Mais l’heure vient et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est esprit et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. (Jn 4.23-24)
Ces paroles de Jésus à la Samaritaine sont les premiers enseignements du Sauveur sur la prière, qui nous aient été conservés. Quels horizons nouveaux ils ouvrent à notre esprit !
Le Père demande des adorateurs.
Notre adoration est donc une satisfaction et une joie pour son cœur plein d’amour. Il y a beaucoup d’adorateurs qui ne sont pas les vrais, tels qu’Il les réclame.
Ce qu’Il veut, c’est être adoré en esprit et en vérité. Le Fils est venu frayer la voie à ce nouveau culte et nous l’enseigner. Cherchons à comprendre ce que signifient ces paroles et le moyen de parvenir à ce culte vrai.
Jésus a parlé à la Samaritaine d’une adoration qui peut se manifester sous trois fermes différentes :
Premièrement, l’adoration ignorante des Samaritains : « Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ». (Jn 4.22)
Secondement, l’adoration intelligente des Juifs connaissant le vrai Dieu : « Nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs ». (Jn 4.22)
Enfin, cette adoration nouvelle et spirituelle que Jésus lui-même est venu apporter. « Mais l’heure vient et elle est déjà venue où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ». (Jn 4.23)
En examinant de près ces trois passages, il deviendra évident pour nous que les mots : — en esprit et en vérité — ne veulent pas dire, comme on le croit souvent, sincèrement, du fond du cœur, avec ardeur.
Les Samaritains possédaient les cinq livres de Moïse et connaissaient le vrai Dieu jusqu’à un certain point. Sans doute plus d’un parmi eux recherchaient Dieu par la prière avec droiture et sincérité.
Les Juifs, eux, avaient reçu la révélation complète de Dieu dans sa Parole, telle qu’elle avait été donnée jusqu’alors. Que d’hommes pieux, au milieu d’eux, se confiaient en l’Eternel de tout leur cœur ! Mais ce n’était pas encore, — en esprit et en vérité.
Jésus le dit : L’heure vient et elle est déjà venue. Ce n’est que par lui et en lui que l’adoration sera celle que le Père demande. Chez les chrétiens nous retrouvons ces trois classes d’adorateurs.
Quelques-uns, dans leur ignorance, savent à peine ce qu’ils doivent demander, encore moins comment, le demander. Ils prient avec ferveur, mais ne reçoivent que peu. D’autres ont une connaissance plus complète des. choses de Dieu, ils apportent à leurs prières leur cœur, leur esprit, leur attention, mais ils n’obtiennent pas les bénédictions accordées à la prière faite en esprit et en vérité. C’est donc à une autre école que nous demanderons au Maître de nous amener. Lui seul peut nous enseigner cette véritable adoration, celle que réclame le Père et qui est toute spirituelle.
« Dieu est esprit et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité ».
Une première condition est l’harmonie indispensable entre Dieu et ses adorateurs c’est-à-dire il faut que l’adorateur soit en rapport intime avec celui qui est l’objet de son adoration.
Tout dans la nature nous rappelle ce principe. Il nous faut le lien qui rattache l’objet à l’organe par lequel il se révèle à nous. L’œil est fait pour percevoir la lumière, l’oreille pour le son. L’homme qui veut sincèrement adorer Dieu, qui désire se rencontrer avec lui, le posséder et le connaître doit se mettre tout d’abord en harmonie. avec lui, pour être en état de le recevoir.
C’est parce que Dieu est ESPRIT que nous devons l’adorer EN ESPRIT. Tel est Dieu, tel doit être son, adorateur.
La Samaritaine avait demandé au Seigneur si c’était à Samarie ou à Jérusalem qu’il fallait adorer. Jésus répondit que désormais le culte et l’adoration ne seraient limités par aucun lieu déterminé.
« Femme, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père ».
Dieu est esprit, Il n’est limité ni par le lieu, ni par le temps, ni par l’espace ; en vertu de sa perfection même, Il est toujours et partout le même; par conséquent le culte qui doit lui être rendu ne sera désormais renfermé dans aucun lieu spécial, ni dans aucune forme arrêtée. Il sera spirituel comme Dieu est spirituel.
Quel enseignement profond et important. Notre christianisme souffre lorsqu’il est limité à certains lieux, certains jours, certaines heures. Un homme pourra prier avec ferveur et sérieux à l’église, ou dans le silence du cabinet, et cependant ‘passer une bonne partie de la journée et de la semaine dans une disposition d’esprit toute différente de celle qu’il avait apportée à l’acte de la prière.
Parce que c’était un culte d’habitude, fixé à une certaine heure et à un certain lieu, mais non un acte de son être tout entier. L’adoration, pour plaire à Dieu, doit être l’œuvre de notre vie, la vie de notre vie, et ce culte-là ne peut procéder que de Dieu lui-même. Dieu seul peut nous donner l’Esprit car lui seul le possède en entier. Il nous a donné son Fils pour nous enseigner à l’adorer lui, le Père, en esprit.
C’est de son œuvre ici-bas que Jésus parle en disant à deux reprises :
— L’heure vient... Elle est déjà venue.
— Le baptême du Saint-Esprit ne pouvait avoir lieu avant que le Christ fût glorifié.
« J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et s’arrêter sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé, baptiser d’eau, celui-là m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et s’arrêter, c’est celui qui baptisera du Saint-Esprit ». (Jn 1.32-33)
« Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui, car l’Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié ». (Jn 7.38,39)
« Cependant je vous dis la vérité, il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous, mais si je m’en vais, je vous l’enverrai ». (Jn 16.7)
Après avoir vaincu définitivement le péché et être entré dans le lieu Très-Saint avec son sang, Jésus reçut le Saint-Esprit pour nous le communiquer de la part du Père.
« Elevé par la droite de Dieu Il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis et Il l’a répandu, comme vous le voyez et l’entendez ». (Ac 2.33)
Par son sacrifice, Christ nous a rendu, dans la maison du Père, la place d’enfants que nous avions perdue, et par l’Esprit qu’Il nous communique nous pouvons crier « Abba, Père ». (Ro 8.15)
Jésus emploie ici le nom : Père. Aucun des saints de l’Ancienne Alliance, ni des patriarches, n’a jamais pris le nom d’enfant de Dieu, ni appelé Dieu son Père. L’adoration en esprit n’est possible qu’à celui qui a reçu du Fils, l’Esprit d’adoption.
« Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, sous la loi, afin qu’Il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l’adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils, lequel crie : « Abba ! Père ! ». (Ga 4.5,6)
En esprit et en VÉRITÉ. Cela ne veut pas dire, en sincérité, d’accord avec la vérité de la Parole de Dieu. Cette expression a une signification plus profonde.
« Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous pleine de grâce et de vérité... la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ ». (Jn 1.14,17)
« Je suis le chemin, la vérité la vie ». (Jn 14.6)
Sous l’Ancienne Alliance tout n’était que promesse et ombre des choses à venir. Jésus a apporté la réalité de tout ce qu’on espérait. En lui nous possédons réellement et dès à présent les bénédictions que donne la vie éternelle; nous pouvons en faire journellement l’expérience. Le Saint-Esprit est vérité; par lui la grâce qui est en Jésus-Christ devient notre propriété, elle est une communication de la vie divine.
En adorant en esprit, nous adorerons en vérité. Là est la communion vivante avec Dieu, l’harmonie réelle entre le Père qui écoute et l’enfant qui prie. La Samaritaine ne comprit pas tout de suite la portée des paroles de Jésus. Il fallait la Pentecôte pour en révéler toute la signification. Nous ne saurions guère non plus en saisir complètement le sens, à notre début à l’école de la prière. Nous le comprendrons mieux plus tard, mais pour le moment, acceptons cet enseignement tel qu’il nous est donné.
Que la disposition dans laquelle nous nous mettons à prier, soit conforme aux enseignements de Christ. Confessons humblement que nous sommes incapables par nous-mêmes de rendre à Dieu le culte qui lui plaît et qu’Il réclame de nous.
Soyons dociles à recevoir l’instruction nécessaire, et abandonnons-nous avec foi à l’inspiration de l’Esprit. Soyons surtout fermement convaincus que mieux nous écouterons, plus le Seigneur aura à nous dire.
La révélation de l’amour paternel de Dieu, la foi en sa miséricorde infinie donnée par son Fils et son Esprit sont véritablement le secret de la prière en esprit et en vérité.
SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.