QUAND les Peintres représentent d'anciennes Histoires dans leurs Tableaux, ils forment un des plus agréables spectacles, qui puisse être exposé aux yeux hommes, et conservent la mémoire des choses passées. Mais les Historiens la rendent beaucoup plus stable et plus durable dans leurs Ouvrages, où au lieu de table d'attente, ils n'ont que du papier, et au lieu de couleurs, ils n'emploient que les ornements de leur Eloquence. Le temps détruit ce que la peinture peut faire de plus merveilleux, et c'est pour cela que j'ai entrepris d'écrire ce qui a été omis par ceux qui ont travaillé avant moi à l'Histoire de l'Église, de peur que tant d'actions si éclatantes, et si dignes d'être sues ne demeuraient ensevelies dans l'oubli. Quelques-uns de mes amis m'ont souvent exhorté à faire cette entreprise. Mais quand j'en considérais le poids, et que je le comparais avec le peu que j'ai de forces, j'appréhendais de m'en charger. Je m'en suis chargé pourtant par la constance que j'ai en la bonté de l'Auteur de tous les biens. Eusèbe Évêque de Césarée en Palestine, a écrit ce qui est arrivé de plus considérable dans l'Église, depuis le temps des Apôtres jusques au règne de Constantin, ce Prince si chéri de Dieu. La fin de son Ouvrage sera le commencement du mien.