En 1744, quelques ministres de l’Évangile en Ecosse prenant en considération l’état de l’Église et du monde, jugèrent « que la divine providence appelait impérieusement ceux que le bonheur de Sion intéressait, à s’unir pour adresser à Dieu des prières extraordinaires, afin qu’il daignât manifester sa gloire et en même temps sa compassion pour le genre humain, par une abondante effusion de son Saint-Esprit sur toutes les Églises de la terre. »
Ces dignes ministres résolurent de consacrer, pendant deux ans, une partie de la soirée du samedi et de la matinée du dimanche de chaque semaine, à ce dessein pieux, et d’y employer plus solennellement le premier mardi de chaque trimestre.
En peu de temps il se forma à ce sujet trente sociétés de jeunes gens à Edimbourg, et environ quarante-cinq à Glasgow. Au bout des deux ans, un mémoire fut publié, dans lequel on proposait de continuer des prières de concert pendant sept ans : ce mémoire circula dans toute l’Angleterre et fut envoyé en Amérique, où les ministres de Boston le recommandèrent à l’attention des Églises, ce qui donna l’occasion au révérend Jonathan Edwards d’écrire l’ouvrage duquel sont extraites les pages suivantes.
Le plan de prières en commun, tel qu’il avait été conçu dans l’origine, ne fut pas généralement adopté en Angleterre ; mais plusieurs personnes pieuses, de diverses dénominations, fixèrent cependant les époques qui leur convenaient le mieux, pour remplir ce devoir.
Dans l’an 1795, la société des missions fut établie à Londres, et bientôt après les directeurs de cette société recommandèrent à tous leurs frères de s’assembler pour prier en faveur des missions, le soir du premier lundi de chaque mois. Il fut convenu que ces réunions auraient lieu dans les temples nombreux de la capitale et de ses environs, dont les desservants étaient membres ou amis de la société ; qu’un ministre y prononcerait un discours, et qu’on y lirait les nouvelles qu’on recevrait des missions dans les différentes parties du monde. Le nombre de ces assemblées s’est considérablement accru à Londres et dans son voisinage, ainsi que dans les principales villes du royaume, et elles sont en général fort suivies. On en tient aussi à la même heure et le même jour en Hollande, en Suisse, en Allemagne, en Amérique, en Asie, en Afrique, enfin dans tous les pays où les missionnaires des sociétés anglaises ont pénétré ; et un nombre immense de personnes se trouve offrir au même instant des supplications au Dieu de toute bonté, pour un monde plongé dans l’ombre de la mort, et pour la propagation du glorieux Évangile de notre salut. Ainsi le plan d’union dans la prière, si fortement recommandé par le président Edwards, est adopté en assez grande partie par le monde chrétien.
Mais il n’y a sans doute que trop de motifs de réveiller parmi les fidèles le zèle pour ce devoir important de la prière ; et, à cet effet, l’éditeur choisissant les parties les plus essentielles de l’Essai d’Edwards, l’a réduit à une dimension qui, à ce qu’il espère, le mettra à la portée d’un plus grand nombre de lecteurs. Heureux si ces pages pouvaient engager des millions de chrétiens, en France, à s’unir pour présenter à Dieu de ferventes prières pour la propagation de l’Évangile et le succès des missions !
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Ainsi a dit l’Éternel des armées : Il viendra encore des peuples et les habitants de villes nombreuses. Les habitants de l’une iront à l’autre, disant : Allons, allons implorer l’Éternel et rechercher l’Éternel des armées. Moi aussi je veux aller ! Et des peuples nombreux, de puissantes nations viendront rechercher l’Éternel des armées à Jérusalem et implorer l’Éternel. (Zacharie 8.20-22)
Depuis le temps de Zacharie jusqu’à l’avènement du Christ, aucun événement n’a eu lieu qui répondît à la prophétie sur le glorieux avancement de l’Église de Dieu que renferme ce chapitre, et elle ne peut avoir son accomplissement que dans la gloire future de l’Église aux derniers âges du monde ; ces temps si souvent prédits par les prophètes, particulièrement par Zacharie à la fin de ses prophéties.
Dans ce passage remarquable nous apprenons comment la gloire de l’Église de Dieu pourra être avancée : « Par de grandes multitudes formant la résolution de chercher Dieu, dans des prières extraordinaires, afin qu’il daigne se manifester aux hommes et leur accorder les gages et les fruits de sa gracieuse présence. »
Ceci est d’accord avec les paroles du même prophète (Zacharie 11.10) : Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem l’esprit de grâce et de supplications.
Cette disposition à s’unir dans la prière se répandra toujours davantage, jusqu’à ce qu’elle réveille enfin le sentiment de l’amour de Dieu et le zèle pour son service dans le cœur de son peuple ; ce sera aussi un moyen de tirer les autres hommes de leur aveuglement, en excitant en eux une juste inquiétude pour leur félicité spirituelle et éternelle.
Les habitants d’une ville iront chercher les habitants d’une autre ville, en disant : « Allons, hâtons-nous de prier le Seigneur. » Ceux à qui la proposition sera faite y accéderont avec joie, et ce saint exercice deviendra une habitude prédominante chez les hommes.
Nous voyons dans cette prophétie qu’une telle communauté de prières sera agréable à Dieu, et suivie des plus glorieux succès, et que, lorsque plusieurs nations, dans différentes parties du monde, se réuniront expressément pour offrir à Dieu de ferventes et constantes prières, nous pourrons espérer ces grandes effusions du Saint-Esprit, qui amèneront l’avancement de l’Église et du règne de Christ, si souvent promis dans les saintes Écritures.
Maintenant je présenterai quelques considérations tendant à engager les fidèles à s’unir pour remplir le grand devoir de la prière,
Il est évident, d’après l’Écriture, qu’il reste encore beaucoup à faire pour l’avancement de la religion et du règne de Christ en ce monde, et qu’il faudra avant, pour cela, que les grâces du Saint-Esprit se répandent beaucoup plus abondamment qu’elles ne l’ont fait jusqu’ici. Il est certain que plusieurs choses qui ont été écrites, touchant les glorieux temps de prospérité de l’Église, aux derniers jours, n’ont pas encore été accomplies. On n’a encore jamais vu la religion propagée et prédominante, au degré d’étendue et d’universalité représenté dans les prophéties. Divers passages de l’Écriture prédisent, en termes variés et pleins de force, « qu’un temps viendra où toutes les nations embrasseront la véritable religion, et seront admises dans l’Église de Dieu. » Il a été souvent promis aux patriarches que, « dans leur postérité, toutes les nations, ou (comme cela est souvent exprimé) toutes les familles de la terre, seraient bénies. » Conformément à cela, il est dit du Messie, en Psaumes 122.11 : Toutes les nations le serviront ; et v. 17 : Les hommes seront bénis en lui, et toutes les nations le proclameront heureux ; en Esaïe 2.2, il est dit : Toutes les nations afflueront à la montagne de la maison du Seigneur ; et en Jérémie 3.17 : Toutes les nations seront rassemblées en Jérusalem, au nom du Seigneur, et ne marcheront plus dans la dureté de leur mauvais cœur ; — Ésaïe 66.23, Toute chair viendra se prosterner devant l’Éternel ; Ésaïe 40.5, Toute chair verra la gloire de l’Éternel ; Ésaïe 65.2, Toute créature viendra à l’Éternel. Et le Christ lui-même compare le règne de Dieu, en ce monde, à du levain qu’une femme prend et mêle avec trois mesures de farine, jusqu’à ce que la pâte soit toute levée (Matthieu 12.33).
Il est naturel de supposer que le monde entier appartiendra finalement au Christ, comme étant l’héritage de celui qui est originellement le roi de toutes les nations, le maître des cieux et de la terre. Les Écritures nous enseignent, en effet, que Dieu le Père a constitué son Fils héritier du monde, afin qu’il ait les païens pour son héritage, et qu’il possède la terre jusqu’à ses dernières extrémités (Hébreux 1.2 ; 2.8 ; Psaumes 11.6-8). Dieu l’a investi de cette domination universelle par un serment solennel. Ésaïe 45.23 : J’ai juré par moi-même, et la parole sortie de ma bouche en toute justice ne sera point révoquée, que tous les genoux se plieront devant moi, et toutes les langues confesseront mon nom. (Comp. avec Philippiens 2.10-11.) Quoique ce serment solennel doive être entendu comme s’appliquant aux choses qui seront accomplies au jour du jugement, cependant il est évident, par les versets qui précèdent et ceux qui suivent, que la chose que l’on doit entendre le plus directement, est ce qui sera accompli, en répandant l’Évangile du salut, et portant les habitants des extrémités de la terre à se tourner vers Dieu pour être sauvés, et à venir à celui qui est la source de la force et de la justice, et en qui ils seront justifiés et glorifiés.
Dieu a permis que plusieurs princes de la terre étendissent leurs conquêtes, et possédassent des royaumes d’une vaste étendue. Il a permis qu’une monarchie triomphant d’une autre monarchie et vînt lui succéder. N’est-il pas raisonnable de supposer qu’il réserve une gloire bien plus grande au Christ, son propre fils, son héritier légitime, qui a acheté l’empire à un prix si haut, si précieux ? N’est-il pas raisonnable de supposer que sa domination sera la plus grande, ses conquêtes les plus étendues qui aient jamais été ?
L’Écriture nous offre un emblème de ceci dans l’interprétation donnée par le prophète Daniel, de la vision de Nabuchodonosor : quatre grands empires se succédant les uns aux autres, y sont représentés par une statue d’or, d’argent, d’airain, de fer, et d’argile ; mais, à la fin, une pierre coupée sans mains vient frapper les pieds de la statue ; alors furent brisés ensemble le fer, la terre, l’airain, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la paille de l’aire d’été, que le vent transporte çà et là, et il ne fut plus trouvé aucun lieu pour eux ; mais cette pierre qui avait frappé la statue, devint une grande montagne, et remplit toute la terre (Daniel 2.34-35) ; ce qui désigne le royaume que le Dieu du ciel établira le dernier sur la terre, et qui doit briser et consumer tous les autres. Sans doute, un tel emblème nous conduit à supposer que ce dernier royaume surpassera de beaucoup ceux qui l’auront précédé, et en force et en étendue.
Le même symbole nous est offert dans le chap. 7 de Daniel : là on représente les quatre empires, par quatre animaux qui s’élèvent successivement et subjuguent les autres : le quatrième et dernier est dépeint différent de tous les autres et fort terrible, duquel les dents étaient de fer et les ongles d’airain, qui mangeait et brisait, et foulait à ses pieds ce qui restait ; de plus il est dit au verset 23, que le royaume représenté par cette bête dévorera toute la terre ; mais à la fin de tout, un homme semblable au fils de l’homme vint jusqu’à l’ancien des jours, et il lui donna une domination éternelle qui ne passera point, et toutes les nations, tous les peuples et toutes les langues le serviront. Cette dernière circonstance distingue manifestement ce saint royaume de toutes les dominations précédentes.
La prédominance universelle de la vraie religion dans les derniers jours, est exprimée dans certains passages ou il est dit qu’elle parviendra aux extrémités les plus reculées de la terre (Psaumes 2.8), à toutes les extrémités de la terre et du monde (Psaumes 22.27 ; 67.7 ; 98.3 ; Ésaïe 2.22 ; 45.5), du levant au couchant (Psaumes 113.3 ; Matthieu 1.11).
Il serait déraisonnable de dire que ce sont là seulement des figures hardies de poésie orientale, par lesquelles on a voulu exprimer la grande extension de l’Église chrétienne, dans le temps de Constantin et les siècles suivants. Ce serait vouloir dire qu’il eût été impossible à Dieu de faire une prédiction concernant toutes les nations de la terre. Je doute qu’il soit possible de trouver une manière plus frappante d’exprimer l’universalité absolue de la connaissance de la vraie religion, que celle que nous voyons dans Ésaïe 11.9 : La terre sera remplie de la connaissance du Seigneur, comme le fond de la mer, des eaux qui le couvrent. De même qu’il n’y a, dans l’immense cavité qui sert de lit à la mer, aucune place qui ne soit couverte par ses eaux, ainsi il n’y aura aucune partie de la terre habitable qui ne soit éclairée de la lumière de l’Évangile et possédée par la vraie religion.
Il paraît évidemment qu’un temps viendra où il n’y aura pas une seule nation dans le monde qui n’embrasse cette vraie religion. Dieu nous a révélé expressément qu’une nation semblable ne sera point laissée sur la terre (Ésaïe 60.12). La nation et le royaume qui ne serviront point Dieu périront ; même ces nations-là seront réduites à une entière désolation. Dieu a dit : Les dieux qui n’ont point fait les cieux et la terre, disparaîtront de dessus la terre et de dessous les cieux ; ils ne sont que vanité, et un ouvrage trompeur ; ils périront au temps que Dieu les visitera. Cela doit s’appliquer au temps où la terre subsistera encore, c’est-à-dire avant la fin du monde.
Les prophéties du Nouveau Testament ne prouvent pas moins évidemment que l’Évangile prédominera à la fin des temps, et que le règne de Christ s’étendra sur toute la terre habitable. Le Christ dit (Jean 12.32) : Quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi. Puisque le Fils de Dieu s’étant fait homme, il est juste qu’il domine sur tout le genre humain ; puisqu’il est devenu habitant de la terre, et a répandu son sang sur la terre, il est juste qu’il la possède tout entière. Quand nous voyons qu’il a bien voulu devenir un serviteur, être assujetti aux hommes, qu’il a été accusé devant eux, jugé, condamné, exécuté par eux ; qu’il a souffert enfin une mort ignominieuse en présence des Juifs et des gentils, étant crucifié sur le haut d’une montagne, près de Jérusalem, aux yeux de plus de cent mille spectateurs ; quand nous voyons tout cela ne doit-il pas nous paraître juste qu’il en soit récompensé par une domination universelle sur la race humaine.
L’apôtre saint Paul, dans le onzième chapitre de l’épître aux Romains, nous enseigne que l’abondance des grâces du Saint-Esprit qui amenait en ces temps un si grand nombre d’âmes à Christ, premièrement parmi les Juifs, ensuite parmi les gentils, n’était que les prémices d’une plus grande récolte et chez les uns et chez les autres (v. 16). Car si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi ; et si la racine est sainte, les branches le sont aussi. Et dans le courant du chapitre, l’apôtre parle de la plénitude des Juifs et des gentils, comme d’une chose qui devait arriver par la suite, distincte de ce qui devait être recueilli parmi eux dans les premiers âges du christianisme. Il parle, dans le v. 12, de la richesse des Juifs, et, dans le v. 25, de la multitude des Gentils ; il parle, dans les versets 30 et 32, de l’infidélité et des ténèbres qui ont prédominé chez tous les peuples gentils, avant la venue de Christ et depuis sa venue chez les Juifs, comme d’une sage disposition pour manifester la glorieuse miséricorde de Dieu envers le monde entier (Juifs et Gentils), quand le temps sera arrivé. Dieu les a tous renfermés dans la rébellion pour faire miséricorde à tous ; ces passages montrent clairement que le temps vient où tout le genre humain sera amené dans le sein de l’Église de Dieu.
Dans le grand et dernier conflit entre l’Église de Christ et ses ennemis, avant le commencement du glorieux temps de paix et de repos, les rois de la terre et le monde entier seront rassemblés, dit l’apôtre (Apocalypse 11.17). Et alors le septième ange verse sa coupe dans l’air ; ce qui borne la domination de Satan comme dieu de ce monde, et cette domination est représentée comme entièrement détruite (v. 17). Dans une autre description de cette grande bataille, le Christ est représenté arrivant à cheval, portant sur sa tête plusieurs couronnes, et sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit ; le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs (Apocalypse ch. 19). Et dans le verset 17, un ange apparaît dans le soleil et crie à tous les oiseaux du ciel de venir manger les chairs des rois et des grands capitaines, etc. ; et en conséquence de la grande victoire remportée par le Christ en ce temps, un ange descend du ciel, ayant à la main la clef de l’abîme sans fond, et une grande chaîne qu’il jette sur le démon, et l’attache, et l’entraîne dans l’abîme qu’il ferme sur lui, et y appose un sceau, afin qu’il ne puisse plus tromper les nations.
Prétendrait-on que toutes ces prophéties ne signifient autre chose, sinon qu’un tiers du monde sera amené à l’Église de Christ ; non sans doute. Or, l’on ne peut soutenir que la religion chrétienne ait jamais embrassé un tiers du monde, même dans sa plus grande extension, puisque les contrées appartenant à l’empire romain, qui se convertirent au christianisme après le règne de Constantin, ne sont qu’une petite partie de ce qui forme actuellement le monde habitable. Il est donc évident que le grand accomplissement des prophéties qui parlent du glorieux avancement du règne de Christ sur la terre, est encore à venir.
Et de même que l’état de la religion, tant sous le rapport de l’étendue que sous celui de l’éclat, ne répond pas encore aux prophéties ; sa durée, telle qu’elle a été prédite, n’a pas non plus été vue jusqu’ici. Les prophéties disent que Jérusalem deviendra la joie de toute la terre, et, de plus, la joie de plusieurs générations (Psaumes 48.2 ; Ésaïe 60.15). Que les enfants de Dieu jouiront du travail de leurs mains (Ésaïe 65.22). Qu’ils régneront mille ans avec Christ (Apocalypse 20.4), et par cela nous devons au moins entendre un temps très long. Mais nous ne finirions point si nous voulions citer tous les passages qui signifient que le temps de paix et de prospérité sera de longue durée. Non seulement presque toutes les prophéties qui parlent de la gloire du dernier jour impliquent cette idée ; mais plusieurs d’entre elles annoncent de plus qu’une fois ce jour venu, il ne finira qu’avec le monde. Alors les jours de deuil seront finis ; les tribulations seront comme les eaux de Noé devant Dieu ; il avait juré que les eaux ne couvriraient plus la terre ; ainsi il jurera qu’il ne sera plus courroucé contre son peuple. Il n’y aura plus ni jour ni nuit, afin que la lumière ne soit jamais obscurcie, c’est-à-dire, qu’il n’y aura plus d’alternative de lumière et de ténèbres, mais un jour continuel. Les nations changeront leurs épées et leurs lances en charrues et en serpettes ; les hommes n’apprendront plus à se faire la guerre les uns aux autres, mais ils jouiront de l’abondance et de la paix tant que les astres des cieux existeront. (Michée 4.3 ; Ésaïe 2.4)
Toutefois, il est vrai de dire que l’Église de Dieu n’a jamais encore joui de la paix et de la prospérité pendant un long espace de temps ; au contraire, les temps de son repos ont toujours été courts. La tranquillité des chrétiens après Constantin a duré fort peu. L’empire ne fut pas plus de vingt ans libre du fléau de la guerre ; et cet intervalle de paix ne fut pas plus long que ceux dont il avait joui sous quelques-uns des empereurs païens. Après cela l’empire fut déchiré par des guerres intestines et dévasté par les barbares ; et le monde chrétien bientôt troublé par les hérésies et les divisions de l’Église. Jamais l’Église de Christ n’a été à aucune époque longtemps exempte de persécution, surtout quand la vérité y a prédominé, et que la véritable religion a fleuri jusqu’ici ; le peuple de Dieu a été dans un état de sujétion, et ses ennemis ont insulté à ses misères.
Il est donc vraisemblable que le dernier royaume sera celui du propre Fils de Dieu ; et, quelles que soient les révolutions par lesquelles le monde sera agité pendant longtemps, la cause de la vérité triomphera enfin, et le peuple de Dieu possédera la terre. Il est naturel que toutes choses soient ébranlées jusqu’à l’arrivée du règne qui doit être inébranlable, et que la sagesse du Sauveur du monde se manifeste en amenant un si glorieux résultat. Dieu l’a ordonné ainsi dans sa justice et sa miséricorde, afin que l’Église, à travers tous les changements qu’elle peut subir, eût toujours présente, pour soutenir ses espérances, animer sa foi et ses prières, de générations en générations, la promesse que Dieu a faite, qu’un temps viendra où son royaume s’étendra sur le monde entier.
Cet avancement futur du règne de Christ est un événement heureux et glorieux au-delà de toute expression. Les Écritures en parlent comme d’un temps où Dieu et son fils Jésus Christ seront glorifiés sur la terre au plus haut degré : un temps dans lequel Dieu qui, jusque-là, avait habité parmi les chérubins, et s’était caché dans le saint des saints au fond de son tabernacle, derrière un voile impénétrable, se manifestera aux yeux des hommes. Et toute chair verra sa gloire, et tout le peuple de Dieu jouira du privilège que le grand-prêtre sous la loi judaïque avait une fois l’année, et qui fut accordé à Moise, sur la montagne : un temps dans lequel tout le peuple de Dieu verra la lumière divine, non une seule fois comme Moïse, ou une fois par année comme le grand-prêtre ; car l’Éternel sera pour lumière perpétuelle, et les jours de deuil seront finis (Psaumes 89.15 ; Ésaïe 60.19), et cette lumière sera plus éclatante que celle du soleil et de la lune ; car la lune rougira, et le soleil sera honteux quand l’Éternel des armées régnera sur la montagne de Sion, et ce ne sera que gloire en la présence de ses anciens (Ésaïe 24.23).
Ce temps est représenté comme un temps de grand accroissement de connaissances, particulièrement sur les choses divines ; un temps où le Seigneur déchirera le voile qui est étendu sur toutes les nations (Ésaïe 25.7). La lumière de la lune égalera celle du soleil, et la lumière du soleil sera sept sois plus grande (Ésaïe 30.26), et les yeux de ceux qui verront ne seront plus obscurcis, et le cœur de l’insensé comprendra la science (Ésaïe 36.4). Chacun d’eux n’enseignera plus son prochain, ni le frère son frère, en disant connaissons l’Éternel; car ils le connaîtront tous, depuis le plus petit jusqu’au plus grand (Jérémie 31.34). Il est déclaré que sera un temps de sainteté générale (Ésaïe 10.30). Ceux de ton peuple seront tous justes (Ésaïe 60.21). Les petits enfants seront comme s’ils avaient cent ans pour les connaissances spirituelles (Ésaïe 65.21). Un temps où celui qui sera le plus faible parmi le peuple de Dieu, sera comme David (Zacharie 11.8). Un temps où toutes choses seront empreintes de sainteté ; les affaires communes de la vie, les ustensiles nécessaires à la vie seront sanctifiés devant le Seigneur (Zacharie 14.20-21).
A cette époque, le véritable christianisme sera en tous points triomphant dans le monde ; Dieu permettra que son Église s’élève, secoue la poussière qui la couvre, se pare de ses plus beaux habits et se place sur un trône. Et le pauvre sera tiré de la poudre, le mendiant de son galetas, et ils seront placés parmi les princes et mis en possession de la gloire de Dieu. Une piété vivifiante s’emparera de ceux qui habitent les palais ; et ceux qui seront les plus éminents par leur rang seront aussi les plus éminents en sainteté (Ésaïe 49.23). Il régnera alors une merveilleuse union, une douce et universelle harmonie entre toutes les nations, qui changeront leurs armes en instruments de labourage ; et Dieu fera cesser la guerre d’une extrémité du monde à l’autre, il brisera l’arc et la lance, et brûlera le chariot de guerre : et l’agneau pourra habiter en sûreté avec le loup, et le peuple de Dieu sera sûr et paisible dans le lieu de son repos (Ésaïe 31.17-18).
Toutes les hérésies et les fausses doctrines seront extirpées, et l’Église de Dieu ne sera plus déchirée par des opinions contraires (Zacharie 14.9). Le Seigneur sera roi de toute la terre : en ce jour il n’y aura qu’un seul Seigneur, et son nom sera le seul nom. Toutes les pratiques de dévotions superstitieuses seront abolies, et Dieu sera servi ainsi qu’il a ordonné de le faire et selon la pureté de ses institutions (Jérémie 31.39) : Je leur donnerai un cœur et une voie, afin qu’ils puissent me craindre à jamais pour leur bien et celui de leurs enfants. Toute la terre unie formera une sainte cité, une famille céleste ; les hommes de toutes les nations seront comme s’ils habitaient sous le même toit, ils communiqueront ensemble comme des enfants du même père rassemblés dans la maison du Seigneur pour adorer le Dieu des armées.
Il nous a été enseigné que nous devons nous attendre à voir arriver un temps de joie et de félicité pour toute la terre, où, d’une extrémité du monde à l’autre, retentiront des chants dans lesquels on dira gloire au juste. Dieu préparera sur sa montagne un festin délicieux.
Les Écritures représentent ce temps, non seulement comme un temps de joie universelle sur la terre, mais de joie extraordinaire dans le ciel parmi les Anges, les Saints, les Apôtres et les Prophètes (Apocalypse 18.20 ; 19.9) ; ce temps est annoncé comme un temps de joie pour le Christ lui-même (Zacharie 3.17). Le Seigneur ton Dieu est puissant en toi, il veut te sauver ; il se réjouira de ton salut par des chants ; vous sortirez avec allégresse et vous serez conduits en paix ; les montagnes et les coteaux éclateront de joie avec un chant de triomphe devant vous, et tous les arbres des champs y applaudiront (Ésaïe 45.12). »
L’état futur qui nous est promis étant tel, il est assurément de notre devoir de prier pour son avènement. En effet, si nous voulions réfléchir sérieusement sur toutes choses, la considération de la gloire de Dieu, l’intérêt pour l’honneur de notre Rédempteur, l’amour de son peuple et de notre prochain en général, la compassion pour les calamités qui, sous tant de formes diverses, affligent le genre humain, le désir de son bien-être temporel et spirituel ; enfin, l’affection pour notre pays, nos proches, nos amis, nous-mêmes, tout devrait nous disposer à prier avec ardeur et persévérance pour que l’aurore de ce beau jour qui amènera l’accomplissement de cet heureux événement nous apparaisse.
Les Saintes Écritures abondent en encouragements, en préceptes et en exemples tendant à exciter le peuple de Dieu à lui demander, par la prière, la miséricorde qu’il a promise.
Le principal objet pour lequel les chrétiens doivent prier, est la plus précieuse des grâces achetées par le Rédempteur. Ainsi, quand les disciples vinrent demander au Christ de leur enseigner comment ils devaient prier, et qu’il leur eut donné des instructions ce point, il ajouta : Si donc, vous qui êtes méchants, savez bien donner à vos enfants des choses bonnes, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il des biens à ceux qui les lui demandent ? (Matthieu 7.11) De là nous pouvons inférer qu’il n’est aucune grâce que nous soyons appelés à demander par des prières, aussi ardemment que celle du don du Saint-Esprit ; plus le bienfait dont nous avons besoin est excellent, plus l’Être-Suprême est disposé à l’accorder à nos prières. La bonté infinie de Dieu s’en réjouit ; Jésus-Christ, notre Rédempteur, en a plus de succès dans ses glorieux travaux ; et les désirs qui ont pour objet la plus excellente des bénédictions, étant les désirs les plus excellents, ce sont aussi ceux que Dieu approuve le plus et qu’il est le plus disposé à satisfaire.
Les Écritures nous invitent, non seulement à prier en général pour le Saint-Esprit par dessus toutes choses ; mais elles nous révèlent que la volonté de Dieu est que son Église prie spécialement pour cette surabondance du Saint-Esprit dans les derniers jours, avec tous les glorieux effets qu’elle doit produire. Ezéchiel, en parlant de cet heureux événement (ch. 36), sous la figure de la maison d’Israël nettoyée, réparée, repeuplée d’hommes, qui seront comme le troupeau sacré de Jérusalem dans ses jours de fête, dit au verset 37 : Le Seigneur a dit : Je voudrais cependant que le peuple d’Israël me demandât que je fisse cela pour lui. Ceci implique, sans doute, que Dieu veut, avant de répandre ses grâces sur nous, que nous les lui demandions par des prières extraordinaires.
Dans aucun passage de la Bible, l’importunité avec laquelle nous sommes appelés à prier, n’est exprimée aussi fortement que dans les sixième et septième versets du soixante-deuxième chapitre d’Esaïe : Vous qui faites souvenir de Éternel, ne vous donnez point de repos, et ne lui donnez point de repos qu’il n’ait rétabli Jérusalem en un état renommé sur la terre. Combien cette expression est frappante ! Combien cet appel à l’Église, pour offrir sans cesse de ferventes prières, est impérieux ! Combien la manière dans laquelle les êtres rampants dans la poussière, doivent s’adresser à celui qui est élevé dans les demeures éternelles, est décrite admirablement ! Et quel encouragement à s’approcher du trône de miséricorde avec liberté, constance, hardiesse, confiance, afin d’obtenir la plus grande faveur qui puisse être demandée par des prières chrétiennes.
Un ministre d’un mérite éminent a justement observé, en parlant de l’obligation de prier pour la propagation de l’Évangile, comme elle nous est tracée dans l’Oraison Dominicale, que, malgré la concision de cette prière, la moitié des demandes qu’elle contient, c’est-à-dire trois sur six, et les premières, sont relatives à ce grand objet, en sorte qu’en les offrant séparément, ou réunies, on prie pour que la dispensation de l’Évangile soit bénie de Dieu. Ce glorieux jour est le temps fixé pour l’accomplissement des choses demandées dans ces trois articles ; et de même que la prière dominicale commence par ces trois premières demandes, elle se termine aussi par ces mots : Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire au siècle des siècles. Amen. Ainsi le Christ nous apprend qu’il convient à ses disciples de rechercher cette grâce par dessus toutes les autres, d’en faire le premier et le dernier objet de leurs prières, et de subordonner toutes les autres demandes à l’avancement du règne et de la gloire de Dieu en ce monde.
Outre ce que nous avons remarqué dans l’Oraison Dominicale, si nous parcourons la Bible, nous trouverons que, dans tous les modèles de prières qui y sont offerts, le plus grand nombre porte sur la délivrance, la restauration, la prospérité de l’Église, et l’avancement de la gloire de Dieu et de son règne dans ce monde. Considérons les prières renfermées dans les livres des psaumes, nous verrons que la plupart sont prononcées, soit au nom du Christ, soit au nom de l’Église, et la plus grande partie de ce livre consiste en prières, prophéties et louanges relatives au triomphe de la Croix.
Les Écritures ne révèlent pas seulement l’existence de ce devoir, mais elles encouragent encore les chrétiens à en espérer d’heureux résultats. Il n’est peut-être aucune chose que la Bible promette aussi fortement et aussi fréquemment pour exciter et animer la foi, l’espérance et les prières des saints ; or, sans doute, ce dont Dieu a fait le sujet spécial de ses promesses doit être aussi le sujet spécial des prières de son peuple. Avec quelle confiance ne pouvons-nous pas nous présenter devant notre Créateur, et lui demander par la prière ce qu’il nous a garanti par des promesses si solennelles !
La première de toutes les promesses du Seigneur à l’homme déchu (Genèse 3.15), elle écrasera la tête du serpent, aura son plein accomplissement en ce jour ; et l’Écriture-Sainte se termine par la promesse de la gloire de ce même jour, et par une prière pour son avènement (Apocalypse 22.20) : Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Oui, je viens bientôt ! Amen. Oui, Seigneur Jésus, viens.
Nous trouvons, en lisant les Écritures, de grandes raisons de croire que, lorsque l’esprit de prières deviendra général dans l’Église de Dieu, ses promesses seront bientôt accomplies… C’est évidemment dans ce sens que Dieu a parlé dans Ésaïe 41.17-19 : Pour les affligés et les misérables qui cherchent des eaux, et qui n’en ont point, et dont la langue périt de soif, moi, l’Éternel, je les exaucerai ; moi qui suis le Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai point. Je ferai sortir des fleuves des lieux élevés, et des fontaines du milieu des vallées ; je changerai le désert en étang, et la terre sèche en sources d’eau. Je ferai croître au désert le cèdre, le sapin, le myrte et l’olivier ; je mettrai ensemble dans la solitude le sapin, l’orme et le buis. Les eaux et les rivières spirituelles signifient le Saint-Esprit, selon l’apôtre Jean (Jean 7.37-39). Si le peuple de Dieu, dans ce temps de sécheresse extraordinaire, voulait sentir et cette calamité et ses pressants besoins, s’il voulait crier pour que l’on étanchât la soif qui le dévore, Dieu, n’en doutons pas, remplirait sa divine promesse. Il nous en fait une semblable dans Psaumes 102.16-17 : Quand l’Éternel aura rebâti Sion, qu’il aura été vu en sa gloire, qu’il aura regardé à la requête de celui qui est désolé, et qu’il n’aura pas méprisé sa requête. Les paroles du verset suivant sont des plus remarquables : Cela sera écrit pour les générations à venir, et le peuple qui sera créé de nouveau louera le Seigneur.
Ainsi, nous pouvons voir que Dieu a égard aux prières de ses Saints, dans ses dispensations pour le gouvernement de ce monde, par la figure renfermée dans le chapitre 8 de l’Apocalypse. Nous y voyons que sept anges se tiennent devant le trône de Dieu, et reçoivent de lui sept trompettes, au son desquelles de grands et terribles changements ont lieu dans le monde, pendant plusieurs siècles successifs. Mais après que ces anges ont reçu leurs trompettes, ils doivent demeurer en repos et en silence ; il n’est permis à aucun d’eux de sonner avant que les prières des Saints aient été entendues. L’ange de l’alliance, comme un glorieux grand-prêtre, se tient devant l’autel, offrant avec des parfums les prières de tous les saints sur l’autel d’or, devant le trône ; et la fumée de l’encens avec la prière des saints monte jusqu’à Dieu, de la main de l’ange ; alors les anges se préparent à sonner de la trompette, et Dieu, à chaque événement qui suit le son de chaque trompette, se rappelle ces prières, comme on le voit enfin par les glorieuses choses qu’il accomplit en faveur de son Église, pour répondre aux supplications qu’elle lui a adressées (Apocalypse 9.15-17) Le septième ange sonna de la trompette, et de grandes voix se firent entendre dans le ciel, qui disaient : Les royaumes du monde sont soumis à notre Seigneur et à son Christ, et il régnera aux siècles des siècles. Alors les vingt-quatre vieillards qui sont assis sur leurs trônes, devant Dieu, se prosternèrent sur leurs visages, et adorèrent Dieu, disant : Nous te rendons grâces, Seigneur Dieu tout-puissant, qui es, qui étais et qui seras, de ce que tu as fait éclater ta grande puissance, et de ce que tu es entré dans ton règne. Puisque Dieu a voulu honorer son peuple, au point de conduire tous les desseins qu’il a sur son royaume par les prières de ses Saints, nous pouvons croire que, lorsqu’on verra dominer chez ce peuple un esprit de prière extraordinaire, pour l’avancement du règne de Christ, cet événement sera bien près d’être accompli.
Dieu a daigné se représenter lui-même comme s’il était, au commandement de son peuple, prêt à répandre sur lui les dons de sa miséricorde, quand ils lui seraient demandés avec ferveur. Ainsi, a dit l’Éternel, le Saint d’Israël, qui les a formés, interrogez-moi sur les choses à venir et sur ce qui regarde mes fils, et marquez-moi ce que je dois faire de l’ouvrage de mes mains (Ésaïe 45.11). Cet ouvrage est la restauration de l’Église, non pas seulement la délivrance d’une calamité temporelle, d’une captivité extérieure, comme celle du temps de Cyrus, mais encore une restauration spirituelle, dans laquelle Dieu ordonnera aux cieux d’envoyer la rosée d’en haut, et aux nuées de faire pleuvoir la justice sur la terre qui s’ouvrira et produira la délivrance et la justice qui germeront ensemble.
Dieu se décrit lui-même comme prêt à faire grâce à son Église, à déployer sa puissance pour sa restauration, et comme attendant seulement l’occasion de répandre sa miséricorde, en répondant aux cris de son peuple. (Ésaïe 30.18-19) Et cependant l’Éternel attend pour vous faire grâce ; et ainsi il sera exalté, en ayant pitié de vous, car l’Éternel est un Dieu juste. Heureux tous ceux qui s’attendent à lui ! Car le peuple habitera dans Sion et dans Jérusalem ; tu ne pleureras plus : certainement il te fera grâce, sitôt qu’il aura ouï ton cri ; sitôt qu’il t’aura oui, il t’exaucera.
Les exemples du succès des prières, que nous offre l’Écriture, sont extrêmement encourageants. Dans la plupart des passages remarquables où il est fait mention des délivrances et des restaurations de l’Église, ces événements sont amenés par des prières. La délivrance de la captivité d’Égypte a été obtenue par des prières ; ce furent des prières qui arrêtèrent le soleil au-dessus du mont Gébéon, et la lune dans la vallée d’Ascalon, et firent remporter au peuple de Dieu une si grande victoire : par ce miracle, Dieu semblait indiquer dans l’avenir, un événement encore plus glorieux pour l’Église chrétienne, dans les derniers jours : ce même événement que prédit Ésaïe 40.20 : Ton soleil ne se couchera plus, ta lune ne disparaîtra plus des cieux.
Ce fut pour exaucer des prières, que Dieu délivra son peuple de la puissante armée des Assyriens. La restauration de l’Église de Dieu après la captivité de Babylone, comme les prophéties et les histoires de la Bible le montrent en cent endroits, fut le résultat de prières extraordinaires. Cette restauration de l’Église judaïque, après la destruction de Babylone, est évidemment le type de la glorieuse restauration de l’Église chrétienne, après la destruction du règne de l’Antéchrist, si souvent donné, dans l’Apocalypse, comme l’anti-type de Babylone. Samson recouvre par la prière des forces pour renverser le temple de Dagon. Ainsi le peuple de Dieu verra, dans les derniers jours, sa faiblesse changée en force, et deviendra l’instrument de la destruction du royaume de Satan.
Ce fut en exauçant une prière, que l’esprit de Dieu se répandit sur le Christ lui-même ; Luc 3.21-22. Or, comme tout le peuple se faisait baptiser, Jésus fut aussi baptisé ; et, pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit, et le Saint-Esprit descendit sur lui, sous une forme corporelle, et il vint une voix du ciel, qui dit : Celui-ci est mon fils bien aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. L’Esprit descend sur l’Église de Dieu, de la même manière qu’il descendit sur son chef. Les plus grandes effusions de l’Esprit saint, qui aient été vues, en y comprenant même celle qui eut lieu dans les premiers temps du christianisme à Jérusalem, le jour de la Pentecôte, furent obtenues par des prières extraordinaires. Quand les disciples se trouvèrent rassemblés autour de leur Seigneur, un peu avant son Ascension, il leur commanda de ne point partir de Jérusalem, mais d’y attendre la promesse du Père, laquelle, vous ayez ouïe de moi : C’est à savoir la promesse du Saint-Esprit. (Actes 1.4) Ce qu’ils avaient à cœur, était la restauration du royaume d’Israël : Seigneur, est-ce dans ce temps que tu voudras restaurer le royaume d’Israël ? (v. 6) Et, suivant le commandement du Christ, ils retournèrent à Jérusalem après son ascension, et continuèrent à faire leurs prières et leurs supplications. Il paraît qu’ils passèrent ainsi le temps, sans cesser de prier, jusqu’à ce que l’Esprit descendit sur eux d’une manière miraculeuse ; alors ils commencèrent une œuvre qui ne devait plus être discontinuée, et les principales nations furent converties au christianisme. De même, la glorieuse délivrance de l’Église chrétienne, sous Constantin-le-Grand, fut la suite des cris qu’elle poussa, pour implorer la divine miséricorde ; c’est ainsi, du moins, que l’Apocalypse nous le représente, au ch. 6, à l’ouverture du premier sceau : l’Église, dans sa souffrance, est dépeinte criant à haute voix : Jusques à quand, Seigneur, qui es saint et véritable, ne jugeras-tu point et ne vengeras-tu point notre sang, de ceux qui habitent la terre ? Et l’ouverture du premier sceau après ceci, paraît amener cette grande révolution du temps de Constantin, comparée aux changements qui arriveront à la fin du monde.
Et de même qu’on trouve tant de raisons dans la parole de Dieu, pour croire que si un esprit de prières ferventes pour la grande effusion de l’esprit de Dieu, prédominait parmi les chrétiens, cette grâce leur serait bientôt accordée ; on peut bien penser encore que ceux qui pratiqueront ce saint exercice, en ressentiront les premiers bienfaits : Dieu viendra à ceux qui le cherchent et qui l’attendent ; Ésaïe 25.9 ; 26.8 : Quand le Christ se fit chair, il se manifesta d’abord à ceux qui attendaient la consolation d’Israël, et qui espéraient la rédemption de Jérusalem.
Et dans cette grande effusion du Saint-Esprit sur les apôtres, qui produisit de si glorieux effets chez les Juifs et les Gentils, l’Esprit descendit premièrement sur ceux qui priaient en commun. Des grâces particulières sont promises à ceux qui aiment l’Église de Dieu, et prient pour sa prospérité. Priez pour la paix de Jérusalem ! Que ceux qui t’aiment, jouissent de ta prospérité ! (Psaumes 122.6)
Combien ne serait-il pas admirable et utile que des multitudes de chrétiens, dans les diverses parties du monde, se réunissent d’un commun accord pour prier comme l’Écriture nous l’indique ? L’union est un des traits les plus aimables de la société humaine ; c’est une des choses les plus belles qu’on puisse voir sur la terre, une chose qui peut même rendre la terre semblable au ciel. Dieu a fait d’un même sang toutes les nations qui couvrent le globe, afin de nous enseigner par-là qu’il convient au genre humain d’être uni comme une seule famille, et cela s’accorde parfaitement au caractère et aux besoins que Dieu a donnés aux hommes, par lesquels ils sont appelés à vivre ensemble paisiblement et à se prêter une aide mutuelle. L’union civile parmi les hommes pour leurs intérêts temporels, est heureuse sans doute ; mais combien est plus aimable encore une pieuse union, un accord plein de zèle dans la grande affaire pour laquelle tous les hommes ont été créés, celle de la religion dont l’amour est l’âme et la vie !
De même que la gloire de l’Église de Christ est d’être toujours une, quelle que soit la dispersion de ses membres, de former une société sainte, une ville, une famille, un corps ; de même il est très désirable que cette union puisse se manifester et devenir visible ; il est hautement désirable que les membres les plus éloignés puissent agir comme s’ils ne faisaient qu’un, dans les choses qui intéressent les corps entiers, et dans l’exercice des devoirs qu’ils ont à remplir envers leur commun seigneur et père, tel que celui de le prier pour leur commune prospérité. Une famille a besoin de se réunir dans ses prières pour les choses qui lui sont nécessaires ; une nation doit, à de certaines époques, se rassembler pour prier dans l’intérêt général de tous ceux qui la composent ; de même il est nécessaire que l’Église de Dieu qui est une sainte nation, un peuple particulier, une famille céleste, plus étroitement liée sous plusieurs rapports et par des intérêts communs bien plus essentiels que toutes les autres sociétés, s’unisse visiblement pour offrir des prières à Dieu en faveur de la prospérité générale, surtout de cette prospérité si glorieuse, si grande, que Dieu a solennellement promis d’accomplir dans les derniers jours.
Il convient aux chrétiens, chez lesquels l’égoïsme et la sécheresse de cœur ne peuvent habiter, de prier pour cette bénédiction publique dans laquelle consistent le bien-être et la félicité de l’Église de Dieu, et le plus grand bien que les hommes puissent obtenir. L’union dans la prière convient spécialement quand cet exercice a pour objet ce qui concerne par dessus toutes choses les intérêts du corps entier des chrétiens et de chaque individu en particulier.
Une telle union dans la prière est non seulement belle mais elle est encore d’une utilité manifeste ; elle tend à provoquer et à entretenir des sentiments de charité entre les membres de l’Église de Christ, qui vivent éloignés les uns des autres, à exciter une sorte d’esprit public, d’intérêt fraternel, de zèle pour le bien-être des chrétiens en général. L’union dans les devoirs religieux, spécialement dans celui de la prière pour le bien commun, a plus que toute autre chose le pouvoir d’exciter l’affection mutuelle. Si les ministres et leurs troupeaux s’engageaient par une convention expresse, à demander par la prière, que la piété se ranimât parmi les hommes, cet accord éveillerait naturellement en eux le désir de cette bénédiction ; ils deviendraient plus attentifs, plus empressés dans leurs efforts pour répandre ce bien pour lequel eux et un si grand nombre d’autres personnes offrent tant de prières. Ils seraient plus prompts à se réjouir et à louer Dieu, quand ils verraient cette sainte cause couronnée de quelque succès ; enfin les ministres dont la vie doit être consacrée à rechercher le bien de l’Église de Christ et l’avancement de son règne, seraient disposés par là à mettre encore plus de diligence et d’énergie dans leurs travaux, ce qui tournerait à l’avantage spirituel de chaque individu ; une occupation semblable doit porter à réfléchir plus sérieusement sur soi-même, à sonder en quel état se trouve notre propre cœur à l’égard de la religion, et jusqu’à quel point l’exemple que l’on donne peut contribuer au résultat pour lequel on prie.
De grands encouragements à l’union dans la prière nous sont donnés dans la parole de Dieu. Quand Daniel eut à demander à Dieu une grande faveur, savoir : que le Saint-Esprit lui révélât miraculeusement un secret important qu’aucun des sages de Babylone ne pouvait deviner, il alla trouver Hananias, Misaël et Azarias, ses compagnons, et ils convinrent ensemble d’implorer en commun la grâce de l’Éternel au sujet de ce secret ; leur prière commune fut bientôt exaucée. Esther ayant une demande bien plus importante à faire pour le salut de toute la nation juive, qu’elle voyait sur le penchant de sa ruine, fait dire à tous les Juifs qui habitaient la ville de Suse de prier et de jeûner avec elle et ses suivantes ; leurs prières unies remportèrent la victoire, et eurent le succès le plus surprenant.
Mais, un plus grand encouragement encore est renfermé dans ces paroles de notre divin Sauveur, Math.18.19. Je vous le dis encore, que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander quelque chose, tout ce qu’ils demanderont leur sera accordé par mon père, qui est aux cieux. Le Christ daigne donner cet encouragement à l’union de ses disciples, pour chercher et servir Dieu ; une sainte union de son peuple est délicieuse à ses yeux ; c’est pour ce but même qu’il est venu dans ce monde et qu’il a répandu son sang ; il en a demandé l’accomplissement dans sa dernière prière (Jean ch. 17) ; en un mot, c’est un des grands objets de notre rédemption par le Sauveur, afin que dans les temps de la dispensation de sa grâce, il réunit toutes choses en Christ, tant ce qui est dans les cieux que ce qui est sur la terre (Éphésiens 1.10).
Maintenant, je désire que tous les bons chrétiens qui auront lu ce discours avec attention, veuillent bien considérer s’il ne leur est pas impossible de se dispenser d’accomplir le devoir qui leur y est recommandé ? Dieu a excité une partie de son Église, dispersée en divers lieux du monde, à rechercher sa grâce, à le supplier par des cris de détresse de se montrer en faveur de Sion, suivant ses promesses. Ces fidèles s’adressent à nous tous, et nous font la même proposition qui est exprimée dans le texte saint. Les membres de l’Église d’un pays vont à d’autres qui habitent des contrées éloignées, et leur disent : Hâtons-nous d’aller prier constamment et ardemment le Seigneur ; hâtons-nous d’aller chercher le Dieu des armées. Ne convient-il pas que nous nous empressions de répondre : Je veux y aller aussi.
Il semble que chacun de ceux qui désirent relever Sion de la poussière, devrait se réjouir en voyant que Dieu a suscité un grand nombre de ministres et des multitudes de peuples à s’unir dans des prières extraordinaires pour ranimer la religion, et avancer le règne de Christ.
Certes, si nous avons empreintes dans notre cœur les calamités présentes de l’Église et du monde, si nous soupirons après ce changement salutaire que Dieu a promis, nous devons nous réjouir à la moindre apparence d’un signe aussi encourageant pour nous. Si nous sommes en effet appelés de Dieu pour accomplir ce qui nous a été proposé par sa parole, qu’il me soit permis de supplier tous ceux qui prennent un intérêt sincère et profond au vrai christianisme, de mettre de côté toute vaine dispute, toute diversité d’opinion, pour se réunir et se hâter d’aller prier devant le Seigneur, en ne formant qu’un cœur et qu’une voix. Il n’est pas nécessaire que l’un attende l’autre. Si nous pouvons rassembler nos voisins, et les engager à se joindre à nous pour employer le temps désigné en prières communes, nous aurons obtenu une chose très désirable ; mais si nous ne pouvons le faire, ce n’est pas une raison pour négliger entièrement ce devoir nous-mêmes : nous devons le remplir en nous unissant de cœur avec ceux qui le pratiquent dans le même moment en des lieux éloignés.
S’il est conforme à l’esprit et à la volonté de Dieu que nous remplissions ce devoir (imposé par lui-même) de prier pour l’avènement du règne de Christ ; nous sommes très certainement tous obligés, pour entrer dans ses vues à cet égard, de tâcher, autant qu’il est en nous, de porter nos frères à se joindre à nos prières. Les chrétiens de condition privée peuvent avoir beaucoup d’occasions favorables pour cela ; mais ce sont principalement les ministres qui, comme guides et surveillants naturels en matière de religion, ont généralement le plus d’influence.
J’espère donc que ceux qui seront convaincus que leur devoir est d’encourager ce dessein, se rappelleront que nous devons non seulement aller promptement prier devant le Seigneur, mais encore y aller constamment. Nous devons unir dans notre pratique ces deux choses que notre Seigneur unit dans son précepte, prier et ne point se décourager. Mais, quand même nous continuerions pendant quelques années, et que rien de remarquable dans les dispensations de la providence n’annoncerait que Dieu a entendu nos prières et y répond, ce serait agir en gens de bien peu de foi, que de perdre courage et de nous ralentir dans la recherche d’un si grand bien. Il est évident, d’après les paroles de Dieu, qu’il éprouve souvent la foi et la patience de son peuple, en retenant pour un temps les grâces qui lui sont demandées, et souvent même en lui donnant des marques de colère. Toutefois, il ne manque jamais d’exaucer celui qui persévère dans la prière ; il ne le laisse point aller sans le bénir. J’espère que le peuple de Dieu verra bientôt quelques gages de sa bonté, qu’il s’apercevra que le Seigneur n’a pas dit à la race de Jacob, vous me chercherez en vain, et que les fidèles seront ainsi encouragés à continuer leurs prières pour l’avancement du règne de Christ, avec une ferveur toujours croissante. Mais, quelles que soient nos espérances à cet égard, nous devons nous résoudre à rester dans l’ignorance des temps où le père a mis ces choses au pouvoir de Christ : nous devons nous contenter de savoir que Dieu accomplira ses promesses dans leur temps, et pour rappeler sans cesse les instructions, les prophéties renfermées dans les saintes Écritures, telles que celles-ci :
Psaumes 27.16 : Attends-toi à l’Éternel et demeure ferme, et il fortifiera ton cœur ; attends-toi, dis-je, à l’Éternel.
Habakuk 2.3 : Car la vision est encore différée jusqu’à un temps déterminé ; elle se manifestera à la fin et elle ne trompera point. S’il diffère, attends-le ; car il viendra assurément et il ne tardera point.
Michée 7.7 : Mais moi je regarderai vers l’Éternel ; j’attendrai le Dieu de ma délivrance ; mon Dieu m’exaucera.
Ésaïe 25.9 : En ce jour-là on dira : Voici notre Dieu nous l’avons attendu et il nous sauvera ; c’est ici l’Éternel, nous l’avons attendu, nous nous égaierons, et nous nous réjouirons de son salut.
Amen !
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