Quelles médecines pour quelle santé ?

Chapitre II

L’éventail des médecines alternatives

Dans un souci d’objectivité, cette présentation des médecines alternatives est d’abord un exposé des caractéristiques de chacune d’entre elles, puis une observation de leur origine, de leurs principes, des applications qu’elles en tirent et des succès qu’elles s’attribuent. Cet exposé ne prendra pas en compte toutes les médecines alternatives. Et pour cause ! Elles se comptent par dizaines. Elles prolifèrent au point d’inquiéter les protagonistes de ces médecines sans frontières et facilement monopolisées par des charlatans. Nous porterons notre attention sur les plus importantes, ce degré de considération tenant surtout à l’intérêt qui leur est généralement porté.

Ce que nous en apprendrons concerne toutefois le large éventail de ces médecines, aux noms divers suivant le lieu où elles sont pratiquées.

L’Acupuncture

Elle est une des plus anciennes thérapies. Venu de Chine, cet art à la fois intuitif et empirique aurait trouvé en Lao Tseu, philosophe fondateur du Taoïsme (sagesse religieuse apparentée à celle d’un autre sage chinois nommé Confucius), son support et sa pratique officialisée en Extrême-Orient.

Cette médecine tient l’homme pour un microcosme (petit univers), réduction du macrocosme (grand univers interstellaire). K’i est à l’origine de tout. Ce n’est ni un dieu, au sens qu’a pris ce terme en Occident, ni une Intelligence supérieure comme l’entendait Platon, philosophe grec du Ve siècle avant Jésus-Christ. C’est une ENERGIE cosmique, une force vitale, capable de se communiquer.

L’homme naîtrait et serait régi par le double principe de cette Energie :

  1. Le tao ou principe binaire. Il a deux faces : le yin et le yang, opposées l’une à l’autre et pourtant une. Le yin symbolise la féminité, la nuit, la lune ; il a un pôle négatif, tandis que le yang a un pôle positif et symbolise Ia masculinité, le jour, le soleil. L’équilibre entre le yin et le yang est facteur de santé, tandis que l’état de maladie résulte d’un déséquilibre dont il convient de chercher la cause et à laquelle l’acupuncture peut remédier.
  2. Les cinq éléments ou principe quinaire. Selon cette conception de l’univers, une interaction lie et rend dépendants les uns des autres les êtres et les choses. Ce processus attribue des intentions même aux éléments naturels. Ramenés aux principaux – bois, feu, terre, métal, eau – ils ont cinq organes correspondants dans le corps : le cœur, les poumons, les reins, le foie, la rate, auxquels sont associés cinq auxiliaires : le gros intestin, l’intestin grêle, la vésicule biliaire, l’estomac, la vessie. Ils jouent un rôle majeur dans l’explication de phénomènes en rapport avec le fonctionnement de ces organes et de leurs auxiliaires, en rapport aussi avec la Force vitale cosmique.

C’est à partir de ces données sommaires que s’explique en partie le système philosophique à la base de toute la culture chinoise, mais aussi la pratique médicale dont l’acupuncture n’est qu’un aspect. Le corps humain étant une réplique de l’univers, le soigner c’est tenir compte des lois qui régissent ce dernier. A l’origine, l’acupuncteur n’était pas nécessairement médecin. En revanche, il fallait qu’il soit sage, astrologue, prêtre, ces trois disciplines étant prépondérantes au service de la médecine.

L’implantation d’aiguilles dans le corps d’un patient résulte d’un diagnostic du déséquilibre intervenu dans le microcosme ; elle y remédie par une action en harmonie avec le macrocosme.

Détail important à relever : l’équilibre entre le yin et le yang d’une part et, d’autre part, l’équilibre entre les cinq éléments contribuent à la santé spirituelle et physique de l’homme et, parallèlement, à une progression de l’univers lui-même. La similitude entre le microcosme et le macrocosme est la justification de cette interaction.

L’homme est donc un émetteur-récepteur du yin et du yang de la K’i-énergie. Elle circule en lui par de multiples canaux appelés méridiens principaux et secondaires. Ils sont situés à trois niveaux : celui du ciel correspondant à la surface de la peau, celui du sol correspondant à la profondeur maximale de l’implantation d’une aiguille, celui de l’homme au niveau intermédiaire.

Sur ce réseau de méridiens sont répartis environ cent points d’acupuncture. Les lignes de force le long desquelles court l’énergie sont à dissocier totalement des systèmes artériels, veineux, capillaires, ou des systèmes nerveux, glandulaires, musculaires, dont l’influx et les courants électriques sont connus et peuvent être mesurés.

En vérité, lorsqu’il s’agit de déterminer l’origine et la nature de cette Energie, mais aussi la localisation des méridiens transporteurs, le mystère reste entier. Cette absence d’une explication scientifique ne porte guère ombrage actuellement à la pratique de cette thérapie et à la déclaration de résultats observés et reconnus.

Cependant, le simple fait de piquer, à l’aide d’aiguilles, certains points du corps, ne suffit pas à guérir le patient souffrant d’un excès ou d’une carence d’énergie. Le traitement comporte bien d’autres exigences.

Il y a les points en surface de la peau correspondant à une médecine préventive, et il y a les points en profondeur, l’aiguille agissant sur l’organe malade par flux ou retrait de l’énergie vitale.

Le diagnostic est primordial. Pour l’établir, la médecine chinoise use de la méthode des pouls. Classés au nombre de douze, ils correspondent aux méridiens à raison de six par poignet et sont porteurs d’indications précises suivant qu’ils sont « tendus, évanescents, alternants, onctueux, faibles, flous, sidérés, frappants, impétueux, contractés, freinés, interrompus ». « Prendre le pouls » consiste à définir quel méridien est perturbé et s’il se trouve en manque ou en surabondance d’énergie. A partir de ce diagnostic, complété par d’autres observations, l’’acupuncteur peut alors piquer.

Nous n’étonnerons personne en précisant que la méthode des pouls exige une sensibilité, un apprentissage de longue durée propre à décourager l’Européen qui penserait à se former à cette discipline. Il suffit d’évoquer le rationalisme et le matérialisme à l’arrière-plan de notre médecine occidentale pour comprendre que cette dernière a cherché une adaptation de la méthode. Elle l’a trouvée sous la forme d’un appareil électronique complété par des cartes perforées indiquant les principaux points à piquer. L’acupuncteur tient en main un stylet, parcourt le ou les méridiens à traiter et repère ainsi, grâce aux indications de son ohmmètre, l’endroit où il plantera son aiguille.

C’est simple.

A vrai dire, les acupuncteurs sérieux n’aiment guère ces simplifications. Non sans raison, ils redoutent la superficialité des diagnostics, conséquemment celle du traitement. Sur le chemin de la guérison, l’intervention de l’aiguille n’est qu’une première étape. Si l’équilibre recherché est rétabli, l’important reste encore à faire : déterminer la ou les causes de la maladie. La plupart des acupuncteurs occidentaux utilisent les méthodes de la médecine scientifique pour établir le diagnostic.

L’acupuncteur doit mener une enquête étendue, faire un examen attentif et minutieux du patient par l’interrogation, la palpation, l’écoute des tonalités de la voix, l’observation des sécrétions. La médication qui s’ensuivra tiendra compte de facteurs propres à une véritable médecine de la personne : type de tempérament du malade, saison et climat de l’endroit où il vit, phase de la maladie, heure convenable au remède prescrit, etc. Non seulement cette thérapie chinoise connaît une pharmacopée d’herboriste, mais elle fait large place à d’autres moyens curatifs tels les massages, l’acupressure – c’est-à-dire le toucher de « points de traitement » dits aussi « points-réflexes » correspondant à certains méridiens –, les pratiques de respiration, mais aussi de méditation en accord avec la sagesse du Tao.

L’acupuncture est promue au rang de médecine recommandable. Elle guérirait non seulement des maux passagers comme le rhume ou des embarras gastriques, mais des maladies plus graves, comme les maladies du cœur, les allergies, les rhumatismes. Elle libérerait même de la drogue. Parallèlement se développent les branches annexes que sont la réflexologie, l’auriculothérapie.

Autrefois, cet art était aux mains de « prêtres » qui, dans leurs pratiques, invoquaient le secours des divinités et attribuaient une partie des maladies à l’intervention des dieux et des démons. L’action des aiguilles visait d’abord ces derniers et contribuait, croyait-on, à les expulser du corps.

L’évolution de la culture chercha également l’explication et l’application des principes de l’acupuncture dans l’astrologie requise pour l’établissement des diagnostics. Puis se développa la méthode des pouls à la recherche des causes de la maladie et des moyens d’y remédier. De fait, la note générale et fondamentale demeure : toute manifestation heureuse (santé) ou mauvaise (maladie) en la personne comme en la nature procède de l’Energie cosmique, du rythme qui la caractérise, contrôlé par le yin et le yang, de la similitude existant entre le macrocosme (l’univers et ses forces) et le microcosme (l’homme corps, âme, esprit).

Bien évidemment, de telles assertions embarrassent de nombreux médecins qui ne veulent rien savoir de telles explications. Ils en trouvent de nouvelles dans un vocabulaire dont l’apparence, à défaut de la réalité, est scientifique. Ils parlent de « stimulation du système végétatif » qui innerve les viscères. Ou bien, ils expliquent que « la douleur causée par la piqûre de l’aiguille est supérieure à la douleur interne pathologique et la fait disparaître ». Ce qu’Hypocrate avait déjà exprimé : « De deux douleurs simultanées, la plus forte obscurcit la plus faible. »

A remarquer : ce n’est pas parce qu’une douleur chasse l’autre que l’organe malade est nécessairement guéri !

Ils expliquent aussi que la piqûre de l’aiguille libère des substances - les endorphines - dont les effets en chaîne « soutiennent et stimulent l’effort de l’organisme dans son autodéfense, soulagent la douleur et calment le patient ». Cela est confirmé médicalement, en particulier par le Dr J.-A. Pfister qui écrit : « Les recherches modernes en matière de mécanismes de la douleur apportent un support à la compréhension des techniques d’acupuncture dans le traitement de la douleur. »4

4 Op. cit. p. 68.

Autre explication : l’aiguille d’acupuncture cause un stress qui détermine une impulsion électronique... « apportant à l’organisme des ions négatifs dépolarisants et le déchargeant ainsi d’ions positifs en excès ».

Deux remarques complémentaires doivent être ici apportées par souci d’une information objective.

  1. Sous la plume du Dr Claire Sagnières, une importante étude intitulée L’acupuncture, mythes ou réalités fait connaître des aspects particuliers de cette médecine orientales.5 Ses principes et ses applications sont connus : au moyen d’aiguilles d’acier, d’argent ou de molybdène piquées en des points précis du corps, le thérapeute maintient ou alors rétablit l’équilibre énergétique du patient, soit – en tout son être – l’harmonie du yin et du yang. Ce qu’il convient de souligner de l’enseignement à la fois étendu et expérimenté de ce médecin genevois, c’est d’abord sa citation d’un Maître de la pensée de l’Orient :

5 Aux éd. Médecine et hygiène, Genève 1989. Spécialiste FMH en médecine interne, le Dr Sagnières a complété sa formation par plus de deux ans d’étude et de pratique de l’acupuncture en Chine d’abord, puis au Japon.

« Plus on étudie les textes religieux et philosophiques des hindous, des bouddhistes et des taoïstes, plus il devient évident que le monde y est perçu en terme de mouvement, flux et changement. Les penseurs orientaux voient l’Univers comme un tissu indissociable dont la trame est dynamique et non statique. Le tissu cosmique est vivant, il bouge, croît et change continuellement. La physique moderne également en est venue à concevoir l’Univers comme un tissu de relations. A l’instar des penseurs orientaux, elle a reconnu la dynamique intrinsèque de ce tissu… Comme les bouddhistes, les physiciens modernes voient tous les objets tels des processus dans un flux universel, et nient l’existence d’une substance matérielle quelconque… Cette dénégation caractérise également la pensée chinoise. Elle élabore une conception claire des choses, en tant qu’étapes transitoires dans le Tao toujours mouvant. »6

6 Le Tao de la Physique. Fridjof Capra. Ed. Tchou. Trad. française Paris 1979.

L’acupuncture s’inscrit donc parfaitement dans cette vision de l’homme en mutation, en évolution, pour ne pas dire d’emblée en divinisation. L’alternance du yin et du yang en est la voie (le Tao) et l’acupuncteur, le médiateur et l’instrumentiste. En langage occidental, on peut conclure : acupuncteurs, auriculothérapeutes, réflexologues7 insèrent leur thérapie dans la mouvance et la visée de cette Energie cosmique.

7 Et vus sous cet angle, certains chiropraticiens et ostéopathes…

Est-il besoin de le souligner ? Cette présentation de la « voie » (ou de l’Energie cosmique) et son utilisation « médiumnique » ne sont pas nécessairement retenues et admises par les thérapeutes occidentaux susmentionnés. Ils disent récuser cet arrière-plan religieux ou philosophique et n’en garder que les effets thérapeutiques. Mais quels sont-ils ?

  1. A ce sujet, l’étude du Dr Sagnières apporte une information objective que nous ne saurions méconnaître. En voici les aspects les plus caractéristiques :

« L’appréciation des effets de l’acupuncture est rendue difficile par la complexité des mécanismes en jeu. Cependant, de très nombreux travaux attribuent… les effets antalgiques (atténuation de la douleur) de l’acupuncture à la sécrétion naturelle d’endorphines que provoque la pose d’aiguilles…8 Evidemment, la sécrétion d’endorphines… n’est pas très spécifique, puisque des situations aussi différentes que l’activité sportive, l’hypnose, les électrochocs, l’accouchement, etc. peuvent la favoriser. Il pourrait s’agir d’un simple effet placebo...9 Les protocoles de recherche en acupuncture sont difficiles à conduire. Leur standardisation soulève de nombreux problèmes. Il reste donc énormément à faire, afin d’être capable d’apprécier de manière objective l’effet réel de cette technique dans ses diverses indications traditionnelles.10 En ce qui concerne les indications antalgiques, il est extrêmement fréquent que le patient signale une modification de la douleur immédiatement après le traitement… même si elle reprend parfois après quelque temps… Il s’est passé quelque chose… Mais paradoxalement, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une méthode médicale qui ait des effets très puissants. Certains me trouveront peut-être pessimiste, mais si l’acupuncture est vraiment efficace dans des maladies graves, je crois que depuis le temps que la méthode est utilisée, cela se saurait. Quelques succès ponctuels ne sont pas des preuves, tant on sait la valeur uniquement statistique de tout pronostic évolutif en médecine.11

8 Op. cit. p.72.

9 Op. cit. p.73

10 Op. cit. p. 89.

11 Op. cit. p. 90-91.

Loin de moi la prétention d’affirmer que l’efficacité de l’acupuncture est absolument prouvée de manière définitive. A lire attentivement les travaux publiés, il me semble honnête d’admettre que nous avons tout un faisceau d’arguments donnant à penser que l’acupuncture n’agit pas par seul effet placebo. »12

12 Op. cit. p.92.

La stimulation par acupuncture a trouvé une application particulière dans l’auriculothérapie.

L’Auriculothérapie

Elle repose sur le postulat d’une similitude entre l’oreille et le corps d’un homme. Le lobe, la forme arrondie et allongée du pavillon, le relief des sillons et les cavités – avec un peu d’imagination – rappellent la position d’un foetus inversé à l’heure de sa naissance. La maladie, mieux, la douleur d’un organe ou d’un membre de l’organisme se répercute au point correspondant de sa projection auriculaire. L’aiguille ou les aiguilles du thérapeute, à distance, opèrent le soulagement, même la guérison attendue.

Que croire ? D’abord, il faut relever ce fait singulier : les douze méridiens parcourant le corps humain de la tête aux pieds sont tenus pour des lignes de forces… hypothétiques. On est donc bien loin de la science !

Ensuite, à la lumière de plusieurs études sérieuses, il apparaît d’une part que l’efficacité de l’acupuncture n’est que légèrement supérieure à celle d’un placebo, d’autre part que cette efficacité la range, dans la plupart des cas, parmi les analgésiques (supprimant ou atténuant la sensibilité à la douleur) et non parmi les médecines à même de guérir.

La simple vérité : les acupuncteurs sont bien loin d’être unanimes quant à leur thérapie. Si les uns refusent toute explication hors le vocabulaire scientifique, si d’autres n’ont aucun scrupule à y mêler l’astrologie, d’autres s’indignent qu’on puisse s’écarter des principes du Tao en vigueur depuis des milliers d’années. De même, il y a désaccord quant à l’usage d’aiguilles en acier plutôt qu’en argent ou en or ; quant à leur nombre, à leur grosseur, à leur longueur; quant à l’usage des unes plutôt que des autres. Ces divergences apparaissent aussi quant à l’étendue de l’impact de l’aiguille, quant à l’usage de l’énergie qu’elle met en mouvement. On tend maintenant à donner – sans certitude encore – des explications se réclamant non plus de l’Energie cosmique, mais d’un réflexe de la peau sous l’action des aiguilles. On attribue aux substances connues appelées les endorphines, sécrétées par le corps en réaction aux piqûres, les effets bénéfiques de ces dernières. Certains cherchent la solution du côté de l’hypnose, de l’autosuggestion…

Autre constatation embarrassante : l’implantation de l’aiguille, pour la même maladie atteignant le même organe, varie suivant le patient ou encore suivant l’état d’âme de ce patient.

Dernier recours dans l’espoir d’une explication valable : les recherches actuellement en cours permettraient qu’un jour prochain (!) on puisse interpréter scientifiquement les succès ou les échecs (il y en a aussi !) de l’acupuncture.

Après cela, comment ne pas dire avec le Dr Samuel Pfeifer : « Avouons que sur le plan scientifique en tout cas, l’énigme reste entière » ? D’aucuns diront qu’elle est partielle !

Remarquons aussi avec lui que les aiguilles de l’acupuncteur sont sans effet dans les cas de maladies graves, telles les affections, les paralysies, les cancers.

Autre information : le Dr Sarrasin13, spécialiste ORL, mais aussi acupuncteur à ses heures (il se dit en cela faux frère aussi bien pour les Chinois que pour ses confrères occidentaux !), ne dissimule en rien le caractère aventureux de cette médecine.

13 Journal de Pully/Lausanne. 19.11.82.

Il dit ouvertement que beaucoup d’acupuncteurs n’ont. aucune formation de base alors que des soins à un malade impliquent un minimum de connaissances anatomiques et logiques dans divers domaines médicaux. Sans quoi on peut faire plus de mal que de bien, même des dégâts qui peuvent être considérables.

Il reconnaît que si l’acupuncteur agit sur trois systèmes différents – le système neurovégétatif, le système du sang, le système de l’énergie – on peine à définir ce dernier avec exactitude et à en donner une définition agréée.

Il a la loyauté d’ajouter : « Ils parlent d’heureux résultats. Qu’ils disent donc aussi un peu leurs échecs ! »

La Réflexologie

Elle se réclame des principes de l’acupuncture, diffère de l’auriculothérapie par le procédé et l’endroit du corps où elle intervient. Elle limite ses applications aux pieds qu’elle considère comme un lieu de cumul de zones-réflexes pareil au pavillon de l’oreille, c’est-à-dire un lieu d’insertion des méridiens reliés à une partie éloignée du corps.

La digipuncture (c’est-à-dire la pression du doigt) remplace l’aiguille de l’acupuncteur, accélère l’irrigation de la zone « punctée » et, par le méridien, agit et rééquilibre le flux vital de l’organe ou du membre correspondant.

La massopuncture opère semblablement, soit par le massage des zones-réflexes des pieds, soit par les massages le long des méridiens.

Comme le dit une fervente praticienne : « La zone-réflexe fonctionne tel un appareil téléphonique. Au lieu de décrocher le récepteur, on pèse à un endroit précis pour établir le contact avec l’organe correspondant. C’est aussi simple que cela ! »

Les médecins le disent-ils ?

A noter que dans certains traitements, une méthode annexe – la moxibuxion (en Chine :le Kao) – remplace l’aiguille ou la digipuncture par un bâtonnet d’armoise dont on allume l’extrémité et qu’on approche puis éloigne de la zone-réflexe dès que la chaleur devient brûlante et insupportable.

Il y a une méthode « encore plus simple », à la portée de tous :

Le Reiki

Par l’imposition des mains – ici, geste sans référence aucune à une croyance ou à une religion – l’Energie cosmique (K’i) est communiquée aux électrons. La matière (protons et neutrons) serait-elle perturbée par la maladie, aurait-elle besoin d’équilibre, d’harmonie, d’un renouveau d’énergie ? Les mains placées sur des points précis du corps transmettront la guérison, l’équilibre, la réharmonisation requise. Mieux que cela, le Reiki est une méthode holistique, en ce sens qu’il opère avec efficacité jusque sur les causes, et non pas seulement sur les symptômes des perturbations éprouvées.

Véritable panacée, le Reiki est une Energie « intelligente », à même de déceler les sources du mal ou du déséquilibre et d’agir sur tous les plans : physique, émotionnel, mental, spirituel. Son apport s’étend aux règnes animal et végétal, s’associe à toutes les thérapies et en renforce les effets.

Ces thérapies – l’acupuncture, l’auriculothérapie, la réflexologie, le reiki – sont des applications des principes taoïstes.

Le microcosme est influencé par le macrocosme et vice versa. Agir sur l’un, c’est agir sur l’autre. Dans une partie de l’être se reflète le tout. Comme le pavillon de l’oreille, les pieds sont comparables à un tableau de bord de l’ensemble des méridiens communicateurs de la K’i-énergie. Chaque organe y est inscrit et peut être atteint – littéralement manipulé – à partir de sa zone-réflexe pédieuse ou auriculaire.

De plus, on nous assure que, dans la grande circulation universelle d’Energie cosmique, les pieds, par leur contact avec la terre, jouent un rôle à la fois de relais, de condensation et de diffusion.

Si vous cherchez à savoir où se trouvent les canaux et ramifications conduisant des organes jusqu’aux zones-réflexes des pieds, on vous répond que la science matérialiste ne peut les discerner. On vous assure même que ce réseau emprunte parfois d’autres canaux que les méridiens de l’acupuncture.

A croire sur parole !

Comme il faut croire sur parole la déclaration de cette thérapie, savoir : toute maladie ou toute douleur est un appel d’énergie. Entre autres intervenants possibles, l’acupuncteur, l’auriculothérapeute, le réflexologue, le reikiste sont les répondeurs.

Fort bien ! Mais nous restons en droit de nous interroger sur les qualifications de ces répondeurs. Surtout lorsqu’on sait que certains ont, pour tout bagage, une connaissance acquise après quelques semaines de cours pratiques en plus des études de médecine classique chez les uns, sans aucune formation médicale réelle chez d’autres. Au sens ambigu du terme, ne sont-ils pas des manipulateurs ? Au service du macrocosme dont ils se réclament, ne sont-ils pas, eux les premiers, les médiateurs manipulés par une Energie cosmique incontrôlée quant à sa nature ou à ses effets ?

Ce n’est pas de l’imagination. Le Dr Samuel Pfeifer raconte dans son livre14 que « le cours de massage de zones-réflexes des pieds » auquel il souhaitait participer n’eut pas sa visite. En effet, les deux Instituts auxquels il s’adressa laissaient entendre, dans leur information, que leurs cours comprenaient des pratiques occultes.

14 Gesundheit um feden Preis ? Brunnenverlag 1980, p. 66.

Il est connu aussi que les guérisseurs recourant à des dons « fluidiques » ou « magnétiques » agissent par passe légère ou appliquée des mains sur le patient. Autre fait notable : certains maîtres réflexologues invitent leurs élèves à ne jamais appliquer la méthode sans une concentration permettant une efficacité agrandie de l’Energie passant au travers d’eux. Cette citation tirée d’un livre d’une célèbre réflexologue allemande dit : « Nous nous occupons de toute la personne du patient alors que ses pieds sont dans nos mains. C’est à la fois notre dynamique et notre rythme accordés à ceux du cosmos qui contribuent à réordonner le dynamisme et le rythme perturbés du patient. Il est important de savoir que l’attouchement des zones-réflexes des pieds n’est pas une action en réponse à un symptôme ou à une indication, mais une intervention agissant sur la personne tout entière considérée comme une entité énergétique. »15

15 Reflexzone Arbeit am Fuss. Marquardt H., Heidelberg 1, pp.78, 63 et 65.

Certes, il serait faux d’appliquer à tous les réflexologues les particularités de quelques-uns. Il n’en est pas moins vrai que lorsque s’expriment les rares médecins intéressés à la réflexologie ou à l’auriculothérapie, ils nous disent à la fois la complexité, les limites restreintes, le caractère empirique de cette thérapie. Ils en font plus une technique de soulagement de certaines douleurs ou d’action momentanée sur les troubles fonctionnels qu’une véritable thérapie.

Sans parti pris ni esprit polémique, nous exprimons notre étonnement. Les défenseurs de ces thérapies ne traitent-ils pas avec légèreté les questions sans réponse qu’elles posent ?

Ils agréent une théorie – celle du yin et du yang – et s’appliquent à prétendre qu’elle est la seule à pouvoir expliquer les phénomènes de l’acupuncture. Nous reconnaissons à tout « chercheur entière liberté de faire des hypothèses. Nous refusons par contre que celles-ci soient publiquement présentées comme si elles étaient des vérités acquises et démontrées.

Les Sophrologies

A. Caycedo, psychiatre colombien et espagnol, en est l’auteur. La présentation « plurielle » de cette « science médicale » récente – elle date des années 1960 – tient au fait qu’elle a autant d’aspects que de défenseurs. Dans leur diversité, elles sont officiellement homologuées par des instances sérieuses : médecins, dentistes, psychiatres, psychologues, amateurs et formateurs infirmiers, sportifs, éducateurs. La plupart des Ecoles en rapport avec la santé publique admettent les cours de sophrologie au programme de la formation des élèves. De quoi s’agit-il ?

Son nom est un assemblage de mots grecs correspondant à ses intentions : sos (équilibre, harmonie), phren (cerveau, esprit), logos (étude, science). Disons-le d’emblée, il s’agit moins d’une science ou d’une sagesse que d’une technique au service d’un art de vivre et du développement de la personnalité. Cette technique vise à libérer tous « les prolétaires du mal dans la peau, du mal dans le cœur, du mal dans l’esprit ». Son vaste champ d’application marie ses techniques à celles d’autres méthodes prophylactiques et thérapeutiques.

La sophrologie connaît plusieurs degrés dans l’entraînement qu’elle exige, entraînement lié à la relaxation physique et psychique. Lorsque le sujet est seul en cause, elle lui apprend à s’approcher de lui-même – en particulier de son corps –, à prendre conscience, comme on le fait dans le yoga, des différentes parties qui le constituent. Il agira sur elles par la respiration, par la concentration, et bientôt par la méditation. C’est une forme d’autosuggestion, comme dans le Training autogène de Schultz.

Je combats le stress en me répétant à moi-même que je suis un homme calme… relaxé. Je m’oppose à la douleur en m’assurant que j’en élimine progressivement et volontairement la sensation. Je peux aussi me projeter dans l’avenir en me visualisant avantageusement dans la réussite que je me prépare ou dans la course que je vais gagner.

L’intervention d’un « maître compétent » est préconisée de toute manière, surtout si l’on veut passer à des degrés supérieurs de la conscience sophronique.

Le moyen usité par le sophrologue tient compte de la disjonction connue entre le système cérébro-spinal et le système neuro-végétatif. Le premier régit notre existence volontaire, le second notre existence autonome. Cette disjonction survient à l’instant d’un assoupissement.Tandis que progressivement le sujet entre dans un état de somnolence, le sophrologue, empruntant une voix agréable, douce, persuasive, souvent sur un arrière-plan musical, l’enjoint de croire ce qui lui est dit, d’obéir à ce qui lui est ordonné. A cause de l’état d’acceptation passive dans lequel il est entré, le sujet intériorisera, puis s’appropriera le courant de pensées et de sentiments suggérés qui modifieront son état premier.

Le Dr R. Abrezol16 écrit : « Le sophrologue doit réaliser qu’il manipule la psyché de ses patients ; autant dire de la dynamite ! Il doit être conscient de ses possibilités d’action en profondeur sur l’être humain, sur le conscient d’abord, puis sur l’inconscient… »

16 Praticien lausannois, dans le Bulletin Sophrologie n° 5/1980.

Il précise aussi : « Pour réaliser une communication parfaite avec son malade… le sophrologue doit pouvoir entrer lui-même en état sophronique et s’élever dans cet état de conscience. Il doit vivre la sophronisation… avec ses patients… C’est comme s’il absorbait le mal de son patient… Il se produit entre le sophrologue et son patient un échange énergétique difficilement compréhensible, non mesurable par la biochimie. Il y a quelque chose qui passe de l’un à l’autre. »

La sophrologie s’apparente ou alors trouve ses sources à la fois dans l’hypnose, dans la méthode Coué, dans le zen, dans le Training autogène de Schulz. Il nous faut donc dire quelques mots de chacune de ces sources ou de ces pratiques concomitantes.

L’Hypnose

Il y a des points de vue contradictoires au sujet de ce sommeil provoqué par la fixation du regard accompagné de suggestions hypnotiques. Ce pouvoir suggestif est utilisé, soit à insensibiliser le patient sur des points précis, soit à le convaincre de possibilités qu’il récusait, ou bien à déjouer ses simulations, ou bien à l’amener à des aveux de réminiscences enfouies en son subconscient, ou encore à l’inciter à une action qu’il accomplira à son réveil.

Dans le grand public, on pense que la personne hypnotisée devient inconsciente, qu’elle est en quelque sorte le jouet de l’hypnotiseur. En réalité, sous hypnose – appelée aussi transe – le sujet reste consciemment éveillé et ne saurait être amené à agir contre sa ferme volonté. Cependant, s’il est admis par tous les expérimentateurs que l’hypnotiseur n’est pas omnipotent, le pouvoir suggestif dont il dispose, s’il est mal utilisé, peut provoquer de graves troubles chez le patient. En effet, le thérapeute accède directement à l’inconscient du patient. Ce dernier, à la sortie de sa transe, aura-t:il liberté de ne pas tenir compte de ce qui lui aura été suggéré, ou bien sera-t-il dorénavant « programmé » par ce qui lui a été dit ? Le thérapeute pourrait volontairement ou involontairement omettre de libérer le patient d’une suggestion momentanée… L’hypnose peut conduire à un exercice parallèle complémentaire :

L’Autohypnose

Elle est présentée avec sa gamme de possibilités : vaincre l’insomnie, supprimer la fatigue, fermer la porte à la douleur, renforcer le pouvoir de concentration, retrouver des souvenirs oubliés.

Les praticiens de ces prétendues « thérapies » s’obstinent à ignorer la plus grave séquelle de ce type d’intervention, séquelle également constatée chez ceux qui pratiquent l’autohypnose : le bâillonnement de la volonté responsable du patient et la mise en condition d’un soi-même progressivement autogéré.

A son insu, la personne est entraînée à une progressive résistance à soi-même, bientôt suivie d’une inconscience « naturelle ». Parallèlement, elle devient perméable, bientôt vulnérable, finalement asservie au « monde des esprits ». Sa santé physique, psychique, mais surtout spirituelle, connaît alors des altérations dont la médecine ne découvrira pas la cause.

Il faudra l’intervention du Christ pour rétablir le patient, altéré dans sa véritable identité personnelle. Encore faudra-t-il que ce dernier y consente, c’est-à-dire en prenne la responsabilité. Le Christ n’use pas d’hypnose. « Veux-tu être guéri ? » demande-t-il à l’heure de son intervention.

La méthode Coué17

17 Du nom de son auteur, un Français de Nancy (1857-1926).

Sans recourir à l’hypnose, elle fait appel à la puissance de l’idée suggérée, à une forme d’autosuggestion pratiquée en vue d’un résultat désiré. Elle peut tenir en deux phrases simplificatrices. « Lorsque l’imagination et la volonté entrent en conflit, c’est toujours l’imagination qui gagne » Si, quotidiennement, vous répétez matin et soir : « Je vais chaque jour, à tous points de vue, de mieux en mieux », vous vous en trouverez fort bien !

Les deux méthodes conjuguées sont présentées comme une hypno- et une autothérapie.

Le succès et le crédit de ces méthodes thérapeutiques s’expliquent, en partie, par un manque auquel elles assurent apporter une réponse satisfaisante. Il se présente sous trois aspects :

D’abord un besoin de paix et de sécurité. Dans un monde éprouvant à beaucoup d’’égards, il est rassurant d’apprendre que la santé et le bonheur nous appartiennent au prix d’une redécouverte de nos propres capacités de nous guérir, ou encore de puiser chez un prochain, initié à la méthode, l’énergie que le cosmos met à notre portée semblablement à l’oxygène.

Ensuite – même si l’expression peut nous étonner – un besoin d’être « materné ». Ce monde est rempli de violence et de mépris. Cette civilisation de fer et de béton nous opprime, à peine avons-nous vu le jour. Ces cages, que sont tant d’appartements et ces couloirs par lesquels on en sort, conduisent à d’autres cages que sont la voiture, le métro ou le bus. Ils nous déversent dans de grandes boîtes que sont l’école, le bureau et l’usine. Dans ces allées et venues, aucune voix ne nous berce ou ne nous réchauffe. Et lorsque père ou mère ou conjoint rentre et aurait du temps pour nous – s’il lui en reste – sa fatigue et sa tension font obstacle aux gestes et aux mots communicateurs de la tendresse et de l’amour dont nous avons un besoin jamais assouvi. Dans la peau, dans le cœur, dans l’esprit, nous en sommes malades sans le savoir. Et voici qu’avec une voix douce, aimante, accompagnée parfois d’une musique qui en accentue les résonances intérieures, quelqu’un nous dit des mots accueillants, des phrases berçantes, des paroles enveloppantes. Quel bien-être que de se les répéter, de se laisser convaincre de ce qu’elles disent, de se regarder dans le miroir qu’elles nous tendent et de se reconnaître en cette personne qu’elles nous décrivent et à laquelle nous aurions toujours voulu ressembler…

Enfin, un besoin de se réinstaller en soi. Si tant est que nous nous y soyons jamais trouvés ! Dans sa création, Dieu avait prévu le couple, la famille, la vie communautaire, sur la base d’un amour qui, encadré et ordonné, devait nous aider à nous identifier nous-mêmes, à reconnaître notre originalité et à agréer celle des autres. Mais l’histoire de ce siècle divise, désunit, désagrège, démolit, nivelle, « matricule », au point que les mots les plus beaux : père, mère, frère, sœur, ont perdu l’essentiel de leur contenu et de leur saveur. Ils sont remplacés par ceux de crèche, nurse, garde, animateur, technicien, surveillant, pion, et j’en passe. Nous en sommes malades. Et nous voici en compagnie de quelqu’un qui met en valeur nos personnes enfouies et mutilées, qui travaille à nous extirper de notre moi caché ou clair-obscur, qui nous fait émerger dans une réalité dont nous apprenons à reconnaître les mouvements et les états jusqu’ici inconscients, à maîtriser sous toutes ses faces extérieures et intérieures notre notabilité. Jusqu’ici, nous l’avions méconnue – et pour cause.

Qu’y a-t-il à objecter ? Ne faudrait-il pas applaudir, encourager, développer même… ? C’est bien ce que font toutes les instances qui – devant un tel programme et de telles perspectives – approuvent cet « office » et ne savent plus envisager de service public ou privé sans l’apport de la sophrologie !

Or, à ce sujet, nombre de questions méritent d’être posées :

  1. La sophrologie est-elle un adjuvant fictif, illusoire, imaginaire – en terme médical un placebo – ou bien est-elle une véritable thérapie, un reconstituant recommandable ?

  2. La relaxation, l’ambiance musicale, la tonalité agréable de la voix du thérapeute contribuent à établir le patient dans une condition de passivité momentanément ouverte à des pensées et des sentiments qui, dans la « réussite », deviendront des certitudes : son état premier devient un état second, autosuggéré par le patient lui-même ou introjecté par la suggestion de la personne traitante. En d’autres termes et sous une nouvelle question : le patient ainsi soulagé est-il au bénéfice d’une prothèse ? On peut agréer qu’à défaut de la guérison d’un membre, on se réjouisse d’avoir une prothèse.
    Cependant, outre le fait qu’elle peut être fragile, et provoquer tôt ou tard un phénomène de rejet aggravant l’état du malade, il convient de remarquer que l’âme de quelqu’un – c’est-à-dire sa vraie personnalité – n’est ni une jambe, ni une dent, ni une rotule. Un psychisme « prothésé » est-il un psychisme guéri ? Le patient le croirait-il, n’y a-t-il pas lieu de s’interroger et de demander dans quelle mesure cette « prothèse », cet « état second » deviendra l’obstacle majeur à une vraie guérison ?

  3. La comparaison peut paraître irrévérencieuse envers les sophrologues. Le processus est connu. On peut accéder à un « état second » en buvant un ou deux whiskies ou trois verres de rouge. Ce serait un sophisme de rétorquer que les médicaments sont aussi une drogue. Lorsqu’un patient prend un remède, il sait – pour le moins devrait-il le savoir – qu’il s’agit d’un adjuvant artificiel et momentané. Il s’inquiétera s’il constate qu’il ne peut plus s’en passer. Même s’il est déplaisant d’évoquer cette frontière, l’effacement d’un mal-être par une parole étrangère visant le subconscient ne touche-t-il pas à cette pratique inquiétante et de plus en plus répandue appelée le « lavage de cerveau » ?

  4. Qu’elle soit physique ou psychique, la douleur peut être un « heureux » signe avertisseur de la maladie. Le processus sophrologique visant à l’effacement de la douleur efface-t-il la maladie ?

  5. L’état « second », fruit d’une réussite de traitement, établit le patient dans une condition artificiellement devenue personnelle. On l’a assuré qu’il était maintenant au bénéfice de possibilités jamais envisagées parce que certains crans d’arrêt propres à son caractère, à son tempérament, à son psychisme, les lui avaient interdites. Dans la réalité quotidienne, s’il avait, par bravade ou orgueil, dépassé les limites de sa retenue intérieure, certains clignotants se seraient allumés au tableau de bord de son intuition naturelle. Quel changement véritable s’est donc opéré en lui ? Dans le meilleur cas, les troubles de son caractère ou les anxiétés de son âme ont été apaisés, mais le traitement suivi n’a-t-il pas réduit au silence d’importants signaux avertisseurs ? La parole entendue l’a établi dans une sécurité et une confiance qui ont progressivement effacé ses limites ou ses réserves initiales. Cette même parole et ses suggestions ont éliminé les freins de sécurité de son être véritable. En apparence, il est en état de marche renouvelé. En fait, il n’y a plus de contrôle assuré. L’usure pourra s’installer à son insu. La panne suivante le verra-t-elle troublé plus que jamais ?

  6. Peut-on ne pas tenir compte des remarques du Dr Abrezol ? « Le sophrologue doit réaliser qu’il manipule la psyché de ses patients… Il doit être conscient de ses possibilités d’action en profondeur sur l’être humain… Il se produit entre le sophrologue et son patient un échange énergétique difficilement compréhensible. Quelque chose passe de l’un à l’autre. Le sophrologue est directement investi dans la thérapeutique qu’il dirige. S’il est déséquilibré, l’énergie transmise à son patient est destructrice et nocive. »18

18 Op. cité.

Est-il besoin de noircir le tableau pour percevoir la dépersonnalisation du patient à laquelle peut conduire ce traitement volontairement ou involontairement manipulateur ? Quelle peut être la nature de l’énergie transmise du traitant au traité ? Ces modifications de la personne par une autre personne sont-elles une chimère ou une guérison ?

Il faut ici prévenir une objection et y répondre.

Pasteurs, prêtres, chrétiens formés à la relation d’aide ou à la cure d’âme, par la parole eux aussi affirment, rassurent, certifient, convainquent, apaisent, exhortent, entraînent, soutiennent, persuadent… avec la ferme intention de guérir. Compte tenu d’une différence fondamentale. En état de lucidité et de liberté, le patient est invité à entendre et, par la foi, à consentir à l’action de la Parole de Dieu. Selon Sa promesse, elle ne retourne pas à Lui sans effet. En d’autres termes, le Seigneur – et non un sophrologue « imitateur » – intervient et guérit.

Une autre importante question doit être posée.

La sophrologie a large entrée en obstétrique ou au service de l’accouchement dit « sans douleurs ». Il convient d’être précis, de ne mettre en cause ni la respiration contrôlée, ni l’heureuse et consciente participation de la parturiente à la naissance de son enfant, ni l’atténuation possible des douleurs accompagnant la dilatation et l’expulsion. Par contre, telle Ecole, dans les pratiques qu’elle propose, paraît engager ses élèves dans un cheminement curieux, voire inquiétant. On y apprend à entrer en « hypovigilance », c’est-à-dire à entrer et à rester dans une zone où, sans tomber dans le sommeil, disparaissent les notions d’espace et de temps. A cet état « sophronisé » sera conjointe une représentation mémorisée des organes tels l’utérus et le col. Par une focalisation mentale, la parturiente est formée à agir sur ces organes (cette action consciente et dirigée est aussi pratiquée dans le yoga ou dans la méthode de Schultz). Comme le dit l’auteur de la méthode : « La conscience sophronique donne accès aux couches les plus profondes de la personnalité ; les barrières deviennent ‘poreuses’, les cuirasses ‘vulnérables’.» Et il ajoute : « Non seulement l’inconscient personnel, mais aussi l’inconscient collectif peuvent transsuder (faire irruption) dans le subconscient ou le conscient du sujet et intervenir dans les comportements, les symptômes et toutes les manifestations psychosomatiques. C’est un monde fascinant qu’il ne faut aborder qu’avec prudence…»19

19 La pratique médicale n° 45/1982.

Que l’obstétricien lui-même reconnaisse les risques de la « vulnérabilité » qu’il a ainsi créée, cela est déjà symptomatique. Il mesure sans doute où peut mener et aboutir en la personne ouverte à cette « transsudation », telle pensée, telle suggestion ou pression de quelqu’un ou de l’inconscient collectif représenté ici par l’équipe qui entoure l’accouchée au moment décisif.

Il n’aborde pas la question importante : la porosité et la vulnérabilité ainsi provoquées favoriseraient-elles l’intrusion d’invisibles intervenants ailleurs nommés « esprits impurs, esprits méchants » ?20

20 Ephésiens 6.12.

A cet envahissement possible, séducteur et corrupteur, il faut ajouter le risque d’une modification du terrain psychosomatique de la personne. Sous l’autorité d’une liturgie de l’image mémorisée, conjointe à une musique appropriée et à une parole enregistrée sur bande (celle du sophrologue ou du mari préparé à ce service), la personne est progressivement installée dans un monde intérieur nouveau. La « représentation des choses », mentalement focalisée, reçoit une valeur fictive puisqu’elle émane d’un processus n’ayant d’autre réalité que celle que lui confère l’imagination.

Dans la durée, cet exercice risque d’entraîner une modification de l’identité de la personne rendue incapable d’entendre la vraie Parole. Cette dernière, par le verbe et non par l’image, met la créature en relation réelle avec le Créateur. Ce qu’efface la parole du sophrologue.

L’Homéopathie

Entre toutes les médecines alternatives, elle est certainement la plus en vogue. Après avoir connu de farouches contestataires opposés à de non moins farouches défenseurs, elle est en passe de devenir une médecine « apprivoisée ». Ce qualificatif singulier convient parfaitement à la description de son art et au crédit encore disputé qui lui est consenti.

En effet, elle reste ce qu’on pourrait appeler une médecine « sauvage », puisqu’elle échappe encore à une représentation précise, explicative, naturaliste, homologuée, de ses prémisses et de ses lois. Mais, parallèlement et compte tenu de certaines limites, son application assure des résultats appréciables à l’appui du crédit qu’elle connaît. C’est pourquoi un nombre grandissant de médecins assurent en maîtriser l’emploi.

Encore faut-il le remarquer : E Hahnemann, son fondateur, médecin allemand (1755-1844), ne reconnaîtrait peut-être pas d’emblée ce que la médecine d’aujourd’hui range sous l’appellation d’homéopathie. Ne fût-ce qu’au cours de ces dernières années, elle a connu des accommodations, voire des corrections qui certes lui gardent son origine. Mais de cette originalité, chez beaucoup de médecins dits « homéopathes » comme dans leur médication, la référence à Hahnemann est parfois singulièrement éloignée.

Cela demande quelque explication :

A la fin du XVIIIe siècle, la médecine offrait souvent les caractéristiques que Molière se plaisait à ridiculiser. Hahnemann pouvait en être offusqué. En chercheur avisé, par une observation persévérante de ses malades et une expérimentation tout aussi minutieuse des médicaments, il met au point une application du phénomène déjà remarqué par Hippocrate : « Les médicaments auraient la propriété de guérir des symptômes analogues à ceux qu’eux-mêmes ont l’aptitude à produire. » La médecine homéopathique répondait donc aux principes suivants :

  1. La similitude. On obtient la guérison en administrant au malade la substance même qui, chez un homme en santé, a provoqué la maladie. Exemple classique : le quinquina, « écorce amère aux propriétés toniques et fébrifuges », peut produire chez l’homme des symptômes analo- gues à ceux qu’il peut aussi faire disparaître.

  2. Les doses infinitésimales. La substance devient remède lorsqu’elle est administrée à des doses infimes, obtenues par dilution centésimale dynamisée. Il est admis par les homéopathes que certaines substances « inertes à leur état naturel » augmentent leurs propriétés actives lorsqu’on les triture et les secoue. Cette dynamisation du remède permet une échelle des doses en rapport avec la manifestation de la maladie ou encore avec les réactions de l’organisme du malade.

  3. L’homéopathie soigne d’abord le patient et ensuite sa maladie. Elle est à ranger parmi les médecines de la personne. Son attention se porte sur le patrimoine génétique constitutionnel du malade, c’est-à-dire sa nature, son histoire passée et présente, ses conditions d’existence, son travail, le stress dans lequel il vit, le choix de son alimentation, le climat de la région ou du pays où il réside. Elle tient compte aussi des maladies ou accidents du malade, des remèdes qu’il a absorbés, des injections qu’on lui à faites. Certes, ce sont là aussi des indications dont tient compte la médecine classique. Mais la recherche première de l’homéopathie est de déterminer le processus expliquant l’agression de la maladie chez le patient. Le traitement remontera des effets aux causes, c’est-à-dire visera à assainir le terrain afin d’éliminer, en même temps que la maladie, ce qui l’a provoquée ou rendue possible.

  4. L’homéopathie exige une constante observation du champ et de la profondeur d’action du simile (dilution de la substance qui a provoqué la maladie). A cet effet, elle tient compte de données en rapport avec l’étude de la maladie, puis avec le cours de la guérison. Comme dans la médecine classique, il s’agit non seulement de déterminer le type d’affection dont souffre le patient, d’évaluer le stade d’évolution de la maladie, de choisir le plan et le mode de traitement, mais de mesurer la réserve d’énergie de l’organisme nécessaire à l’action du remède. Il faut aussi prévoir les actions ou réactions possibles du simile ordonné (au besoin en corriger le dosage), comprendre et suivre les différentes phases de réorganisation de l’organisme et de son assainissement, ordonner une programmation du ou des remèdes conformes au processus envisagé, connaître enfin le temps biologique nécessaire à l’effet de la médication.A la limite, il faudra tenir compte de l’originalité de la personne (morphologie, tempérament, âge, constitution), de la saison en cours, de l’heure de la journée où le simile agira le plus efficacement.

Considérations et remarques

  1. En accord avec ces principes, les exigences d’un tel traitement laissent facilement comprendre la raison pour laquelle les homéopathes disciples de Hahnemann se font de plus en plus rares. En effet, leurs prescriptions médicales ne peuvent intervenir qu’après l’étude et la vérification des symptômes, puis l’observation du patient, de son histoire, de ses réactions perçues ou sup- posées. Ces prescriptions visent, enfin, non seulement à éliminer la cause momentanée de l’accroc de santé, mais à rendre la personne dorénavant capable de résister à la maladie. Rien à redire à cela, sinon que la logique du système a pour corollaire une observation et une étude dépassant de beaucoup le temps normal d’une classique auscultation et d’un classique traitement. Faut-il s’étonner que l’actuelle prescription de remèdes homéopathiques s’arrête aux affections mineures et devienne une prescription allopathique dès qu’il s’agit de cas graves ?

  2. L’individualisation du simile exige une rigoureuse clarification des symptômes, puis une interprétation, rigoureuse elle aussi, du processus de guérison. Une telle thérapie personnalisée, en vérité fruit d’une observation avant tout subjective, tient de quelque science assurément, mais surtout d’un art essentiellement empirique.

  3. Le principe de la « dilution » ou « atténuation de la matière médicamenteuse » ne manque pas de poser un problème encore sans solution. Jusqu’à plus ample information, la chimie enseigne qu’une dilution des molécules actives, en règle générale, en atténue l’effet. Or l’homéopathie inverse le processus. Plus la dilution est grande, plus le médicament est actif. Mieux encore : alors qu’il est un seuil au-delà duquel ne subsiste plus aucune trace du simile, l’action du médicament reste entière. Paradoxe littéralement interrogateur, commenté par cette remarque aussi simple qu’obligée : pour l’heure, ce phénomène reste sans explication.

  4. Le principe de la dynamisation du simile est aussi mis en cause par les objecteurs. Encore faut-il entendre correctement les termes employés. La « succussion » (du verbe secouer) vise à homogénéiser (mélanger intimement) le remède, alors que la dynamisation, également par succussion, a pour effet, en l’occurrence, de charger ce remède d’un dynamisme dont il serait dépourvu sans ce procédé appliqué entre chaque opération de dilution. « Si l’on omet de le faire, il n’y a pas d’action thérapeutique », parce que cette « succussion » confère « un pouvoir énergétique à la substance inerte ». Jusqu’ici, aucune explication satisfaisante n’a été donnée quant à la nature de cette potentialité.

  5. Aujourd’hui on peut ranger les homéopathes à l’enseigne de trois Ecoles différentes.

Faut-il dès lors s’étonner que devant cette « inconnue », l’homéopathie puisse être tenue non pour une science médicale, mais pour une croyance à prétention scientifique ?

Autre mise en question : comment un médecin formé à l’Ecole d’une médecine « classique » et, par ailleurs, disciple de Jésus-Christ, peut-il agréer qu’intervienne dans l’exercice de son art une puissance énergétique et spirituelle non identifiée ?

La Dynamique de groupe

Elle peut être considérée comme une méthode permettant au responsable de n’importe quel groupe de réflexion, ou d’activité, ou de thérapie de famille conduite par un psychiatre, de chercher à résoudre collégialement les tensions et les problèmes complexes de toute vie en commun.

Elle peut être appliquée à un rassemblement ecclésial, à un partage fraternel, dans une recherche de la pensée ou de la volonté de Dieu. Chacun exprime librement devant les autres ce qui lui tient à cœur ou ce qui lui serait inspiré.

Ces généreuses intentions ne sauraient pourtant ignorer les pièges qu’elles rencontrent ou encore ceux qu’elles pourraient elles-mêmes générer.

A l’arrière-plan de toute difficulté relationnelle, il y a le MOI que l’Ecriture sainte dit « charnel et pécheur ». La libération ou la guérison du MOI peut emprunter des chemins divers, s’accompagner de confessions, d’aveux, mais aussi de griefs, de critiques, d’étalage de ce que l’on n’a pas été, de ce que l’on est ou de ce que l’on désire être. A l’évidence, tels participants psychiquement fragiles peuvent en être émus, gênés, embarrassés. Ils le manifesteront par leur mutisme ou leur refus de s’exprimer. À la limite, ils seront sollicités, pour ne pas dire agressés, par ceux qui supportent mal ce « »quant-à-soi »» obstructif »: « »Tu en es. ou alors tu en sors »! »» Cette mise en demeure ou ce rejet peuvent être traumatisants, même insupportables. Au pire, le refus de la méthode peut être interprété comme un refus de la guérison cherchée et offerte, s’accompagner d’un jugement de la part du groupe, donc se solder par une aggravation de la maladie relationnelle de chacun des participants pour peu que cet échec les affecte ou les endurcisse.

La dynamique de groupe, parée de titres divers et alléchants, s’apprend et se pratique dans divers Instituts ou Ecoles. Ce n’est pas le lieu d’en montrer les aspects positifs. ou négatifs. Par contre, c’est le lieu d’une citation à ne pas oublier :

« il ne faut pas chercher midi à quatorze heures pour savoir quelle est la cause des malheurs de l’homme… N’en déplaise à certains, une force destructrice les divise tous : c’est la dynamique du péché, obstacle principal à toute réconciliation. La différence fondamentale entre la réconciliation chrétienne et le consensus de la dynamique de groupe se situe au niveau de l’action souveraine de Dieu en l’homme… La réconciliation, c’est son œuvre par excellence. Vouloir y substituer des moyens humains, vouloir éliminer les conséquences du péché par des procédés psychologiques, c’est prendre un chemin dangereux…»23 Et sans issue !

23 Revue Actualités évangéliques, n°11/81, P. Ranc.

La Phytothérapie

Il s’agit d’une utilisation des plantes à des fins thérapeutiques. C’est une médecine avant tout empirique, c’est-à-dire fondée sur l’expérience. Elle était autrefois connue et pratiquée dans toutes les familles parce que la science et l’art de préparer des médicaments (la pharmacie) n’avaient pas encore pignon sur rue en tous lieux. Les deux grands médecins de l’Antiquité, Hippocrate et Galien, disposaient d’une pharmacopée – recueil de médicaments décrivant leur composition et leurs effets. C’est jusqu’au récent XIXe siècle que leur docte savoir fut universellement connu et enseigné. La découverte et la fabrication des médicaments biologiques et chimiques supplanta la phytothérapie, par ailleurs encore largement pratiquée en Afrique et en Asie. Depuis quelques décennies, la médecine alternative a remis en honneur la guérison par les plantes.

Deux précisions doivent être apportées afin d’éviter la confusion entre phytothérapie et homéopathie. Cette dernière, dans sa pharmacopée, recourt aussi aux bienfaits du règne végétal ; mais elle la complète par des substances tirées du règne animal (abeilles, fourmis) et du règne marin. La phytothérapie, elle, s’en tient exclusivement au règne végétal, aux plantes dites médicinales.

L’utilisation de celles-ci est assortie d’un dosage précis dès longtemps expérimenté afin d’éviter tout effet toxique. Les plantes peuvent devenir un poison si leur absorption se fait dans l’ignorance de leurs principes actifs.

De nombreux médicaments sont fabriqués à partir de l’extraction de ces principes actifs.

La phytothérapie est recommandable, elle fait partie de la pharmacopée officielle. Elle ne se limite pas à une prescription de tisanes. Elle offre ses produits en gouttes, en poudres, en gélules. Elle a étendu sa posologie (étude des doses) en tenant compte du «terrain» personnel des patients, des organes qu’il convient de guérir. Elle l’a étendue par son étude et sa connaissance des plantes dont elle extrait des alcaloïdes (morphine, codéine), des huiles (eucalyptus), des vitamines et oligo-éléments (plantes alimentaires et fruits), des antibiotiques (extraits de champignons).

L’intérêt nouveau et justifié accordé à la phytothérapie est souvent entaché par une automédication hasardeuse et dangereuse, ou par les prescriptions, elles aussi dangereusement empiriques, des faux médecins que sont les guérisseurs.24

24 A noter : la phytothérapie recommandée par les anthroposophes disciples de Rudolph Steiner (fondateur du Mouvement et de son Centre, le Goetheanum de Dornach, Bâle-Campagne, Suisse) et celle recommandée par le Dr Bach, appelée les Fleurs de Bach, n’entrent pas dans une phytothérapie recommandable. Toutes deux mêlent à la médication par les plantes un transfert de « forces spirituelles à même de rééquilibrer l’harmonie du corps et de l’esprit ». Leurs produits sont vendus sous l’étiquette Weleda, nom d’une déesse germanique de la fécondité !

Massages, physiothérapies, kinésithérapie, ostéopathie, chiropractie…

Ces thérapies n’auraient pas à figurer parmi les médecines alternatives. Non sans raison, elles sont reconnues par la médecine scientifique dont elles se réclament. Leurs traitements naturels étudiés, éprouvés, appris, maîtrisés, s’appliquent aux différentes parties de l’organisme, le plus souvent au bénéfice de la musculature et des articulations, ou alors à l’avantage du système nerveux, ou circulatoire, ou respiratoire, etc.

Nombre de qualités peuvent leur être attribuées et les rendent recommandables.

La brièveté de ce commentaire laudatif doit être cependant assortie d’une mise en garde. Non pas – sauf exception – quant au traitement, mais à l’égard de quelques praticiens.

Certains d’entre eux, sous l’appellation de guérisseurs, sans formation valablement reconnue, usurpent le titre et la qualification de thérapeutes. D’autres, masseurs et thérapeutes professionnels, croient parfaire leurs soins par des procédés ou des techniques empruntés non pas à la science médicale, mais à l’ésotérisme, voire à l’occultisme. Radiesthésie, baume et potion de leur cru, formules et gestes magiques, fluide astral, de manière ouverte ou subtile, font partie de leurs traitements. En bref, ils se réclament de la gent médicale scientifique et, à l’abri de ce titre, ils trompent leurs patients par une médication dont ces derniers ignorent la source, la nature et les effets. Ces « dérapages » regrettables ne sont pas l’apanage de ce type de thérapeutes seulement. Nous l’avons dit et le répétons : on les trouve aussi chez certains médecins.

Le dernier chapitre de ce livre met en lumière la relative gravité de cette escroquerie étonnamment admise par les Assurances maladie.

Les pages qui suivent font connaître sommairement quelques-unes des thérapies qui ont leur origine, leurs principes, leurs applications dans des spiritualités et des philosophies anciennes et nouvelles. Plusieurs d’entre elles figurent dans un Guide de la santé, aux Editions Documed de la chimie bâloise et, par là, se trouvent implicitement et publiquement recommandées.

La lecture du dernier chapitre fera comprendre pourquoi, en connaissance de cause, nous ne pouvons les accréditer.

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