Un Apôtre Hindou – Introduction

Introduction

Une visite bénie

Les protestants de toutes les dénominations représentées à Trivandram n'oublieront pas ce mois de février 1918, qui fut marqué par un événement sans précédent, la visite bénie du sâdhou Sundar Singh. Un de nos missionnaires a pu dire que jamais encore personnalité pareille n'avait paru dans l'Église hindoue, et chacun a eu le sentiment, après son passage, que Dieu avait visité son peuple.

Sa réputation l'avait précédé ; quelques-uns avaient lu ce qui s'est déjà imprimé à son sujet, et plus d'un s'attendait à voir se lever un jour de miracles. Mais la plupart désiraient le voir et l'entendre avant tout dans l'espoir d'en retirer quelques bénédictions spirituelles. Et ils sont nombreux aujourd'hui ceux qui peuvent attester que cette attente n'a pas été déçue.

A l'arrivée du train qui amenait le sâdhou à Trivandram, un groupe de chrétiens hindous se tenait prêt à lui souhaiter la bienvenue avec les missionnaires et, lorsqu'ils furent arrivés au bâtiment de la Mission, ce ne fut pas sans peine qu'on parvint à renvoyer la foule pour permettre au sâdhou de se rafraîchir et de prendre quelque nourriture.

Pieds nus, vêtu d'une longue robe couleur de safran, avec une écharpe de même couleur jetée sur ses épaules et un turban assorti, bel homme de six pieds de haut, avec un visage aux traits réguliers et au teint clair, des yeux et des cheveux noirs, un vrai Sikh du type le plus pur, tel est le sâdhou Sundar Singh. Avec ses vingt-neuf ans seulement, son air grave, son sourire captivant, ses manières aisées, il eût pu servir de modèle à l'image du Christ du célèbre tableau intitulé « L'Espoir du Monde », et cette impression va se renforçant à mesure qu'on arrête sur lui son regard.

Il y a dans ce pays antique bien des choses qui nous aident à mieux comprendre la Bible. Mais nous n'avions jusqu'alors rencontré personne qui nous rendît pareillement vivant le Sauveur tel qu'on pouvait de son temps le contempler dans ses pérégrinations. Tant que dura sa visite à Trivandram, dès que le sâdhou paraissait, des foules d'admirateurs s'attachaient à ses pas. Les enfants eux-mêmes s'assemblaient derrière lui pour tâcher de toucher sa robe jaune, tandis qu'on lui apportait des malades pour qu'il priât avec eux. C'est à peine si l'on parvient à convaincre les gens qu'il ne guérit pas les malades, même quand c'est lui qui le déclare.

Un jour, par exemple, se passa un incident qui nous rappela vivement ce qui se passait pour le Seigneur. A une grande réunion en plein air, quelques hommes survinrent, portant un malade couché sur un lit. Ils le déposèrent doucement sur le sol, de façon qu'il pût contempler le visage du sâdhou et entendre ses paroles. C'était un chrétien qui habitait dans un village distant d'environ onze kilomètres, et on l'avait apporté de nuit pour qu'il pût assister à cette grande réunion.

Au soir de cette même journée, il se passa un autre incident qui nous rappela la visite de Nicodème. Vers deux heures, alors que tout le monde était plongé dans le sommeil, un léger bruit à la porte du sâdhou annonça l'arrivée d'un hôte nocturne ; un homme d'une caste supérieure désirait le voir pour causer religion avec lui ! Comme il expliquait qu'il aurait eu honte de venir de jour, le sâdhou répondit : « Jésus-Christ n'a pas eu honte de souffrir sur la croix pour vous en plein jour, et vous ne pouvez pas souffrir un peu pour Lui ! » Le lendemain, au culte, ce personnage prit son courage à deux mains et se mêla à la foule des chrétiens pour écouter la prédication.

Le sâdhou Sundar Singh nous a apporté à tous comme une vision nouvelle de Dieu et du Christ, et plusieurs parmi nous ont compris comment son intime communion avec Christ et son obéissance parfaite à sa volonté l'ont rendu si semblable à son Maître que partout où il va l'on entend dire :

« Comme il ressemble à Christ ! »

On ne peut le voir et l'entendre sans être saisi d'un immense espoir quant à l'avenir de l'Inde. On ne peut s'empêcher de croire que le jour approche où l'Orient aura quelque révélation nouvelle à donner à l'Occident quant à la personne même du Sauveur. Pendant trente ans, nous avons attendu de voir surgir des hommes capables de pénétrer jusqu'au cœur de l'Inde, et il ne s'en est certainement point encore trouvé qui s'en soit plus rapproché que cet humble adorateur du Crucifié.

Sâdhous et Sanyasis

Il n'y a probablement pas de pays au monde où l'on attache plus d'importance aux manifestations de la piété qu'on ne le fait en Inde. Quiconque adopte une vie de religieux peut être sûr d'y jouir d'une profonde vénération. Depuis des siècles, les Hindous ont appris à mettre l'homme qui renonce au monde bien au dessus de celui qui le gouverne ou le conquiert.

Le pouvoir du prêtre est trop connu pour que nous en parlions ici. Malgré tout ce qu'a fait l'éducation occidentale pour miner son influence, le prêtre de la famille continue à régner en maître dans les intérieurs hindous, mais, en dehors même de la caste sacerdotale, il y a nombre d'hommes qui mènent une vie de religieux, en particulier ceux qu'on appelle les sâdhous et les sanyasis.

On confond souvent ces termes, qu'on suppose identiques. La principale différence semble consister en ce que la vie du sâdhou est d'un bout à l'autre vouée à la religion, tandis que le sanyasi peut n'entrer que tard dans ce genre de vie.

Beaucoup d'Hindous en effet, désireux de consacrer à la religion leurs dernières années, rompent tous les liens de famille, renoncent à toute ambition mondaine, à toute responsabilité, et pratiquent pendant la fin de leur vie terrestre les austérités de la vie de sanyasi. On admet généralement qu'ils ont rempli tous leurs devoirs et obligations ordinaires, ayant eu une famille et l'ayant élevée, ayant fait en un mot leur part de travail dans ce monde.

Le sâdhou, en revanche, renonce au monde et à ses jouissances dès le début de la vie. Il ne se marie pas et ne se livre à aucune des occupations ordinaires de la vie.

On comprend que pareille existence offre d'immenses possibilités, mais aussi de terribles tentations. Elle attire l'attention et le respect, comme type de l'héroïsme qui va jusqu'à la perte du monde et de tout ce qu'il peut offrir. S'il se trouve un homme capable d'atteindre cet idéal, il n'y aura pas en Inde une tête trop fière pour s'incliner respectueusement et humblement devant lui.

Sanyasis et sâdhous adoptent la robe couleur safran, costume consacré par les siècles, qui leur ouvre toutes les portes de l'Inde. Ils vivent la vie la plus simple, sans foyer et sans argent, les Hindous considérant comme un acte méritoire de leur fournir le vivre et le couvert.

Dès les plus anciens temps, ce genre de vie a exercé un attrait particulier sur les Hindous pieux, qui ont volontiers tout sacrifié pour essayer, à force de privations et de renoncements, de satisfaire les désirs profonds de leur âme, de trouver la paix du cœur et de se perdre en Dieu.

Rien de plus commun, dans n'importe quelle ville sainte de l'Inde, que de rencontrer un au plusieurs sâdhous pratiquant les austérités de leur choix, se balançant au dessus d'un feu lent, ou maintenant le bras droit en l'air jusqu'à ce qu'il soit ankylosé et que les ongles aient crû démesurément, ou s'asseyant sur un lit garni de pointes, ou encore accomplissant un vœu de silence et de méditation sur les rives de quelque fleuve sacré.

Malheureusement, ce genre de vie a donné lieu aux plus graves abus, et il n'y a guère au monde de spectacle plus répugnant que la vue de tel mendiant sordide, vêtu de safran, allant de maison en maison porter la terreur aux ignorants, en maudissant ceux qui lui refusent l'aumône.

Quand on visite l'Inde en hiver, on ne peut qu'être frappé de voir tant d'Hindous en quête de Dieu et s'efforçant de le trouver en tâtonnant. Si l'on ne peut se défendre d'un sentiment de dégoût à la vue d'innombrables fakirs d'une saleté repoussante, aucun chrétien ne saurait voir les tortures que s'imposent maints sanyasis sans éprouver un désir intense de leur dévoiler le grand secret de la paix qu'ils recherchent avec tant de persévérance.

On peut vivre, en Inde, de fort peu de chose. Le climat permet de simplifier le vêtement à l'extrême et de passer en plein air la plus grande partie de son temps. Partout où l'exemple de l'Occident n'est pas venu apporter l'amour du luxe, les Hindous se contentent d'un régime très frugal. Aussi les âmes en quête de spiritualité ont-elles fort naturellement adopté un genre de vie des plus économiques, en y ajoutant toutes sortes d'austérités de leur choix.

En Occident pareille simplicité de vie paraît presque incompréhensible.

Le vrai sâdhou ne va pas se réfugier dans un couvent où le vivre et le couvert lui sont assurés. Il erre sans foyer de lieu en lieu, sans autre bien que ce qu'il a sur le corps.

Dans son livre The Crown of Hinduism, le Dr Farquhar écrit : « Tant que durera le monde, on s'émerveillera des ascètes de l'Inde. Leur calme renoncement à toutes les jouissances terrestres et leur incroyable endurance en face de toute espèce de souffrances seront une inspiration pour toutes les générations des Hindous qui savent penser. Depuis tantôt 3000 ans, les ascètes hindous ne cessent d'attester la suprématie de l'esprit sur la chair. »

Leur idéal a de la grandeur. Le christianiser, lui donner un but, le bien des autres, savoir « être dans le monde sans être du monde » et « s'imposer toutes sortes d'abstinences » dans l'ardent désir de sauver les âmes, quoi de plus noble ici-bas ?

Le sâdhou chrétien

On lisait récemment dans un journal de Madras : « Le sâdhou Sundar Singh est l'incarnation d'une idée qui circule dans les veines de tout Hindou, comme l'héritage d'un passé lointain. Sâdhou sans foyer dans le monde, ignorant d'où lui viendra son prochain repas, ne possédant rien, il fait revivre aux yeux des hommes de notre temps le grand idéal du renoncement. »

Mais cette fois cet idéal est réalisé à la perfection, puisque ce n'est pas pour son propre salut, mais pour celui des autres qu'il « regarde toutes choses comme une perte » ; et son complet renoncement, accompagné de souffrances inouïes, de privations et de persécutions de tout genre, n'est que l'holocauste perpétuel dont il fait hommage au Sauveur qui a donné sa vie pour lui.

Par déférence pour les désirs de la mère bien-aimée qu'il avait perdue, il a bravé sans défaillance le courroux de ses parents, le mépris de ses frères en la foi, et l'hostilité de ses amis européens, pour devenir un sâdhou. Trente-trois jours après son baptême, n'étant encore qu'un garçon de seize ans, il s'y résolut dans la conviction que Dieu l'y appelait. Dès lors, il n'a jamais cessé de reproduire en sa personne la vie de Celui qui n'avait pas où reposer sa tête.

Dans ce pays où une vie de saint renoncement attire la vénération, sa façon d'agir plaide puissamment et avec une éloquence tout orientale la cause de l'Évangile. Cette méthode nouvelle n'a pas manqué de susciter des critiques en grand nombre, mais il répond qu'un Hindou aimerait mieux périr de soif que de boire dans un verre étranger, tandis qu'il acceptera volontiers la même eau si on la lui offre dans son propre gobelet.

Le temps est peut-être venu où les chrétiens hindous auront à essayer des formes nouvelles pour leurs entreprises spirituelles. Ils connaissent et les besoins et les préventions de leurs compatriotes, leurs traditions et leur mentalité, il n'y a pas de doute que la manière nouvelle du sâdhou a été en bénédiction à un degré inouï à des milliers dans toute la péninsule.

En adoptant le costume admis d'un sâdhou, Sundar Singh s'est ouvert la porte non seulement de toutes les castes et de toutes les classes, mais même celles des zénanas sacrées, où il a pu à mainte reprise parler de son Sauveur aux grandes dames du pays. Il l'a déclaré lui-même : « Le jour où je suis devenu un sâdhou, j'ai épousé ce costume et, pour autant que cela dépendra de moi, je ne divorcerai jamais. »

On lui a souvent demandé combien de temps il comptait mener cette vie de renoncement. « Tant que je serai de ce monde, a-t-il répondu. Je Lui ai voué ma vie et, moyennant Sa grâce, je ne romprai jamais ce vœu. »

Ne s'arrêtant longtemps nulle part, il parcourt l'Inde de long en large, en contact avec des gens de toutes les conditions, passant de la chaleur torride de Trivandram et de Ceylan aux glaces du Thibet. Sans jamais savoir d'un jour à l'autre ce qu'il aura à manger, de quoi il se vêtira, ni où il logera, n'ayant ni argent ni autres biens terrestres, il poursuit son pèlerinage au service de ses semblables et pour la gloire de son divin Maître. Par le froid comme par le chaud, il porte toujours les mêmes habits et ne met jamais de souliers, même sur le sol gelé du Thibet. Où qu'il aille, il a toujours sur lui son petit Nouveau Testament en langue ourdou, le seul objet dont il ait besoin pour appuyer sa prédication puissante, avec l'aide de ses talents naturels et de ses propres expériences.

Dans son volume intitulé L'Esprit du Maître, M. Fosdick dit que « Jésus doit avoir été l'homme le plus rayonnant de la Palestine de son temps. » La vue du sâdhou Sundar Singh aide à comprendre cette affirmation, tellement il semble heureux de souffrir pour Christ, et tellement son visage rayonne de paix céleste et de joie surabondante en son bien-aimé Sauveur.

Au cours des treize années de son existence de sâdhou, il a eu à endurer des épreuves et des persécutions de tout genre ; comme son grand prédécesseur Paul, il a été pressé de toutes manières... tourmenté, mais non désespéré, persécuté, mais non abandonné, abattu, mais non perdu ; portant toujours avec lui dans son corps la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans son corps. (2 Cor. 4.7-10.)

L'homme

Dès notre première rencontre avec Sundar Singh s'est imposé à notre esprit le problème de la grande différence qu'il y a entre lui et la plupart des autres chrétiens : d'où lui vient son pouvoir extraordinaire pour attirer les hommes à Christ ? En partie sans doute de son renoncement absolu à tout et de sa soumission parfaite à la volonté de Dieu, joints à un amour intense pour son Sauveur.

Comme au temps du Seigneur, « l'Évangile est annoncé aujourd'hui encore, aux pauvres », qui l'accueillent et, par milliers, entrent en possession d'un bel héritage, d'une vie d'affranchissement. Dans certains cas, on peut parler de tracas, de pertes, même de persécutions, mais il est excessivement rare que quelqu'un subisse la perte de tout ce qu'il a pour avoir suivi le Sauveur.

Or, comme on le verra plus loin, la conversion de Sundar Singh ne lui a pas seulement valu la perte de tout ce qu'il avait, mais aussi de vraies persécutions et des mauvais traitements. Tout ce qu'il a gagné à devenir chrétien, c'est de posséder Christ ; et ce don incomparable lui a si bien fait oublier tout le reste que, dès lors, pour Sundar Singh, souffrir avec et pour son Maître n'a été que délice et extase. Quand l'Inde verra d'autres de ses fils accepter le Sauveur dans cet esprit, son Église entrera en possession de l'héritage auquel elle a droit et deviendra l'instrument puissant d'évangélisation qui amènera l'Inde à Christ.

A quoi tient ce pouvoir remarquable d'amener les âmes au Sauveur ? Sundar Singh a eu dès l'enfance une conscience délicate, qui s'éveilla de bonne heure au sentiment de ce qui lui manquait. Pendant longtemps, il chercha la paix dans les livres sacrés qu'il connaissait. Ne l'y trouvant pas, il finit par se tourner vers le Nouveau Testament. Qu'on se représente l'impression produite sur son cœur encore vierge par l'histoire de Jésus telle que la rapportent les Évangiles, ce livre pour lui tout nouveau, et non pas un vieux livre, lu et connu dès l'enfance, et relu avec un esprit déjà blasé ! Il croyait voir Christ marcher devant ses yeux, il croyait entendre sa voix ; à chaque page, l'intérêt allait croissant, jusqu'à ce que, saisi, hanté par cette vision, il « regarda toutes choses comme une perte afin de gagner Christ et d'être trouvé par Lui. »

Aucun livre pour lui expliquer le Nouveau Testament, ni pour lui en voiler le sens ; rien que le Nouveau Testament, le Dieu vivant et sa propre âme divinement préparée, qui trouvait enfin là tout ce qu'elle avait cherché si longtemps et si désespérément, et y trouvait plus encore.

On ne peut voir ce jeune Hindou assis solitaire sous un arbre, plongé dans la lecture de son Nouveau Testament ourdou, sanglotant sur ces pages sacrées, sans se sentir ému soi-même et sans se demander : « Est-ce ainsi que tu as appris Christ ? »

Dès lors, et jusqu'à maintenant, Sundar Singh a parcouru les Indes avec son Maître, son Nouveau Testament à la main, Christ dans le cœur et le reflet de Christ sur son visage.

Voici ce que dit le Rev. W. E. S. Holland dans The Goal of India :

« L'Inde est la mère spirituelle de la moitié de l'humanité... Tout ouvrage destiné à révéler à d'autres peuples le cœur de l'Inde ne saurait mettre au premier plan autre chose que la religion, la seule chose qui pour un Hindou ait une réelle importance, la seule qui puisse jamais satisfaire son âme. L'idéal religieux de l'Inde a pour dernier mot le renoncement. Dans ce mépris absolu du sâdhou pour la souffrance et les privations, il y a quelque chose de sublime.

« C'est Christ qui vient relever l'antique idéal de l'Inde ; et l'Inde veut voir Christ, et non pas seulement entendre parler de lui... Ce qu'il lui faut, c'est tout simplement le chrétien qui lui dévoilera la beauté de Christ en menant une vie de douceur et de patience, d'amour désintéressé et d'humble dévouement. »

C'est bien là ce qui explique l'influence extraordinaire de Sundar Singh. Il a spiritualisé et ennobli l'antique idéal de renoncement, de telle façon qu'on voit chez lui un reflet du grand renoncement de Christ lui-même ; non qu'il recherche la souffrance pour la souffrance, comme le font les ascètes de l'Inde, mais il l'accepte avec joie de la main de son Dieu.

Comme l'a dit Keshab Chandra Sen :

« Voici Christ qui vient à nous en Asiatique... pour réaliser et rendre parfaite cette religion de communion avec Dieu après laquelle l'Inde a soupiré, – oui, cette communion va enfin se trouver accomplie en Christ.

Sundar Singh la réalise en sa propre personne, de sorte qu'en le voyant on s'écrie : « Voici l'homme ! » l'Homme qui « s'est fait pauvre pour nous ».

Rien d'étonnant à ce que les foules accourent dès qu'il paraît. L'Inde sera gagnée à Christ par ses propres fils, et le cœur de n'importe quel Hindou, qu'il soit chrétien ou non, ne peut qu'être touché à la vue de ce sâdhou, de son abnégation, de son dévouement, et à l'ouïe de sa prédication et du récit de sa conversion. Cet homme-là, on le comprend et l'on croit en lui ; il tient dans sa main la clef des cœurs de ses compatriotes, comme aucun étranger ne peut espérer la posséder jamais.

Parlant de lui, un Hindou distingué s'exprime ainsi :

« Un grand jeune homme à la toge flottante et à la barbe noire proclame son message avec la flamme d'un prophète et l'autorité d'un apôtre ! Tandis que ses paroles incisives jaillissaient de ses lèvres, ce sâdhou nous apparaissait comme le symbole de la culture orientale illuminée par la splendeur de l'Évangile. »

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