J’aimerais maintenant vous donner quelques conseils en vue de ce saint ministère de la pêche. J’aime la pêche au poisson et j’aime la pêche à l’homme et j’ai fait certaines expériences qui pourront vous être utiles. Si j’ai pu faire des pêches d’hommes bénies, c’est uniquement grâce à l’œil, à la main du Maître Pêcheur qui m’a conduit et enseigné, et qui a béni et agi. D’autre part, j’ai toujours été reconnaissant que l’un de mes sports favoris ait été la pêche. C’est un sport national de l’Ecosse, ce pays de lacs et de rivières. Et si je tire maintenant des parallèles, je vous rappelle que le Seigneur Lui-même les a inspirés.
1. Soyez à votre affaire. En anglais, on dit : « Be in earnest. » Sachez ce que vous voulez, pensez à ce que vous faites. Que tout votre être se concentre sur ce point : je pêche et pendant que je pêche, je ne fais rien d’autre. Un bon pêcheur n’est jamais distrait. Deux qualités le caractérisent : concentration intense et détermination entière.
Atteint de fatigue intellectuelle, je consultai un jour un médecin qui me prescrivit … la pêche ! Il me dit : « Cela nécessite une concentration telle qu’on ne peut pas penser à autre chose ; ainsi votre esprit se reposera de ses préoccupations. » Je répète : la pêche nécessite une concentration telle qu’on ne peut penser à autre chose.
Pêcheurs d’hommes, que toute votre attention se concentre sur votre saint ministère. Dans ce domaine plus que dans tout autre, vous ne pouvez faire deux choses à la fois. L’apôtre Paul disait : « Je fais une chose … » (Philippiens 3.14). Laissons-nous instruire par cette phrase.
Je pêchais un jour avec mon frère. Il avait pris un livre d’étude avec lui. Le poisson se faisant attendre, il se mit à étudier. Tout à coup, voilà que « cela mord ». Mais le pêcheur occupé à autre chose laissa partir sa ligne qui fut entraînée dans l’eau … et disparut avec le poisson. Concentrez-vous sur votre travail. Pensez au poisson, vivez uniquement pour lui jusqu’à ce qu’il soit pris. L’intercession, la prière fervente et persévérante, et une détermination et une concentration infatigables, voilà ce qu’il faut.
2. Etudiez votre poisson. Je me sers ici du langage des pêcheurs.
Je parlais une fois avec le secrétaire d’une société missionnaire du Canada. Il me dit : « Nous cherchons des ouvriers qui connaissent la Bible et le cœur de l’homme. »
Il me semble que ce sont là les diplômes et les qualifications du Saint-Esprit. Je ne l’ai jamais oublié. Si seulement l’Eglise en était restée là ! Des ouvriers qui connaissent leur Bible et le cœur de l’homme ! Aujourd’hui, on connaît tout, sauf ces deux choses, et c’est pourquoi on se contente de jouer autour de tristes étangs d’eau stagnante, sans connaître la joie de la pêche miraculeuse en haute mer.
Oui, lecteurs, cherchez à connaître le cœur humain, c’est-à-dire, « étudiez votre poisson ». Sachez à qui vous avez affaire. Soyez sages de la sagesse d’en haut, qui cependant est l’opposé de cette « prudence » humaine si fatale dans les choses de Dieu. Tous les cas ont leurs caractéristiques, leurs particularités, leurs exigences et réactions propres. Tous sont différents. C’est pourquoi il faut savoir pêcher. Il existe une phrase chez nous qui a une grande signification pour les pêcheurs : jouez avec le poisson. Je m’explique. C’est à l’instant où le poisson mord et qu’on veut le sortir de l’eau qu’il faut faire le plus attention, ceci surtout dans le cas du saumon, ce prince des fleuves de l’Ecosse ; il faut le laisser filer avec un bon bout de ligne, et quand il est épuisé, que le moment propice est là, on le tire à terre. Je le répète, il faut savoir pêcher, il faut agir avec le plus grand soin, connaître, respecter, aimer intensément votre poisson.
3. Utilisez de bonnes amorces et de bons hameçons. Dans les centres de pêche, on voit souvent cette annonce en vitrine : « Amorces pour tel ou tel poisson ». Et combien c’est vrai, spirituellement parlant. Autant de poissons différents, autant d’amorces différentes ! Pour tous, cependant et partout, l’unique hameçon, c’est la Parole de Dieu. Mais il faut savoir choisir l’amorce qui convient au cas en question, tout comme il faut savoir dispenser la Parole de vérité « comme il faut », s’en servir avec sagesse. Il faut savoir s’adapter à chaque poisson.
Il y a beaucoup de pêcheurs qui aiment la Parole de Dieu et ne se servent que de cet hameçon unique et infaillible, mais ils ne savent pas s’adapter au poisson. Et ils font souvent du mauvais travail, ils effraient, scandalisent les poissons qui s’en vont pour ne plus revenir. La faute en est au pêcheur, non au poisson.
4. Il faut s’effacer. Le rôle du sacrificateur dans l’ancienne alliance, office reçu de Dieu, était de faire fonction de médiateur entre l’homme et Jéhovah. Le danger de tout cléricalisme est de s’interposer entre Dieu et l’homme. Le rôle du pêcheur d’hommes, du véritable évangéliste, pasteur ou docteur est justement l’opposé : il doit se retirer du chemin et s’effacer tout en délivrant son message et en accomplissant son ministère. Le revêtement du Saint-Esprit, c’est l’éclipse du pêcheur. Et les poissons le savent. Ils ont des yeux très critiques ! Quand j’annonce l’Evangile dans une assemblée quelconque, je m’inquiète fort peu de ce qu’en pensent les gens religieux, mais je fais tout mon possible pour que les désabusés, les déçus, les grands pécheurs et les mondains dans l’auditoire comprennent leur état de péché et l’amour de Jésus qui les aime et veut les sauver. Je suis souvent émerveillé de voir comme ceux qui paraissent les plus éloignés comprennent. Oui, les poissons savent. Ils savent si c’est Jésus qui paraît ou bien le pêcheur qui veut paraître. Après avoir parlé à un auditoire ou bien à une seule âme, avez-vous réussi à accomplir ce qui doit être le secret et le but de tout messager de Dieu ? Avez-vous laissé les âmes dans la présence de Dieu ou dans la vôtre ?
Aussi longtemps que les poissons nous voient, ils ne mordront jamais à l’amorce, si biblique soit-elle. « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes ; c’est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus » (2 Corinthiens 4.5). C’est-à-dire que le pêcheur doit disparaître ; l’amorce seule doit être visible, c’est Jésus. Combien il est urgent d’apprendre au plus vite à nous effacer.
5. Veillez sur votre état d’esprit. C’est quelque chose de vital. Esaïe parle de l’esprit abattu (Esaïe 61.3). Combien de pêcheurs vont à la pêche déprimés, opprimés, découragés ! Pour ma part, je n’ai jamais pris de poisson avec un esprit triste, un cœur lourd. Le poisson discerne fort bien la main qui tient la ligne. En pêchant la truite, il faut laisser traîner sa ligne à la surface aussi légèrement que possible, sans faire de rides sur l’eau afin que le poisson ne voie que la mouche, la bonne amorce dans ce cas. Une main lourde effraie le poisson. Il faut une main légère, délicate, et pour cela, un esprit gai et libre. Les longues mines repoussent les poissons, ne le réalisez-vous pas ? Je ne les en blâme point, car cela produit en moi le même effet. Quoi d’étonnant donc qu’il n’y ait pas de conversions, quand le message de Dieu est donné avec de si longues mines, un air mômier, un ton sentimental qui n’a rien de réel. De plus, comme le dit l’apôtre, les discours persuasifs de la sagesse humaine voilent et rendent impuissant l’Evangile de Dieu qui doit être une démonstration de puissance et de salut (1 Corinthiens 2.4, 5).
Soyons naturels, soyons nous-mêmes. Les Proverbes parlent de « pommes d’or dans des paniers d’argent » (Proverbes 25.11). La pomme d’or du message de Dieu doit être donnée dans un « panier d’argent », dans quelque chose qui attire. Beaucoup de chrétiens pensent que le but de leur vie et de leur témoignage est d’être triste, funèbre et ennuyeux, ou bien de montrer leurs talents, leur savoir ! Combien de gens du monde entièrement étrangers aux choses de Dieu en ont été scandalisés et rebutés. Rien d’étonnant, ils ont raison. Que la paix de Dieu nous remplisse, que Sa joie nous oigne et que Son Saint-Esprit nous donne la main légère du Maître Pêcheur !