Propos sur le temps

LE TEMPS QUI COURT

Seigneur !… mille ans sont, à tes yeux, comme le jour d’hier, quand il passe, et comme une veille de la nuit.

Psaumes 90.4

Au terme d’un séjour en Cévennes, ma fille et son mari ont décidé de prendre la route à la tombée de la nuit pour rentrer chez eux. Ainsi, tandis que dormira la nichée, les parents pourront rouler en paix et couvrir sans problème les centaines de kilomètres de virages du Massif Central.

Installés confortablement sur le siège arrière, les enfants – deux et quatre ans – ne tardent pas à s’endormir, bercés par le ron-ron du véhicule. Ils ne se réveillent qu’à l’arrivée, lorsque l’auto stoppe devant la maison. Les yeux encore gonflés de sommeil, l’aînée déclare à son grand-père paternel qu’elle vient de retrouver après un mois d’absence :

— Tu sais, chez l’autre grand-mère, c’est pas loin du tout.

Tel n’est pas l’avis de la maman, littéralement épuisée par ce voyage interminable qui n’a duré, pour sa fille… qu’une poignée de minutes. C’est dire que les moments vécus dans l’inconscience n’existent pas pour les humains.

Le temps, intervalle objectif mesuré par les horloges, est une grandeur bien définie, fondée sur l’hypothèse de la constance de la rotation de la terre. Je ne vous apprendrai rien si je vous dis qu’il est fait de secondes, de minutes, d’heures, de jours et d’années (1).

(1) Jadis dans les campagnes, c’est le pas de l’homme qui était la mesure du temps. Aujourd’hui encore, on dit par exemple : « Pour aller à tel village, il faut environ trois heures de marche. » Des sentiers de montagne ont été fléchés à l’intention des touristes, les distances étant évaluées généralement en heures de marche (par ex. Mézenc : 2 h 1/2).

A l’époque de notre Seigneur, le jour, ainsi que la nuit, étaient divisés en douze heures comme chez les Grecs et les Romains. Jésus le confirme en disant à ses disciples : N’y a-t-il pas douze heures dans le jour ? (Jean 11.9). Naturellement, ces heures étaient de durée inégale puisque les journées sont plus ou moins longues selon l’époque de l’année (2). La sixième heure se situait au milieu du jour, lorsque le soleil était à son zénith (vers midi) et la onzième heure en fin d’après-midi (ne pas confondre la onzième heure avec celle qui précède minuit). La douzième heure (18 heures environ) était la dernière du jour, peu avant le coucher du soleil. Le serviteur cessait alors sa besogne et recevait son salaire (Matthieu 20.8-9).

(2) La nuit était divisée chez les Hébreux en trois veilles de quatre heures (Exode 14.24 ; Juges 7.19). Dans le Nouveau Testament, elle est divisée en quatre veilles de trois heures selon l’usage des Romains. Elle comptait douze heures nocturnes du coucher du soleil à son lever. La première veille se terminait (très approximativement) à neuf heures du soir ; la deuxième vers minuit ; la troisième au chant du coq (environ trois heures du matin) et la quatrième s’achevait au point du jour. La journée de 24 heures commençait au coucher du soleil pour se terminer le lendemain au coucher suivant. En Orient, le temps qui s’écoule entre le coucher du soleil et la nuit complète était désigné par l’expression de l’Ancien Testament : « entre les deux soirs », moment où l’on offrait le sacrifice perpétuel (Exode 29.39).

Le temps mesuré par les horloges ne varie pas. Il est le même partout sur notre planète, au pôle nord comme à l’équateur, en Amazonie comme en plein Pacifique. Et pourtant, quoique les minutes soient absolument identiques sur tous les points du globe, elles nous paraissent brèves ou longues selon leur contenu. La pendule ne s’emballerait-elle pas durant notre sommeil ? Sauterait-elle des heures ? Renoncerait-elle à sonner les interminables coups de minuit ? Ou au contraire se plairait-elle à musarder au point de transformer les minutes en heures pour le candidat fébrile qui attend les résultats d’un examen important ? Chose curieuse, pour Jacob le temps paraissait galoper comme un cheval de course, tant il était épris de Rachel, la fille de Laban. Bien que septuagénaire, les sept années qu’il dut attendre pour l’épouser furent à ses yeux comme quelques jours, parce qu’il l’aimait (Genèse 29.20) (3).

(3) Paradoxalement une même personne peut trouver à la fois les années courtes et les journées fort longues. C’est le cas de l’oisif ou du retraité inoccupé.

Chacun sait que les premiers jours de congé s’écoulent lentement. Le retour est lointain et les projets fourmillent dans la tête. Hélas ! Ces projets ne seront pas tous réalisés, car le temps « roule » telle une boule sur un plan incliné, prenant de la vitesse à mesure que s’approche la fin du séjour. Les dernières journées se succèdent à un rythme accéléré, si bien qu’il faut renvoyer à l’année suivante une partie du programme. Dommage !

Si les minutes paraissent longues à certains, par contre les années coulent comme de l’eau entre les doigts, d’autant plus vite qu’elles s’accumulent derrière nous. Pour l’enfant de huit ans, douze mois représentent seulement le huitième de sa vie dont la première moitié se perd dans l’infini de l’inconscient. L’année scolaire lui paraît désespérément longue et les jours n’en finissent pas de s’égrainer, surtout avant les grandes vacances. Pour cette raison sans doute l’enfant n’a pas la notion du temps ; il ne sait trop où placer l’heure des repas ou du coucher et se fait souvent attendre. Il en va autrement pour un octogénaire. Loin d’être le huitième de sa vie, douze mois n’en sont que le… quatre-vingtième, d’où l’impression affolante d’une accélération dix fois supérieure. Un an, qu’est-ce donc pour un vieillard ? Un murmure… selon l’aveu même de Moïse au soir de sa longue carrière (Psaumes 90.9). Oui, brève est la vie au regard de l’éternité. Même pour un centenaire.

Et pourtant, lorsque nous disons que le temps passe vite, nous sommes en deçà de la réalité, car il court encore plus vite qu’on ne le croit. Si vous cherchez à dater un fait du passé et consultez ensuite votre carnet, il vous arrivera plus d’une fois de vous exclamer : « Tiens, je ne pensais pas que cet événement fût si ancien ! » (4)

(4) Un croyant a dressé le tableau suivant en comparant la durée moyenne d’une vie à une journée débutant à 7 heures.
Si vous avez…
    15 ans… il est 10 h 25 ;
    25 ans… il est 12 h 42 ;
    35 ans… il est 15 h ;
    45 ans… il est 17 h 16 ;
    55 ans… il est 19 h 54 ;
    65 ans… il est 21 h 55 ;
    70 ans… il est 23 h.
Où donc vous situez-vous dans ce tableau ?

Soyons donc vigilants puisque les années filent si vite. Nous voyons nos années s’achever comme un murmure… Cela passe vite, et nous nous envolons… Enseigne-nous ainsi à compter nos jours, afin que nous conduisions notre cœur avec sagesse (Psaumes 90.9, 10, 12).

QUESTIONS

  1. Le temps vous paraît-il long ? Seriez-vous en mesure de dire pourquoi ?
  2. Êtes-vous de ceux qui disent souvent : « Je n’ai pas le temps de faire telle chose, pourtant prioritaire » ?
  3. Bénissez Dieu pour la tâche qu’il vous a permis d’accomplir.

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