« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions ..., et vous trouverez du repos pour vos âmes. » Mat. 11.28-29.
Du repos pour l’âme : telle est la première promesse par laquelle le Sauveur espère attirer le pécheur las de son fardeau. Cela semble une pensée toute simple mais en réalité, cette promesse est l'une des plus vastes et des plus riches qu'on puisse trouver. Du repos pour l'âme ! Cela n'implique-t-il pas la délivrance de toute crainte, la réponse à tous nos besoins, la satisfaction de tous nos désirs ? C'est bien cela, rien de moins, que le Sauveur propose au pèlerin qui revient à lui pour demeurer en lui — et pourtant celui-ci se plaint de ce que le repos n'ait pas été aussi permanent et aussi complet qu'il l'avait espéré ! Si vous n'avez pas trouvé le repos ou si, l'ayant trouvé, vous l'avez laissé se troubler et se perdre, l'unique raison est que vous n'êtes pas resté avec lui, vous n'êtes pas demeuré en lui.
Avez-vous remarqué que, dans cette première invitation du Sauveur à venir à lui, la promesse du repos est répétée deux fois, avec une nuance dans les conditions exprimées qui suggère que le repos permanent ne se trouve que dans la proximité permanente ? Le Sauveur dit d'abord : « Venez à moi et je vous donnerai du repos ». A l'instant même où vous venez et croyez, je vous donne le repos — le repos du pardon et de l'accueil, le repos dans mon amour. Mais nous savons qu'il faut du temps pour nous approprier pleinement ce que Dieu nous a accordé. Il faut le saisir fermement et en prendre possession, l'assimiler au plus profond de notre être. Sans cela, le fait même que Christ nous le donne ne peut faire que nous le possédions vraiment, que nous l'expérimentions et en jouissions pleinement. C'est pourquoi le Sauveur répète sa promesse en des termes qui ne se réfèrent plus au repos offert dès l'accueil à la créature fatiguée qui venait à lui, mais qui parlent clairement du repos plus profond, plus personnel de l'âme qui demeure avec lui. Il ne dit plus seulement : « Venez à moi », mais « Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi ». Devenez mes élèves, laissez-moi vous former, soumettez-vous en toutes choses à ma volonté ; que toute votre vie ne fasse qu'un avec la mienne — en d'autres termes : demeurez en moi. Il ne dit plus seulement alors : « Je vous donnerai », mais « vous trouverez » du repos pour vos âmes. Le repos qu'il vous a donné lors de votre venue va devenir quelque chose que vous aurez réellement découvert et fait vôtre. Un repos permanent plus profond qui résulte d'une plus longue fréquentation, d'une plus étroite communion, d'un abandon total, d'une intimité plus profonde. « Prenez mon joug, apprenez de moi ». « Demeurez en moi ». Telle est la voie qui conduit au repos permanent. Est-ce que ces paroles du Sauveur ne vous font pas découvrir ce que peut-être, vous avez si souvent cherché en vain à comprendre : comment se fait-il que l'on perde si souvent le repos dont on a tant joui par moments ? — la raison doit être que vous n'aviez pas compris que le secret du parfait repos c'est l'abandon complet à Jésus. Lui livrer sa vie entière afin que lui seul dirige et gouverne, prendre son joug et se soumettre afin d'être conduit et enseigné, apprendre de lui, demeurer en lui, être et faire ce qu'il veut — et rien que ce qu'il veut. Telles sont les conditions que doit remplir un disciple et sans lesquelles il ne peut être question de conserver ce repos qui nous a été donné quand nous sommes venus à Christ pour la première fois. Le repos est en Christ, ce n'est pas une chose qu'il puisse donner en dehors de lui-même. Ce n'est donc qu'en l'ayant lui-même qu'on peut réellement conserver ce repos et en jouir.
C'est parce que de jeunes croyants n'ont pas réussi à saisir cette vérité que leur repos s'est évanoui si rapidement. Pour quelques uns, c'est par ignorance ; on ne leur a jamais dit que Jésus réclame la soumission sans partage de tout notre cœur et de toute notre vie, qu'il n'y a pas un seul point de notre existence sur lequel il ne désire régner, que ses disciples doivent chercher à lui plaire jusque dans les plus petites choses. Ils ne savaient pas combien la consécration que Jésus demande est totale. Pour d'autres, qui avaient quelque idée de la vie de sainteté qu'un chrétien doit mener, l'erreur est différente : ils ne croient pas qu'il soit possible d'atteindre une telle vie. Prendre le joug de Jésus, le porter sans jamais le déposer, cela leur semble exiger une telle continuité dans l'effort, une telle somme de perfection que cela leur parait hors d'atteinte. L'idée même de demeurer en Jésus toujours, toute la journée, leur semble trop élevée — quelque chose qu'on atteindra peut-être après toute une vie de sainteté et de croissance spirituelle, mais par quoi ne peut commencer un faible débutant. Ils ne savent pas à quel point Jésus énonce une vérité quand il dit : « Mon joug est aisé » (Mat. 11.30). C'est le joug lui-même qui donne le repos, parce que c'est au moment même où l'âme se courbe pour obéir que le Seigneur lui donne la force et la joie de le faire. Ils n'ont pas remarqué que, lorsqu'il dit « recevez mes instructions ;», il ajoute « car je suis doux et humble de cœur » (Mat. 11.29) afin de leur assurer que sa bonté subviendra à tous leurs besoins et qu'il les portera comme une mère porte son faible enfant. Oh ! ils ne savent pas que, lorsqu'il dit « demeurez en moi », il demande simplement qu'ils se rendent à lui, à son amour tout puissant qui les tiendra fermes, les gardera, les bénira. Et ainsi, tandis que l'erreur des uns résidait dans le manque de consécration, celle des autres consistait à ne pas lui faire pleinement confiance. Consécration et Foi, voilà les deux éléments essentiels de la vie chrétienne. Tout abandonner à Jésus, tout recevoir de Jésus. L'un implique l'autre. Un mot pourrait les résumer : se livrer. Se livrer totalement, c'est obéir autant que se confier, c'est se confier autant qu'obéir. Partant d'une telle incompréhension, rien d'étonnant à ce que la vie du disciple ne soit pas la vie de joie et de force qu'il avait espérée. Sur certains points, vous avez été amené à pécher par ignorance, ne sachant pas que Jésus voulait vous diriger complètement et que vous ne pouviez rester dans la ligne droite un seul moment s'il n'est pas tout près de vous.
Sur d'autres points, vous saviez bien ce qui était péché, mais vous n'aviez pas le pouvoir de vaincre parce que vous ne saviez pas ou ne croyiez pas que Jésus pouvait vous prendre en charge complètement pour vous garder et vous aider. De toutes façons, il ne fallut pas longtemps pour que s'éteigne la joie rayonnante de votre premier amour et votre sentier, au lieu d'être une lumière resplendissante dont l'éclat va croissant jusqu'au plein jour (Pr. 4.18), ressemblait plutôt à celui d'Israël errant dans le désert, toujours en chemin, jamais bien loin du repos promis, mais passant toujours à côté. Ame fatiguée, tiraillée de-ci de-là pendant tant d'années, comme une biche haletante, oh ! viens et apprends aujourd'hui cette leçon : il y a un lieu où sont toujours assurés la sécurité et la victoire, la paix et le repos, et ce lieu est toujours ouvert pour toi. C'est le cœur de Jésus.
Mais quelqu'un dira : Hélas ! c'est justement là la grande difficulté : demeurer en Jésus, porter toujours son joug et recevoir ses instructions. Et l'effort même pour y parvenir me prive du repos encore plus que le péché ou le monde. Quelle erreur de parler ainsi et pourtant on entend cela si souvent ! Est-ce que cela fatigue le voyageur de se reposer à la maison ou sur son lit quand il cherche à se délasser ? Ou est-ce un travail pour un petit enfant de se reposer dans les bras de sa mère ? N'est-ce pas la maison qui abrite le voyageur ? N'est-ce pas la mère qui porte le tout petit dans ses bras et le protège ? Ainsi en est-il de Jésus. L'âme n'a qu'à s'en remettre à lui, à se tenir tranquille, assurée que son amour a entrepris et que sa fidélité achèvera l'œuvre de le garder en sécurité, à l'abri dans son sein. C'est parce que la bénédiction est si grande que nos cœurs trop petits ne peuvent parvenir à la saisir. C'est comme si nous ne pouvions pas croire que Christ, le Tout-Puissant, puisse effectivement nous enseigner et nous garder à tout moment ! C'est pourtant exactement ce qu'il a promis et il ne peut pas autrement nous donner le vrai repos. Lorsque Jésus dit : « Demeurez en moi, apprenez de moi », c'est vraiment cela qu'il veut dire et c'est son rôle à lui de nous garder dans sa présence si nous nous abandonnons. Que notre cœur saisisse cette vérité et alors nous oserons nous jeter dans les bras de son amour pour nous en remettre à sa garde bénie. La cause de nos difficultés n'est pas le joug, mais le fait de résister au joug ; un cœur entièrement livré à Jésus qui est tout à la fois notre Maître et notre Gardien trouve le repos et le conserve.
Viens, mon frère, et commençons aujourd'hui même à accepter la parole de Jésus en toute simplicité. « Prenez mon joug », « Recevez mes instructions », « Demeurez en moi », sont des ordres précis. Un ordre est donné pour qu'on y obéisse. Un élève obéissant ne demande pas si c'est possible ou à quoi cela sert. Il accepte l'ordre en pensant bien que le professeur lui a fourni tout ce qu'il faut pour l'exécuter. La puissance, la persévérance pour demeurer dans le repos, la bénédiction qui en résulte, tout cela, c'est au Seigneur de s'en occuper. A moi d'obéir, à lui de pourvoir. Aujourd'hui même, acceptons l'ordre dans une obéissance immédiate et répondons hardiment : « Mon Sauveur, je demeure en toi. Selon ta demande, je prends ton joug, je commence sans délai ce que j'ai à faire, je demeure en toi ». Chaque fois que nous aurons conscience d'y avoir manqué, il faut que cela rende le commandement d'autant plus urgent à nos yeux et nous enseigne à écouter plus attentivement que jamais, jusqu'à ce qu'il nous soit donné à nouveau, par l'Esprit, d'entendre la voix de Jésus nous dire, avec l'amour et l'autorité qui inspirent tout à la fois espérance et obéissance : « Mon enfant, demeure en moi ». Ces paroles, reçues comme venant de lui-même, mettront fin à tous les doutes. C'est la promesse divine de quelque chose qui nous est assuré. Le message nous paraîtra de plus en plus simple. Demeurer en Jésus, ce n'est rien d'autre que s'abandonner soi même pour être gouverné, enseigné, conduit et se reposer ainsi dans les bras de l'Amour éternel.
Repos béni ! C'est le ciel, l'avant-goût, la communion du repos même de Dieu que découvrent ceux qui sont ainsi venus à Jésus pour demeurer en lui. C'est la paix de Dieu, le grand calme de l'univers éternel qui surpasse toute intelligence et qui garde le cœur et les pensées (Ph .4.7). Avec l'assurance de cette grâce, nous avons la force de faire tout notre devoir, le courage pour tout combat, la bénédiction dans chaque difficulté et la joie de la vie éternelle dans la mort même.
O mon Sauveur ! Si jamais mon cœur doute ou craint à nouveau, comme si la bénédiction était trop grande pour qu'on puisse l'espérer, ou trop haut pour qu'on puisse l'atteindre, fais-moi entendre ta voix pour raviver ma foi et mon obéissance : « Demeurez en moi » ; « Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions et vous trouverez du repos pour vos âmes ».