L’Église primitive jusqu’à la mort de Constantin

I.
De la naissance du christianisme jusqu’à l’an 200.

1. Au début.

Naissance du christianisme. — La société nouvelle. — Ce qu’était le paganisme.

Au moment même où, conformément aux anciennes prophéties, les Juifs attendaient leur Messie, les Gentils arrivaient peu à peu à se rendre compte de la vanité de leurs idoles et de leur philosophie, et ils soupiraient après quelque chose de meilleur et de plus satisfaisant.

C’est alors que le Christ naquit à Bethléem ; alors que les bergers, inondés tout à coup, au milieu des veilles de la nuit, par le rayonnement de la gloire céleste, entendirent l’ange de l’Éternel leur dire : « Ne craignez point ; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie : c’est qu’aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur… Et soudain il se joignit à l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu et disant : Gloire à Dieu dans les lieux très hauts et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée (Luc 2.8-14). » Ainsi, au temps fixé par le Père, le Seigneur descendit sur la terre et vint répandre la lumière glorieuse et bénie de l’Évangile.

Mais lorsque le Désiré des nations, le Messie si longtemps attendu fut arrivé, les chefs du peuple juif le rejetèrent. On ne voyait en lui ni éclat, ni puissance selon le monde. Il ne promettait aucune délivrance du joug odieux de Rome, aucune restauration du royaume d’Israël. Aussi les siens, vers lesquels il était venu, ne voulurent point le recevoir (Jean 1.21). Insensibles à ses miracles, sourds à ses vivifiantes paroles, ils refusèrent de l’accepter comme leur chef… Que dis-je ! ils demandèrent à grands cris au gouverneur romain de le crucifier, et Pilate fit crucifier le Fils de Dieu ! Mais Dieu le ressuscita en le délivrant des liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il fût retenu par elle (Actes 2.24), et la prophétie de David, si riche en bénédictions, fut accomplie : Tu es monté en haut, tu as mené captifs les prisonniers, tu as pris des dons pour les distribuer entre les hommes et même entre les rebelles, afin qu’ils habitassent dans le lieu de l’Éternel Dieu (Psaumes 68.19).

A cette époque, la majeure partie du monde connu était assujettie à Rome et, si l’on en excepte les Juifs, tous les peuples étaient païens. Les grandes villes étaient ornées de superbes temples élevés en l’honneur des faux dieux, embellies par des images taillées sorties merveilleusement belles du ciseau d’un Phidias, d’un Praxitèle, et de tant d’autres immortels artistes.

Le Judaïsme, lui aussi, avait ses monuments religieux. Il avait son temple à Jérusalem ; il avait, dans maintes villes, d’imposantes synagogues aux piliers massifs, aux corniches richement sculptéesa. Ces synagogues, quel que fût d’ailleurs leur degré de magnificence ou de simplicité, étaient fort nombreuses. Partout où dix personnes s’entendaient pour en demander une, elle était ouverte. A Jérusalem seulement, on en comptait, paraît-il, 480. A Alexandrie, à Rome, à Babylone, en Asie Mineure, en Grèce, en Italie, partout, en un mot, on trouvait des lieux de réunion de ce genre, employés tour à tour à la célébration du culte ou à la discussion des affaires de la communauté.

a – Il n’est pas absolument sûr, en ce qui concerne la Palestine, que les fragments architecturaux, qui ont donné lieu à cette supposition, proviennent de Synagogues.

[Stanley, Jewish Church, 3e partie, p. 463-5. — La synagogue, ou lieu de réunion, était aussi appelée ecclesia, et ce nom, comme on sait, servit ensuite à désigner les congrégations chrétiennes et le lieu où elles se réunissaient.]

Nous l’avons dit, les Juifs étaient dans l’attente, et les Gentils étaient affamés d’une nourriture spirituelle nouvelle, lorsque l’Évangile vint apporter aux uns et aux autres justement ce qu’il fallait pour satisfaire et cette attente et ces aspirations. Ce furent d’abord les Juifs de Jérusalem qui entendirent la prédication de la libre et complète rédemption par Christ, et le jour de la Pentecôte, « le nombre des disciples s’augmenta d’environ trois mille âmes » ; peu après, le nombre des hommes appartenant à l’Église était « d’environ cinq mille » ; un peu plus tard, enfin, l’auteur des Actes fait remarquer que « la parole de Dieu se répandait de plus en plus, le nombre des disciples augmentait beaucoup à Jérusalem et une grande foule de prêtres obéissaient à la foi » (Actes 2.41 ; 4.4 ; 6.1). Puis, lorsque l’Évangile eut été prêché à travers la Judée entière, l’apôtre Pierre, dans une vision divine, reçut l’ordre d’accompagner les hommes envoyés par Corneille et d’aller annoncer au centurion romain et à sa famille la bonne nouvelle du salut. Ainsi les Gentils furent admis à jouir des mêmes privilèges que les Juifs ; ainsi fut accomplie la promesse du Sauveur à Pierre : Je te donnerai les clefs du royaume des cieux… (Matthieu 16.19). Pierre s’en servit pour l’ouvrir aux Gentils, qui devinrent, eux aussi, les héritiers de Dieu et, « d’éloignés » qu’ils étaient, « rapprochés » par le sang de Christ (Éphésiens 2.13).

Cette Église de Christ était « la colonne et l’appui de la vérité (1 Timothée 3.15) » ; elle était le royaume de Dieu sur la terre ; elle était une Église spirituelle et pas seulement une Église de professants ; elle était la famille et la maison de Dieu dans ce monde, unie par conséquent à sa famille et à sa maison dans le ciel, et seule vraiment universelle ou catholique. Que l’Église romaine se donne, s’il lui plaît, le titre de catholique : ce n’est qu’une usurpation. Tous ceux qui ont reçu le baptême de l’esprit, quelque nom qu’ils portent, font partie de la vraie Église catholique ; tous ceux, au contraire, qui n’ont pas reçu ce baptême, sont en dehors de l’Église, en dehors du corps de Christ, de quelque nom qu’ils s’appellent et quelque religion qu’ils prétendent professer.

A peine une année s’était-elle écoulée depuis l’ascension de Notre Seigneur, que ses disciples commencèrent à souffrir des persécutions à Jérusalem. Etienne, le premier, subit saintement le martyre des mains des Juifs incrédules. Saul était présent joignant son approbation à celle des autres et gardant les vêtements de ceux qui le faisaient mourir » (Actes 22.20). Mais le persécuteur trouva dur de « regimber contre les aiguillons » (Actes 26.14), et, transformé bientôt par la grâce, il devint Paul, le grand apôtre des Gentils, puissant en œuvres et en paroles. Dix ans après, sur l’ordre d’Hérode Agrippa, Jacques, le frère de Jean, était mis à mort… « Cependant, nous disent les Actes, la parole de Dieu se répandait de plus en plus et le nombre des disciples augmentait » (Actes 12.24). Les apôtres et les évangélistes, prenant différentes directions, parcoururent tout le monde connu et partout proclamèrent la bonne nouvelle. D’antiques traditions nous montrent Jean en Asie Mineure, Thomas chez les Parthesb, André chez les Scythes, Barthélémy dans l’Inde et Marc fondant l’Église d’Alexandrie. Ainsi ils s’en allèrent prêcher partout, « et le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la parole par les miracles qui l’accompagnaient » (marc.16.20). Leur maître avait parlé avec autorité et il en était de même pour eux. Partout à leur parole, des hommes passaient des ténèbres à la lumière, se dépouillaient du vieil homme et de ses œuvres, pour revêtir l’homme nouveau, qui se renouvelle dans la connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé (Luc 4.32 ; Actes 26.18 ; col.3.9-18).

b – Probablement dans l’Yémen, en Arabie. Une tradition postérieure fait aller Thomas dans l’Inde.

Tels furent, au milieu du monde romain, de sa corruption croissante, de ses projets de grandeur et de conquêtes nouvelles, les premiers développements d’une société toute différente et infiniment supérieure. Sans que personne s’en doutât, le levain avait commencé son œuvre grandissante et triomphante ; partout il produisait de nouvelles institutions, de nouvelles espérances, une vie. nouvelle et meilleure. L’une après l’autre, les villes voyaient naître, suivant la glorieuse vision du poète, « des congrégations comme le monde n’en avait jamais vu et le ciel se penchait pour les voir ».

Citons, par exemple, celle qui, depuis l’an 58, se réunit à Corinthe chez Justus ou ailleurs(Actes 18.77). Le mur de séparation qui, depuis 2000 ans, a empêché les Juifs et les Gentils de s’unir, est tombé ; on peut voir les uns et les autres entrer par la même porte, se donner le baiser fraternel, s’asseoir à la même table, rompre ensemble le pain et puiser au même plat ; on peut voir, réunis ensemble et ne formant qu’un cœur et qu’une âme, le chef de la synagogue, le trésorier grec de la ville et des fidèles de tout rang et de tout pays (Actes 18.8 ; Romains 16.21-23). La femme relevée reçoit l’honneur qui lui est dû ; l’esclave trouve un refuge et devient un frère dans le Seigneur.

[La présence des femmes doit d’autant plus être signalée, qu’il n’est pas sûr que les femmes, à cette époque-là, mangeassent à la même table que les hommes, dans les maisons particulières. Il en est encore ainsi chez les Orientaux. Les esclaves formaient environ la moitié de la population.]

Tous s’entretiennent des saintes vérités que le monde ne soupçonne même pas ; discutent et organisent des plans hardis de conquêtes spirituelles ; puis, d’une seule voix, invoquent ensemble, au nom de leur Seigneur invisible mais présent, la bénédiction du Père céleste, en faveur d’une cause qui leur est si profondément chère.

Il ne nous est guère possible, à nous qui avons grandi au milieu de nations chrétiennes, de nous rendre compte de l’épaisseur des ténèbres païennes dont les premiers chrétiens étaient sortis. Non pas, hélas ! que le règne de l’obscurité soit fini, mais la lumière bénie de l’Évangile a forcé les plus odieuses manifestations du mal à chercher, pour ainsi dire, un refuge dans les antres les plus obscurs et dans les cavernes les plus sombres. Laissons donc un homme, resté païen jusqu’à l’âge mûr, écarter le voile et nous dire, autant qu’il nous sera possible de l’entendre, ce qu’était le paganisme.

[Nous reproduisons en la modifiant quelque peu la traduction de l’abbé Guillon, Biblioth. choisie des Pères de l’Église, t. V, p. 99 ss. Bien qu’un peu trop libre parfois, elle nous paraît cependant donner une idée exacte de la pensée de Cyprien, et ne pas manquer d’énergie.]

« Suppose, écrit Cyprien à Donat, que tu sois sur le haut d’une inaccessible montagne et que de là tu contemples le monde qui s’agite à tes pieds, que verras-tu ? Sur la terre, le brigandage infestant la voie publique ; sur la mer, des pirates plus redoutables que ses tempêtes ; partout la fureur des combats, la guerre divisant les peuples, et le sang humain coulant à flots. Tuer son semblable, crime de mort dans un simple particulier ; action grande et généreuse quand on se réunit pour le commettre. Et le meurtre est sûr de l’impunité, non pour être légitime, mais plus barbare.

Jette les yeux sur les villes. Quelle bruyante agitation, plus déplorable que le silence des déserts. On vous appelle aux jeux féroces de l’amphithéâtre, pour y repaître, par des spectacles de sang, une curiosité sanguinaire. Cet athlète fut longtemps nourri des sucs les plus substantiels : on l’engraissait pour le jour où il doit mourir à plus grands frais. Un homme égorgé froidement pour le plaisir des yeux ! Le meurtre érigé en science, transformé en étude, en usage ! Non seulement il faut commettre le crime, il faut en tenir école. C’est un état, c’est une gloire, de savoir tuer. Les pères contemplent leurs fils dans l’arène ; le frère combat et la sœur est parmi les spectateurs et, ô comble d’infamie ! une mère ne recule pas devant le prix élevé d’un spectacle pareil, pour assister aux dernières convulsions de son enfant. Ils ne soupçonnent même pas que ces divertissements impies, barbares et funestes, en font autant de parricides.

Arrête tes regards sur les représentations dramatiques qui se jouent sur le théâtre. Le parricide, l’inceste les plus monstrueux y sont reproduits sous des images qui leur rendent toute l’énergie de la réalité ; on a peur que la postérité n’oublie les horreurs dont le cours des siècles avait affaibli le souvenir. La comédie, à son tour, vient dévoiler les infamies commises dans l’ombre et enseigner celles qu’on y peut commettre. On prend leçon d’adultère en le voyant représenter. Excitée par la protection que les vices reçoivent de la licence publique, telle femme vient au théâtre : peut-être elle y était entrée chaste ; elle en sort criminelle. L’acteur le plus efféminé est le plus sûr de plaire. On y voit les coupables intrigues d’une impudique Vénus, d’un Mars adultère, d’un Jupiter, le premier des dieux par ses désordres autant que par son empire. Par respect pour ses dieux, on les imite ; le crime devient ainsi un acte de religion.

Oh ! si de ce point élevé où je t’ai transporté tu pouvais pénétrer dans l’intérieur des maisons, que d’impudicités, que de crimes secrets, dont il est impossible à des regards honnêtes de soutenir la vue ; que l’on ne pourrait même fixer sans en être le complice ; dont ceux-là même qui se les permettent sont les premiers à s’accuser, que du moins ils censurent sévèrement dans les autres, condamnant ainsi au dehors ce qu’ils se permettent pour eux-mêmes.

Peut-être penseras-tu trouver moins de désordres dans les sanctuaires de la justice ; mais regarde : tu vas y découvrir de quoi exciter encore davantage ton indignation et tes mépris. On a beau nous vanter les lois des Douze Tables, ces codes savants, qui ont prévu tous les crimes, établi tous les droits ; le sanctuaire des lois, le temple de la justice, repaires de criminels qui les violent sans pudeur ! Les intérêts s’y rassemblent, comme dans un champ de bataille. Les passions s’y déchaînent avec fureur… Le glaive, le bourreau, l’ongle de fer qui déchire, le chevalet qui désarticule, le feu qui dévore, tout cela est toujours prêt. Dans ce désordre, qui pense à secourir le bon droit ? L’avocat ? il ne s’occupe que d’artifice et d’imposture. Le juge ? ses suffrages sont à l’encan. L’un suppose un testament ; l’autre rend un faux témoignage. Ici des enfants sont évincés d’une succession qui leur appartenait ; là des étrangers sont substitués à des héritiers légitimes. Au milieu de tous ces criminels, c’est un crime d’être innocent !

Dira-t-on que nous choisissons tout ce qu’il y a de pire ? Voyons donc de plus près ce que le monde, dans son ignorance, environne de ses suffrages. Sous ce vernis brillant, que de méchanceté, que de mal ! On savoure à longs traits la coupe perfide dont la douceur séduit, et c’est la mort qu’on boit. Vois cet homme qui se croit tout éclatant, parce que son vêtement est radieux d’or et de pourpre. Que de bassesses il a faites pour arriver à cet éclat emprunté ! Combien il lui a fallu dévorer de hauteurs et de dédains ! ramper aux pieds des protecteurs, essuyer leurs caprices, pour se voir à son tour encensé par un vil troupeau d’adulateurs, dont les hommages s’adressent non pas à l’homme, mais à la place ! Et qu’il survienne une disgrâce, que le vent de la faveur change et les abandonne à leur propre nudité ; que de regrets déchirants, que de mécomptes cruels et de repentirs amers !

Vois encore de plus près ceux que tu appelles riches, parce qu’ils joignent héritage à héritage, qu’ils envahissent le domaine du pauvre pour agrandir le leur et l’étendre par delà toutes limites ; sans cesse accumulant or sur or, vois-les au milieu de leurs richesses, inquiets, tremblants, poursuivis par la peur qu’on ne vienne leur enlever leur cher trésor. Point de repos, point de sommeil tranquille. Les malheureux I ils ne sentent pas les chaînes dont ils sont garrottés ; que c’est leur or qui les possède, plutôt qu’ils ne possèdent leur or. Parlez-leur de largesses et d’aumônes ; ils ne savent ce que c’est que donner aux indigents. Et, par un étrange renversement d’idées, ils donnent le nom de biens à des choses qui ne leur profitent que pour le mal. »

[Cyprien, Epître I, vi-xii. Il manque à ce sombre tableau quelques-uns de ses traits les plus sombres. Ainsi les fréquents suicides, les odieux traitements infligés aux esclaves, les divorces, les infanticides. Sur ce dernier point, voici ce qu’écrit Tertullien : Bien que la loi interdise de tuer les enfants nouveau-nés, aucun crime n’échappe plus facilement à un légitime châtiment, au vu et au su, que dis-je ! grâce à la complicité de tout le monde… Et ailleurs : « Combien même de vos magistrats les plus intègres pour vous, les plus rigoureux contre nous, je pourrais confondre par des reproches trop fondés d’avoir eux-mêmes ôté la vie à leurs enfants aussitôt après leur naissance ! Cf. Apol., ch.9 ; Aux Nations, liv. I, ch. 15. — Juvénal (Sat. 6, dit que les dames romaines comptaient plus de divorces que d’années de mariage. — Nous parlons plus loin (ch. 18) de l’esclavage.]

L’exactitude de ce sombre tableau, qui n’est que le développement de celui de l’apôtre Paul dans l’Épître aux Romains (Romains 1.18-32), est confirmée par les païens eux-mêmes. « Le monde, dit un philosophe célèbre, est rempli de crimes et de vices. Les choses vont si loin, qu’on n’y saurait trouver de remède. On rivalise de méchanceté. Chaque jour la luxure augmente et la pudeur diminue. Foulant aux pieds tout ce qui est bien et sacré, le vice court partout où il veut. On ne se cache plus d’être vicieux. La méchanceté est devenue si effrontée, elle enflamme à ce point tous les cœurs, que l’innocence n’est plus seulement rare : elle est devenue introuvablec. »

c – Sénèque, De Ira, II, 8.

C’est à peu près au moment où l’apôtre Pierre annonçait l’Évangile au païen Corneille et lui indiquait le meilleur remède au mal et au péché, que Sénèque le philosophe écrivait ces paroles amèresd !

d – Michaud, Biogr. Univ., art. Sénèque, dit : » On suppose que ce traité fut écrit durant le règne de Caligula, 37–41. — Pierre était à Césarée en l’an 39.

L’idolâtrie, aussi bien sous sa forme classique à Rome ou en Grèce que dans ses rites sanglants en Phénicie ou dans son adoration de reptiles en Egypte, était la source de tous ces maux. Quelque sagesse, quelque beauté que l’on puisse trouver dans les fables de l’Olympe ; quel que soit le charme magique donné par l’art et la poésie à la mythologie de la Grèce, le Paganisme était et ne pouvait être que profondément corrompu. « Il est absolument impossible, dit un auteur modernee, de décrire en détail l’affreuse corruption de l’ancien monde païen. La pourriture de son sépulcre gardera plus sûrement ces horribles mystères. Et qui donc, d’ailleurs, ne comprend qu’une religion, avec de pareils dieux, contenait tous les germes possibles de mort morale ? le moins scandaleux de ses temples pouvait à peine être toléré dans les murs des cités. Il n’est pas un des vices odieux pour lesquels les Cananites abominables furent condamnés à disparaître et Sodome et Gomorrhe vouées à la destruction par le feu, qui ne souille le portrait que nous ont laissé de la Grèce et de Rome, des empereurs, des hommes d’Etat, des poètes et des philosophes. »

e – Cooper, Free Church, p. 31.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant