La Revue chrétienne, dans sa première livraison de l’année 1861, apprécie en ces termes les Leçons publiques sur la vie du Seigneur Jésus :
« Nous regrettons de ne pouvoir jusqu’à ce moment recommander l’ouvrage de M. Riggenbach qu’à ceux de nos lecteurs auxquels la langue allemande est familière. Une traduction française de ce beau livre serait l’un des services les plus éminents à rendre à nos Eglises et à notre théologie françaises ; on verrait par là qu’il fleurit aujourd’hui en Allemagne une autre théologie que celle qu’exalte le rationalisme français. Il est doux d’entendre une science qui domine, autant que cela se peut faire aujourd’hui, ce grand sujet de la vie de Jésus, en parler avec l’humilité et la foi de l’enfant qui prie. Nul effort de la part de M. Riggenbach pour se faire valoir aux dépens de l’objet qu’il traite ; jamais les lambeaux lacérés de nos évangiles ne deviennent le monument de la perspicacité du critique. Le disciple ne cherche qu’à effacer son propre travail pour laisser paraître la personne et l’œuvre du Maître. Tout est saint, tout est humble dans cette tractation, comme dans l’objet auquel elle est consacrée ; et pourtant, malgré l’absence de tout apparat scientifique, nulle difficulté sérieuse n’est ignorée ou éludée. Sous ces lignes, que le laïque lit couramment et sans se douter de ce qu’elles recouvrent, le théologien discerne constamment les traces du travail exégétique le plus minutieux et de la plus vaste érudition.
Arrivé à la foi à travers la révolution religieuse et théologique la plus radicale qui se puisse concevoir de nos jours, l’auteur connaît à fond tout ce qui se fait et se dit dans le camp ennemi ; il a vécu lui-même le point de vue qu’il combat, celui de l’incrédulité panthéistique, comme autrefois saint Paul ce pharisaïsme auquel il devait porter le coup fatal. Nous regrettons peut-être que la forme de leçons publiques ait empêché l’auteur de s’élever aux considérations générales qu’il était si capable de présenter ; nous ne saurions non plus être d’accord avec lui sur tous les points de détail ; il nous serait agréable, mais il nous est impossible d’adopter avec lui, dans la grande difficulté relative au jour du dernier repas du Seigneur, la solution qu’il donne de cette grave question de critique sacrée. Mais ce qui importe ici, ce n’est pas le cadre, c’est le tableau ; c’est l’étude de la personne du Seigneur, de sa pensée intime, de son cœur tendre et brûlant, de ses miracles, de ses discours. Et c’est ici qu’excelle M. Riggenbach. Tout le côté biographique et psychologique de la vie de Jésus est exposé avec une délicatesse et une profondeur qui nous semblent ne pas laisser beaucoup à désirer.
F. Godet »
C’est la lecture de cette critique qui m’engagea à traduire ce livre. Je me suis acquitté de ma tâche avec le sentiment de la difficulté de cette œuvre et celui de ma grande faiblesse. Une traduction littérale était impossible, mais au moins me suis-je efforcé d’être un interprète consciencieux de la pensée de l’auteur.
J’ai traduit non seulement les vingt leçons, mais encore les appendices théologiques, à l’exception de celui qui parle des frères de Jésus-Christ, et de celui qui rend compte des discussions pascales du second siècle.
Que M. le pasteur Roy, qui a bien voulu revoir mon manuscrit, reçoive ici mes remerciements du soin qu’il a mis à le corriger.
Qu’il plaise à notre Sauveur de bénir abondamment cette version d’un bon livre. Puisque les adversaires sont infatigables à semer l’ivraie du doute, ne nous lassons pas de notre côté de répandre la bonne semence de la vérité de Dieu.
Rothau, Ban de la Roche, novembre 1862.