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Dans un premier discours sur ces paroles, je vous y ai fait observer la compassion de Dieu pour les membres inconvertis de l’Église, et la vue qu’elle donne de leur misère ; misère telle qu’elle dépasse toute compassion, toute parole, toute imagination d’homme, et qu’il faut la fuir quoi qu’il en coûte et sans délai, se détourner de sa voie pour entrer dans une autre, se convertir. Si vous avez cru cela, membres inconvertis de cette assemblée, vous voici délivrés d’un premier piège que le Diable vous a tendu jusqu’à présent pour vous empêcher de vous convertir, en vous donnant à croire que votre condition n’est pas aussi misérable qu’on cherche à vous le persuader.
Mais quand ce premier moyen de séduction lui manque, l’ennemi de votre conversion a recours à un autre : c’est d’insinuer à qui connaît sa misère et le besoin qu’il a de se convertir, qu’il ne peut pas être assuré d’y réussir, parce que la conversion est une grâce de Dieu à laquelle il ne peut savoir s’il aura part ou non. A cette seconde tentation, pire que la précédente, nous allons opposer cette même compassion de Dieu que nous avons opposée déjà à la première ; car autant elle montre clairement que le chrétien inconverti est misérable et qu’il a besoin de conversion, autant elle montre clairement aussi que Dieu est favorable à sa conversion.
Commençons par nous rendre compte nettement de la situation d’esprit des personnes auxquelles ce second discours est destiné. Je suppose donc un homme qui me parle ainsi : Je conviens avec vous que ma condition présente est misérable, qu’il faut que j’en sorte à tout prix, et que je n’en puis sortir qu’en me convertissant. Je sais même ce qu’il faut faire pour se convertir ; et je n’ai pas besoin que vous m’exposiez la doctrine de la conversion, que j’ai souvent entendu exposer en public et en particulier. Mais est-il certain que je puisse, moi, me convertir ? Oui, si ce changement dépendait de ma volonté personnelle. Mais vous prêchez, et l’Écriture enseigne, que la conversion ne dépend pas de la volonté de l’homme, mais qu’elle est un don de Dieu et un fruit de sa grâce. S’il en est ainsi, je ne puis me convertir que si ma conversion est voulue de Dieu ; et comment puis-je être assuré qu’elle le soit ? Peut-être la veut-il, peut-être aussi ne la veut-il point.
Vous qui vous reconnaissez à ce langage, il n’est pas surprenant que vous ne vous soyez pas convertis jusqu’à ce jour avec de telles pensées ; et il est même hors de toute vraisemblance que vous vous convertissiez jamais, tant que vous les conserverez. Car la conversion est, dans tous les cas, une œuvre assez remplie de peines et de sacrifices, pour qu’il semble impossible de l’entreprendre et d’y persévérer si l’on n’a pas une confiance parfaite dans le succès. Mais cette confiance, vous pouvez l’avoir ; les doutes qui vous retiennent n’ont aucun fondement ; et bien que votre conversion dépende de la volonté de Dieu, vous pouvez être tout aussi assurés du succès, j’ose même dire encore plus assurés, que si elle dépendait de la vôtre.
Je suppose d’abord que vous désirez sincèrement de vous convertir, et que vous êtes résolus de faire, quant à vous, tout ce que vous pouvez et devez faire de votre côté pour vous convertir en effet. S’il en était autrement, si vous ne vouliez pas vous-mêmes votre conversion, de quel droit et dans quel esprit demanderiez-vous si vous pouvez être assurés que Dieu la veuille ? Ce serait une question hypocrite, à laquelle il n’y aurait aucun lieu à répondre, et ce n’est pas à vous que je parlerais. Je parle à un homme qui veut de tout son cœur sa conversion ; et c’est à lui que je dis que, bien que sa conversion dépende de la volonté de Dieu, il peut être tout aussi assuré, et même plus assuré de l’obtenir, que si elle dépendait de sa propre volonté ; je m’explique.
Il est vrai, abondamment vrai, que votre conversion ne peut pas être opérée par votre propre volonté ; qu’elle ne peut l’être que par la volonté de Dieu ; qu’elle ne peut être qu’une œuvre de Dieu, un don de Dieu, une grâce de Dieu ; et qu’une âme convertie a sujet de reconnaître humblement que son changement entier vient de Dieu, depuis le commencement et depuis le commencement du commencement ; que ce n’est pas elle qui a choisi le Seigneur, mais le Seigneur qui l’a choisie (Jean 15.16) ; que c’est lui seul qui « l’a glorifiée, » c’est-à-dire, qui lui a donné une part dans la gloire éternelle ; qu’avant de la glorifier, « il l’a justifiée ; » qu’avant de la justifier, « il l’a appelée ; » qu’avant de l’appeler, « il l’a prédestinée ; » et qu’avant de la prédestiner, « il l’a préconnue (Romains 8.28-29), » c’est-à-dire choisie de son choix libre, gratuit, éternel ; enfin, qu’il l’a « élue en Jésus-Christ avant les temps éternels (Éphésiens 1.4), » et que toutes choses viennent « de lui, » passent « par lui », et aboutissent « à lui (Romains 11.36). » A lui donc, et à lui seul soit gloire au siècle des siècles dans la conversion d’une âme ! Amen.
Mais c’est à tort, absolument à tort, que vous concluez de ce que votre conversion doit être l’œuvre de Dieu et non la vôtre, que le succès en soit moins assuré : au contraire, il l’est davantage. Ceci peut vous paraître un paradoxe : c’est pourtant la vérité même. Car si votre conversion devait être votre œuvre, le succès dépendrait de votre force, de votre persévérance, de votre sagesse ; et par une suite nécessaire, il serait compromis par votre faiblesse, par votre impatience, par votre imprudence. C’est bien alors que vous auriez sujet de trembler en voyant votre destinée éternelle remise en d’aussi débiles mains que les vôtres, et que chacune de vos infirmités prendrait comme une voix pour vous dire : Je saurai bien t’empêcher de te convertir. Mais si votre conversion doit être l’œuvre de Dieu, le succès dépend de la force de Dieu, de la persévérance de Dieu, de la fidélité de Dieu et de la sagesse de Dieu ; et n’avez-vous pas tout à gagner à remettre votre dépôt en des mains si fermes et si fidèles, pourvu seulement que vous ayez l’assurance que Dieu soit favorable à votre conversion ? Eh bien, il y est favorable ; et, pour me servir d’une expression plus forte encore et qui est tirée du texte de l’Écriture, Dieu veut votre conversion (1 Timothée 2.4). Il la veut, bien entendu, non de cette volonté de commandement et de souveraineté à laquelle il est impossible de résister, en sorte que vous soyez contraints de vous convertir, que vous le vouliez ou non, — non, Dieu ne conduit pas l’homme « comme le cheval ou le mulet qui sont « sans intelligence, » — mais de cette volonté de consentement et de concours par laquelle il conduit ses créatures morales et responsables, en sorte que vous pouvez être assurés qu’il fera ce qui est nécessaire pour votre conversion, si vous la voulez sincèrement vous-mêmes. Dans ce sens, Dieu veut votre conversion : c’est ce que j’espère vous démontrer aujourd’hui de telle manière qu’il ne puisse rien manquer à votre conviction.
Mais j’ai une chose à vous demander : écoutez-moi dans un esprit de simplicité. Ne me demandez pas de vous expliquer comment il est vrai, tout à la fois, que nul ne vient à la conversion sans la grâce et l’élection de Dieu, et que vous êtes tous obligés, sous votre propre responsabilité, de vous convertir, Dieu ayant fait pour chacun de vous tout ce qui est nécessaire pour qu’il se convertisse en effet. Ces deux vérités sont également attestées par les Écritures : c’est assez pour que je les prêche l’une et l’autre, et ce doit être assez pour que vous les receviez l’une et l’autre. Car je suis ministre de Jésus-Christ pour « annoncer tout son conseil, » « commandement après commandement, ligne après ligne (Ésaïe 28.10), » non pour le réduire en système ; et vous êtes disciples de Jésus-Christ pour croire ce qu’il vous enseigne, non pour vous tourmenter de savoir comment se concilient aux yeux de Dieu telles déclarations que vous ne savez comment concilier dans votre esprit. « Les choses révélées sont pour nous et pour nos enfants ; » mais le lien qui rattache entre elles des révélations diverses, et en apparence divergentes, est au nombre de ces « choses cachées qui sont pour l’Éternel notre Dieu (Deutéronome 29.29). » Portons dans les choses du salut cet esprit de simplicité, de bon sens, que nous portons dans les autres affaires de la vie. Le feu prend à votre maison : les flammes s’étendent, s’élancent et gagnent l’appartement où vous vous trouvez ; une poutre qui est au-dessus de votre tête s’embrase, se consume de minute en minute et déjà menace de tomber sur vous… Mais on vous montre un passage par lequel vous pouvez échapper. Direz-vous : Je ne puis échapper que si j’y suis destiné de Dieu, je ne puis rien faire pour me sauver, et je demeurerai où je suis ? Non, mais vous verrez dans ce passage même qui vous est ouvert une marque que Dieu veut votre délivrance, et vous vous hâterez de sortir, sans vous tourmenter de savoir si vous êtes destiné ou non à échapper à l’incendie. Usez de la même sagesse dans ce qui appartient au salut de votre âme. On vous montre le péril où vous êtes ; on vous montre une voie pour en sortir ; croyez, sortez, hâtez-vous, fuyez la colère à venir, sans vous tourmenter de savoir si vous êtes élu ou si vous ne l’êtes pas. Fuyez seulement, et vous serez un élu. Quoi qu’il en soit, rien du côté de Dieu, absolument rien ne met obstacle à votre conversion ; au contraire, tout l’appelle, tout la favorise, tout la garantit : Dieu veut votre conversion.
C’est ce que vous déclare déjà la compassion que Dieu exprime pour vous dans mon texte ; il est certain que Dieu ne ressentirait pas cette compassion si vous n’étiez misérable, il ne l’est pas moins qu’il ne vous l’exprimerait pas si toute délivrance vous était impossible, et impossible par un effet de sa volonté. Mais, de même qu’en parlant de votre misère nous sommes entré dans le détail des traits les plus saillants sous lesquels Dieu la peint dans l’Écriture, nous allons entrer aussi dans le détail des marques les plus frappantes que Dieu vous donne qu’il veut votre conversion.
Et d’abord, rappelez-vous les déclarations formelles qu’il vous en fait dans sa Parole ; et sans aller chercher plus loin, écoutez celle que vous trouverez renfermée dans mon texte en l’examinant plus attentivement. « Je suis vivant, dit le Seigneur l’Éternel, que je ne prends point plaisir à la mort du méchant, mais plutôt à ce que le méchant se détourne de sa voie et qu’il vive. Détournez-vous, détournez-vous de votre méchante voie ; et pourquoi mourriez-vous, ô maison d’Israël ? » Il n’est pas nécessaire de rechercher curieusement si ce discours s’adresse à tous les hommes sans exception, même à ceux à qui cette invitation ne parvient point. Quoi qu’il en soit, il s’adresse très certainement à ceux à qui elle parvient ; il s’adresse premièrement aux Juifs inconvertis, qui avaient été circoncis et qui étaient à portée de l’ancienne alliance ; il s’adresse ensuite aux chrétiens inconvertis, qui ont été baptisés et qui sont à portée de la nouvelle alliance. Il s’adresse à vous, à vous-mêmes ; et c’est à vous que Dieu dit : « Je suis vivant, que je ne prends point plaisir à la mort du méchant, mais plutôt à ce qu’il se convertisse et qu’il vive. Convertissez-vous, convertissez-vous ; et pourquoi mourriez-vous ? » Ce langage n’est-il pas clair, formel, et de nature à ne vous laisser aucun doute que Dieu veuille votre conversion ? « Convertissez-vous, convertissez-vous ; et pourquoi mourriez-vous ? » Dieu vous parlerait-il de la sorte s’il ne voulait pas votre conversion, et s’il ne vous restait aucun moyen d’échapper à votre misère ? Quoi ! supposer qu’un homme riche qui encourage un pauvre à se tourner vers lui pour être soulagé, lui prépare, s’il vient en effet, un refus, ce serait faire à cet homme une cruelle injure, et ne serait-ce pas faire injure à Dieu, ne serait-ce pas blasphémer que de penser qu’il vous invite si spécialement, si expressément, si tendrement à vous convertir, et qu’il vous en en refusât les moyens ? qu’il vous demande pourquoi vous voulez périr, et qu’il vous laissât dans l’impossibilité d’éviter votre perte ? Dieu se moquerait-il ainsi de l’homme, et lui adresserait-il une invitation illusoire, ironique, et qui, plus elle est pressante, plus elle serait odieuse ? Non, non, ce n’est pas là sa pensée : s’il vous invite à vous convertir, c’est qu’il veut votre conversion et qu’il fera tout ce qui est nécessaire pour que vous puissiez vous convertir. Aussi ajoute-t-il expressément : « Je ne prends point plaisir à la mort du méchant, mais à ce qu’il se convertisse et qu’il vive. » Je ne prends point plaisir à votre mort. Je n’afflige point, je ne rejette point, je ne condamne point volontiers. Il faudra sans doute, si absolument vous rejetez ma grâce, si vous tournez à votre endurcissement tout ce que je fais pour vous sauver, il faudra qu’en juste juge je vous applique la loi de mon royaume, et que je prononce contre vous la terrible sentence que le pécheur a méritée. Mais j’aimerais mieux n’avoir pas à l’appliquer ; et plutôt que de faire de vous un monument de ma justice et de ma sainte colère, j’aimerais mieux en faire un monument de mes tendres compassions. Je ne demande que votre conversion : ma volonté, ma joie, ma gloire, ce à quoi je prends plaisir, c’est votre conversion. Et même « pour vous faire mieux connaître la « fermeté immuable de son conseil » de miséricorde à votre égard, et comme pour achever d’arracher toute racine de doute de votre cœur, à cette tendre déclaration il joint le serment, et « ne pouvant jurer par un « plus grand que lui, il jure par lui-même (Hébreux 6.13,17) » : « Je suis vivant, que je ne prends point plaisir à la mort du méchant, mais à ce qu’il se convertisse et qu’il vive ; » comme s’il eût dit : Autant il est vrai que je suis vivant au siècle des siècles, autant il est vrai, chrétiens inconvertis, que je ne souhaite pas votre mort, mais votre conversion ; que si vous la voulez, je la veux plus que vous ; et que je ne vous refuserai rien, absolument rien de ce qui est nécessaire pour vous convertir. En sorte qu’il faut que vous accusiez Dieu d’ironie, de mensonge et de parjure, ou que vous confessiez que rien du côté de Dieu n’empêche votre conversion, mais qu’au contraire tout l’appelle, tout la favorise, tout la garantit, et qu’enfin Dieu veut votre conversion.
Et ne le voyez-vous pas ? et qu’est-il besoin de vous démontrer une vérité que vous contemplez de vos yeux ? Regardez autour de vous : où êtes-vous ? qui vous parle ? qui êtes-vous vous-mêmes ? et qu’entendez-vous ici ? Pensez-y, mes chers auditeurs ; et doutez encore, si vous l’osez, que Dieu veuille votre conversion ! Où êtes-vous ? Quelle est cette maison dans laquelle nous sommes assemblés ? Est-ce une maison muette et qui n’ait rien à vous apprendre touchant la conversion de vos âmes ? ou bien est-ce une maison qui n’ait de voix que pour vous égarer et pour vous perdre dans des chemins de mensonge ? est-ce un sanctuaire de quelque idole, de Jupiter ou de Moloch, de Jaggernaut ou de Brama, ou de quelque autre de ces innombrables divinités terrestres, dirai-je ? ou infernales, dont les peuples païens ont encensé les autels ? Non ; ce n’est rien de tout cela : c’est un sanctuaire de notre grand Dieu et Seigneur Jésus-Christ, qui vous parle de Jésus-Christ, qui ne vous parle que de Jésus-Christ, et où retentit constamment cette voix : « Croyez au Seigneur Jésus-Christ et vous serez sauvés. » Qui vous parle ? et qui sommes-nous ? Sommes-nous ministres et prédicateurs de quelque divinité étrangère et inconnue ? ou bien sommes-nous des discoureurs publics et des faiseurs de systèmes et de conjectures ? Non ; nous sommes des ministres de notre grand Dieu et Seigneur Jésus-Christ, qui vous annoncent de sa part et en son nom que vous vous convertissiez à lui pour avoir la vie éternelle. Qui êtes-vous vous-mêmes ? Êtes-vous des « profanes d’entre les gentils, hors de Christ, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu au monde (Éphésiens 2.12) ? » Non ; vous êtes chrétiens, baptisés au nom de Jésus-Christ, invoquant le nom de Jésus-Christ, possédant la Parole de Jésus-Christ, instruits dans la doctrine de Jésus-Christ, et tout entourés, tout couverts, tout remplis de marques qu’il faut croire et se convertir à Jésus-Christ. Et enfin, qu’entendez-vous ici ? Quelle doctrine vous annonçons-nous ? Est-ce quelqu’une de ces impostures que les prêtres des fausses religions ont inventées pour accroître leur fortune ou leur crédit ? ou bien est-ce quelqu’une de ces doctrines d’hommes, de ces philosophies du siècle, qui se succèdent et se renversent les unes sur les autres, comme les soldats de cartes dressés par les mains d’un enfant ? Non ; c’est la Parole du Dieu vivant et vrai ; cette parole, qui est la vérité du ciel et la source de toute vérité pour la terre ; cette parole, « qui est plantée au milieu de vous et qui peut sauver vos âmes ; » cette parole vivante, efficace, plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, qui atteint jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des « moelles, » et qui est puissante pour émouvoir, pour effrayer, pour éclairer, pour délivrer, pour convertir et pour sauver. Et vous pourriez douter que Dieu veuille votre conversion ! Et que vous a-t-il refusé de ce qui est nécessaire pour votre conversion ? Naissance, baptême, instruction, communion, prédication, Bible, exemples, que vous a-t-il manqué ? Tournez-vous de tous les côtés, que voyez-vous, qu’entendez-vous autre chose qu’appels de Dieu, que grâces de Dieu, que promesses de Dieu, que menaces de Dieu, qui vous avertissent, qui vous pressent, qui vous somment, j’ai presque dit qui vous contraignent de vous convertir ? Ah ! ce que Moïse disait au peuple d’Israël, combien n’avons-nous pas plus de motifs encore pour le dire à cette Église : « Ce commandement que je vous prescris aujourd’hui n’est point trop haut pour vous, et n’en est point éloigné. Il n’est pas aux cieux, pour que vous disiez : Qui montera pour nous aux cieux et nous l’apportera ? Il n’est point aussi au delà de la mer, pour que vous disiez : Qui passera pour nous au delà de la mer et nous l’apporter ? Mais cette parole est fort près de vous, dans votre bouche et dans votre cœur. Regardez : j’ai mis aujourd’hui devant vous tant la vie et le bien que la mort et le mal… Je prends aujourd’hui à témoin les cieux et la terre contre vous, que j’ai mis devant vous la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisissez donc la vie afin que vous viviez (Deutéronome 30.11-19) ! »
Mais, outre ces marques que Dieu a données à tous ceux qui entendent sa Parole qu’il veut leur conversion, il vous en a donné, à vous qui m’écoutez aujourd’hui, des marques toutes particulières. Elles sont empreintes sur le sol que vous foulez aux pieds ; elles sont écrites sur les pages de votre histoire ; et quand tous les autres peuples du monde douteraient que Dieu voulût leur conversion, les habitants de cette contrée privilégiée devraient encore être assurés qu’il veut la leur : tant sont nombreux, tant sont singuliers, tant sont éclatants les témoignages de la complaisance avec laquelle il regarde ce coin de la terre ! Avez-vous jamais considéré, mes chers frères, de quelle manière la prédication de l’Évangile est arrivée jusqu’à vous ? Peut-être pensez-vous qu’elle n’est venue ici que comme elle est venue dans tous les autres lieux où elle existe maintenant. Mais non : elle y est parvenue par une série de dispensations spéciales, étonnantes, merveilleuses, et où paraît clairement un dessein arrêté de faire arriver l’Évangile, malgré tous les obstacles, à cette contrée, à vous, à vous proprement. Il n’est peut-être pas de point sur le globe que l’Esprit de ténèbres, sous toutes les formes successives qu’il a pu imaginer et revêtir, ait disputé avec autant d’opiniâtreté et d’acharnement à l’Esprit de vérité que la terre que nous foulons aux pieds, cette terre vénérable, cette terre couverte des souvenirs les plus vivants et les plus glorieux de l’histoire de l’Église ; et toujours, toujours la vérité, chassée pour un temps, a repris possession de cette contrée, où elle a fini par s’établir paisiblement devant vous et pour vous. Il y a dix-huit cents ans, cette contrée était « assise dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, » et n’avait pas même eu part à cette pâle lumière « qui éclairait dans un lieu obscur en attendant que le jour fût venu, » et qui, de Jérusalem, avait répandu ses lueurs prophétiques sur une grande partie de la terre. Mais au second siècle de notre ère, « le soleil de justice qui porte la santé dans ses rayons : » se leva sur cette contrée et sur Lyon qui en était le centre : le pieux Irénée y annonça la bonne nouvelle de la conversion et de la vie, et y assembla un peuple d’adorateurs de Dieu, « en esprit et en vérité. » — A peine cette Église naissante eut-elle commencé de paraître, que le Démon arma contre elle la Rome païenne et le culte des faux dieux : les chrétiens furent persécutés, brûlés, déchirés par les bêtes, et la voix de l’Évangile étouffée. Elle demeura silencieuse durant des siècles : car comment appeler Évangile cette doctrine qui avait reparu sous le nom de christianisme, mais qui, « ayant les apparences de la piété, en avait renié la force ? » Mais au huitième siècle, un pieux évêque, Claude de Turin, prêcha l’Évangile dans ces contrées ; et, au douzième siècle, se leva ce noble témoin, Pierre Valdo, par qui Dieu répandit une grande lumière et fit retentir au loin le son de l’Évangile. — Le Démon se réveilla encore. Contre un plus grand péril pour son règne, il appela une plus formidable opposition : cette fois il souleva contre les chrétiens la Rome papale et la chrétienté déchue, et le sang des confesseurs de Jésus-Christ, massacrés, brûlés, roués, détruits par tous les plus affreux supplices, courut par ruisseaux sur la terre. — Mais « le méchant fit une œuvre qui le trompa. » En dispersant les chrétiens, il sema l’Évangile dans toute l’Europe, et ouvrit les voies à une réforme plus puissante et plus étendue ; et quand fut venu le mouvement du seizième siècle, le témoignage de Dieu qui était sorti premièrement de cette contrée, y rentra pour y retentir avec une force et une liberté nouvelle. — Nouveaux efforts de l’ennemi, nouvelle persécution, nouveaux massacres ; jusque-là que beaucoup de familles de vos pères furent réduites à chercher chez des étrangers la protection que leur refusait leur patrie, et dans leur nombre, les ancêtres d’un de ces serviteurs de Dieu qui viennent aujourd’hui demander à cette Église la consécration au saint ministère. Mais la vérité demeura encore parmi vos pères ; la prédication de l’Évangile ne put leur être entièrement ôtée ; des persécuteurs même furent convertis et « annoncèrent la foi qu’ils détruisaient auparavant (Galates 1.23). » — Enfin, au dernier siècle, le Démon essaya contre la vérité de Dieu des armes nouvelles, qui ne lui réussirent que trop bien dans nos malheureuses Églises de France. La philosophie et l’incrédulité du siècle s’introduisirent jusque dans les chaires, pour combattre contre Jésus-Christ sous le nom même et avec l’autorité de Jésus-Christ. Mais cette fois encore, Dieu, dont l’œil était toujours ouvert sur cette contrée, confondit les ruses de l’adversaire comme il avait triomphé de ses violences, et remit en sa place le chandelier de l’Évangile. Et que ne puis-je vous retracer ici cette suite de dispensations étonnantes par lesquelles il vous rendit la prédication de la vérité ! Cet étranger, cet homme simple (Félix Neff), mais puissant en œuvres et en paroles, » qui vous consacra presque entière une vie si courte et si bien remplie, et qui traversa vos villes et vos campagnes, réveillant pasteurs et troupeaux, et semant à pleines mains sur son passage la conversion et la vie éternelle ; ces contrées favorisées n’ayant bientôt plus que des ministres fidèles, et n’entendant jamais que la saine doctrine de Jésus ; ces serviteurs de Dieu venus d’Orient et d’Occident, du Nord et du Midi, visitant les uns après les autres cette Église et y confirmant le témoignage de la foi ; un peuple nombreux appelé des ténèbres à la lumière, prêchant l’Évangile par ses discours et le démontrant par sa vie : le temps nous manquerait, si nous voulions entrer dans tous ces détails ; — mais je vous le demande, enfants d’un tel peuple, héritiers de tels souvenirs et d’une telle histoire, comment quelqu’un de vous oserait-il dire qu’il ne sait pas si Dieu veut sa conversion ? Il ne veut pas votre conversion ! et que veut-il donc ? et que cherche-t-il donc, que poursuit-il donc dans ces dispensations si étonnamment combinées, depuis que l’Évangile est au monde, pour vous le rendre toujours, bien que toujours arraché du milieu de vous ? Il ne veut pas votre conversion ! et que ferait-il donc s’il la voulait ? que pourrait-il faire, qu’il n’ait fait pour vous convertir ? vous, pour qui il a suscité des témoins, vaincu des armées, déjoué des complots ; renversé des souverains, fait la guerre et la paix, envoyé la vie et la mort ? Il ne veut pas votre conversion ! et qui veut-il donc convertir ? à qui a-t-il accordé plus de grâces qu’il vous en a accordé, et d’une manière plus étonnante qu’il vous les a accordées ? qui a-t-il choisi comme vous ? appelé comme vous ? favorisé comme vous ? béni comme vous ? Encore une fois, parlez, répondez, quels secours, quels avertissements, quels exemples, quelles promesses, quelles menaces vous ont manqué ? Dieu ne veut pas votre conversion ! et dans quel moment le dites-vous ? quand il a fait lever sur vous des jours de grâce ; quand il a rassemblé au milieu de vous une troupe de ses serviteurs qui, les uns après les autres, vous ont fait entendre la parole du salut, et que chaque jour vous apporte quelque nouvel appel à la conversion ; quand « il a ouvert pour vous les canaux des cieux, et qu’il a répandu sur vous la bénédiction tellement que vous n’y pouvez suffire (Malachie 3.6). » Ah ! si vous doutez encore que Dieu veuille votre conversion, ces ministres, cette assemblée, cette chaire, ces solennités, cette journée même rendront témoignage contre vous et en faveur de Dieu que rien de son côté n’y met obstacle ; qu’au contraire, tout l’appelle, tout la favorise, tout la garantit, et qu’enfin Dieu veut votre conversion !
Je vais maintenant plus loin, mes chers auditeurs, et je m’enhardis jusqu’à vous déclarer que non seulement il n’y a rien du côté de Dieu qui vous empêche de vous convertir, mais qu’il n’y a rien du côté de Dieu qui vous oblige à retarder votre conversion ; rien, absolument rien qui vous empêche de vous convertir aujourd’hui, oui, aujourd’hui même. Il vous semble peut-être qu’à la vérité votre conversion est possible, mais qu’elle n’est possible qu’avec le temps, après des semaines, des mois, des années ; tout au plus vous apparaît-elle sur un horizon lointain, comme le terme de longues recherches et d’efforts soutenus. Mais c’est encore là une erreur dans laquelle l’ennemi de votre salut cherche à vous tenir pour gagner du temps, espérant que plus tard votre désir de vous convertir diminuera et les difficultés augmenteront ; hélas ! et qui peut dire combien de fois, en effet, une conversion différée a été une conversion manquée ? Si votre conversion devait être votre œuvre propre, non seulement elle ne serait pas possible aujourd’hui, mais elle ne le serait jamais ; mais parce qu’elle doit être l’œuvre de Dieu, elle est aussi possible aujourd’hui que tout autre jour. Et la volonté de Dieu n’est pas que vous différiez : c’est aujourd’hui, aujourd’hui même, qu’il vous invite à vous convertir. Sa volonté, c’est votre conversion ; son temps, c’est aujourd’hui. Il vous le déclare expressément dans sa Parole : « Aujourd’hui, si vous entendez la voix de Dieu, n’endurcissez point votre « cœur (Psaumes 95.7). » Mais une invitation à vous convertir demain, vous ne la trouverez nulle part dans la Parole de Dieu : quand il s’agit de conversion, l’Écriture ne connaît le mot demain que pour protester contre tout délai. « Cherchez l’Éternel pendant qu’il se trouve, invoquez-le tandis qu’il est près (Ésaïe 55.6). — C’est maintenant le temps favorable, c’est maintenant le jour du salut (Ésaïe 49.8). » Ainsi parle Dieu — et ainsi il agit. L’Écriture nomme beaucoup de personnes qui se convertissent aussitôt qu’appelées. Lydie écoute Paul, et le Seigneur lui ouvre le cœur. Le geôlier de Philippes entend l’Évangile, et se convertit en cette même nuit. Le seigneur de Capernaüm voit son serviteur guéri par Jésus-Christ, et il croit avec toute sa maison. Zachée cherche Jésus, le trouve, le reçoit et fait les œuvres de la foi, tout cela dans un jour. Le brigand s’humilie, se convertit et reçoit la promesse de la vie, tandis qu’il est sur la croix. « Tout est prêt » pour la conversion des âmes, comme s’exprime le Seigneur dans la parabole des noces. Remarquez bien cette précieuse parole : « Tout est prêt. » Du côté du roi, tout est prêt : les bêtes sont tuées, les mets sont préparés, les tables sont dressées, les places sont disposées, les portes sont ouvertes, les serviteurs sont envoyés, les convives sont invités : il ne leur reste qu’à entrer et à s’asseoir au festin. Tout est prêt, non pas pour demain, mais pour aujourd’hui, mais pour ce moment même, Et ce n’est pas d’aujourd’hui que tout est prêt : tout était prêt hier ; tout était prêt avant-hier ; tout était prêt il y a dix-huit cents années, quand le Fils de Dieu est venu en chair ; tout était prêt il y a six mille années, lorsque aussitôt après que le péché fut entré dans le monde, la promesse de grâce y entra aussi et annonça celui qui devait venir, afin que quiconque croirait eût la vie éternelle ; tout est prêt depuis que le monde est monde, pour quiconque veut, a voulu ou voudra se convertir. Nul délai dans le passé n’était nécessaire, n’était voulu de Dieu ; nul délai dans l’avenir n’est nécessaire, n’est voulu de Dieu. Gardez-vous de croire qu’il se fasse attendre de vous ; c’est au contraire lui qui vous attend, selon ce qui est écrit : « L’Éternel « attend pour vous faire grâce (Ésaïe 30.18). » Que dis-je, il vous attend ? il fait plus encore, il va au-devant de vous. Non content de vous avoir ouvert à deux battants la porte de sa maison, il en sort, inquiet de ne pas vous voir venir, il s’approche de votre porte, il y frappe, et vous dit : « Je me tiens à la porte, et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui, et je souperai avec lui, et lui avec moi (Apocalypse 3.20). » Vous l’entendez, âmes désireuses de vous convertir, le Seigneur vous invite à la conversion, et son invitation est pour ce jour même. Pendant que ce jour vous éclaire, pendant que je vous parle, pendant que vous êtes assis dans ce temple, Dieu vous appelle, Dieu vous attend, Dieu vous cherche ; et si tous les membres inconvertis de cette assemblée, sans exception d’un seul, voulaient se convertir aujourd’hui, il n’y a rien du côté de Dieu, absolument rien qui les empêchât de se convertir tous, sans exception d’un seul, aujourd’hui même !
Mais si Dieu veut votre conversion, et la veut aujourd’hui ; si tout en lui est encouragement, appel, bonne volonté, prévenance ; et s’il fait tout ce qui peut être fait, tout ce qui peut être imaginé, pour que vous vous convertissiez, tout, excepté de vous y contraindre, de qui proviennent donc les obstacles qui empêchent votre conversion ou les délais qui la retardent ? De qui, mes chers frères, si ce n’est de vous-mêmes ? de vous, qui ne voulez pas entrer quand Dieu vous ouvre sa porte, qui ne voulez pas lui ouvrir quand il frappe à la vôtre, qui ne voulez pas enfin vous convertir ? Oui, oui, nous vous le disons sans détour : quand Dieu a tout fait, il ne faut plus pour opérer votre conversion qu’une chose, votre volonté ; et dans ce sens, votre conversion dépend de votre volonté, et toute la responsabilité de votre destinée éternelle repose sur votre volonté. Elle seule vous a manqué ; elle seule vous manque encore ; elle seule peut vous manquer à l’avenir ; et si vous ne vous convertissez pas, c’est que vous ne le voulez pas. Vous le souhaitez peut-être, mais vous ne le voulez pas. Vous le souhaitez : vous désireriez d’échapper à la misère qui vous presse et d’éviter le péril qui vous menace ; vous désireriez le pardon de Dieu, la paix, la grâce, la vie éternelle, et tous les fruits enfin de la conversion. Mais vous ne le voulez pas : vous ne voulez pas, pour vous convertir, consentir à tous les efforts, à toutes les peines, à tous les sacrifices qu’il en peut coûter ; vous ne voulez pas, pour vous convertir, tout faire, jusqu’à combattre jour et nuit contre le péché ; tout quitter, jusqu’à vos penchants les plus chers, à vos habitudes les plus enracinées, à vos plaisirs les plus entraînants ; tout souffrir, jusqu’à la perte de votre fortune, de votre honneur, de votre vie même, si Dieu les demande. Car, de bonne foi, si vous le vouliez, qui vous empêcherait de faire ce que Dieu vous commande de faire pour vous convertir ? Qui vous empêche de prendre la Bible et de la lire avec attention, avec persévérance, avec prière ? qui vous empêche de demander à Dieu sa grâce, son Esprit, la foi et un nouveau cœur ? qui vous empêche de confesser vos péchés au Seigneur et de recourir à lui pour qu’il les efface par son sang ? qui vous empêche de faire ce que Dieu prescrit dans sa Parole et de cesser de faire ce qu’il défend ? qui vous empêche de rechercher les encouragements et les conseils de chrétiens éclairés et expérimentés qui sont à votre porte ? qui vous empêche, enfin, d’écouter Dieu qui vous parle, de suivre Dieu qui vous appelle, d’ouvrir à Dieu qui frappe, et de faire, en un mot, tout ce qui est nécessaire à votre conversion ? Rien, rien ne vous empêche, mais vous ne le voulez pas ; et votre conscience rend témoignage contre vous, au dedans de vous, que vous ne le voulez pas ; et pour la faire taire, pour donner le change aux autres, et pour vous le donner à vous-même si vous le pouviez, vous allez vous plaignant que vous souhaitez de tout votre cœur de vous convertir, mais que Dieu ne veut pas votre conversion ; rejetant ainsi votre faute sur Dieu, et ajoutant à l’inconversion l’hypocrisie et le blasphème. Mais non : vous n’accusez Dieu de vous manquer, que parce que vous manquez vous-même à Dieu. Il n’y a qu’une seule personne au monde qui empêche votre conversion, — c’est vous-même. Tournez-vous de tous les côtés, cherchez avec autant de soin que vous voudrez : vous ne trouverez nulle autre puissance qui rende votre conversion impossible, que celle de votre propre volonté. Dieu vous appelle, vous attend, vous cherche et vous dit : Faites la paix avec moi, « convertissez-vous. » Jésus-Christ se tient à la porte de votre cœur, y frappe coup sur coup et vous dit : Ouvrez-moi, « convertissez-vous. » Le Saint-Esprit s’approche de vous, prêt à se répandre en vous, et vous dit : Recevez-moi, « convertissez-vous. » Les anges du ciel soupirent après votre délivrance et vous disent : Prenez part « à cette grande joie qui est pour vous et pour tout le peuple, convertissez-vous. » Vos pasteurs vous exhortent, vous conjurent et vous disent : « Convertissez-vous. » La nature hors de vous, votre propre conscience au-dedans de vous, vous parlent à leur tour et vous disent : « Convertissez-vous. » Vous seul, — je devrais dire, vous et le Démon, mais le Démon ne peut vous perdre que si vous le voulez vous-même, — vous seul, vous résistez contre tous. Malgré Dieu, malgré Jésus-Christ, malgré le Saint-Esprit, malgré les anges, malgré vos pasteurs, malgré la nature et malgré votre propre conscience, vous voulez vous perdre…
Mais le voudrez-vous jusqu’au bout ? Résisterez-vous encore et scellerez-vous votre perdition sans retour ? Ah ! si vous le faites, sachez du moins que Dieu n’aura pas voulu votre mort, et que votre sang ne sera que sur votre tête. Sachez qu’un temps viendra où vous déplorerez sans fruit, sans consolation, sans fin, la folie de votre résistance. Sachez qu’il n’est pas un incrédule, pas un impie, pas un scélérat, dont nous ne préférassions l’éternité à la vôtre. Sachez que votre condamnation épouvantable sera reconnue juste devant tous ; juste devant les anges, juste devant les serviteurs de Dieu, juste devant les démons, juste devant vous-même ; et qu’il n’y aura point de créature qui ne soit contrainte d’avouer qu’il faut que la sainte loi de Dieu soit vengée par un châtiment exemplaire et terrible de pécheurs aussi insensés, aussi obstinés, aussi endurcis que vous l’êtes… Mais qu’ai-je dit ? que fais-je ? oublié-je l’esprit de ces discours ? Mon texte ne m’avertit-il point de laisser la justice et la colère, pour ne faire parler aujourd’hui que les tendres compassions de mon Dieu ? Et qui suis-je pour tonner contre ceux qui résistent à la grâce, moi qui y ai si longtemps résisté moi-même ? Ah ! plutôt, le cœur brisé de votre misère, l’esprit troublé de votre péril, l’imagination bouleversée du sort que vous vous préparez, je me jette à genoux devant vous, et je vous supplie, je vous conjure avec larmes de prendre pitié de vous-mêmes et de vous convertir. Mais non : mes compassions sont trop faibles et ma voix est trop impuissante. Toi, toi, qui frappes à leur porte et qui peux toucher leur cœur, Seigneur Jésus, Sauveur miséricordieux et charitable, mets-toi en ma place. Ne dédaigne point de t’humilier devant ces pauvres membres inconvertis de ton Église. Presse-les, prie-les, conjure-les de se convertir. Tes instances, tes prières, tes larmes feront ce que les miennes ne pourraient faire, et amolliront jusqu’aux cœurs les plus endurcis : O vous, mon peuple, mon Église ; vous sur qui mon nom est invoqué, vous que mon baptême a scellés, vous que ma table a nourris, vous pour qui mon sang a coulé, ne voulez-vous pas venir à moi pour avoir la vie ? Voici, je ne suis pas venu pour condamner le monde, mais pour le sauver. Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui est perdu. Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et vous trouverez du repos pour vos âmes. Ne redoutez pas mon joug, car il est doux ; ni mon fardeau, car il est léger. Que de fois j’ai voulu vous rassembler, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez point voulu ! Je vous ai cherchés, comme le bon berger cherche sa brebis perdue ; j’ai voulu vous charger sur mes épaules, vous mettre dans mon sein et vous porter dans le bercail ; mais vous avez fui loin de moi, comme si ma voix était celle d’un étranger. Toutefois, me voici encore ; j’ai encore compassion de vous, et je suis encore sorti pour vous chercher ; je me tiens à votre porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. Oh ! si vous pouviez connaître du moins dans cette journée de votre visitation les choses qui appartiennent à votre paix ! Tournez-vous vers moi et soyez sauvés ; croyez en moi et vous vivrez ; fuyez la colère à venir ; entrez par la porte étroite ; donnez-moi, donnez-moi votre cœur. C’est moi qui vous en conjure, moi votre Dieu, moi votre Seigneur, moi votre Sauveur !
Me trompé-je, mes frères ? Il me semble qu’il y a dans cette assemblée des personnes qui ont entendu la voix de Jésus, qui ont horreur de leur résistance passée, et qui veulent aujourd’hui même le recevoir et lui ouvrir toutes les portes de leur cœur. Il me semble que je les entends dire : Me voici, je veux aussi me convertir. Lève-toi, bon Sauveur ! Charge sur tes épaules ces brebis qui étaient perdues, et qui sont retrouvées. Mets-les dans ton sein, porte-les dans ton bercail, et ajoute-les à ton cher troupeau « que nul ne ravira de ta main ! » Que l’Église triomphe, que les anges se réjouissent, et que tout ce qui aime le nom du Seigneur, dans le ciel et sur la terre, s’unisse pour chanter d’un même cœur : « L’Agneau qui a été mis à « mort, est digne de recevoir puissance, richesse, sagesse, force, honneur, gloire et louange… A celui qui est assis sur le trône, et à l’Agneau, soit louange, honneur, gloire et force, aux siècles des siècles ! Amen. »
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