But de l’ouvrage. — Crise commerciale. — Point de moyens extraordinaires. — La prière et la prière seule. — L’histoire. — L’avenir.
Ce ne serait pas trop de la plume d’un ange pour retracer les œuvres extraordinaires que Dieu a accomplies dans la seule ville de New-York, pendant les années 1857 et 1858.
Cette histoire deviendra un monument commémoratif de la grâce divine, et proclamera aux âges futurs la fidélité avec laquelle le Dieu tout-puissant exauce la prière, — avec laquelle le Saint-Esprit convertit les âmes, — avec laquelle Jésus leur accorde le pardon et le salut.
Que toute gloire soit à Dieu le Père,
à Dieu le Fils, et à Dieu le Saint-Esprit !
On sait qu’une crise commerciale inattendue, et des plus désastreuses, s’était déclarée pendant l’automne de 1857. La nouvelle des premiers symptômes de réveil religieux avait suivi de si près l’apparition de cette calamité, que ces deux phénomènes se trouvèrent aussitôt rattachés l’un à l’autre dans l’opinion publique.— Le réveil n’est que l’effet de la crise, pensa-t-on ; au jour de l’adversité, les hommes deviennent sérieux. Alors que la main de Dieu s’appesantit sur les cités et sur les campagnes ; quand les sources de la prospérité sont taries et que les fortunes s’évanouissent ; quand des maisons vénérées par leur ancienneté dans les affaires, par leur intégrité et leurs longs succès, s’écroulent, et que, dans cette banqueroute universelle, les noms honorés de la plus parfaite confiance sont totalement dépouillés de tout crédit, il est naturel de penser que les hommes détournent les yeux des choses terrestres pour regarder En Haut, en s’écriant : « En vérité, Dieu règne ! » De même que dans un tremblement de terre ou au moment d’un naufrage, domptés par l’épouvante, les pécheurs crient à Celui qui se promène sur les ailes de l’ouragan ; de même, pensait-on, la tempête financière les avait poussés à la prière.— Nous ne nierons pas qu’il n’en ait été ainsi dans une certaine mesure.
Jamais crise commerciale n’avait été plus inexplicable par les lois ordinaires. On lui reconnaissait le caractère d’une sorte de jugement de Dieu. On avait senti que c’était bien Lui qui, de sa main toute-puissante, arrêtait ainsi les hommes dans la voie de l’incrédulité, de l’extravagance et de la folie. Aussi, des milliers d’individus, privés de travail et ne sachant plus que devenir, s’étaient-ils assemblés pour prier. Toutefois, les réunions de prière existaient déjà auparavant, et l’Esprit de Dieu y avait déjà déployé sa puissance.
Antérieurement à la catastrophe sociale, les populations des villes et des campagnes étaient absorbées dans la recherche des jouissances et du gain : tout le monde avait hâte de s’enrichir. Le luxe des habitudes, l’extravagance des équipages et de la toilette, la folie des dépenses accordées à l’orgueil et à la vanité, avaient atteint un degré inconnu jusqu’alors dans l’histoire de notre pays, et contrastaient singulièrement avec la simplicité de nos ancêtres. Ces signes d’une prospérité équivoque avaient rempli d’inquiétude l’esprit des gens de bien, longtemps avant que la panique vînt bouleverser les âmes livrées à la mondanité. De leur côté, les chrétiens qui avaient su se préserver de ce vertige de spéculation et de cette manie de s’enrichir, avaient tremblé pour l’avenir d’un peuple capable de se livrer à un matérialisme si désastreux, et d’oublier entièrement ses intérêts spirituels et éternels. Ces hommes pieux s’étaient rassemblés pour prier ensemble, avant que la crise commençât. Plus tard, il est vrai, ces réunions prirent une extension nouvelle et reçurent une impulsion étonnante. De nouveaux lieux de prière s’ouvrirent, de nouvelles foules s’y précipitèrent. La réunion de prière devint une institution publique et nationale. Les chrétiens dispersés au loin dans les campagnes en entendirent parler, et se mirent à prier isolément en faveur des réunions de prière. Bientôt, ces réunions devinrent leur rendez-vous pendant leurs visites à notre cité. Pour eux, le musée et le théâtre n’avaient plus aucun attrait. A leur retour chez eux, ils établirent des réunions semblables. L’Esprit-Saint, qui les suivait, ne tarda pas à opérer partout les mêmes prodiges de grâce, et c’est ainsi que le réveil s’est propagé jusqu’à faire de cette année une époque remarquable dans les annales de l’Eglise chrétienne.
Mais ce vaste réveil ne doit apparaître aux âges futurs que comme une réponse à des prières antérieures.
Force nous est d’oublier toutes les causes secondaires, et de reconnaître que c’est ici l’œuvre de Dieu. Il avait annoncé qu’il se ferait chercher par la maison d’Israël, et lorsque ses enfants ont crié à l’Eternel, l’Eternel a entendu et a répondu des cieux. Tel est le fait capital que ce réveil doit démontrer aux générations futures. Tel est le fait qui doit faire de ce livre un témoignage rendu à la fidélité de Dieu jusqu’à la fin des temps. Nous l’écrivons expressément, afin de montrer que ce Dieu répond à la prière et qu’il donne son Saint-Esprit à quiconque le lui demande. Nous l’écrivons, afin que tous les chrétiens, en tous lieux et en tous temps, se sentent encouragés à demander les mêmes bénédictions spirituelles pour eux-mêmes et pour les pécheurs qui périssent autour d’eux. Les pasteurs liront ces pages et raconteront à leurs troupeaux ces merveilles de la gratuité divine. Des milliers d’âmes humbles et fidèles, qui connaissent déjà les abords du trône des miséricordes, se trouveront ainsi fortifiées dans le travail de la prière. Les émouvants récits de ce volume seront portés à la connaissance d’un nombre infini de réunions de prière, au milieu des larmes joyeuses du peuple de Dieu, et chaque communauté suppliera à son tour le Seigneur de lui manifester de la même manière sa gloire et sa puissance.
C’est ainsi que ce réveil est destiné à s’étendre et à se perpétuer. Partout où Christ est prêché, on annoncera ces triomphes de sa puissance et de son amour. De nouveaux trophées de sa grâce victorieuse viendront s’ajouter à ceux qu’elle a déjà conquis, et seront publiés à l’honneur et à la gloire du Roi des rois.
C’est ainsi que cette œuvre marchera désormais de conquête en conquête, jusqu’à ce que la terre soit couverte de la connaissance du Seigneur, comme le fond des mers est recouvert par les eaux. Ce volume ne sera que le précurseur d’un autre ouvrage, qui paraîtra plus tard, et qui continuera l’histoire du grand réveil d’Amérique.
Nous allons essayer de retracer maintenant l’origine et les progrès de cette œuvre de la grâce dans la ville de New-York. Les faits qui vont suivre confirmeront pleinement ce qui précède, et forceront le lecteur à donner gloire à Dieu. Le but général de ce travail, nous le répétons, est de démontrer la puissance de la prière, et chaque page de ce volume sera une preuve que tout croyant peut l’emporter sur le Seigneur.