher, à s’exercer ; besoin d’exprimer sa jeune foi et, enfin, de travailler sérieusement à l’œuvre de Dieu. Mais son plus grand besoin demeurera tout le long de sa vie celui d’aimer et d’être aimé !
La force vitale de Christ peut tout : la seule chose qui l’entrave, c’est ta volonté mise en opposition, qui t’entraîne dans le péché. L’Esprit n’agira qu’avec ton consentement. Tu peux « bloquer » son action par ta mauvaise volonté, autrement dit, en désobéissant à sa voix, à sa Parole. Toute désobéissance à la Parole de Dieu éteint la flamme de l’Esprit et si tu ne le reconnais pas et que tu ne rectifies pas très vite ce mal, tu l’attristes profondément. Comme une seule petite coupure dans un fil électrique suffit pour plonger une maison dans la confusion, de même, un seul « petit » péché arrête l’action de l’Esprit : une parole mal placée, une pensée impure, un regard agressif suffisent pour « couper le courant ». Tu as beau te vanter de tes expériences antérieures, ce qui importe, c’est l’état dans lequel tu vis maintenant. Dès que ta volonté s’oppose à celle de Dieu ou que tu es surpris par les impulsions de ton « vieil homme », tu deviens comme un tuyau sans eau, comme un fil sans courant. Bien que l’Esprit saint ne t’abandonne pas, ton cœur ressent un grand vide, tu ne vois plus la face de Dieu, tu n’agis que par tes propres forces et par ta propre intelligence... et tu gâches tout. L’Esprit est toujours là, mais tu l’as attristé et tu as éteint sa voix.
Cela est grave, car tu es alors privé de ses directives et de sa puissance ; c’est une carence qui te laisse exposé à la malice des forces ténébreuses de l’ennemi qui viennent assaillir ton propre esprit appauvri et affaibli.
O catastrophe ! Qui de nous ne connaît ce tragique état de choses ! Il est possible au croyant de passer de longs mois, des années même, sous l’oppression d’une conscience souillée ; c’est un véritable cauchemar et le diable fait tout ce qu’il peut pour le retenir dans cette impasse spirituelle ; il le plonge dans le fumier du désespoir, afin qu’il n’ait plus le courage de relever sa face vers son Père céleste.
Heureusement, la brèche peut être réparée... et même instantanément ! Dieu veut te garder dans une communion perpétuelle avec lui-même ; son Fils est précisément mort et ressuscité pour rendre possible ce miracle. La profondeur et la valeur de l’œuvre de Christ en ta faveur sont en fait incalculables... Qui aurait pu « inventer » un évangile pareil ? Il vient directement du cœur du Créateur. À toi d’en tirer avantage.
Le remède, le seul, consiste à affronter la lumière, à revenir à ton Père céleste en confessant le péché dont tu es maintenant conscient, afin d’obtenir (et tu l’obtiens !) son pardon paternel gracieux (1 Jean 1.7-9). Dès cet instant, son Esprit est de nouveau prêt à te remplir et à accomplir la volonté du Père en toi. Il agira tant que le canal sera « débloqué », tant que tu seras en règle avec lui.
Cet enseignement se trouve résumé dans les deux commandements bibliques : « N’éteignez pas l’Esprit » et « n’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu » (1 Thessaloniciens 5.19, Éphésiens 4.30).
Une fois ta conscience purifiée et ta volonté en règle avec Dieu, son Esprit t’ordonne à nouveau d’aller de l’avant, de « marcher » en comptant sur lui, par la force qu’il fournit ; autrement dit : par la foi. Quand tu crois en Christ, en obéissant à sa voix, même si tu es confronté à une tâche humainement impossible, l’Esprit te remplit et te donne la sagesse et les moyens pour accomplir sa volonté. Quand il le faut, il est même prêt à agir indépendamment de toi, de manière à contrôler les circonstances de ta vie pour que ton obéissance soit réalisable. Ce que Dieu demande de toi, c’est que tu ailles de l’avant, que tu marches par l’Esprit ! (Galates 5.16 grec : soyez en train de marcher par le moyen de l’Esprit).
Un jeune homme est venu un jour m’ouvrir son cœur. « Ralph, m’a-t-il dit, tu sais que je n’ai pas peur de témoigner du Christ avec toi, ici, dans la ville, et même dans la rue. Mais là où je travaille, je suis bloqué, c’est comme si ma bouche était cousue. »
Nous avons prié ensemble pour que Dieu lui ouvre la bouche. Quinze jours après, il est revenu rayonnant de joie. « Ça y est, Ralph, m’a-t-il dit, c’est Dieu qui l’a fait ! »
Il m’a raconté comment, un certain jour, il avait dû sortir momentanément de l’atelier où il travaillait. Pendant son absence, un de ses collègues avait vu sa sacoche avec sa Bible dans laquelle se trouvait un papier contenant les noms de tous les employés de l’atelier comme sujet de prière !
Quand il est revenu dans l’atelier, ce garçon s’est trouvé « cloué à la croix ». On l’a « fusillé » de questions et de railleries... et à cet instant, Dieu lui a ouvert la bouche. L’Esprit s’est saisi de lui et il a pu répondre avec courage et sagesse à tous ses camarades. À la suite de ce témoignage, un puissant noyau de chrétiens est né dans cet atelier. Ce que lui ne pouvait pas faire, l’Esprit l’a fait par lui et malgré lui parce qu’il était prêt à en payer le prix.
L’Esprit agit en conséquence de l’attitude de l’homme. Il ne te remplira pas simplement parce que tu le désires ; mais il te remplira dès qu’il verra que tu t’engages sérieusement à servir Dieu, à lui obéir. Jésus n’a guéri le paralytique qu’à partir du moment où cet homme a obéi, en faisant par la foi le geste impossible de se lever. Quant à toi, l’Esprit de Dieu te remplira pour que tu fasses la volonté de Dieu — mais non pour quelque autre raison. Il réalisera en toi son objectif suprême qui est de te rendre conforme à l’image de Christ et de t’utiliser — ton âme, ton cerveau, tes yeux, ta bouche, tes mains, tes pieds, ton être entier — pour accomplir la volonté de Dieu, aussi impossible soit-elle. Tu es la lumière du monde (Matthieu 5.14).
Par une image très compréhensible, nous pouvons résumer tout ce que nous venons de dire : Tu es une coupe, conçue et créée par le Seigneur pour contenir le vin, le parfum de son Esprit, afin que d’autres aussi puissent goûter et boire.
Mais qui verserait du champagne Napoléon dans un verre cassé ? Ou bien, quelle est la jeune fille qui s’abandonnerait pour toujours à un jeune homme qui ne veut que profiter d’elle, qui ne l’aime qu’à moitié ? Ton cœur, pour recevoir la plénitude de l’amour divin, doit être tout entier à Dieu. Dieu, de son côté, est prêt à se donner à toi à condition que tu te donnes à lui totalement.
Puis encore ! qui mettrait son plus exquis parfum dans un vieux flacon sale et contaminé ? Penses-tu donc que Dieu verserait la plénitude de son Esprit dans une âme qui n’est pas purifiée de sa mauvaise conscience ? L’Esprit refuse de remplir l’homme qui n’est pas purifié de son péché, qui n’a pas tout confessé ni réglé devant Dieu et, quand il le faut, devant les hommes.
Il y a, finalement, une troisième exigence de la part de Dieu avant qu’il ne vienne remplir de sa personne la coupe de ton âme : tu dois être dans une attitude d’attente, de foi. Une coupe à l’envers ne sert à rien si ce n’est à retenir une mouche captive ! Tant que tu ne crois pas à la promesse de Dieu, tu te prives de la bénédiction qu’il désire déverser sans mesure sur toi. Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, délivré... non seulement dans l’au-delà, mais ici, maintenant : sauvé de la puissance du diable, du monde et de ta propre chair ; sauvé et rempli de la gloire de Dieu afin que d’autres croient en lui... même si cette gloire n’est qu’une couronne d’épines.
Voilà donc les trois conditions de la plénitude de l’Esprit :
Tu seras alors en mesure de réaliser le commandement fondamental : Soyez (constamment) remplis de l’Esprit.
Ton cœur est comme un champ. Dans cette terre le diable a semé la graine d’un chardon qui, en se développant, finit par pénétrer toute la terre de ses racines et qui se reproduit à l’infini.
Dieu, au moment de la nouvelle naissance, implante dans ton cœur une nouvelle semence, celle d’un rosier qui commence lui aussi à le remplir de ses racines, en faisant paraître enfin une petite tige toute fraîche qui devient, à son tour, un véritable rosier portant la plus belle fleur du monde.
Pourtant le chardon continue à exister côte à côte avec le rosier ; il lutte implacablement pour survivre en cherchant à étouffer le rosier, en le privant de place pour développer ses racines ; car, s’il n’y a aucune intervention de l’extérieur, les mauvaises herbes l’emporteront toujours sur les plantes cultivées et utiles. Ce rosier a besoin des mains compréhensives et fidèles du jardinier pour l’aider dans son combat mortel avec le chardon.
Le chardon, c’est le péché qui habite en toi. Le rosier, c’est le nouvel être à l’image de Christ que l’Esprit de Dieu a engendré en toi. Si tu donnes au divin jardinier une pleine autorité sur le champ de ton cœur, pour mener à la perfection son œuvre en toi, il creusera alors la terre et taillera le rosier (ce qui peut faire mal !), il coupera le chardon, il en retranchera les racines au fur et à mesure qu’elles repousseront. La puissance du péché en toi sera de cette manière domptée.
Seulement, ne te laisse pas bercer d’illusions : la semence du chardon est toujours là, tant que tu restes dans ce monde et dans ce corps. Elle cherchera sans cesse à se reproduire et à reprendre la terre occupée par le rosier. Tu as besoin d’en appeler tous les jours au Seigneur Jésus, pour qu’il s’occupe de ta croissance, pour qu’il taille, purifie, élimine les rejetons de l’ancienne nature, afin qu’elle diminue et que la nouvelle vie se développe et s’épanouisse.
Si tu n’admets pas que Dieu prenne tous les droits sur ta personne, l’action de son Esprit sera arrêtée. Il ne te forcera pas, il respectera ton choix, c’est pourquoi il est si important que tu alignes ta volonté avec la sienne, que tu lui fasses confiance, que tu lui obéisses, afin de jouir abondamment de la vitalité qu’il désire te communiquer.
Le croyant qui prive l’Esprit de sa liberté se prive lui-même de sa plénitude. Il n’atteint qu’une expérience de Dieu diminuée, fragmentaire, chétive même ; sa prière est insuffisante et difficile, sa connaissance de la Parole de Dieu est défectueuse, son désir de la lire et de l’étudier est trop faible pour qu’il vainque les obstacles par lesquels l’ennemi entrave son avancement spirituel. Il est encore bloqué par certains péchés qui le terrassent et qui l’empêchent de jouir d’une pleine communion avec son Père. Au fond de son cœur il désire faire la volonté de Dieu ; parce qu’il est son enfant, il l’aime et souffre d’être éloigné de lui ; il aspire à une vie d’abondance ; il sait qu’elle lui coûtera des sacrifices et il aimerait pouvoir y faire face ; mais ses forces spirituelles ne suffisent pas pour qu’il maîtrise ses craintes, ses penchants charnels, ses inhibitions... parce qu’il n’est pas rempli du Saint-Esprit.
Le chrétien spirituel est tout simplement celui qui a un brin d’intelligence spirituelle ! Il comprend que, par le don de son cœur, de ses facultés, de son temps, de ses moyens et de ses désirs, pour que Dieu prenne l’autorité nécessaire sur sa vie, il gagne à l’infini. En accordant au « rosier » la possibilité d’exploiter toutes les capacités de son « terrain », il découvre avec joie que sa vie spirituelle s’épanouit au plus haut degré : il porte en abondance la fleur et les fruits de la vie divine ; il éprouve la joie de la transmettre autour de lui. Voilà la différence entre le chrétien spirituel et le chrétien charnel.
(Ici commence l’introduction proprement dite au thème de ce livre.)
Dès que nous avons maîtrisé ces principes élémentaires de la vie spirituelle, nous pouvons aller beaucoup plus loin. Nous sommes enfin en mesure d’explorer les vastes ressources de la vie en Christ. Nous allons donc étudier, à la lumière de la Parole de Dieu, les sept aspects principaux de l’œuvre que l’Esprit de Dieu accomplit en l’homme qu’il remplit. Le reste de ce livre est en quelque sorte un « portrait » de l’homme spirituel.
Imagine ! Celui que l’univers ne peut contenir cherche non seulement à résider en toi, mais à te remplir ! C’est un peu comme si l’on chargeait ta maison de dynamite... ou d’une lumière fulgurante... ou de toute la beauté qui existe au monde !
Nous avons vu que l’Esprit de Dieu accomplit initialement sept opérations en l’homme qui reçoit Jésus-Christ comme son Sauveur. Nous avons compris également que la septième opération est non seulement initiale mais aussi progressive. Elle débute normalement à l’instant de la régénération et continue — ou devrait continuer ! — à se développer pendant toute la vie terrestre de cet homme.
L’action progressive de l’Esprit jaillit en fait de son œuvre initiale. À mesure qu’il remplit le croyant, les aspects de son grand acte de rachat se traduisent en une action quotidienne. C’est ce qui rend possible une vie en conformité avec la volonté de Dieu.
Il est évident que le rapport entre l’action initiale et l’action progressive de l’Esprit est très étroit : son action initiale est comme la racine d’où sortent l’arbre et le fruit de son action progressive. L’une est le résultat logique et normal de l’autre.
La plénitude de l’Esprit est un acte de Dieu fort complexe, qui touche tous les domaines de la vie humaine. De même que l’Écriture nous présente sept aspects de son œuvre initiale, elle révèle non moins de sept aspects de son œuvre progressive : sept opérations absolument distinctes et pourtant intimement enchevêtrées et — normalement — simultanées. Elles composent, pour ainsi dire, le rayonnement spectral de l’arc-en-ciel de Dieu, de la lumière qui nous parvient de sa face. L’impact de son Esprit sur les différents aspects de notre existence produit un effet incalculable : ou plutôt, une série d’effets, une action diversifiée et unifiée à la fois, qui introduit un élément purement divin dans notre vie humaine de tous les jours.
Par l’analyse de ces sept aspects principaux de la plénitude de l’Esprit, nous parvenons à une vue d’ensemble de la vie en Christ. C’est une vision qui bouleverse et laisse ébloui celui qui a le courage de suivre Jésus intégralement. Ces sept opérations, que j’appelle « progressives », commencent à intervenir dès le moment de la nouvelle naissance, mais ne trouvent leur véritable signification que par la suite, dans la progression de la vie qui s’ensuit. Or, la vie ne stagne pas, elle est organique, elle se développe et se reproduit. La plénitude de l’Esprit consiste donc en une action progressive qui devrait aller de plus en plus loin. La vie d’un homme ne consiste pas en une simple naissance ! Elle est infiniment plus que cela.
Parce que, dans le monde chrétien, les idées sont aujourd’hui tellement confuses par rapport à l’action de l’Esprit de Dieu, j’ai jugé nécessaire de mettre l’accent sur le caractère progressif de sa plénitude. Cela n’est cependant pas tout, car il peut y avoir, comme dans la nature, des « crises de croissance ». Dans certains cas, celles-ci peuvent ressembler presque à une « nouvelle conversion », il s’agit parfois d’une véritable révolution spirituelle tellement la révélation de Dieu est surprenante ! Les biographies des grands hommes de Dieu, comme l’expérience courante d’une multitude de croyants moins connus mais tout aussi proches du Seigneur, témoignent d’une action du Saint-Esprit parfois inexplicable, inattendue, bouleversante. L’apôtre Paul lui-même a connu de telles expériences. L’apôtre Pierre, dans Actes 10, a eu sa conception de l’évangile révolutionnée par une vision accompagnée d’une action divine qu’il ne pouvait pas nier. Le grand évangéliste Moody, encore jeune, a connu une crise très importante par laquelle Dieu a transformé son ministère : par la suite, au lieu de gagner des dizaines d’âmes au Christ, il en gagnait des centaines et des milliers.
Tous, nous avons besoin de ce genre de crises. Nous avons besoin que Dieu nous mette au pied du mur, qu’il nous accorde une révélation plus intime de lui-même, une compréhension plus radicale de la nature du péché, une vision plus convaincante de l’éternité. Seulement, il ne faut pas supposer que de tels bouleversements ne fassent pas partie de l’action progressive du Saint-Esprit. D’une manière ou d’une autre, il cherche à nous mener toujours plus loin dans notre découverte de Dieu, il nous veut chaque fois plus entiers et plus aptes au service du Seigneur Jésus. La nature elle-même nous enseigne. Les fleurs, les arbres, les animaux, tout comme les saisons et les processus physiques, connaissent des moments et des périodes de crises et de bouleversements : ceux-ci en somme font partie de la croissance et du développement naturels. Il en est de même dans le domaine spirituel.
Une rivière ne peut contenir en une seule fois toute l’eau de la montagne, toutes les pluies du ciel. Elle ne peut que recevoir de jour en jour une quantité suffisante pour maintenir son niveau normal. De même, tu ne peux pas recevoir la plénitude de Dieu en une seule fois, par une seule expérience. Dieu est infini et le petit esprit de l’homme ne pourra jamais le saisir dans sa totalité. Les cieux et les cieux des cieux ne peuvent le contenir (2 Chroniques 6.18) ; comment un être humain pourrait-il le contenir par une seule action de son Esprit ? Dieu a toujours des richesses nouvelles à nous communiquer. Qui n’a pas besoin de pénétrer plus profondément dans la signification de Christ crucifié et ressuscité ?
Un petit gland devient un gros chêne ; un grain devient une moisson. Il y a un cycle déterminé dans la nature, interrompu par d’innombrables crises : le sommeil de l’hiver fait place à l’explosion de vie printanière et ensuite à la saison des fruits et à la chute des feuilles. Malgré les neiges, la sécheresse, les orages, malgré le labourage et la récolte, la vie maintient sa progression et se reproduit. Et nous, par nos crises spirituelles, nous saisissons un peu mieux, parfois en souffrant, les principes fondamentaux de l’action de l’Esprit de Dieu.
Le croyant ressemble à une éponge dans l’océan. Encore toute petite, cette éponge peut être remplie de l’eau de mer qui lui apporte les éléments nécessaires à sa nutrition. À mesure que l’éponge grandit, elle peut assimiler une quantité croissante d’eau, ce qui assure son développement jusqu’à une pleine maturité. Encore toute petite, elle est déjà remplie. Un an après, elle est toujours remplie, mais la mesure d’eau qu’elle contient est d’autant plus importante que sa capacité s’est développée. Il en est de même pour l’enfant de Dieu. Le jour de sa nouvelle naissance, il est normalement rempli de l’Esprit et, si seulement il se maintient dans cette plénitude, il grandit rapidement. Dans un an, dans dix ans, ses capacités spirituelles auront augmenté, rendant possible une action du Saint-Esprit d’autant plus puissante. Il n’est peut-être pas davantage rempli qu’il ne l’était au début, seulement l’Esprit dispose maintenant d’un instrument humain offrant de plus en plus de capacités spirituelles. Comme l’éponge qui a « grandi », le croyant peut maintenant contenir une plus grande « quantité » de l’océan infini qu’est l’Esprit de Dieu. Par contre, s’il demeure vide, la carence apparaît chaque année plus pitoyable.
La vie de l’apôtre Paul nous offre un modèle étincelant. Dès le jour de sa conversion, sa foi n’a fait que se développer ; sa vie spirituelle est montée en flèche, progressivement. Il a connu, certes, des crises et des moments difficiles comme nous tous ; mais ceux-ci ne l’empêchaient pas d’avancer.
Le jour de son baptême à Damas, il aurait certainement été incapable d’écrire son épître aux Romains. Cet ouvrage magistral représente la floraison qui a jailli d’une vingtaine d’années d’études des Écritures, de solitude en Arabie, de travail missionnaire, de souffrances, de persécutions, d’interventions divines, d’expériences merveilleuses mais aussi terribles. C’est une lettre qui dévoile l’extraordinaire croissance d’une âme qui a suivi le Christ de tout près. Paul était certainement rempli du Saint-Esprit lorsqu’il était encore à Damas, mais il a ensuite grandi et l’Esprit pouvait le remplir chaque année davantage parce que ses capacités spirituelles se développaient progressivement.
La différence entre le chrétien spirituel et le chrétien charnel ne consiste pas dans le fait que celui qui est spirituel ne pèche jamais, mais plutôt que, par lui et malgré ses imperfections, Dieu peut, à la longue, accomplir sa volonté ; alors que, dans la vie du croyant charnel, en dépit de certains élans et de moments bénis, l’Esprit ne parvient à accomplir qu’en partie cette volonté. Dans chaque cas, il existe des évidences authentiques de l’action de l’Esprit, mais avec cette différence : le croyant spirituel (pour employer l’illustration du Seigneur Jésus dans sa parabole) ressemble à une terre qui rapporte un fruit abondant, tandis que le croyant charnel ne rapporte que peu de fruits (Matthieu 13.23).
Il ne faut pas confondre ce dernier avec le soi-disant chrétien qui ne porte pas le fruit de l’Esprit, cet homme en qui l’amour incomparable du Christ n’apparaît pas, et qui ressemble par contre à une terre maudite. Il s’agit là d’une fausse conversion.
Gardons-nous d’une erreur contemporaine malheureusement très répandue dans le monde chrétien : celle de supposer qu’il n’existe qu’une seule crise majeure à la portée du chrétien, une expérience unique et définitive qui le met « dans le bain » une fois pour toutes. Quel que soit le nom que l’on donne à cette conception, elle n’est pas biblique. On parle couramment d’effusion, de réception, d’onction, de baptême, de sceau, de puissance, de plénitude de l’Esprit, souvent comme si toutes ces actions étaient synonymes, sans leur accorder le véritable sens que lui donne l’Écriture. Le résultat est une confusion extraordinaire d’idées, qui donne lieu à des expériences tout aussi confuses... et souvent trompeuses et dangereuses.
Une chère sœur en Christ est venue, toute angoissée, trouver un homme de Dieu de ma connaissance. « Oh ! Monsieur ! disait-elle, que dois-je faire ? J’ai perdu ma deuxième bénédiction ! » Pour elle, c’était un peu comme la perte de son salut. Pauvre âme !
Mon ami lui a simplement répondu : « Et à quand la troisième ! » Elle a compris !
Nous sommes confrontés à une autre erreur tout aussi énorme : celle de vouloir imposer au Saint-Esprit la manière dont il doit se manifester. J’espère que la lecture de ce livre te montrera que l’Esprit de Dieu est trop grand, trop intelligent, trop divin pour qu’il se laisse « couler dans un moule » de notre fabrication. Hélas ! Cette erreur est propagée presque systématiquement dans bien des milieux chrétiens. Il est vrai que Dieu, dans sa compassion et en réponse à une véritable foi en Christ, cherche à bénir, malgré toutes sortes d’ignorances, ceux qui s’approchent de lui ; pourtant, il est incontestable que les esprits malins profitent énormément d’une telle ignorance. Je connais un assez grand nombre de personnes qui ont été trompées par des puissances malignes qui accordaient des bénédictions illusoires en réponse à leurs prières, parce que celles-ci n’étaient pas conformes à la Parole de Dieu. La Bible contient de nombreux avertissements pour tenir le croyant en éveil contre ce genre de séductions.
Un jeune homme de ma connaissance m’a écrit une fois d’un pays étranger pour me dire qu’il cherchait à tout prix la plénitude de l’Esprit. Il s’était joint à un groupe de chrétiens très actifs, qui pratiquaient, entre autres, l’exorcisme. Il m’a fait savoir qu’il faisait des expériences fantastiques ; il lui semblait parfois être au ciel, détaché du matériel, en extase...
Quelques temps après, dans un autre pays étranger où je me trouvais, il est venu me chercher, traumatisé, obsédé, pour me faire ce reproche :
« Ralph, pourquoi ne m’as-tu pas mis en garde ? Sache qu’à présent je suis sous une emprise démoniaque. J’étais tellement sûr que les expériences que je faisais venaient de Dieu et voilà ! Je comprends maintenant qu’il n’en était rien. Le diable m’a trompé et je n’arrive pas à me défaire de cette emprise satanique. Prie pour moi, que j’en sois délivré. »
Je lui ai demandé pardon de n’avoir pas eu le discernement de le mettre en garde à temps. Je lui ai expliqué que j’étais trop loin, à plus de mille kilomètres de lui à l’époque où il faisait les expériences qu’il m’avait racontées. Je ne savais pas en fait ce qui se passait chez lui.
« Tout de même, m’a-t-il répondu, prie pour moi maintenant, pour que je sois libéré de cette action démoniaque. » Quatre fois il est revenu me voir pour la même raison. À la quatrième fois, Dieu a répondu à notre prière et le jeune homme a été complètement délivré de son tourment et purifié de sa souillure.
Je raconte cet incident (un seul parmi beaucoup d’autres que j’ai connus), afin de t’avertir, toi aussi. Je ne voudrais pas que tu sois ensorcelé par les intelligences ténébreuses qui sont partout et toujours aux aguets pour dévorer et exploiter les âmes naïves. Prends toutes les armes de Dieu pour battre cet ennemi et lui enlever d’autres âmes qu’il a pu accaparer. N’oublie surtout pas l’épée de l’Esprit qui est la Parole de Dieu (Éphésiens 6.17). Exerce-toi nuit et jour à maîtriser l’emploi de cette arme efficace.
Nous n’avons pas le droit de dicter à l’Esprit de notre Créateur sa façon d’agir. Insister pour qu’il se manifeste d’une manière particulière alors qu’il a peut-être un plan tout à fait différent du nôtre — et infiniment meilleur — ce serait de l’audace, de l’insolence même. Il est assez intelligent pour décider de ses propres actions sans que nous lui imposions notre opinion personnelle, ou même celle des grands personnages que nous connaissons !
Il est d’ailleurs souvent dangereux de vouloir imiter les expériences spirituelles d’autrui. Que l’Esprit ait choisi d’agir d’une certaine manière par tel ou tel frère ou homme de Dieu n’est pas une raison pour croire qu’il veuille en faire autant dans notre cas. Il a peut-être tout autre chose en vue pour nous.
Comme dans la nature, l’Esprit choisit de se manifester parmi le peuple de Dieu de manières très variées. Sa plénitude atteint les uns comme un orage, les autres comme un lever du soleil ou la floraison du printemps. Il agit parfois comme un volcan ou un tremblement de terre, alors qu’à d’autres occasions son action ressemble à la gestation d’un bébé ou au baiser d’une jeune fille.
En nous fiant à sa sagesse, en acceptant la volonté de Dieu, quelle qu’elle soit, nous sommes sûrs de son intervention, sûrs de découvrir la signification du Christ, sûrs d’obtenir la révélation la plus pure de notre Père céleste.
Nous savons seulement que l’Esprit de Dieu agira chaque fois en conséquence de son propre caractère et en conformité avec la vérité qu’il nous a révélée dans sa Parole. Il ne contredira pas ses propres Écritures qu’il a inspirées pour notre instruction, pour nous permettre de connaître ses voies. Nous savons également, par sa propre Parole, que l’Esprit de Dieu ne s’imposera pas de manière à obscurcir la vision du Fils de Dieu, car il est venu dans le monde dans le but précis de le révéler aux hommes. « Il ne parlera pas de lui-même, dit Jésus... mais il me glorifiera. » (1 Jean 16.13-15).
Plus un homme est rempli du Saint-Esprit, plus on voit Christ en lui, plus le monde entend la voix de Christ et croit.
« Or, à celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans l’église et en Jésus-Christ, dans toutes les générations, aux siècles des siècles ! Amen ! » (Éphésiens 3.20-21)
C’est cela, la plénitude de l’Esprit.