Dans son sens général, la foi est la croyance qui repose sur le témoignage. Avoir foi en quelque chose, c’est adhérer, sur le témoignage d’autrui, à une vérité ou à un fait que nous ne pouvons vérifier nous-mêmes. Il suit donc de là que la foi est divine ou humaine selon que le témoignage vient de Dieu ou des hommes (1 Jean 5.9-10; Jean 3:33).
Le mot "foi" se rencontre fréquemment dans la Bible, surtout dans le Nouveau Testament, et y est employé dans différentes acceptions. Il peut désigner:
a) L’ensemble des vérités révélées par Dieu (Jude 3,20; 2 Tim 4.8; Apocalypse 2.13). C’est dans ce sens qu’on dit des païens ou des Juifs qu’ils se sont rattachés à la foi chrétienne. Quand l’apôtre parle du "mystère de la foi" que nous sommes appelés à garder (1 Tim 3.9), il entend l’ensemble des vérités qui constituent le christianisme et qui ont été mises en lumière par la mort et la résurrection de Christ;
b) Le degré selon lequel l’âme est entrée dans la connaissance du Seigneur et de Sa Parole (Romains 12.3). Dans ce passage, la foi nous donne la mesure exacte de ce que nous sommes et de ce qui nous est demandé. Considérée sous cet aspect, notre foi peut être "petite" ou "grande" (Matthieu 6.30; 8.10); on peut en posséder "peu" ou en être "rempli" (Matthieu 8.26; Jacques 2.5; Actes 6.5-8). Dans ce sens, la foi est susceptible d’accroissement (2 Corinthiens 10.15; 2 Thessaloniciens 1.3), et comme les disciples nous pouvons tous dire: "Seigneur augmente-nous la foi" (Luc 17.5). Que la foi soit petite ou grande, l’essentiel est de s’en servir, et alors des prodiges s’accomplissent (Matthieu 21.21). Il suffirait d’avoir de la foi comme un grain de moutarde pour transporter des montagnes et ne connaître aucune impossibilité (Matthieu 17.20). Si nous désirons avoir plus de foi, il faut mettre en œuvre celle que nous avons déjà (Matthieu 25.29);
c) Dans la première épître aux Corinthiens, chapitre 12, verset 9, où la foi est envisagée comme don spirituel, l’apôtre n’en parle pas dans le sens de la foi qui sauve, car cette dernière est offerte à tous les hommes (1 Tim 2.4), et tous les membres du corps de Christ la possèdent. Mais il est question d’un don spécial qui permet au croyant d’exercer un ministère particulier, comme celui de Georges Muller, Hudson Taylor, etc.;
d) Enfin, dans son acception la plus stricte et dans sa signification subjective, la foi est une intuition de l’âme par laquelle nous percevons des vérités qui sont en dehors du monde des sens et de la sphère du raisonnement. C’est une vertu surnaturelle, par laquelle, sous l’inspiration et par la grâce divine offerte à tous les hommes (Tite 2.11), nous tenons pour vrai ce que Dieu a révélé (Jean 3.33-34).
La foi est l’attitude de l’homme en face d’une déclaration de Dieu: Il se soumet, il croit ce que Dieu dit, non parce que sa raison humaine est satisfaite, mais en vertu de l’autorité de Dieu même qui révèle Ses pensées et qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper (Heb 6.17-18; Tite 1.2). Il reçoit ainsi ce que Dieu donne (Jean 3.16) et se livre à Lui sans réserve.
L’incrédulité est l’attitude contraire. Elle consiste à abandonner le Dieu vivant et à refuser ses dons.
La foi, c’est croire. Croire Dieu, c’est avoir une confiance absolue et inébranlable dans la vérité du témoignage de Dieu, même si ce témoignage n’est appuyé par aucune autre preuve. C’est avoir une confiance et une assurance totales dans l’accomplissement des promesses divines, même si tout semble les contredire. Croire, c’est prendre Dieu au mot.
La foi n’est donc pas la crédulité, ni une croyance sans évidence, car si elle ne repose ni sur la vue, ni sur la logique, elle a sa racine dans la confiance au Dieu vivant. Sa preuve pleinement suffisante est la Parole de "Celui qui ne peut mentir" (Tite 1.2; Heb 6.17-18). Exiger une autre preuve que celle-là n’est pas du rationalisme, mais de "l’irrationnel". Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand! (1Jean 5:9-11).
La foi est l’unique moyen de salut pour l’homme (Eph 2.8-9), car elle seule s’approprie la justice de Dieu (Romains 1.16-17).
C’est par la foi que nous comprenons que les mondes ont été formés par la Parole de Dieu, de sorte que ce qui se voit n’a pas été fait de choses qui paraissent (Heb 11.3). Il faut croire pour comprendre. "La foi est l’échelon qui conduit à la science" (saint Augustin).
Sans la foi "il est impossible de plaire à Dieu" (Heb 11.6), et c’est dans la foi et non ailleurs que se rencontrent le Dieu qui parle, qui commande, qui donne, et l’homme qui écoute, obéit et accepte.
La foi devient la sphère nouvelle dans laquelle le chrétien vit (Galates 2.20; Romains 1.17), aime (Tite 3.15) et meurt (Heb 11.13).
Comme nous l’avons vu, le mot foi dans les Écritures a différentes acceptions. Cependant, il n’y a qu’une seule et même foi pour les chrétiens, que nous l’envisagions dans son Objet ou dans sa nature intime (Eph 4.5). Cette foi doit produire en tous les mêmes sentiments et la même vie chrétienne (Philippiens 2.1-2). Elle unit les hommes autrefois ennemis de Dieu (Colossiens 1.21), haïssables, se haïssant l’un l’autre (Tite 3.3), en une seule famille, la maison de Dieu (Eph 2.19), que Paul appelle aussi "la maison de la foi" (Galates 6.10).
Malgré toutes les divisions qui déchirent la chrétienté, l’unité de la foi est un fait. Dans leurs milieux divers, tous les vrais croyants possèdent la même foi dans les grandes vérités du salut. Cependant, nous sommes tous exhortés à marcher vers une unité plus parfaite dans les choses où nous différons encore (Eph 4.13). Ce but ne sera pas atteint par des concessions réciproques. L’unité qui en résulterait serait factice et risquerait de se faire au détriment de la vérité. Une unité dans l’équivoque ne serait que confusion. L’unité selon Dieu ne peut être atteinte que par un amour plus vivant pour Jésus et une connaissance plus parfaite du Fils de Dieu qui est l’unique objet de la foi. "Ce qui constitue nos différences dans la foi, ce n’est pas la nature de cette dernière, mais bien son objet connu à des degrés fort divers. Les progrès dans cette connaissance et dans l’influence sanctifiante qu’elle exerce sur les vrais chrétiens les unissent toujours plus intimement à Christ, dont ils sont les membres, et par là, ils s’avancent vers "la mesure de la stature de Christ", étant de plus en plus transformés à sa ressemblance, Christ lui-même grandissant en eux" (Eph 4.15).
Si les chrétiens abandonnaient leurs systèmes et leurs vues particulières, pour se soumettre à l’autorité du Seigneur, leurs cœurs n’étant plus occupés que de Sa personne et de Ses désirs (Psaume 38.9; Esa 26.8), l’unité après laquelle tant de croyants soupirent se réaliserait. La vérité sépare du mal et du monde, mais ne divise pas les enfants de la même famille. La division est l’œuvre de la chair (Galates 5.20). La vérité nous conduit à nous juger nous-mêmes et à prier pour les égarés. Ne sommes-nous pas coupables de prendre parti de nos divisions au nom de la vérité, et de les accentuer par notre orgueil et notre manque de charité?
Écoutons plutôt la prière que Jésus adressait à Son Père en pensant à nous qui avons cru par la parole des apôtres: "Or je ne fais pas seulement des demandes pour ceux-ci, mais aussi pour ceux qui croiront en moi par leur parole; afin que tous soient un, comme Toi, Père, tu es en moi, et moi en Toi; afin que le monde croie que Toi tu m’as envoyé. Et la gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée, afin qu’ils soient un, comme nous, nous sommes un; moi en eux, et Toi en moi; afin qu’ils soient consommés en un, et que le monde connaisse que Toi tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé", (Jean 17.20-23).
C’est dans cette prière que nous trouvons la pensée du Seigneur sur l’unité des croyants.
Connaissant cette pensée et possédant en Christ les ressources nécessaires, nous sommes responsables devant Dieu et le monde de manifester l’unité de notre foi.
"Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons ce sentiment; et si en quelque chose vous avez un autre sentiment, cela aussi Dieu vous le révélera; cependant, dans les choses auxquelles nous sommes parvenus, marchons dans le même sentier" (Philippiens 3.15-16).