Chrétien à plein temps à pleine part

Chapitre 3
Ils persévéraient dans les prières

Il y a une phrase souvent entendue dans la bouche de gens qui s’excusent de ne pas beaucoup « pratiquer » : « Mais, je ne m’endors jamais sans faire ma prière !».

On reste songeur devant pareille affirmation. Oserait-on dire qu’il leur est indispensable de faire leur prière… pour s’endormir ?

Peut-être… si leur conscience est devenue suffisamment léthargique pour se contenter de ce minimum vital de l’âme. Par ailleurs, on espère que viendra bientôt le jour où, par la minuscule ouverture qu’on lui ménage encore, Dieu s’infiltrera dans ces vies, et, de la « tête de pont » de cet instant quotidien de prière, repartira à la conquête de ces existences.

« L’Esprit souffle où il veut », dit l’Evangile. C’est vrai, mais pour faire avancer le voilier de nos vies, il faut que le vent de l’Esprit trouve des voiles à gonfler qui soient autre chose que des mouchoirs pleins de trous. Le croyant qui veut répondre à l’appel de son Seigneur de « reprendre la mer » devra réviser la voilure de la prière.

On peut en croire l’expérience d’une croyante de chez nous :

Oh ! prions : C’est la grande chose.
Sans prière, rien ne se fait.
C’est sur elle que tout repose.
C’est notre force et notre paix.

Il faut prier dans le silence
Quand tout sommeille dans la nuit,
Prier lorsque le jour commence,
Que de partout renaît le bruit.

Il faut prier pendant l’ouvrage.
Que Dieu bénisse notre effort,
Nous rende intelligents et sages,
Prêts à la vie comme à la mort.

Il faut prier pour ceux qu’on aime,
Qu’on voudrait serrer dans ses bras.
Il faut prier aussi quand même
Pour ceux qui ne nous aiment pas.

Il faut prier avec instance
Pour tous ceux qui ne prient plus.
Peut-être un jour, dans la souffrance,
Reviendront-ils à Toi, Jésus ?

Il faut prier pour ceux qui doutent,
Esprits inquiets et tourmentés,
Qui toujours Incertains redoutent
La mystérieuse Eternité.

Je veux prier sans lassitude
Quand rien ne répond à ma voix.
Un jour, J’en ai la certitude,
Je le verrai, mon divin Roi.

Prions aussi pour ceux qui souffrent
Et qui ne savent pas pourquoi.
Dieu les tient plongés dans le gouffre
Où s’en va chavirer leur foi.

Prions pour le monde en démence.
Enserrons-le de nos deux mains.
Il faut souffrir de la souffrance
Qui fait pleurer le genre humain.

Quand, après la nuit de détresse,
Reviendra le jour radieux,
Que mon chant joyeux d’allégresse
Te dise encor : Merci mon Dieu !

Oui, prions, c’est la grande chose.
Sans prière rien ne se fait.
C’est sur elle que tout repose,

C’est notre force et notre paix.

(R.B.D.P.)

Mais, diront certains, pourquoi prier ? Dieu sait ce qui nous est nécessaire. Pourquoi donc le lui demander ?

Diriez-vous à un enfant : « Ne t’adresse jamais à tes parents ; ne leur demande rien. Ils savent ce qui t’est nécessaire » ?

Cependant la prière a d’autres mobiles que cette communion de cœur et d’esprit entre Dieu et sa créature. Luther s’explique ainsi dans son grand catéchisme : « Sachons que notre défense est exclusivement dans la prière. Nous sommes trop faibles vis-à-vis du diable et de ses vassaux. Tenons ferme les armes du chrétien ; elles nous rendent capables de combattre le diable. Il est habile à nous asservir et il inspire les entreprises de nos ennemis. Qui nous aide à en triompher ? Les prières de quelques braves gens ; elles se sont élevées comme une muraille d’airain pour nous protéger. Nos ennemis peuvent se moquer de nous. Nous les braverons, eux et le diable, si nous nous maintenons dans la prière et si nous y persistons. Car nous savons que lorsqu’un chrétien prie ainsi : « Mon cher Père, que ta volonté soit faite », Dieu lui répond : « Mon cher enfant, oui, elle se fera en dépit du diable et du monde entier ».

Mais, de même qu’il existe des voiles de coupes et de dimensions diverses dont le rôle est différent dans la navigation, de même il faut prendre garde à ce que dit l’Ecriture quand elle précise, à propos des apôtres : « Ils persévéraient dans LES prières ».

LES PRIÈRES

1. Il y a, en effet, plusieurs prières possibles : louanges, actions de grâces, humiliation, intercession (merci, pardon, s’il te plaît).

2. Il y a la prière personnelle ; il y a la prière communautaire. Ne l’oublions pas : hymnes, psaumes, cantiques sont de précieux adjuvants pour notre prière vite fatiguée.

3. a) Prier est une action qui engage notre esprit, notre âme et notre corps, y compris nos mains, nos genoux, nos lèvres. La prière silencieuse… informulée n’est pas exempte de dangers : on rêve, on s’égare en pensées ; on n’apprend pas à s’exprimer. Résultat : l’on reste « bouche cousue » à l’heure où l’on aurait à prier communautairement (même conjugalement). La prière à voix haute nous fait échapper à l’enlisement des pensées vagues, des réflexions à circuit fermé (ne pas confondre prière et méditation). De plus, cette formulation de nos prières nous aide à garder le contact avec notre interlocuteur (Dieu), à exprimer des paroles réfléchies, qui nous engagent nous-mêmes. Enfin, elle nous exerce à une participation active à la prière à deux ou à plusieurs.

b) Quant à la prière communautaire, elle doit tenir compte de certaines règles : brièveté, clarté d’expression, discrétion, modestie, sobriété, humilité, etc. Elle est le lieu où peut se manifester une autre forme de prière : celle où l’Esprit saint qui prie avec nous, emprunte parfois le langage surnaturel de la glossolalie ou de la prophétie (1 Corinthiens 14.1-5).

LA PRIÈRE SPONTANÉE

Nous sommes une « personne » devant Dieu ; et il nous donne pleine liberté de nous exprimer. Il nous fait l’honneur de nous écouter, de nous exaucer ; par ce moyen de grâce aussi nous réalisons que nous sommes des enfants d’un Père avec lequel nous conversons personnellement.

LA PRIÈRE LITURGIQUE

Nous sommes des êtres limités ; par la prière de l’Eglise, Dieu vient en aide à notre faiblesse. Grâciés, nous restons souvent égocentriques. Par la prière de l’Eglise, Dieu élargit notre vision, notre cœur, notre intercession, à la mesure de l’amour que nous devons aux autres.

PRATIQUE DE LA PRIÈRE

a) Comme pour la lecture biblique, il est bon de choisir un lieu tranquille, une heure régulière.

b) Prier sans cesse ; l’« amen » ne congédie pas le Seigneur. Nous avons cette incroyable aubaine de pouvoir poursuivre avec lui notre dialogue dans tous les instants de notre existence.

c) Prier au nom du Seigneur et selon sa volonté. Comme un patron doit approuver le texte que lui présente sa secrétaire avant de le signer, le texte de notre prière sera présenté à Dieu au nom de Jésus-Christ.

d) Ordonner nos prières est une sagesse recommandable à qui voudrait devenir un homme de prière. Ordonnons nos sujets d’intercession (à limiter selon nos forces et notre temps). Ordonnons-les suivant les jours de la semaine.

OBSTACLES À LA PRIÈRE

a) Le doute (Jacques 1.6-8).

b) Les passions (Jacques 4.3).

c) Les querelles (Matthieu 5.24).

d) Le péché (Esaïe 59.2 ; Psaumes 66.18).

… mais aussi, souvent, le sommeil… et la suroccupation !

LA PRIÈRE : UNE ACTIVITÉ

La prière est un combat dans lequel le Christ nous libère des oppositions de l’Ennemi (Ephésiens 6.10-20) ; parmi celles-ci, les vaines redites. Christ est à la droite de Dieu où il intercède pour nous. Notre prière — le Notre Père en est le modèle, non stéréotypé ni unique — par la louange et l’intercession, participera à l’action victorieuse que le Christ mène en ce monde jusqu’à l’avènement du royaume.

LES FRUITS DE LA PRIÈRE

Il y a des promesses faites à la prière : elles restent liées à certaines conditions (Matthieu 7.7-8 ; Jean 5.14), à notre foi et à notre pratique de la justice (Jacques 5.13-20), à notre vie communautaire (Matthieu 18.19-20), etc.

Textes bibliques

Luc 3.21 ; 2 Samuel 12.15-23 ; Esaïe 56.7 ; Matthieu 5.44 ; 9.38 ; Luc 21.36 ; Ephésiens 6.18 ; 1 Thessaloniciens 5.17.

QUESTIONS INDISCRÈTES

Quel jour priez-vous

Faites-vous la prière à table ? Sinon, quand pensez-vous pouvoir l’introduire chez vous ?

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