Mon Dieu, pourquoi faut-il qu’un voile impénétrable te dérobe à mes yeux ? Pourquoi ne m’est-il pas donné de jeter, de cette terre, un regard dans ton ciel ? Je serais si heureux si je pouvais une fois, une seule fois, te voir, t’entendre ! Et tu ne l’as pas voulu ! Je suis réduit à te chercher dans tes œuvres et dans ta Parole. Ton Esprit me parle bien de ta part ; mais sa voix est si faible, dans mon cœur, qu’il m’y faut le silence de toutes les passions pour pouvoir l’entendre… Mais ne serait-ce pas là précisément pourquoi tu te refuses à mes regards ? Ne serait-ce pas pour m’inciter à calmer ces passions tumultueuses me dérobant ta voix, et pour me conduire ainsi, par la sanctification, à une foi plus vive et à une vue plus spirituelle de ton être ? Oui, Seigneur, ta sainte Parole m’apporte la réponse : « tu n’es ni dans le tourbillon, ni dans la flamme, mais dans le son doux et subtil ; » c’est là qu’il faut que je te cherche, c’est là qu’en effet je t’ai déjà trouvé. Comme ton Fils, tu ne viens point avec éclat, mais tu te laisses trouver par ceux qui te cherchent ; tandis que moi je voudrais te trouver sans te chercher, te chercher où tu n’es pas. Je voudrais entendre ta voix de mon oreille ; mais toi, tu ne veux parler qu’à mon cœur. Je voudrais te voir de mes yeux, te toucher de la main ; mais toi, tu ne veux te rendre sensible qu’à ma conscience plus délicate et mieux purifiée. Oui, Seigneur, tes voies, qui ne sont pas les miennes, tes voies sont la sagesse même et si, loin de te demander compte, je voulais t’étudier, je trouverais presque toujours la lumière pour dissiper mes obscurités. Pardonne, Seigneur, et, pour m’éclairer, commence par me sanctifier. Donne-moi d’expérimenter cette parole de Jésus : « Si vous voulez faire la volonté de mon Père, vous connaîtrez si ma doctrine vient de Dieu ou si je parle de moi-même. » Oui, maintenant, Seigneur, je te rends grâce pour avoir mis la source de la connaissance à ma portée, et pour l’avoir rendue d’autant plus abondante, pour moi, que je consentirai à devenir plus saint. Mon Dieu, je veux te chercher à l’avenir, mais ce sera en allant, comme ton Fils, de lieu en lieu, faisant le bien. Soutiens toi-même ce désir, et donne-moi la force de le réaliser.